Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

lundi 31 janvier 2011

Maja Lola nous parle de Rocio de Francis Marmande

ROCIO
(Francis Marmande)

Chulo, tu m’en as conseillé la lecture. Et je suis donc partie m’égarer dans ce pèlerinage mythique qui met sur les chemins des milliers de sévillans tous les ans, à Pentecôte, pour aller vénérer la virgen del Rocio dans les marais du Guadalquivir. Huit jours de marche, huit nuits à partager et à vivre pleinement avant l’aboutissement du voyage : la rencontre avec la vierge.
Observateur au cours d’une immersion dans une foule dense,  bigarrée,  atypique et fervente, F.M. nous délivre une oeuvre extrêmement originale sur ce phénomène qu’est la « romeria » del Rocio.
Car ce pèlerinage est un évènement à nul autre comparable, y compris aux autres « romerias » qui se déroulent dans diverses régions. Particularisme du sévillan, de sa foi et de son environnement naturel. Tout concourt à une communion universelle : hommes, animaux, nature.
F.M. l’a bien compris puisqu’il se livre à ce voyage initiatique totalement fou et souvent presque irrationnel.
Son regard se fait critique, amusé, agacé, passionné et dissèque de manière très fouillée les pulsions et sentiments que son œil capture. Mais au fil de l’écriture, on sent parfois son abandon à la foule, au délire, comme enivré lui-même par cette vague  en marche, selon un parcours immuable depuis des siècles.
Pragmatique et cartésien dans certaines analyses où il se fait œil observateur distancié, il « lâche prise » parfois, broyé et absorbé par cette machine humaine qui aspire et envoûte le long du chemin.
Comme à une bacchanale débridée mais autorisée au cœur d’une dévotion divine, une jouissance de tous les sens cautionnée, avalisée par la foi, les sévillans s’abandonnent dans un tourbillon de folie et de joie de vivre.
Mais la douleur est aussi là. Générée par la longue marche sous un soleil écrasant. Même si la fatigue et l’épuisement sont vite oubliés autour d’un feu « compartido », d’un verre de vin conciliateur, d’une danse joyeuse, d’une œillade assassine … Scénario chaque jour recommencé.
Là où F.M. voit parfois une théâtralisation, je vois plutôt un plaisir de se sentir vivre, exister. De le dire, le montrer aux autres, le transmettre par tous les sens. Le sévillan est ainsi. Sa démarche, son allure, sa parole, ses gestes, sa parure … tout est prétexte à dire : « Vois. Je suis là. J’existe. Je suis heureux. Je t’apprécie.  Partageons ces moments ». Nulle recherche de comparaison mal venue, de rivalité (hors sujet).  Toutes catégories sociales confondues, toutes origines. Le point commun : le rendez-vous avec  la Vierge du Rocio.
Bien sûr que la foi n’est pas le seul moteur à cette marche, à ce délire. Et qu’elle n’est que le prétexte au partage de ces quelques journées de quête commune. Mais tant de choses s’échangent le long du chemin. La distance prise avec le quotidien, la joie de la fête partagée sont telles que le «  rociero » vit des instants inoubliables, comme une parenthèse hors du temps.
Et, dans ce contexte qualifié de religieux, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle entre la semaine sainte de Séville empreinte de recueillement, de gravité et de dévotion dans un silence pesant et l’explosion de joie, d’allégresse, de fête si emblématiques du Rocio. Nuit et jour, lune et soleil, ville et campagne, recueillement et délire …. Toute la dualité des andalous qui vivent leurs émotions sans inhibitions ni complexes. Capables d’un flamenco « puro y sentido » et d’une danse sévillane joyeuse et séductrice. D’une dévotion profonde jusqu’au paroxysme et d’une débauche sensuelle sans complexes.
L’auteur lui-même s’égare : tout au long de la lecture. Son écriture devient parfois étrange, les mots évoquent des paysages hors contexte, il se permet des évasions où, je l’avoue, je n’y ai vu aucune cohésion avec le récit. Comme s’il était lui-même parti dans un délire sans unité de temps ni d’espace. El embrujo del Rocio ?
Un livre à lire pour le plaisir d’un voyage étrange et singulier, intemporel parce que faisant perdurer  un rituel immuable qui se décline tous les ans depuis le quinzième siècle et qui semble n’avoir perdu ni son âme ni sa raison d’être.
Merci Chulo

Notes ou précisions de l'heureux bénéficiaire:

J'avais effectivement demandé à Maja un commentaire sur le Rocio de Francis Marmande. J'ai découvert ce livre il y a quelques années, avec surprise. Dérouté parfois par l'écriture, l'absence apparente de construction. Puis peu à peu de relecture en relecture il m'est apparu comme quelque chose d'importance. Tiens, ma mère de 88 ans me l'a redemandé pour le relire une troisième fois, toujours avec autant de plaisir m'a dit cette insatiable lectrice. Puis je me suis pris de plus en plus à aimer l'écriture déroutante et cette glissade dans un monde si particulier et étrange pour un athée revendiqué.
L'intérêt de l'analyse de Maja Lola, espagnole très cultivée, toujours tolérante et mesurée, mais aussi croyante revendiquée était justement son regard de croyante sur cette peinture qui peut sembler iconoclaste d'une procession interminable, et aussi, peut être pour les rares lecteurs de ce blog, l'occasion de leur faire découvrir, peut être cet auteur si particulier et son écriture magnifique.

Donc, merci Maja, paisana de Miguel Hernandez et qui me fait regretter de ne pas possèder la langue du divin manchot comme elle la notre.

Un beso

dimanche 30 janvier 2011

Le Valet d'éP...P .(Merci à Nadège et Marc)

Il ne se passe pas une semaine sans que le judicieux Dédé nous sorte une apologie de tel ou tel politicien du PP. Avec une mention particulière à la blonde incendiaire Esperanza Aguirre, actuellement à la tête de la Communidad de Madrid, et nous précise l'impénitent, une future très grande du futur gouvernement du PP. Elle adore se faire photographier avec les grotesques « figuritas artistes ».

