Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

lundi 24 janvier 2011

Saints et Maudits (suite 5)

L'attaque du « Cu-Cut », merci Maja Lola! et « la Semana Tragica » ont sûrement été, avec le désastre de Cuba des faits de la première importance pour l'évolution de l'Espagne. Dorénavant, l'Armée serait intouchable, avec la terrible loi des « Juridicciones », c'est à dire juge et arbitre. De plus, la Semana Tragica s'était caractérisée par de grandes destructions d'édifices religieux et des exhumations de cadavres. L'un des 4 autres condamnés et exécutés avec Ferrer aurait dansé avec des cadavres momifiés. Enfin, la guerre du Maroc était rejetée par bon nombre d'espagnols, surtout ceux qui n'avaient aucune possibilité de payer d'autres pour y aller à leur place.



La mauvaise gestion  par Maura de ces événements lui valut de quitter la tête du gouvernement, après toutefois pratiquement cinq ans, ce qui à cette époque était tout à fait remarquable. Le système politique espagnol était basé sur les « caciques », dignitaires locaux qui organisaient le « turno », c'est à dire une alternance entre les « libéraux », plus ou moins progressistes et les « conservateurs » plutôt partisans du maintien de l’ordre établi, et ceci sous contrôle royal. Ces caciques étaient idéologiquement flexibles et demeuraient en place quel que soit le gouvernement, organisaient les achats de votes et garantissaient cette fameuse alternance, « el turno », ou des réajustements de gouvernements fréquents par changements fréquents de Premier Ministre, à l'initiative du Roi, et dans ce cas, toujours dans la même mouvance politique, libérale ou conservatrice, on parlait de « turno en el turno».

Bref on était dans une bouillie idéologique qui favorisait l'émergence de mouvements populistes tels que les radicaux de Lerroux, l'empereur du « paralelo», la ceinture ouvrière et chaude de Barcelone, et défenseur très démagogue des classes défavorisées. Plus tard, pratiquement rallié à Franco et écrasé par des soupçons certainement fondés de corruption Lerroux devait on le voit singulièrement changer de discours. Restait aussi, très présent un vieil anticléricalisme, hérité du XIX ème siècle et aussi la montée en puissance des anarchistes via la CNT et l'émergence plus douce de l'UGT syndicat normalement contrôlé par le PSOE et les revendications de plus en plus pressantes d'autonomie du Pays Basque, de la Catalogne et à un degré moindre de la Galice. Concernant aussi bien le Pays Basque et la Catalogne, ce mouvement n'avait rien de nouveau, non plus.

Il faut revenir un peu sur le rôle « constitutionnel » du Roi. Il était le chef suprême des armées et donc intervenait largement sur les nominations et les avancements. C'est certainement là qu'il faut trouver une branche monarchiste chez les militaires, pourtant pas majoritaire, car le système favorisait outrancièrement les « marocains ». De plus le Roi pouvait nommer le Chef du Gouvernement, mais également nommer et révoquer des ministres, légiférer avec les Cortes, décider de les réunir ou non, nommer des sénateurs. On peut estimer qu’Alphonse XIII usa et abusa de ses prérogatives aussi bien au niveau des affaires militaires qu'il pilotait de fait car il était le seul élément stable politiquement, tout au long de la guerre du Maroc, mais aussi fit preuve d'un interventionnisme permanent au niveau politique. Enfin, lié à la cour d'Angleterre il tint au rôle important, tout au long de son règne au niveau de la politique étrangère, non seulement par goût, mais aussi car, comme pour l'armée, il était le seul élément stable et permanent à ce niveau.

Et puis, ce Roi, finalement plutôt libéral et moderne, au départ, fut perturbé par de funestes problèmes conjugaux: un fils hémophile, un autre sourd muet, le troisième qui serait l'héritier « forcé », et une conviction que ces tares venaient de son épouse. Ce qui le conduisit à voir si l'herbe était plus verte ailleurs, ce qui est sans la moindre importance et tout du moins banal. Mais tout de même, pour un Roi, assurer sa succession, cela reste un problème. Donc, ce Roi, plutôt atypique, interventionniste, certainement pas sot, devait par ses agissements en particulier autour de la guerre du Maroc, cristalliser une opposition républicaine qui ne se manifestait vraiment jusqu'alors que par le parti Radical et le PSOE élitiste et très minoritaire.

