J'avais juré de ne plus
intervenir sur les écrits de l'illuminé du Boucau. Je tiendrai
parole en ce qui concerne la corrida proprement dite, tant son
retournement de veste me paraît comique, malhonnête et pour tout
dire scandaleux. D'autant qu'il ne s’accompagne d'aucun « mea
culpa », car après tout, tout le monde peut se tromper ou
s’être trompé, et seule a été prise la décision de faire
disparaître les textes du blog trop hargneux ou accablants. Bref, ça
n'est pas réellement la peine de se battre comme des chiens, car il
ne s'agit « que » de corrida, et il
n'est pas le
seul à dire, ou à avoir dit, pour être gentil, des âneries.
Là où c’est plus
grave, c'est lorsque à ces outrances, après tout humaines, on mêle
la politique. Et là, l’illuminé non repenti, y va fort, comme
toujours.
On s'étonne qu'un
observateur aussi éclairé que lui de la vie politique espagnole
n'ait pas compris que si à l'heure actuelle, le PP en remet une
couche sur son « aficion », c'est pour créer des
pare feu pour le moins bienvenus, et charger le PSOE, qui, c’est
vrai, reste illisible sur le sujet.
Le PP est un peu « gêné »
aux entournures par la vilaine affaire de corruption, de son ancien
trésorier, Luis Barcenas, qui « aurait »,
fait profiter Rajoy de ses libéralités. Remarquez le conditionnel
et les guillemets de « aurait ». Après le Roi, le
gendre du Roi, ça commence à faire désordre pour les malheureux
soumis à un plan de rigueur sans précédent. Je ne doute pas qu'à
l'instar du père du même Rajoy, ce juge qui eut la bonne idée de
mettre hors de cause le frère de Franco dans une somptueuse affaire
de carambouille à l'huile d'olive, menée par une société dont il
était l'un des principaux dirigeants, le fiston saura se sortir avec
les honneurs de ce fâcheux contretemps.
Ceci pour dire que
multiplier toutes les démagogies autour de la corrida, qui de plus
concerne tous les publics, et toutes les sensibilités politiques, ne
peut être que bénéfique en ces temps difficiles, pour un parti
confronté à une situation économique et sociale sans précédent.
Mais André Viard aime
beaucoup mêler à ses pensées taurines des considérations
historiques. Il avait déjà été remarquable sur le fameux « devoir
de mémoire », ou sur la fosse de « Viznar »,
tout en cirant
consciencieusement les pompes d'Esperanza Aguirre, et de quelques
autres notables du PP, et en répandant son venin sur Zapatero et le
PSOE. On devine que ceci lui
a rapporté quelques introductions dans les médias, qui ont pu lui
être profitables dans son job.
Donc,
notre BHL taurin, philosophant sur les poncifs, du style, tout n'était
pas à jeter dans le franquisme, ce qui au minimum, est un faux
problème, nous parle du « plan Badajoz »,
citant un quidam bienvenu,
un « campesino » de
là bas : "Pour transformer ces dehesas arides
en terres cultivables et pâturages riches qui furent ensuite
distribués à une infinité de petits propriétaires, il n'hésita
pas à exproprier les grands terratenientes qui les laissaient en
jachère... Ça, oui, c'était un projet socialiste...".
Sur
le fond, ce projet important, tout à fait respectable et bienvenu également, dans les années de post
guerre, 50 et 60 pour donner une image valorisante du Franquisme, vit
la construction de nombreux barrages, pour irriguer les terres arides
et l'installation de l’ordre de 5000 colons sur des parcelles de 4
a 5 hectares. On avait adossé également un projet d'électrification
et d'industrialisation.
Notre
visionnaire omniscient du Boucau, omet ou déforme toutefois certains
points qui peuvent avoir leur importance. Le premier étant que c'est
la IIème République espagnole, par l'intermédiaire de Indalecio
Prieto qui lança la réalisation de ce projet qui était dans les
cartons dès le début du XXème siècle sous le nom de « Plan
Gasset ». Le premier barrage fut construit durant la IIème
République, et on commença le premier canal.
Cependant,
lorsqu'il s'agit de mettre en route une réforme agraire, pourtant
souhaitée aussi par la Falange de Jose Antonio Primo de
Rivera, soit dit en passant, ceci souleva un tollé, chez
les « terratenientes » évidemment, mais aussi
chez les petits propriétaires, qui craignaient de se voir
exproprier, et tout fut fait pour freiner cette réforme.
Franco, lui, ne risquait
pas ce genre d'opposition, de là à écrire comme le fait notre
plumitif intempestif qu'il « n'hésita pas à exproprier les
grands terratenientes qui les laissaient en jachère... Ça, oui,
c'était un projet socialiste.. », c'est
tout de même très exagéré, puisque en fait, il s'est agi d'un
donnant-donnant plutôt "équilibré", puisque sur 100 pour cent des
terres irriguées et rendues cultivables, 60 pour cent restèrent la
propriété des possédants initiaux, échangeant donc 100 pour cent
de terres incultes contre 60 pour cent de terres irriguées.
Les
chiffres très exacts sont les suivants : «
95000 hectares transformés en terres irriguées, dont 44000
donnèrent lieu à expropriation, et 34000 de ces 44000 furent
distribués à 4763 colons.... ». Toujours
dans les conditions citées précédemment.
