Ce fut un week end taurin de
rève. Non aficionados s’abstenir. Hommes de préjugés tels que moi, faites amende honorable. Et simplement regardez.
Les « toristas »
d’autant plus virulents qu’ils sont jeunes et bons plumitifs, tiennent à se
distinguer du « vulgum pecus » ignare par leur vision acérée, disons
cérétane, anciennement vicquoise de la
corrida. Il est des tabous : Prieto de la cal, pur Veragua, je me marre, Cuadri
« sang unique » alors que c’est un patchwork indescriptible, et que
si on m’agace je décrirai. Au moins ce qu’on en sait, qui comme chacun sait est
une vision édulcorée de la réalité. Les ganaderias sont des laboratoires
culinaires. Les chefs gardent leurs recettes, disent ce qu’ils veulent, surtout
des mensonges, et les aficionados se gargarisent de sang pur ou unique, pour
abreuver leurs sillons de connaissance taurine.
Mesdames, mesdemoiselles,
messieurs, j’ai le regret de vous dire que tout n’est qu’une question de
sélection, qu’il y a de la caste chez le domecq, qu’il peut y avoir chez le
domecq, aussi, des toros préformatés pour les figuras, ce qui fait leur succès
commercial, , qu’il y a des saloperies chez les domecqs, tout comme il y en a
chez les prétendus santa coloma, saltillo, veragua et autres mignardises, mais d’un autre genre.
Mais surtout que c’est le public qu’il faudrait éduquer.
Lorsque l’aficionado fait dans la
pureté cela fait un peu rire, étant impur le Domecq, ( Juan Pedro bien sûr,
mais aussi Parlade, Jandilla, Fuente yimbro, Pedraza, et tant d’autres).
Ajoutons en un : Montalvo, si décrié.
Olivier était avec moi lors de la
corrida de Cuadri. Nous espérions beaucoup, même si nous savions qu’ils étaient
mal sortis à Madrid. Eliminons ce qui doit l’être et n’a rien à voir dans le
débat. Castano, dévoré à la cape, inexistant ensuite, faisant la vedette
américaine d’une cuadrilla qui n’en menait pas large dans son cabotinage.
Bordel en piste, torero pétrifié. Il faut savoir s’arrêter quand on ne peut
plus.
Robleno est le seul qui
curieusement, ne se soit pas fait bouffer à la cape. C’était de bon augure à
ses deux toros. Hélas il est retombé
dans ses travers rédhibitoires : demis passes, pico, en précisant que se
croiser en allant chercher la corne opposée avec le pointe de la muleta, alors
que l’autre bout de la muleta est derrière la fesse, puis tendre le bras en
travers, équivaut à se décroiser (sic, Olivier).
Ledesma a fait ce qu’il a
pu : son denier était un os au comportement étrange : on a supposé,
défaut de vue, mais aussi toréé, bref, une saleté.
Ceci dit, ces toros étaient même
mansos, du style , mala casta, sujet
tabou, pour les cuadriphiles. Bon disons mauvaise corrida qui plus est mal
lidiée, mal toréee, je veux dire que
sans avoir été un de leurs adeptes, j’aurais aimé voir ce que Ruiz Miguel, ou
Diego Puerta, voire Ostos et quelques autres auraient fait de ce type
de toros qui étaient plus dans leur répertoire. Mais quand on commence par se
faire bouffer dès la cape, le reste n’est pas possible car les bougres ont tout
compris.
Laissons faire Monsieur Cuadri qui ne donne pas dans la
langue de bois, le tout étant de savoir dans cette mélasse de sangs pour donner
un « sang unique » par sa composition étrange et préhistorique, par
quel bout il pourra opérer le « rafraichissement » qui semble
s’imposer, tout en admettant que lorsqu’on cherche de la caste, on s’expose à
des désillusions.
Venons-en à cette corrida de
Montalvo. Je n’étais pas chaud pour y aller, ce qui me valut de me faire
« chambrer ». J’ai même dit que je venais pour «
JuanMora », imbécile va ! Peut être en subconscient en référence au
« Mora, Mora » malgache. Je peux être abruti aussi. Ou de mauvaise
foi.
Donc, voilà, je n’appréciais pas
Manzanitas, je ne sais plus exactement pourquoi, trop figurita, trop top model,
trop beau, trop señorito, et je lui voyais
les défauts de la fin de règne de son père, un des précurseurs du toreo moderne
rectiligne. Quant à Perera !
