Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

mardi 19 juin 2012

pauvreté et misère


La misère a une odeur, forte, très forte. Déplaisante et aigre. Je ne peux plus m'y tromper,



la misère fait que les nouveaux nés sont déposés parfois dans des poubelles, et parfois font le festin des chiens errants,



la misère fait que parfois, les mères vendent leur enfant,



la misère ce sont ces bébés dans les tunnels de Tana auxquels on fait tendre la main dans les fumées nauséabondes,



la misère ce sont ces meutes qui vous attendent à la sortie de l'hôtel pour mendier, s'accrochant à votre bras,



la misère c'est être misérable dans un pays riche, scandaleusement pillé par les « puissances » riches, humanistes bien sûr, très libérales, méprisantes et cupides,

la misère, c’est que tout le monde s’en fout,

la misère ce sont ces vieux vazahas arrogants qui se trimballent en gros 4X4 ou dans les bars et restaurants qui leur sont réservés au bras de gamines,



la misère c'est lorsque ce sont les pères qui offrent leurs fillettes vierges,



la misère c'est cette élite cupide, vendue, totalement corrompue qui se joue de son peuple,



la misère c'est aller à l'hopital et devoir payer le chirurgien, emmener son matelas et si possible sa nourriture, avoir à payer ses médicaments,



la misère c'est ne pas pouvoir payer ses droits d'incription à la fac, et je connais même des profs de fac qui parfois le font pour certains élèves,



la misère c'est devoir renoncer à ses études parce qu'on ne peut pas se payer le « taxi be » pour aller à la fac, et encore moins un repas par jour,



la misère c'est quand tous les panneaux indicateurs sont volés pour en faire des grils ou des gamelles,



la misère c'est lorsque ces gros porcs qui sûrement font la morale en leur pays viennent par avions, en certains endroits pour s'offrir des enfants très mineurs,



la misère ce sont ces analphabètes, repliés à l'état d'animaux, loin de tout, et dont la seule richesse est de procréer,


la misère c'est de n'avoir pas de toit, mais c'est assez commun en d'autres lieux civilisés,




la misère c'est n'avoir rien à manger,


la misère c'est la perte de la dignité de l'homme.


Très franchement, je n'ai pas vu ça à Cuba.


j'ai vu par contre la censure, l'interdiction des télés satellites, je sais que les cubains ne peuvent pas voyager sauf en mission pour le gouvernement, un système monétaire à deux vitesses pour le moins étrange, un système incroyable de tout état qui prend l'eau, des salairestrès bas, et l'ouverture progressive à l'initiative privée, (magasins, logements pour touristes, taxis, achats de logements, la liste n'est pas exhaustive). J'ai vu un peuple certes pauvre mais encore debout, car éduqué, c'est l'immense différence avec la misère. J’espère seulement que l’enrichissement d’une minorité ne conduira pas au passage de la pauvreté à la misère pour les autres.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Il y a tant de façons d'être pauvre. La pauvreté porte en elle au moins l'espérance quel que soit le système politique, je crois ; mais l'exclu à cause de sa pauvreté n'a accès à rien, ni à la vie civique ni à une quelconque forme de vie sociale ; souvent, il ne peut plus se reconstruire, s'abandonne à l'alcool, perd sa dignité. C'est le pire.
Ce qui me touche le plus, Chulo : "La misère c'est que tout le monde s'en fout".
Gina

Marc Delon a dit…

Ai réagi à ce post en privé...

el Chulo a dit…

ok marc, j'ai vu. je maintiens que l'une des caractéristiques de la misère est qu'elle est évidente et saute aux yeux, et, comme le dit gina,elle peut faire perdre toute dignité o l'homme. enfin, j'ai déjà expliqué que je ne prétends pas connaître cuba, ce serait stupide, je parle seulement d'un ressenti. par exemple pour la "police omniprésenteé" du reportage que tu m'as indiqué, il est clair qu'une équipe de tournage va être surveillée. mais le flic qu'on montre, c'est au télé et très furtif. je n'exclue pas qu'il y en ait en civil, évidemment puisque tout appartient quasiment à l'état.mais par exemple, je te garantis qu'on en voit bien moins qu'à tana, je parle des "visibles" et ça, il ne faut pas 6 mpois pour s'en apercevoir. je ne vais pas non plus batailler entre "misère" et "pauvreté" mais pour moi ce n'est pas une nuance.

Pedroplan a dit…

Très beau texte, senor Chulo

Anonyme a dit…

¡Dios le conserve la inocencia, señor Txulo!
Atentamente, el Moro Muza.