Il y a deux ou trois jours, c'était Rajoy, le translucide « jefe » du PP, qui apportait son soutien à la Fiesta, bien que lui même, ne soit pas réellement aficionado, enfin pas autant que la blonde. De bon augure donc pour notre magouilleur traficoteur OCTien, qui trouve même le moyen de soupirer, quelque chose comme: ouf plus qu'un an à tenir, sous l'oppression du PSOE. Tout ceci ressemble fort à un renvoi d’ascenseur à de possibles « bienfaiteurs », de l'OCT aussi?

« Le bras armé » en Espagne, l'expression est de Ludo, du zouave du Boucau est sa revue « Tierras Taurinas ». J'ai toujours été de ceux qui soulignaient la qualité éditoriale de son travail, sa puissance étonnante et surnaturelle pour tout dire, oui oui, de travail solitaire aussi, oui oui.

Et au pays de Mundotoro et de la nullité accablante de la Presse Taurine espagnole, qu'elle soit écrite ou télévisuelle, la qualité des « Opus », excusez du peu, a de quoi surprendre. Joaquin Vidal et Navalon, discrédités par les « amigos » de Dédé et lui même sont bien morts et enterrés. Oufffffff, plus qu'un an à tenir!

Le 7 de las Ventas a été trucidé, sacrifié à une économie de marché, suppléé par ce que d’aucuns nomment un « lobby » qui manie les grandes résolutions, les vœux pieux, tout en se battant sauvagement pour conserver le contrôle de la « cassette » et des milliards d'euros qui vont derrière. Dédé est de ceux là, capable d'annoncer les plus saines résolutions et d'agir de façon contraire, c'est à dire, celle qui préserve ses intérêts à court terme. Il l’a déjà fait avec les « rojos » landais, mais il y a longtemps.

Le Dédé, il a trouvé un filon, qui se vend bien en Espagne, expliquer les encastes ou plutôt les produits des divers élevages fameux. Ce qu'il fait avec compétence et talent. Et là, on peut y passer une vie. Cela permet, tout en très respectueusement leur tirer l'oreille, de cirer les pompes à ses obligés. C'est bien fait, sauf que j'en connais plus d'un qui me dit, là bas: tu nous emmerdes avec tes encastes, nul ne sait ce que font réellement les éleveurs, et pas toujours eux mêmes. Donc, le toro indéfinissable final, mignon, rondouillard, qui ressemble aux autres. Tous pareils!

A ceux qui génétiquement ne faisaient pas de viande, on a mis du poids, à ceux qui génétiquement n'avaient pas de tête, on a foutu des cornes de zébus, à ceux qui avaient 20 passes, on a mis de la suavité. On se dit aussi, que celui ou ceux qui auront su garder une souche pure ou presque se feront bientôt des « criadillas » en or.

Ainsi, « grondé » par l'incorruptible Dédé, qui ne craint pas de faire la morale à ses obligés bienfaiteurs, Monsieur Jean Pierre parlerait d'instiller de la « fiereza » à ses produits. Conclusion, braves gens, les « taurinos » feraient amende honorable et vous allez voir ce que vous allez voir! Sauf les figuritas qui tiennent beaucoup à leurs toros « artistes », ce n'est pas moi, n'est ce pas Dédé qui ai inventé l'expression, capables de se manger 100 passes insipides de nos grattouillés par le « duende », autoproclamés « artistes » et qui semblent plus que jamais prêts à saper les fondements mêmes de la corrida pour engranger au plus vite les bénéfices de leur « art » face à des foules de plus en plus crédules, friquées, festives et ignorantes, qui se substituent aux détestables aficionados « bougons » qui vont bientôt définitivement rester chez eux. Donc, vive la noblesse, niaise, la bravoure dans la muleta comme on dit, la suppression des deux premiers tiers, qui vident la corrida de sa substance. Tout ceci est à la fois d'une tristesse infinie et criminel.

Sur ce plan je voudrais céder la parole à Marc Delon, dont je ne partage pas toutes les valeurs, loin s'en faut, mais qui, sur le sujet a une réflexion très saine:

"on ne peut être à la fois juge et partie'' la tauromachie ne cesse d'en souffrir et d'y prêter le flanc à la critique. Les empresas sont agents de toreros, les toreros sont ganaderos, les ganaderos sont empresas, et tout ça tourne en rond, imposant ses règles à un marché qui ne sera donc jamais nettoyé des mauvais principes. Faudra-t-il alors maintenant subir en plus les "analyses" d'autres intervenants professionnels ? De grâce laissez-nous analyser en paix, nous, observateurs extérieurs, dégagés de vos affaires, seulement animé de passion avec notre parole naïve qui ne dit rien d'autre que notre ressentiment sincère. Quant à l'idée que seuls les toreros seraient compétents à commenter... on entend, on voit et on lit de pitoyables énormités dans leurs déclarations ».


Pas mal non? Nous sommes bien dans le fond du problème!
Alors bien sûr, dans ce contexte de putadas, d'intérêts à court terme, et compte tenu aussi, que la tauromachie est un microcosme, un petit système qui tourne en vase clos, compte tenu aussi que lorsque les toreros ouvrent leur grande gueule, c'est pour dire de tout aussi immenses conneries, que ces illettrés cupides vulgaires se sont emparés d'un sujet « artistique » dont ils ne mesurent nullement la moindre dimension.

J'aime assez le parallèle avec l'Opéra et les liens de défense qui savent aussi se lier sur un art éminemment populaire. Et bien voyez vous la perception de New York, de la Scala, de Paris de Sydney et de bien ailleurs varie avec parfois de grosses colères. On se souvient de « notre » Alana, viré de la Scala. Qui de nos publics « bling bling » osera virer Ponce?

Or la diffusion de la Corrida est évidemment très réduite, c'est sa force et sa faiblesse, sa singularité précieuse et fragile, qui la laisse entre les mains de mafias politico (la nouvelle mode) économique pour faire sérieux.

Car enfin, ce PP orphelin de l'exalté Aznar, qui n'a rien à dire, a pris le risque historiquement mortifère de politiser la corrida. Et notre rusé derrière, qui au passage a dû coller des contrats de diffusion de « Tierras Taurinas » à la Comunidad de Madrid et sa pulpeuse blonde.

Plus personne de sérieux ne voit dans « l 'histoire » de Barcelone une quelconque liaison avec de l'anti taurin, mais bien une réaction identitaire, où les zantis furent manipulés certainement, de plus au profit de bien sonnants et trébuchants avantages.

