Angel
Luis est un « venteno ». Il
est né Calle Heredia, cette rue
parallèle à la Calle de Alcala, à
deux pas de Las Ventas.
Il
s'était proposé pour me reconduire à l'aéroport. Nous avions le temps, alors il
a décidé qu'à midi, nous irions boire quelques « vinos » dans « sa »
rue.
Carmen,
m'explique t'il, fréquente les bars de la Calle
de Alcala, et leurs comptoirs en inox. Lui, Angel, les soirs de corrida va
dans les bars taurins de sa rue : bois et têtes de taureaux.
Il
m'a montré l'immeuble où il est né, au dernier étage. Un ou deux étages plus
bas, vivait un picador. Les jours de corrida, on venait lui amener un cheval
pour qu'il descende à Las Ventas.
Enfant, Angel entendait le pas lourd du cavalier, et descendait en
vitesse. Alors avec un autre enfant, le picador les chargeait sur son cheval et
les menaient jusqu'à la Place de Las
Ventas.
C'est
ainsi que naît une aficion.
Maintenant, Angel vit à Paracuellos. Il m'explique
que c'est maintenant une cité dortoir, à une portée de caillou de l'aéroport de
Barajas.
Paracuellos c'est une des mémoires les
plus noires de la Guerre d'Espagne des républicains. Madrid
devait tomber du jour au lendemain en ce début de novembre 1936. Madrid bruissait encore des mots qui racontaient les massacres de Badajoz par les troupes marocaines de Franco et de bien d'autres massacres, comme ceux de Tolède, après la libération de l'Alcazar. Le gouvernement républicain avait abandonné Madrid pour poursuivre son action à Valence, on annonçait en France la chute certaine et même parfois anticipée de Madrid.
devait tomber du jour au lendemain en ce début de novembre 1936. Madrid bruissait encore des mots qui racontaient les massacres de Badajoz par les troupes marocaines de Franco et de bien d'autres massacres, comme ceux de Tolède, après la libération de l'Alcazar. Le gouvernement républicain avait abandonné Madrid pour poursuivre son action à Valence, on annonçait en France la chute certaine et même parfois anticipée de Madrid.
Le
gouvernement républicain avait laissé la défense de Madrid entre les mains de Miaja
et de Pozas, alors qu'une Junta exerçait les fonctions
d'approvisionnement et de police. Les troupes de Franco étaient aux portes et curieusement, Varela qui commandait la manœuvre fit une manière de pause, trop
sûr probablement de l'issue des combats. Ce laps de temps avait permis aux
Brigades de rejoindre la capitales et aux armements soviétiques, chars et
surtout avions, de contrer les armements de Hitler
et de Mussolini.
A la
Prison Modelo étaient enfermés des
franquistes, souvent militaires. Comme Madrid
devait être attaqué, on craignait que la prison libérée, ces prisonniers
constituent une Cinquième Colonne et
mènent la guerre de l'intérieur. On décida de les transférer dans une zone plus
sûre. Pour beaucoup le voyage s'acheva à Paracuellos
où ils furent exécutés. Certainement près de 1500 terminèrent leurs jours ici.
Angel
n'aime pas que nous évoquions ce sujet,
je le comprends assez bien. De plus, aussi bien sa famille républicaine, que
celle de son épouse ont payé un lourd tribu au franquisme, y compris au prix de
leurs vies.
Angel
Luis se nomme ainsi car son père était un fervent admirateur du Bienvenida portant les mêmes prénoms.
C’est aussi un fervent républicain, à gauche toute et farouchement anti
monarchiste. J’ai bien failli rencontrer son ami Grimaldos, historien, qui ce jour-là donnait une conférence à Reus. Une prochaine fois.
Lorsque
nous avons déjeuné avec La Condesa,
il a choisi un restaurant portant
fièrement en façade le drapeau tricolore de la Seconde République espagnole. Ce
fut un grand et beau moment de fraternité. C’était toujours dans le même
coin de la Puerta del Sol, du côté de
la Calle del Carmen, une petite
place. Initialement, nous devions boire ici quelques « vinos » en attendant Carmen.
Angel avait prévu de
manger dans un autre restaurant tout proche. Il était fermé, Angel pense que
c’est pour cause de deuil, car la patronne n’allait pas bien. Ici, Madrid
ressemble à un gros village. Nous avons donc mangé sur la petite place, non
loin du drapeau républicain, étalé sur la façade.
Quand
je l’avais rencontré pour la première fois, avec Carmen, Angel nous avait
emmenés dans le quartier de Salamanca.