Pour comprendre la situation de l'Espagne en 1900, il faut savoir que l'espérance moyenne de vie n'excédait pas 35 ans, très inférieure à celle des autres pays européens et qui dénote de conditions de vie particulièrement rudes pour les 18,6 millions d'espagnols d'alors. De plus la mortalité était très élevée, particulièrement l'infantile qui faisait que sur 1000 enfants qui naissaient, 186 mouraient avant leur premier anniversaire. Un autre facteur important du retard que l'Espagne enregistrait sur les autres pays voisins était l'analphabétisme qui faisait que toujours en 1900, année de la création du Ministère de l'Instruction Publique, sur 100 espagnols adultes, 56 ne savaient ni lire ni écrire. La troisième caractéristique étant la prépondérance du secteur rural: en 1900 Madrid et Barcelone dépassaient tout juste 500 000 habitants; 80 pour cent de la population vivait dans des localités de moins de 10 000 habitants. Les travaux agricoles produisaient 40 pour 100 de la richesse du pays et occupaient 68 pour cent de la population active.

Il ne faut tout de même pas croire qu'il s'agissait d'une société à l'arrêt. Elle évoluait mais plus lentement que dans les autres pays, et cette évolution portait en germes les bouleversements sociaux à venir. Outre le secteur agricole l'industrie avait fait son apparition, aussi bien au Pays Basque, et en Asturies pour l'industrie lourde, qu'en catalogne avec Barcelone pour l'industrie textile et chimique, avec également, le développement d'un secteur bancaire important: Madrid, Barcelone et Bilbao, toujours.

Ceci était évidemment propice au développement des mouvements syndicaux, car les conditions aussi bien salariales que de travail étaient particulièrement rudes. Dans le secteur agricole l'abondance et le faible coût de la main d’œuvre avaient été un frein à la modernisation et il fallut attendre le début du XXeme siècle pour commencer à assister à une mécanisation et surtout l'utilisation d'engrais. Ainsi on estime que la production du blé espagnol, faute de travaux d'irrigation, d’infrastructures hydrauliques et de gestion de l'eau si rare coûtait 30% plus cher que dans les pays voisins européens. Peu productive donc et très fragile car sujette aux aléas météorologiques. Les ouvriers agricoles, employés au seul bon vouloir des propriétaires, sans la moindre protection sociale et payés une misère étaient particulièrement sensibles aux hausses de coût du blé et donc du pain qu'ils réclamaient parfois violemment. Ce sont de plus la Garde Civile et l'Armée qui réglaient violemment les problèmes au seul bénéfice des patrons.

Suite au désastre de 98, on commença à parler de « régénération », et les politiques avaient souvent compris, aussi bien les conservateurs que les libéraux que le changement d'attitude politique était inévitable. Autrement dit, on était assis sur une poudrière. On parla alors de « révolution par le haut », opposée à la « révolution par le bas » chère aux anarchistes. Le conservateur Maura s'y attela sans succès emporté par la « Semana Tragica », puis Canalejas, le libéral, nous verrons dans quelles conditions, et finalement sans succès non plus.

Les deux en tous cas étaient convaincus que cette « révolution par le haut » devait être impulsée et contrôlée par l'Etat, Maura mettant l'accent sur l'autoritarisme avec une dimension sociale restreinte, Canalejas sur des réformes plus fondamentales et structurelles, tentant de toucher aux deux piliers séculaires de l'Espagne: l’Église et l'Armée. En effet le libéral Canalejas pensait que cette révolution contrôlée par l’État, passait fatalement par l'éducation et nécessitait de se distancier de l’Église. Dans son cas précis, il est bien difficile de parler d'anticléricalisme, dans la mesure où il était extrêmement croyant et pratiquant et disposait, dit t'on, d'une chapelle privée dans sa résidence.

Mais le problème majeur aussi bien pour l'un que pour l'autre, et même si leurs objectifs étaient bien distincts sur la forme et aussi le fond, allait être la débilité de l’État, sans ressources ni structures administratives suffisantes, devant faire face à une guerre coûteuse en hommes et en argent, avec un système parlementaire pratiquement inexistant et soumis aux caprices du Roi, donc pratiquement impuissant sinon par l'utilisation répressive de la Garde Civile et de l'Armée, en dernier ressort, voire systématiquement, pour résoudre tout problème.