Mais tout ceci n'est presque rien, au regard de l’exalté abruti du Boucau, lorsqu'il dénonce « l'irresponsable » devoir de mémoire qui rallumerait de vieilles rancœurs et au passage « allume » le juge Garzon, sans même avoir pris la peine de lire les attendus. Après que les fascistoides de Mundotoro, les maîtres à penser, devinez pourquoi de l'incontinent dompteur de Sénateurs, se soient félicités de façon hideuse, que les fouilles de Viznar n'aient rien donné.

Donc merci à Nadège de reposer le problème. Et aussi avec sa permission de publier son commentaire sur les « enfants volés du franquisme » au cœur de l'action de Garzon, qui offrent au moins un intérêt juridique: il y a des survivants!

Comme souvent, on ne veut pas revenir sur les crimes de la dictature pour conserver le lien social.
On ne sait pas qui est ce " on".
On ne sait pas ce qu'est le "lien social".
Certains chiffres paraissent énormes: on évoque ça et là 300000 bébés dérobés à leurs mères.
Le parquet de Cadix semble lui décidé à ouvrir le bal.
Ce honteux trafic d'enfants sera t-il sujet à prescription ?
Quoique décident les législateurs, on n'empêchera pas des fils de , mais de qui, de se poser des questions et de vouloir en savoir plus.
Ambiance familiale garantie...

Ole!

jeudi 27 janvier 2011

Musicalité

Ils nous avaient réunis, les heureux parents à « La Chapelle de l’Hôpital » pour « l'évaluation » de guitare. Trois mois d'une demi heure de cours par semaine, plus une heure de solfège tout aussi hebdomadaire.
Cette chapelle, je ne la connaissais pas du tout. Petite, toute dorée, ramassée comme un cœur prêt à palpiter.
Mathilde avait répété ses 5 lignes, avec un dièse perfide, et un bémol faux cul, et même un bécarre inqualifiable.
Assez sûre d'elle tout de même, elle avait convié son amie à venir l'assister.
Au chœur de la petite chapelle, une chaise type cuisine formica et un repose pied. Un peu glaçant. Comme aller au sacrifice.
Lui, le chef récupérait les brebis égarées, venez disait t'il c'est par ici. Je n'étais pas le seul à ignorer ce lieu de solitude habitée. Tu vas bien?  lui dis je? Oui, et toi? Pas trop le trac? Je n'ai pas voulu faire le niais, j'ai dit, non non, comme ça. Pourquoi ici? Ai je ajouté. L’acoustique il m'a dit, tu verras.
A Dax nous avons un lieu d’acoustique parfaite: L’Atrium. C'est à dire plus que parfaite: qui fait monter au ciel une voix bien placée, dans le cristal des aigus et les moires des graves, ou pleurer une corde isolée comme un hoquet, ou s'emplir du gras sonore de ce cuivre qui n'aurait pas oublié sa chair, au profit du vacarme.
Le professeur est barbu et jeune, et en attendant, j'entendais que dans ce qui devait être une espèce de sacristie, il accordait les instruments. La chapelle s’apprêtait à vibrer. « Scontch », celui ci est faux, « tong » tiens ça s'arrange. Et l'enfant ressortait du sas avec une mine réjouie.
Bon, on commence il a dit le « jefe » après avoir remercié les parents de leur présence.
Ils sont passés l'un après l'autre. Sur la chaise, au choeur de la chapelle, avec leur cœur qui tombait dans leur instrument.
Le petit prof suivait chaque note, assis près des instruments déposés, à même le sol. Sur son visage, chaque altération, manque de rythme ou fausseté. Il y en eut peu en fait.
Le « jefe » notait en battant doucement la mesure. A tous, il dit que c'était bien. Ici, on ne cherche pas à décourager, c'est aussi, que plus ou moins, la musique est une rencontre plus ou moins tardive avec soi même.
Et puis bien sûr, découverte terrible pour moi qui fus un besogneux du clavier, chez deux ou trois, cette évidence terrible de la musicalité, de cette liaison mystérieuse entre les notes, et du son que cette morpionne de chapelle grandissait.
Ainsi donc, le petit garçon un peu tendu, ma Mathilde et la petite rigolarde qui passa en dernier disaient quelque chose d'autre ou d'eux.
Lui le « jefe » leur dit que c'était très bien, mais de ne pas se replier sur leur instrument et que lorsqu'on faisait de la musique, on s'offrait. Ole!

lundi 24 janvier 2011

Saints et Maudits (suite 5)

L'attaque du « Cu-Cut », merci Maja Lola! et « la Semana Tragica » ont sûrement été, avec le désastre de Cuba des faits de la première importance pour l'évolution de l'Espagne. Dorénavant, l'Armée serait intouchable, avec la terrible loi des « Juridicciones », c'est à dire juge et arbitre. De plus, la Semana Tragica s'était caractérisée par de grandes destructions d'édifices religieux et des exhumations de cadavres. L'un des 4 autres condamnés et exécutés avec Ferrer aurait dansé avec des cadavres momifiés. Enfin, la guerre du Maroc était rejetée par bon nombre d'espagnols, surtout ceux qui n'avaient aucune possibilité de payer d'autres pour y aller à leur place.



La mauvaise gestion  par Maura de ces événements lui valut de quitter la tête du gouvernement, après toutefois pratiquement cinq ans, ce qui à cette époque était tout à fait remarquable. Le système politique espagnol était basé sur les « caciques », dignitaires locaux qui organisaient le « turno », c'est à dire une alternance entre les « libéraux », plus ou moins progressistes et les « conservateurs » plutôt partisans du maintien de l’ordre établi, et ceci sous contrôle royal. Ces caciques étaient idéologiquement flexibles et demeuraient en place quel que soit le gouvernement, organisaient les achats de votes et garantissaient cette fameuse alternance, « el turno », ou des réajustements de gouvernements fréquents par changements fréquents de Premier Ministre, à l'initiative du Roi, et dans ce cas, toujours dans la même mouvance politique, libérale ou conservatrice, on parlait de « turno en el turno».

