Je regarde tous les soirs
les corridas de Madrid. Ce soir, peut être pas.
Que dire, sur l'écran,
il est vrai qu'une grande partie de l'émotion disparaît ou plutôt
cette vibration, cette respiration rauque des arènes et plus
particulièrement, celles de Madrid.
Madrid sort des toros de
Madrid en cherchant les plus grands les plus lourds, les plus armés.
Cette tendance mortifère a fait passer à la trappe des encastes
purs, petits dans le type ou avec peu de tête, mais terriblement
batailleurs, au profit d'une uniformisation de peu d'intérêt.
Toutes les corridas que
j'ai vues jusqu'alors à Madrid depuis vendredi sont sorties mal et décastées, je
dis bien toutes, et parfois avec du danger. Ceci étant mon opinion.
Discutant avec un ami, je
lui dis que je n'avais pas trouvé la corrida des Escolar de
Madrid bonne. « Certes on ne s'ennuie pas comme avec les
Puerto de San Lorenzo », lui ai je dit, « mais me
semble t'il, certains sinon tous, ces Escolar manquaient de
caste et de classe ». A mon avis, il y avait la beauté des
animaux, leurs têtes terribles, mais semble t'il c'est ce qu'il faut
à Madrid. Que n'avais je pas dit !
Le monde taurin est
étrange, il semble condamné à des attitudes extrêmes : tout
le « Domecq like » est à chier, « il n'y
a pas de salut », comme m'a dit un ami aficionado en le
regrettant, « hors de l'Escolar ou du Raso del Portillo ou
du Cuadri ».
J'ai déjà dit aussi, au
risque de faire hurler que les interminables suertes de piques en
imposant au toro de partir de très loin sur le picador ne me
paraissaient pas forcément « taurines».
Il me semble qu'il conviendrait d'abord de tester la bravoure de
l'animal sur une première pique, sans le saigner, et ensuite essayer
de le présenter de plus loin. L'autre avantage me semble-t'il est
qu'on risque moins « d’abîmer » le toro sur la
forteresse volante foreuse.
Je suis conscient de la
beauté d'une bonne suerte de piques, encore faut il que le toro soit
brave, le picador bon, et que le torero ne veuille pas tuer le toro.
Trois conditions qui ne sont pas si simples à réunir. De plus, me
semble-t'il aussi, enivré par la charge du toro, le public est aux
anges, oublie qu'on le prend ce toro, sur le ventre du cheval, qu'il y a
carioca aussi et que la pique n'est pas réellement bien placée.
A Madrid, en tous cas le
bilan est bien maigre aussi bien du coté des hommes que des toros,
mais peut-t'on vraiment les en blâmer, je parle des hommes, avec le
matériel qu'ils ont eu ? Je sais bien qu'il est normal que
certaines corridas ne soient pas bonnes, mais toutes, avec le même
symptôme de manque de caste même à des degrés variables, c'est
très inquiétant.
6 commentaires:
J'ai vu les Escolar Gil aussi et, comme toi, j'ai été déçu. S' ils s'étaient appelé Machin Chose Domecq et avaient été peints en noir ou en marron l'aficion dite toriste les aurait vomis. Autre preuve de leur médiocrité, Zabala ,dans El Mundo, les a trouvé bons.
En fait je suis persuadé que tous les toros qui sortent à Madrid ont 50 kg de trop ce qui empêche leur caste ,bonne ou mauvaise, de s'exprimer.
Bien sûr je partage ton avis pour le poids.
En tous cas, je suis heureux que quelqu'un de ta qualité partage mon opinion.
Sortie mauvaise c'est aussi ce qu'on m'a rapporté. Rien à voir avec le dernier lot à Céret. Demain à Nîmes, un autre lot...
Vu dimanche dernier des Prieto de la Cal qui présentaient bien, sortaient forts, puis s'affalaient, tous...
Au risque de l'ostracisation torista sentencieuse, on voit parfois avec des exemplaires de ganaderias de cochons asthéniques domecquisantes (Garcigrande, Daniel Ruiz, etc) des charges au cheval d'une très grande classe, au moins dans le style. Bon sang ne ment pas tout le temps.
Pourquoi redouter un lynchage pour un constat honnête de ce que nos tous vu?Pour les Escolar la forme à prévalu sur le fond et pour le coup j'ai trouvé le petit Aguilar très au dessus de ses opposants
OUi Marc, suerte donc!
merci pour ton passage bison futé. je suis tout à fait d'accord avec toi pour cet aguilar!
A 95% d'accord avec toi, mon Chulo!
Tant sur les mastodontes obligés, que sur le préjugé SYSTEMATIQUEMENT anti-Domecq (il existe -parfois- du Domecq encasté et solide.
Mais également sur la pique outrancière ou mal effectuée.
Le problème c'est de parvenir à l'équilibre.
Jusqu'au virage plus torista engagé cette année un peu partout en France, on en était à 90% de spectacles aseptisés au bestioles domecqtisées. Peut-on jeter la pierre à ceux qui ont été (et continuent) à contre-sens?
De même, face à la déshérence du tercio de piques, il fallait réagir, quitte à risquer l'abus inverse.
A Orthez, nous avons toujours revendiqué l'ambition de "piques bien faites, autant que de besoin", ce qui n'a pas empêché l'an dernier que la chose dérive en véritable concours de piques, ce que nous ne souhaitions nullement.
Ceci dit, pour 20 arènes qui s'en foutent et privilégient le premier tercio, est-il scandaleux et gênant qu'il s'en trouvent une ou deux qui s'en préoccupent, y compris avec les excès liés à la chose?
Si le juste milieu est aisé à définir, il est difficile à atteindre, même lorsqu'on en a le désir.
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