Bernard Dussarrat, dit « Titi », et fils de « Titi »,
est un dacquois de souche, quoique espagnol par sa mère. Mais, c’est une
alliance qui porte beau, non seulement, parce qu’une heure suffit pour rallier « l’Espagne »,
n’entrons pas dans les conflits basco ethno de l’Euskadi, au moins pour faire
le plein de cigarettes de mon épouse, car je ne fume toujours pas depuis quatre
ans et 3 mois. Appelons cela l’Espagne car parfois on y parle Espagnol, quoiqu’à
contre cœur, et Bilbao, cœur de la "basquitude" a longtemps été une
référence en matière de corrida dure.
Maintenant, à mon grand désespoir, on a instauré le rouge et
blanc obligatoire pour toutes les fêtes,
y compris de la région, ce qui fait le bonheur de certains commerçants et de
lignes de fabrications chinoises ou autres. Car, voyez vous, ceci est censé « gommer »
les différences sociales, mais surtout, est venu d’une imitation aussi stupide
que niaise des fêtes de Pamplona, oubliant au passage que ces couleurs sont
celles de la Navarre fasciste des « requetes » carlistes.
Quant à l’élimination des différences sociales, disons que les penas plus ou
moins privées se multiplient, qu’on peut se démolir selon l’endroit au
champagne ou au rosé « low cost ». Je parle du prix d’achat, pas du
prix de vente du litre.
Titi, est un indestructible des tendidos. Il s’est souvent
distingué, en chemise très colorée, interpelant de sa voix de stentor embrumée les
éleveurs, les toreros, les organisateurs, les curés éventuellement, les ignares
nombreux dans les étagères. Il renouait avec cette tradition de la corrida
populaire, ce que pour sa survie, elle n’aurait jamais dû cesser d’être. Je me
souviens encore de mon père hilare rentrant de corrida, après que quelques
tomates aient été envoyées à la face des toreros, ou commentant le geste de
Dominguin pour indiquer qu’il était le « numero uno », provoquant la
réaction sublime d’un illuminé polyglotte hurlant « numero cincuenta » !
C’est qu’à l’époque on avait « l’indignation » cultivée !
Pour revenir à l’objet de ce post, après une si longue
absence, je voudrais parler de son livre « Dax en habit de lumières »,
sorti tout récemment, et présenté sous les arènes de Dax, à une assistance
plutôt importante. Ce livre qu’il cosigne avec le photographe Bertrand Caritey,
est illustré de photos rares et toujours dans le propos. La couverture est de l’ami
Jérome Pradet, sur fond sombre, et fait de ce livre un objet qu’on a envie de
regarder avant de l’ouvrir. Il a été édité par la jeune maison d’édition
dacquoise Passiflore, dirigée par Florence Defos Durau et Patricia Martinez, qui
fait un travail remarquable de sauvegarde d’un patrimoine dacquois et landais. En
tous cas, la mise en page de ce gros pavé, de près de 300 pages est extrêmement
soignée, y compris, la correction.
Pour le contenu, ce sont 25 ans de temporadas dacquoises,
dans leurs plus extrêmes détails, corridas, novilladas avec ou sans picador,
rejon, et aussi course landaise, qui fait tellement partie de la tradition des
fêtes dacquoises.
Le polémiste acide que peut être Titi, s’efface devant la
narration des faits, pour convenir qu’une commission taurine, ayant à charge l’organisation
et les risques d’une temporada, est animée du désir de bien faire et de conserver
aux arènes de Dax son brio, même si, en creux, on comprend bien que le sujet
est hélas aussi politique, c'est-à-dire que, contraintes ou non, les commissions,
à part quelques privilégiés très souples de l’échine, ont tendance à valser
avec les changements politiques.
En tous cas, il réussit le tour de force de ne pas sombrer
dans la collection de "resenas", c'est-à-dire que même s’il s’appuie sur des
témoignages précieux, il a su conserver l’essentiel, c'est-à-dire l’essence de
chaque corrida, avec une certaine distanciation, et fait mieux comprendre l’esprit
de cette arène de Dax, si particulière. Je veux parler d’une certaine commisération
envers les autres arènes, d’ une haute estime de soi même et d’un goût pour le
beau toreo, qui l’a faite « s’auto surnommer ? » la « Séville française »..
Son travail, finalement, dépasse largement la seule enceinte de Dax, car on y voit évoluer les phénomènes de mode, toros et toreros, et aussi assister au naufrage de certains sangs. De ce point de vue, ce livre est une somme, utile pour tout aficionado.
L’écriture est très belle, limpide, précise, toujours très
soignée, même s’il n’a pas pu résister à un « l’assureuse de soustons »,
dans sa relation de la corrida de Cristina Sanchez . Chaque année est précédée d’un texte
introductif court mais précieux et conclue trop souvent par l’évocation d’un
aficionado disparu.
Ce pourrait être une compilation ennuyeuse de textes
convenus, mais il a su chaque fois éclairer chaque événement, faisant que son
livre se lit d’une traite, non, je n’ai pas dit de pis, ni des blanches. En
plus il se dégage une manière de sérénité, surprenante pour qui connait un peu
le personnage, et surtout, ce bonheur d’écrire
qui sourd de chaque page.
Enhorabuena Titi !
3 commentaires:
On le sait, "Titi" fait preuve de talent, d'intelligence, de compétence technique et surtout de liberté de parole. C'est assez amusant de le trouver en thuriféraire d'une plaza dont il s'est souvent situé -à juste titre- en contempteur.
D'aucuns, simplistes, verraient là une fâcheuse incohérence. Ce serait faire oeuvre de déni stupide là où Titi nous prouve la diversité et la complexité de son humanité.
Bravo Señor DUSSARRAT y suerte...
"L’écriture est très belle, limpide, précise, toujours très soignée", voilà qui s'appliquerait bien à ces remarques que je viens, avec beaucoup de retard, de découvrir.
Gina
Bonjour Chulo
A lire également du landais Patrick Caule le livre ''Saveurs taurines'', le bien nommé car savoureux à souhait. Différent de celui de ''Titi'', Patrick évoque avec truculence les rencontres qu il a pu faire dans sa vie d aficionado lors des nombreuses plazas qu il a fréquentée. Humour, tendresse et émotions sont au rendez vous et on a l'impression, surtout pour ceux qui ont la chance de le connaitre, de l entendre vous raconter là, à vos cotés,avec une grande précision, ses souvenirs parfois un peu nostalgiques mais toujours interressants.Un homme qui aime sa terre, les toros et qui cultive l amitié. Patrick Sabatier 13300
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