Bref on était dans une bouillie idéologique qui favorisait l'émergence de mouvements populistes tels que les radicaux de Lerroux, l'empereur du « paralelo», la ceinture ouvrière et chaude de Barcelone, et défenseur très démagogue des classes défavorisées. Plus tard, pratiquement rallié à Franco et écrasé par des soupçons certainement fondés de corruption Lerroux devait on le voit singulièrement changer de discours. Restait aussi, très présent un vieil anticléricalisme, hérité du XIX ème siècle et aussi la montée en puissance des anarchistes via la CNT et l'émergence plus douce de l'UGT syndicat normalement contrôlé par le PSOE et les revendications de plus en plus pressantes d'autonomie du Pays Basque, de la Catalogne et à un degré moindre de la Galice. Concernant aussi bien le Pays Basque et la Catalogne, ce mouvement n'avait rien de nouveau, non plus.

Il faut revenir un peu sur le rôle « constitutionnel » du Roi. Il était le chef suprême des armées et donc intervenait largement sur les nominations et les avancements. C'est certainement là qu'il faut trouver une branche monarchiste chez les militaires, pourtant pas majoritaire, car le système favorisait outrancièrement les « marocains ». De plus le Roi pouvait nommer le Chef du Gouvernement, mais également nommer et révoquer des ministres, légiférer avec les Cortes, décider de les réunir ou non, nommer des sénateurs. On peut estimer qu’Alphonse XIII usa et abusa de ses prérogatives aussi bien au niveau des affaires militaires qu'il pilotait de fait car il était le seul élément stable politiquement, tout au long de la guerre du Maroc, mais aussi fit preuve d'un interventionnisme permanent au niveau politique. Enfin, lié à la cour d'Angleterre il tint au rôle important, tout au long de son règne au niveau de la politique étrangère, non seulement par goût, mais aussi car, comme pour l'armée, il était le seul élément stable et permanent à ce niveau.

Et puis, ce Roi, finalement plutôt libéral et moderne, au départ, fut perturbé par de funestes problèmes conjugaux: un fils hémophile, un autre sourd muet, le troisième qui serait l'héritier « forcé », et une conviction que ces tares venaient de son épouse. Ce qui le conduisit à voir si l'herbe était plus verte ailleurs, ce qui est sans la moindre importance et tout du moins banal. Mais tout de même, pour un Roi, assurer sa succession, cela reste un problème. Donc, ce Roi, plutôt atypique, interventionniste, certainement pas sot, devait par ses agissements en particulier autour de la guerre du Maroc, cristalliser une opposition républicaine qui ne se manifestait vraiment jusqu'alors que par le parti Radical et le PSOE élitiste et très minoritaire.

Pour comprendre la situation de l'Espagne en 1900, il faut savoir que l'espérance moyenne de vie n'excédait pas 35 ans, très inférieure à celle des autres pays européens et qui dénote de conditions de vie particulièrement rudes pour les 18,6 millions d'espagnols d'alors. De plus la mortalité était très élevée, particulièrement l'infantile qui faisait que sur 1000 enfants qui naissaient, 186 mouraient avant leur premier anniversaire. Un autre facteur important du retard que l'Espagne enregistrait sur les autres pays voisins était l'analphabétisme qui faisait que toujours en 1900, année de la création du Ministère de l'Instruction Publique, sur 100 espagnols adultes, 56 ne savaient ni lire ni écrire. La troisième caractéristique étant la prépondérance du secteur rural: en 1900 Madrid et Barcelone dépassaient tout juste 500 000 habitants; 80 pour cent de la population vivait dans des localités de moins de 10 000 habitants. Les travaux agricoles produisaient 40 pour 100 de la richesse du pays et occupaient 68 pour cent de la population active.

Il ne faut tout de même pas croire qu'il s'agissait d'une société à l'arrêt. Elle évoluait mais plus lentement que dans les autres pays, et cette évolution portait en germes les bouleversements sociaux à venir. Outre le secteur agricole l'industrie avait fait son apparition, aussi bien au Pays Basque, et en Asturies pour l'industrie lourde, qu'en catalogne avec Barcelone pour l'industrie textile et chimique, avec également, le développement d'un secteur bancaire important: Madrid, Barcelone et Bilbao, toujours.

Ceci était évidemment propice au développement des mouvements syndicaux, car les conditions aussi bien salariales que de travail étaient particulièrement rudes. Dans le secteur agricole l'abondance et le faible coût de la main d’œuvre avaient été un frein à la modernisation et il fallut attendre le début du XXeme siècle pour commencer à assister à une mécanisation et surtout l'utilisation d'engrais. Ainsi on estime que la production du blé espagnol, faute de travaux d'irrigation, d’infrastructures hydrauliques et de gestion de l'eau si rare coûtait 30% plus cher que dans les pays voisins européens. Peu productive donc et très fragile car sujette aux aléas météorologiques. Les ouvriers agricoles, employés au seul bon vouloir des propriétaires, sans la moindre protection sociale et payés une misère étaient particulièrement sensibles aux hausses de coût du blé et donc du pain qu'ils réclamaient parfois violemment. Ce sont de plus la Garde Civile et l'Armée qui réglaient violemment les problèmes au seul bénéfice des patrons.

Suite au désastre de 98, on commença à parler de « régénération », et les politiques avaient souvent compris, aussi bien les conservateurs que les libéraux que le changement d'attitude politique était inévitable. Autrement dit, on était assis sur une poudrière. On parla alors de « révolution par le haut », opposée à la « révolution par le bas » chère aux anarchistes. Le conservateur Maura s'y attela sans succès emporté par la « Semana Tragica », puis Canalejas, le libéral, nous verrons dans quelles conditions, et finalement sans succès non plus.

Les deux en tous cas étaient convaincus que cette « révolution par le haut » devait être impulsée et contrôlée par l'Etat, Maura mettant l'accent sur l'autoritarisme avec une dimension sociale restreinte, Canalejas sur des réformes plus fondamentales et structurelles, tentant de toucher aux deux piliers séculaires de l'Espagne: l’Église et l'Armée. En effet le libéral Canalejas pensait que cette révolution contrôlée par l’État, passait fatalement par l'éducation et nécessitait de se distancier de l’Église. Dans son cas précis, il est bien difficile de parler d'anticléricalisme, dans la mesure où il était extrêmement croyant et pratiquant et disposait, dit t'on, d'une chapelle privée dans sa résidence.