Ce quartier, très sélect, était un repère de la « cinquième colonne » et fut épargné par les
bombardements franquistes. Le patron du restaurant, comme beaucoup ici, est de
droite. Ami d’enfance d’Angel. Il l’a salué en le qualifiant « de maricon de izquierdas »,
et Angel l’a traité de « falangista
de mierda » et de « fascio »,
tout en se donnant l’abrazo. J’ai
bien précisé que j’étais aussi un « maricon
de izquierdas ». Il nous a offert l’apéritif. On s’est bien marrés.
Nous
avions donc le temps, Calle Heredia.
Premier arrêt, « la tienta ».
Ici, nous dit Angel, les
soirs de corrida, le monde envahit la rue. En riant il
nous dit que c’est interdit de boire dans la rue. La salle est petite et
encombrée de têtes de toros. Ici le bar est artiste. Pas mal de Victorianos et partout, Curro.
En
face du café, l’école que fréquentait Angel. Une école de « monjas ». Je souris à cette évocation « athée comme un pot de yaourt »
comme dit Marmande. Jouxtant l’école
des « monjas », une autre
école qui était tenue par des « curas ».
Angel dit en se marrant qu’ils pensaient à l’époque qu’il existait un
souterrain entre les deux écoles afin de faciliter certaine convivialité discrète.
L’immeuble où vivait Angel était à deux pas, en remontant un peu la calle
Heredia.
Nous
remontons donc un peu la rue. Ici, une porte discrète toute rouge. Sans panneau
ni écriteau. Angel prétend que derrière cette porte se tient le plus petit bar
de Madrid, contenant au maximum 20 personnes. 50 s’y entassent les jours de
corrida. Un peu plus haut, pratiquement en face de l’immeuble où naquit Angel,
un autre bar, tout petit aussi, dédié à Curro.
Ici me dit Angel, on chante des « coplas »
jusqu’à très tard dans la nuit. Le patron porte les stigmates de la veille. 3
heures et demi dit t’il. Nous n’avons pas le choix, « tortilla » et olives pour accompagner les « vinos ». Angel est chez lui
ici. Je ne suis pas sûr que nous ayions payé. En partant je salue le patron,
l’assurant que je reviendrai, car ce n’était pas cher.
Nous
redescendons un peu la Calle Heredia.
Sur la gauche le Restaurant La Puerta
Grande. Un monument ici. On y est nettement plus toriste. Les têtes de toros en
attestent, dont celle d’un Escolar
Gil de Ceret. Ici se tiennent souvent des tertulias taurines.
Gil de Ceret. Ici se tiennent souvent des tertulias taurines.
Re tortilla,
re olives, re vinos visite de la
salle de restaurant
Si vous passez par la Calle Heredia, pensez qu’ici
est né mon ami, mon hermanito de Las Ventas, cet homme bien qu’est Angel.
8 commentaires:
ole ! que bien parece Angel y que bonito ver a Carmen con esta cara de alegria. los hecho de menos y tremenda ganas de tocarles espalda y mejilla me das Chulo.espero que me habeis brindao un chato de vino , cuadrilla de lujo.
tienes totalmente razon ludo. ademas que suerte tener tales magnificos amigos: la gitana rayana y el venteno callejero!
Belle tranche de vie Chulo.
Comme j'aurais aimé t'accompagner!
Hermano de Dax. ¡Chulo!.
Si he traducido bien del frances, observo demasiadas palabras bonitas sobre mi. Seguro que lo entendi mal.
Fue un placer pasear contigo y Matilde por los bares del barrio de mi niñez. Nos falto Carmen.
SI viene Ludo a Madrid,intentaremos repetir el Tour e incluso mejorarlo.
Besos hermano
Quel dommage, Chulo, que je n'aie pas pu lire ton post lorsque je me trouvais encore à Madrid ....
Nous aurions pu partager une copa dans ce bar de la calle Heredia avec ton ami Angel que j'ai eu le plaisir de connaître ce mardi.
Un homme charmant, à la fois doux et jovial, passionné par la chose taurine, tout en discrétion et mesure.
Ce n'est que partie remise ....
Un jour, je l'espère, Maja Lola! Au complet ce coup ci!
Au complet ? Ben merci pour les maricons de derrecho y de desecho !
Comment, comment, guapo chulo y maja lola étaient à Madrid à la même période et n'ont pas pu "opérer de jonction" ??? Que frustra~cion !
Maja Lola, gracias por tus palabras sobre mi, pero te digo lo mismo que al chulo de Dax. Inmerecidas y no es falsa modestia.
Ya esperando laproxima visita.
Besos
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