Il
ne me vient même pas à l'idée de critiquer ce type d'accord, mais
avouons qu'en termes d’expropriation, il y a pire.
Le
plus marrant reste à venir : « Si dans son
apparente naïveté le propos peut surprendre, voire choquer, il n'en
exprime pas moins une opinion largement répandue dans de nombreuses
couches de la société espagnole, que l'on a bien sûr le droit de
taxer de révisionnistes. Mais le fait est là : pour ceux - issus
des classes populaires et non de la bourgeoisie -, qui bénéficièrent
de ce vaste programme, Franco fut plus socialiste que Zapatero ou
Rubalcaba ne le seront jamais ».
Concernant
Zapatero et Rubalcaba, je laisse Monsieur Viard à son appréciation,
mais traiter Franco de « socialiste »
va le faire se retourner dans sa tombe, voire
se réfugier au sommet de la croix du Valle de los Caidos.
et c'est même une attaque
tout à fait déloyale. Pourquoi pas communiste ou franc maçon!
Je signalerai seulement que les fascistes se nommaient «
national-socialistes ».
Pas plus que je ne reviendrai sur les prétentions « sociales »
et « révolutionnaires »
de la Falange
initiale, pourtant très fasciste, celle de « l'ausente »,
Jose Antonio Primo de Rivera, très critique dans les débuts du
franquisme sur l’absence de politique sociale voire de non
séparation de l’Église et de l’État.
Enfin,
l’allusion faite au « révisionnisme »
espagnol, évidemment, est
également inappropriée. Mais c'est une habitude de confondre certains
termes lorsqu'on parle de l'Espagne, « révisionnisme »
en fait partie, tout comme « libéralisme ».
Le
« révisionnisme », dont le "pape" est Pio Moa, fait référence à une interprétation de l'Histoire de la Guerre
Civile Espagnole, qui voudrait que celle ci ait débuté à l'automne 1934 lors des émeutes ouvrières des Asturies. C'est une
façon, une nouvelle fois de s'exonérer d'une responsabilité des
militaires, celle de s'être rebellés contre un pouvoir
démocratiquement installé. J'en parlerai probablement plus en
détails. Ceci a à voir, certes, avec une nostalgie du franquisme,
voire dans certains cas du fascisme, et en tous cas rien à voir avec
le fait de respecter l'Histoire dans sa complexité, qui est
l'antithèse exacte du « révisionnisme ».
Tout
ça finalement pour nous expliquer combien il est nécessaire de se
convaincre que tout n’est pas blanc ou noir. Après tout, Hitler
avait aussi construit
plein d’autoroutes.
Le
texte complet de l'aède du Boucau : http://www.tierrastaurinas.com/terrestaurines/actus/01-02-13/25-02-132.php
11 commentaires:
Le maître es-pacotille ne me fait plus soulever que la paupière gauche.juste assez pour constater sa fatuité, à nouveau, bien dénoncé par tes soins Chulo de mi arma.c'est un contemporain parfait et probant.grand bien lui fasse à cette sainte quiche.
amen.
ludo
L'édito du vieux boucalais m'avait mis mal à l'aise, je sais pourquoi maintenant avec cet éclairage historisé
Mon ludo, c'est vgentil, mais je n'ai pas tout compris!
Merci de ta visite bison futé. Il me met aussi souvent mal à l'aise, lorsqu'il s'empare AUSSI de la Guerre d'Espagne et du franquisme.
Podrido hasta el tuétano..... Et la fstf continue de se prévaloir de cet usurpateur politiquement malsain! Qu'est-ce qui leur faut, pour comprendre? A croire que certains sont aussi véreux!
Je ne retiendrai de ton article qu'un autre son de cloche, sur le plan Badajoz et c'est ça qui m'interesse vraiment. Je le lis parce que je sais que c'est frappé du sceau de l'honnêteté et parce que les excès t'horripilent. J'apprends. Après, les récupérations, les apropriations et expropriations... "Ha gente pa to".
Et puisque je parle de cloches, que sonnent celles de Umbrete pour annoncer la naisssance aujourd'hui, de Manolito chez mes amis Ruperto et Maria de los Angeles.
JLB
longue vie à Manolito JLB, et Maria de los Angeles est un bien beau prénom, comme la divine soprano du même nom.
ou presque, "de los angeles" Maria et Victoria
j'ai connu une Maria à Los Angeles, c'était une vraie diablesse ! Mais que l'enfer était doux...
Une voix céleste, Chulo .... et comme la victoire plaît aux anges !
Chulo, tienes mas actividad politica de España, que muchos españoles.¡¡¡Bien!!!
Très drôle le montage photo du Coronel ! Les tendidos (puissent-ils être partout aussi "rembourrés" !) du PP terrorisés par le "toro de oro" Barcenas, c'est bien vu.
Je profite de mon passage pour confier que Marc ne va pas très bien en ce moment. Il confond Los Angeles aux USA avec Les Angles, petite ville du Gard (où l'on peut visiter les derniers communistes français, purs, durs et fiers). Maria était la tenancière du café "Le Cercle", passionaria du PC toujours vêtue de rouge, d'où son côté "diablesse". Elle est décédée (et sa virginité avec) depuis déjà pas mal de temps.
Il n'y a, par ailleurs, plus d'anges sur la côte ouest des Etats-Unis : cardinaux et évêques se sont chargés depuis longtemps de les déniaiser...
JLB
Enregistrer un commentaire