Mais le problème majeur aussi bien pour l'un que pour l'autre, et même si leurs objectifs étaient bien distincts sur la forme et aussi le fond, allait être la débilité de l’État, sans ressources ni structures administratives suffisantes, devant faire face à une guerre coûteuse en hommes et en argent, avec un système parlementaire pratiquement inexistant et soumis aux caprices du Roi, donc pratiquement impuissant sinon par l'utilisation répressive de la Garde Civile et de l'Armée, en dernier ressort, voire systématiquement, pour résoudre tout problème.

Voyons donc ce que tentèrent de faire le « conservateur » Maura et le « libéral » Canalejas. Maura tenta d’intervenir sur deux fronts: législatif, le premier, sur une série des réformes basiques, telles que « la justice municipale » « le système électoral » et « l'Administration locale », l'objectif étant de s'attaquer aux caciques, le second sur des projets qui cherchaient à diminuer la « conflictivité » sociale et « l'égoïsme de classe ». Ainsi on vit apparaître « l'Institut national de Prévisions », « les Tribunaux Industriels », « les Conseils de Conciliation et d'Arbitrage », le « Corps des Inspecteurs du Travail » ou « la loi des Grèves ». Malheureusement ces bonnes intentions pour des raisons diverses ne furent pas suivies d'effet et Antonio Machado a évoqué une période qui avait été « un règne d'ombres pavé de bonnes intentions » et parlant de Maura, une mentalité « archaïque et infatuée d'elle même » mais « avec une volonté sincère ».

C'est surtout lorsqu'en 1908 il présenta sa « Loi sur la Répression du Terrorisme » destinée à en finir avec les attentats attribués aux anarchistes, « par le biais de mesures exceptionnelles comme la suppression des journaux et des sociétés, des ordres de bannissement et des peines de prison pour empêcher la publicité des idées anarchistes ». Le seul résultat fut de soulever un tollé et de conduire pour la première fois à la constitution d'un front « radical républicain », «  le Bloc des Gauches », mais aussi, on vit les « libéraux » se détourner du pacte « del turno » et incliner eux aussi, plus nettement vers la gauche. Le coup de grâce fut donné par la « Semaine Tragique » dont nous avons déjà parlé dans une suite précédente et Maura l'expliqua plus tard ainsi:  il ne lui était pas possible de l'emporter «  contre la moitié de l'Espagne et plus de la moitié de l'Europe ». La Roi fut le dernier à le lâcher et le 21 Octobre il le força à démissionner et chargea le libéral Motet de former un nouveau gouvernement.

Motet rejeté par tous, fut balayé par une intrigue de palais, nommée la « crise des Cendres », au profit de Canalejas, démontrant seulement que rien n'avait changé au royaume de Alfonso XIII. Toutefois Canalejas, lui, démontra un volonté réformatrice qui reposait sur une régénération sociale et culturelle du peuple, sur le rôle régalien de l’État, comme « protagoniste de la société ».

Jose Canalejas y Mendez à 55 ans était déjà un politicien très expérimenté. Il fut député de Soria en 1881 et ministre dans les cabinets de Sagasta en 1885 et 1894. C'était un rénovateur convaincu, « aux limites de la gauche dynastique ». Dans une « République Couronnée » selon ses propres termes, inspirée des expériences anglaise, française et belge et de la monarchie anglaise, il pensait que l'ouverture sociale qui permettrait l'intégration politique des secteurs ouvriers était un prérequis pour la démocratisation du pays. Parmi les réformes qui furent approuvées pendant son mandat, il faut citer la journée maximale de 9 heures dans les mines, l'apprentissage, le repos des femmes dans les établissements commerciaux, ainsi que le travail nocturne toujours pour les femmes. Mais aussi, un nombre considérable de propositions concernant le contrat de travail, la négociation collective, le contrôle des industries dangereuses, ou une sécurité sociale obligatoire. La majorité d'entre elles étant en discussion, lorsqu'il fut assassiné.

Egalement, une des propositions les plus parlantes était la loi des « Mancommunidades provinciales » . Un an après sa mort, en 1913, le Sénat approuva la « Mancommunidad de Catalogne », qui était un début timide de décentralisation de l’État.

Sur le plan religieux, ce catholique très pratiquant et convaincu, était aussi persuadé que la démocratisation du pays passait par le contrôle de l'éducation, et il voulut s'attaquer aux Ordres religieux. Depuis 1898 de très nombreux ordres officiant à Cuba et aux Philippines, s'étaient rapatriés en Espagne. De plus nombre d'ordres français, soucieux des dispositions de Waldeck Rousseau s'étaient évadées  en Espagne. La discussion de « la ley de Candado », approuvée en 1910 avait suscité une vague de manifestations anticléricales, mais également des concentrations catholiques, des menaces de groupes traditionalistes, et même un risque de rupture des relations diplomatiques avec le Vatican. En fait, c'était une tentative bien timide de réforme de la loi des Associations qui se limitait à interdire l'installation de nouveaux ordres religieux en Espagne, pendant une durée de 2 ans, jusqu'à ce qu'on légifère sur le sujet, ce qui ne se produisit jamais. La loi de plus de poids symbolique étant l'exemption d'enseignement religieux pour les enfants de familles non catholiques que Canalejas ne signa jamais, et qui fut approuvée par le Gouvernement de Ramanones en 1913. Donc, déjà, le très catholique Canalejas avait réussi à se mettre à dos certaines franges extrémistes et très actives du catholicisme, en tous cas bien plus intégristes que le Vatican lui même.

Mais ce n'était pas fini. Deux réformes signèrent sa mort, au propre comme au figuré. La première une réforme de la fiscalité au printemps 1911, prétendant supprimer l’impôt sur la consommation, l'autre voulant réformer la conscription et son rachat contre monnaie sonnante et trébuchante. La première échoua tout simplement car les municipalités, sans ressources autres maintinrent la perception de cet impôt, la seconde, et qui bien plus que la première fut à l'origine de sérieux troubles, fut considérée comme une tromperie qui une fois de plus lésait le peuple, puisqu'il permettait d'acheter partiellement la durée de son service devenu obligatoire: ceux qui payaient leur équipement et mille pesetas restaient seulement dix mois dans les rangs, une période réduite de moitié si on montait jusqu'à 2000 pesetas, de plus dans des services protégés.