Juan Ignacio Perez Tabernero est
lié depuis longtemps à Dax, ainsi que toute la famille Tabernero. Il a emmené
une corrida très bien faite, harmonieuse, élégante dans le type. Les toros sont
sortis avec de beaux galops, bouillants. Mora s’est fait bouffer à la cape par
ses deux toros, le reste fut lamentable
et pathétique : assassinat aux piques, impuissance du torero, nullissime.
Il est venu chercher son chèque, point.
On sentait bien que Manzanares
était très concentré, très dans sa corrida, comme on dit d’un joueur qu’il est
dans son match, très attentif. Il sut arrêter ses toros à la cape, opposant la
soie à la violence, les mettant aussi en confiance. Nul cri, j’ai horreur des
toreros gueulards, un petit « rha, rha », toujours calme. C’est lui-même
qui mit en « suerte » ses toros pour les piques, évitant
soigneusement de les faire partir de loin. Bravitos les toros de Juan Ignacio.
Piques dosées « levanta el palo » dit le jeune maestro et le picador
écoute, tout ceci sans geste superflu.
Pour les banderilles, aucune
passe superflue, une seule pour chaque mise en « suerte ». Une
perfection de lidia étroitement contrôlée par le jeune maestro.
Ensuite, mes seigneurs, le sens
du placement, de la distance exacte, une ceinture incroyable. Cours de toreo,
donner du temps au toro, lui donner de la distance, et lui servir une petite série,
toujours parfaite.
Je pense aussi qu’il avait établi
un dialogue avec son père, dans cette plaza où enfant il l’accompagna dans sa vuelta. Les puristes
diront que la seconde faena fut mieux encore, je ne sais pas, j’étais sous le
charme de cette toreria honnête, suprêmement élégante, méticuleusement juste et
respectueuse dans l’attitude torera. Deux faenas, deux bijoux finement ciselés,
sobres et élégants, ponctués de deux énormes estocades, dont la seconde dans un
recibir fabuleux sous les yeux du ganadero.
Et encore une fois, ces toros
avaient de la caste, du fond, plutôt braves, et demandaient à être toréés, c'est-à-dire
qu’ils avaient du piquant, pouvaient donner des coups de tête et ne
pardonnaient pas tout. En tous cas, rien
à voir avec les borregas dont les figuritas sont friands.
Je suppose que pour un ganadero ce doit être
un bonheur de voir deux de ses exemplaires entre les mains de ce Manzanares hier
béni des dieux.
Le premier de Perera était
probablement un grand toro, mais il se blessa à une patte en s’emmêlant dans une cape. Il
tint debout et chargea par sa race mais était handicapé. Le second de Perera
fut le seul faiblard et sans grand intérêt.
On pense que très ému, et
toujours en deuil de son père dans son costume noir, le fils dédia le triomphe
à son père.
Ole Torerazo !
7 commentaires:
Txulo !
A ta lecture...je reste bouche..bhééee.
milesker !
ernsto Kar
Txulo !
A la re-lecture ,c pir ,je suis plié en trois, au minimum..
Et je finis , baignant , de bonne heure , aprés un tel gouter.
! Bieenn ! Torerazo Bic-plumitif ! (dou fezensac )
Otro milesker.
ernesto Kar Ibou
Cher Chulo, Que de belles et bonnes leçons tu nous prodigues, avec art, talent, et quelle jeunesse!!!
Gracias, y abrazos
Pas tout compris du comment du Caribou-là, mais je suis heureux que tu te sois régalé et qu'un torero ait pu te "reconnecter"...
Et puis on s'en fout qu'il soit beau, quand il est bon, il est bon !
Lu et approuvé!
Desesperante, Chulo, esto de no poder como es debido leerte -leerles- en francés me pone de los nervios.
Oye, que anoche te apreté las tuercas desde mi blog hablando de Valente Arellano, del que estabas pegado, y ruego a Dios que me perdone por la osadía.
Bs, y cordiales saludos para tu audiencia, especialmente muy cariñosos para el gran Xavier Klein al que encuentro muy tope en la fotografía tirando de un puro habano como un tizón.
La condesa de Estraza
Hola, Chulo, paso por aquí de vez en cuando y hoy aprovecho el viaje para darle un abrazo a tu audiencia francesa, a 15 de noviembre.
Nada más, mi querido amigo, sintiendo mucho encontrar esto tan parado.
La condesa de Estraza
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