Ceci provoqua une vague de protestation, car, une fois de plus, selon les organes socialistes, ceci faisait du « peuple travailleur, l'éternelle victime » et ceux qui profitaient de ce « quota », doux euphémisme, échappaient à « l'abattoir ». Ortega y Grasset évoqua « la montagne de haine s'élevant entre les deux moitiés d'Espagne de 1909 », celle de la « Semana Tragica ». L'abcès de la guerre imbécile du Maroc mûrissait et allait crever une nouvelle fois avec des grèves partielles en Vizcaya, Asturias et Malaga à l'été 1911, puis s'étendirent à Zaragoza, Valencia et d'autres points de l'Espagne. Peu de jours avant le premier congrès de la CNT, syndicat d'orientation anarchiste s'était célébré et la UGT et le PSOE se joignirent à la grève générale. Toujours à l'été 1911 se produisirent diverses émeutes dont celle de Cullera où les grévistes tuèrent 3 fonctionnaires. Alfonso XIII et surtout Canalejas soucieux d'éviter les mêmes problèmes que ceux connus par Maura mais également, de ne pas à nouveau provoquer l'indignation causée par l'exécution de Ferrer, commuèrent les peines. Partisan d'un État fort, Canalejas prit des mesures répressives plutôt dures: la CNT fut interdite, les maisons du peuple et les locaux de l'UGT furent longtemps fermés et les détentions se multiplièrent. Canalejas confirma sa poigne un an plus tard, en septembre 1912, lors d'une grève générale ferroviaire, impliquant plus de 70000 ouvriers. Il suivit l'exemple du républicain français Briand et n'hésita pas à militariser le service.

La société portait les fruits vénéneux d'une incapacité et inadaptation politiques à faire face aux mutations sociales inévitables, d'un Etat sans recours réel, d'une agitation révolutionnaire de plus en plus ardente, d'une Eglise adossée à ses privilèges et d'une armée impopulaire et inefficace au Maroc.

Canalejas fut assassiné le 12 Novembre 1912, 10 ans pratiquement après le conservateur Canovas, à la Puerta del Sol devant l'étalage d'un libraire par l'anarchiste Manuel Pradinas, qui se donna la mort après son meurtre. Canovas, lui, avait été assassiné en 1897 par l'anarchiste italien Michele Angiolillo, qui voulait venger les condamnés du procès de Montjuïc. C'est ici qu'on touche à un problème majeur de la société espagnole, qui fit l'économie d'une révolution, contrairement à la plupart de ses voisins, et se trouvait divisée de façon déjà gravissime entre ceux qui ne voulaient aucun changement et ceux qui le réclamaient de façon de plus en plus violente et désespérée.

Felipe Trigo, dans le prologue de Jarrapellos, en 1914, écrivait que la réforme « n'est pas un train qui court, mais un arbre qui grandit ».

Pendant ce temps le jeune Franco, sorti en rang plus que médiocre de l'Académie Militaire de Tolède, en Juin 1910 fut incorporé au corps comme aspirant, pour être destiné au Régiment de Zamora, numéro 8, situé dans sa ville natale du Ferrol. Il y connut une vie ennuyeuse de garnison, d'autant qu'il ne se mêlait pas aux distractions habituelles: bordel, boisson, et course de jupons divers, si chères à son père. Le matin c'étaient manœuvres et défilés, l'après midi équitation, puis les gardes. Ceci lui permit de vivre aux cotés de sa mère, qui parvint le 11 Juin 1911 à le faire adhérer à la « Hermandad de la Adoracion Nocturna ». Mais sa volonté suprême était d'être envoyé au Maroc, ce que son jeune age mais aussi son classement calamiteux lui interdisaient. Il y parvint et avec ses deux compagnons, Alonso Vega et surtout Pacon qui lui resta fidèle toute sa vie, il fut admis au Maroc qu'il rejoignit le 7 Février 1912.

A suivre, peut être!

mardi 11 janvier 2011

Le fond du problème peut être?

L'hiver tauromachique s'étire doucement. Messieurs les figuras ont été faire le plein, aussi d'oreilles, en Amérique du Sud, et même d'indulto, ce qui devient une manie. Ça ronronne gentiment, et on s'esbaudit, en feignant de s'en offusquer, des exigences folles des « toreritos », pour promener leur beau costume, artistique façon Armani, sur le sable de Las Ventas, toreritos auto proclamés artistes, c'est plus sûr, et pourtant devant un 7 qui n'a plus rien à voir, c'est à dire prêt à s'esbaudir de toutes grimaces.

Même Dédé écrit des choses, comme c'est habituel chez lui, que nous ne pourrions pas contester. Nous pensons que tout ceci procède d'une stratégie « marketing » comme on utilise les bandes du billard. Vous verrez que lorsque la saison sera lancée, il reviendra à des thèses plus habituelles chez lui, de la bravoure dans la muleta, de la difficulté de toréer ces monstres modestes, car lui sait, et repartira en guerre contre les « ayatollahs  irresponsables », les ridicules petites plazas et leurs budgets ridicules qui s'obstinent à sortir des toros « infumables », et surtout contre une certaine perception éthique de la corrida, de façon générale. On sait bien que de nos jours, de libéralisme assassin, business et éthique ne font pas bon ménage, mais, n'est ce pas, on n'y peut rien, mondialisation oblige.

Pourtant l'année a été rude pour nos « taurinos » avec le coup d'éclat de Barcelone, pur « made in cataluna ». Même les zantis, tout au moins, les plus éclairés, sentent bien qu'il y a derrière toute cette salade catalane, autre chose qu'un problème « antitaurin », qui se serait transformé en quelque chose de purement espagnol, du domaine du vieux jacobinisme castellano et de l'identitaire catalan.

Ceci a déjà été largement commenté, mais le public boudait la Monumental et ses spectacles taurins, mais c'est aussi vrai pour le reste de l'Espagne qui regarde avec envie, au moins la minorité qui s'intéresse encore à la corrida, et singulièrement les aficionados espagnols et les professionnels, nos arènes françaises bien replètes en général. Seul Tomas faisait le plein, à Barcelone, arbre qui masquait la forêt, d'une aficion en déliquescence. Déjà en 2007, Balana hijo, propriétaire actuel des arènes, avait cherché à se désengager. Et figurez vous que le seul qu'on n'entend pas, c'est lui, l'heureux propriétaire.

Par contre le PP, qui, probablement, n'a pas d'autres sujets sur lesquels intervenir de façon crédible, s'est emparé de la défense de la Fiesta et singulièrement à Barcelone, devenant de plus un défenseur des libertés et de la culture espagnole, toujours très singulièrement, et par hasard, évidemment, à Barcelone, historiquement, très singulier en effet, c'est un euphémisme. L'objectif était clair, emmerder Zapatero qui n'est pas un défenseur de la Fiesta, et s'est abrité derrière un argument qui a ses valeurs à la fois juridique et constitutionnelle: le Gouvernement Central n'a pas à intervenir dans une affaire qui concerne une Communidad, et en conséquence laissait aux élus du PSOE toute latitude de voter selon leur conscience.

Qu'on ne s'y trompe pas, même si aux yeux du PP, je pourrais passer pour ce que les militants de base UMP nomment ici un « socialo communiste », quoique n'ayant jamais été encarté nulle part, un « rojo » chez eux, je n'éprouve pas de sympathie particulière pour Zapatero et son rose très passé, voire trépassé, mais je trouve son attitude finalement assez cohérente.

En politisant la corrida, je le répète à des fins politiciennes, pour emmerder Zapatero qui s'est fait piéger, et pour préserver aussi certains intérêts du très puissant lobby taurin, financièrement parlant toujours utile en période électorale, qui, de plus, ne vote pas à gauche, on l'aura compris, quel que soit le sens, hélas dépravé de ce terme, le PP a commis de mon point de vue une faute grave, qui a conduit si besoin était à une radicalisation des positions des élus catalans, de tous les élus, dans un premier temps, qui détestent, et ce n'est pas nouveau, que Madrid décide pour eux, faisant de plus de cette corrida un symbole social et culturel d'une Espagne jacobine. Cette politisation peut fort bien, en d'autres endroits en Espagne, en radicalisant des positions politiques exacerbées en période de crise, et en ravivant de vieilles rancœurs, produire des effets similaires.

La corrida, malade à en mourir des taurinos; n'avait pas besoin de ce descabello imbécile.

Mais soyons en sûr, dans cette optique libéralissime, certains taurinos ont bien compris que la corrida allait à sa mort et que le seul problème était dans le court terme, prendre un maximum de pognon, et très vite! C'est la seule « justification » des positions imbéciles des « figuritas », qui de plus ont déjà fortune faite et pourraient se retirer, alors que les éleveurs qui ont répondu servilement à leurs exigences, marché oblige, commencent à se poser des questions. Et même Dédé, au moins actuellement, qui retransmet les états d'âme de ses supposés bailleurs de fonds et d'influence, ce qui revient au même.

Mais ce qui, chemin faisant, est plus grave, parlant toujours de corrida, je le précise, c'est lorsque l'incontinent du Boucau, incontinent verbal, je le précise, pour le reste, je n'en sais rien, se charge de faire la promotion de la dame Esperanza Aguirre, aficionada absoluta, et du PP, après avoir expliqué combien le discours de Marine était intéressant.

Car enfin, après que de façon obsessionnelle, j'aie répété que je me mordais les couilles d'avoir participé avec mon impôt au lancement de « Tierras Taurinas » à l'Ambassade de France de Madrid, je me dis, que de la même façon, je participe à bien d'autres saloperies, à Madagascar par exemple, et de toute autre ampleur, je me sens un peu baisé mais sans plus. Après tout, le Dédé il est bien malin d'utiliser certain membre de l'OCT et c'est bien pour le capitaine d'Industrie qu'il est.

Mais je me dis aussi, que surtout si on « offre » des numéros gratuits, l'indépendance de pensée et d'agissements est évidente, tout en écoutant une désagréable voix qui me dit, mon petit Bernard, on te prend pour un con.

Bon, je comprends les problèmes d'un capitaine d'Industrie, diffuser, trouver des canaux de diffusion, avaler quelques couleuvres s'il le faut, utiliser « bénévolement » l'étiquette de l'OCT, se faire briller. Bien joué.

Par contre, prendre position de façon indécente sur un problème espagnol, celui de la mémoire historique, en parlant d'irresponsabilité, attaquer le juge Garzon dont les attendus n 'ont jamais été publiés, servir la soupe des réactionnaires renaissants du PP, pour gagner des tirages, tout cela lorsqu'on est un français, je le signale, me paraît manquer de la moindre pudeur ou respect.

Et tiens je vais vous dire une chose. L'UVTF par exemple, comment ne peut t'elle pas se mettre d'accord pour fixer une règle vis à vis de nos « artistes ». Pourquoi? Parce que tout simplement, pour remplir leurs arènes, ils ne pensent qu'à baiser les autres. Loi du marché, alors que peut être, pour démontrer une réelle volonté d'évolution, il suffirait que tous se mettent d'accord pour fixer certaines règles, accompagnant cela d'une vigoureuse campagne d'explication. Utopiste, je sais, quoique!

Et pour conclure, cette perle éclairante de Paco Camino! Rapportée par Alfonso Valencia en date du 2 Aout 2010:

« C'est la faute du Gouvernement Central, Zapatero qui n'aime pas la Fiesta »

« Tous ces communistes perdus sont contre la Fiesta car elle est espagnole, parce qu’ils sont anti espagnols comme Zapatero, qui a peu de chose d'Espagnol »

« Leur doctrine est d'interdire et interdire, ils veulent seulement de l'argent et en fonction de cela ils votent n'importe quoi et pas en conscience »

« La culpa la tienen estos rojos »

« La culpa la tiene Zapatero ».

Les deux dernières laissées volontairement en espagnol.

Camino a été un grand torero.

Pour le reste, cela ne vous rappelle rien?

PS: dernière heure, informé par mes "oreilles espagnoles".

Je me demandais pourquoi Dédé n'avait pas fait état du scandaleux refus de RTVE, (Radio televion espanola) de diffuser des corridas. He bien le voilà qui fait partie d'une "tertulia" sur le programme Clarin de la chaine R5 de RNE Radio Nacional Espanola.

Pour le fun le dernier programme:

"El cierre de "El Albero" en la COPE o el abandono masivo por parte de los redactores de "Burladero", nos ha dado pie para reflexionar sobre el momento que atraviesa el periodismo taurino. Santos García Catalán (Director Comercial de "Burladero"), Rafael Cabrera (ex director de "El Albero"), Enrique Romero (responsable de la información taurina en Canal Sur), Carlos Crivell y André Viard reflexionan acerca de los peligros que vive el sector: el acoso social y político, los problemas de financiación o la ética profesional".

Zapatero n'a pas que du mauvais!



jeudi 6 janvier 2011

Verge humaine, lémuriens grillés et tortue égorgée.

« Fait divers sordide à Ampilanonana, Ambalavao. Rodolphe Razanakoto, un chef de famille habitant le quartier, a été enquêté par les gendarmes, depuis lundi. Et ce, après qu'un membre de sa famille ait rapporté au Centre de santé de base II (CSB II) de la commune, un morceau de viande cuite, qui ressemblait à une verge, et qui aurait été servi avec la nourriture, lors d'une fête qu'il a organisée, pendant le réveillon. Après examen, le personnel du CSB II a conclu qu'il s'agissait bel et bien d’une verge humaine. Rodolphe Razanakoto dénonce un coup monté.

« À l'occasion de l'inauguration de ma nouvelle maison et du réveillon, j'ai invité une cinquantaine de personnes, dont mon employeur, quelques-uns de mes collègues de travail et des proches », confie-t-il. « Tout s'était bien passé. Si cette chose avait été, en effet, servie avec la nourriture, mon détracteur n'aurait pas dû attendre pour le montrer devant tout le monde », tonne-t-il.

Rodolphe Razanakoto avoue avoir eu des différends avec celui qui l'accuse d'être mêlé à cette affaire. « D'ailleurs, il n'était même pas invité, mais il était quand même venu. Je l'ai vu rôder près de la marmite », lâche-t-il. »

J'imagine avec quelle infinie gourmandise, notre ami Mamy commenterait cette douloureuse histoire. Car en fait, qui était « l'équeuté »? Se serait t'on servi dans quelque morgue, ou dépouillé de ses attributs virils un défunt peu apprécié?

Continuons donc sur Madagascar.



« 32 lémuriens retrouvés grillés ». Il s'agit en effet d'une nourriture assez prisée, et de plus relativement facile à capturer. Et donc, effectivement, « dans les contrées retirées » précise le journaliste, la contrebande est fréquente pour alimenter en particulier certains restaurants ou « hotelys » sans parler de consommations personnelles fatalement plus discrètes. Mamy dirait qu'il faut bien qu'ils mangent.






Tiens, ça me fait penser à cette balade en pirogue sur les Pangalanes, ce canal qui borde l'Océan de Manakar à Tamatave. Nous avions remarqué un attroupement sur une petite ile. Mathilde avait voulu aller voir. Mamy n'y tenait pas. « Ils ont attrapé une tortue » m'avait t 'il soufflé. Nous avions accosté toutefois et rapidement vu au milieu des gens agglutinés une énorme tortue verte sur le dos qu'on égorgeait lentement. Ses nageoires battaient un peu ridiculement l'air. Mathilde avait vomi. Me voyant photographier, le chef du village s'était approché pour me demander de ne rien dire à personne. « Vous comprenez, avait t'il ajouté, cela fait de la bonne viande pour le village, presque pour une semaine ». Mamy, lui m'avait expliqué que parfois, le cœur de la tortue pouvait battre pendant 48 heures.

lundi 3 janvier 2011

Aux "couilles dures".

En ce début d'année, la « couille molle » sort de sa léthargie, comme d'une gueule de bois. Difficilement, car rien ici ne l'y incite vraiment, encore moins pour « encore s'indigner de la façon dont tourne le monde ». Habituée « à se coucher », « la couille molle » se contente de contempler.


« La couille molle » s'était étonnée d'abord, d'un amalgame sur la misère et surtout des spectaculaires modifications que provoquait le « spectacle » de la vraie misère sympa. Car le miséreux peut être sympa, reconnaissant du moindre petit cadeau, souriant.

Exemple Cuba. Tiens donc, parce que Cuba est misérable, avec une espérance de vie supérieure à 82 ans pour les femmes, un système de santé extrêmement performant et un taux d'alphabétisation qui défie les plus nantis. Que le régime cubain soit détestable, c'est un autre problème, une appréciation que chacun est bien libre de défendre, et « la couille molle » ne s'engagera pas sur ce terrain de prédilection des vrais hommes, des « couilles dures », experts aussi en sociologie et géopolitique viriles.

Maja Lola, probablement autre « couille molle » au moins dans le moral, m'avait fait comprendre, qu'invité à le faire, je devais répondre, ce qu'elle a fait, elle, avec son élégance et sa mesure habituelles, d'honnête femme. Je ne l'ai pas fait, et ne me suis même pas manifesté en off, par email ou téléphone. Xavier, toujours soucieux de convaincre et d'expliquer avait répondu, et nous en avons parlé.

« La couille molle » toutefois déplore que dans ces « cités », devenues des zones de quasi non droit, le chômage des jeunes atteint 80 %, et contrairement aux « couilles dures » et leur béret virilement incliné sur l'oreille, elle a tendance, cette « couille molle » a considérer qu'elle a sa part de responsabilité dans ce naufrage collectif.

Et puis, « la couille molle », qui au long de sa vie est pas mal sortie, y compris à proximité immédiate de ces zones de non droit, se demande si précisément, laisser se développer certains négoces au vu et au su de tout le monde, n'a pas le double avantage « d'acheter une paix sociale » et de « créer du pouvoir d'achat ». En tous cas, les incendies de voitures par quelques analphabètes imbéciles ne vont pas dans les plans de ces messieurs les hommes.

Et comme « la couille molle » est évidemment lâche, elle se réjouit que les « vraies couilles dures », celles qui ne « se couchent pas », prennent les choses en mains, fassent enfin régner l'ordre et la morale, avec le succès « karsherisateur » qu'on constate tous les jours. Allez, un peu de patience et enfin, nous verrons de vertueuses milices patrouiller dans ces zones enfin pacifiées.