Voyons donc ce que tentèrent de faire le « conservateur » Maura et le « libéral » Canalejas. Maura tenta d’intervenir sur deux fronts: législatif, le premier, sur une série des réformes basiques, telles que « la justice municipale » « le système électoral » et « l'Administration locale », l'objectif étant de s'attaquer aux caciques, le second sur des projets qui cherchaient à diminuer la « conflictivité » sociale et « l'égoïsme de classe ». Ainsi on vit apparaître « l'Institut national de Prévisions », « les Tribunaux Industriels », « les Conseils de Conciliation et d'Arbitrage », le « Corps des Inspecteurs du Travail » ou « la loi des Grèves ». Malheureusement ces bonnes intentions pour des raisons diverses ne furent pas suivies d'effet et Antonio Machado a évoqué une période qui avait été « un règne d'ombres pavé de bonnes intentions » et parlant de Maura, une mentalité « archaïque et infatuée d'elle même » mais « avec une volonté sincère ».

C'est surtout lorsqu'en 1908 il présenta sa « Loi sur la Répression du Terrorisme » destinée à en finir avec les attentats attribués aux anarchistes, « par le biais de mesures exceptionnelles comme la suppression des journaux et des sociétés, des ordres de bannissement et des peines de prison pour empêcher la publicité des idées anarchistes ». Le seul résultat fut de soulever un tollé et de conduire pour la première fois à la constitution d'un front « radical républicain », «  le Bloc des Gauches », mais aussi, on vit les « libéraux » se détourner du pacte « del turno » et incliner eux aussi, plus nettement vers la gauche. Le coup de grâce fut donné par la « Semaine Tragique » dont nous avons déjà parlé dans une suite précédente et Maura l'expliqua plus tard ainsi:  il ne lui était pas possible de l'emporter «  contre la moitié de l'Espagne et plus de la moitié de l'Europe ». La Roi fut le dernier à le lâcher et le 21 Octobre il le força à démissionner et chargea le libéral Motet de former un nouveau gouvernement.

Motet rejeté par tous, fut balayé par une intrigue de palais, nommée la « crise des Cendres », au profit de Canalejas, démontrant seulement que rien n'avait changé au royaume de Alfonso XIII. Toutefois Canalejas, lui, démontra un volonté réformatrice qui reposait sur une régénération sociale et culturelle du peuple, sur le rôle régalien de l’État, comme « protagoniste de la société ».

Jose Canalejas y Mendez à 55 ans était déjà un politicien très expérimenté. Il fut député de Soria en 1881 et ministre dans les cabinets de Sagasta en 1885 et 1894. C'était un rénovateur convaincu, « aux limites de la gauche dynastique ». Dans une « République Couronnée » selon ses propres termes, inspirée des expériences anglaise, française et belge et de la monarchie anglaise, il pensait que l'ouverture sociale qui permettrait l'intégration politique des secteurs ouvriers était un prérequis pour la démocratisation du pays. Parmi les réformes qui furent approuvées pendant son mandat, il faut citer la journée maximale de 9 heures dans les mines, l'apprentissage, le repos des femmes dans les établissements commerciaux, ainsi que le travail nocturne toujours pour les femmes. Mais aussi, un nombre considérable de propositions concernant le contrat de travail, la négociation collective, le contrôle des industries dangereuses, ou une sécurité sociale obligatoire. La majorité d'entre elles étant en discussion, lorsqu'il fut assassiné.

Egalement, une des propositions les plus parlantes était la loi des « Mancommunidades provinciales » . Un an après sa mort, en 1913, le Sénat approuva la « Mancommunidad de Catalogne », qui était un début timide de décentralisation de l’État.

Sur le plan religieux, ce catholique très pratiquant et convaincu, était aussi persuadé que la démocratisation du pays passait par le contrôle de l'éducation, et il voulut s'attaquer aux Ordres religieux. Depuis 1898 de très nombreux ordres officiant à Cuba et aux Philippines, s'étaient rapatriés en Espagne. De plus nombre d'ordres français, soucieux des dispositions de Waldeck Rousseau s'étaient évadées  en Espagne. La discussion de « la ley de Candado », approuvée en 1910 avait suscité une vague de manifestations anticléricales, mais également des concentrations catholiques, des menaces de groupes traditionalistes, et même un risque de rupture des relations diplomatiques avec le Vatican. En fait, c'était une tentative bien timide de réforme de la loi des Associations qui se limitait à interdire l'installation de nouveaux ordres religieux en Espagne, pendant une durée de 2 ans, jusqu'à ce qu'on légifère sur le sujet, ce qui ne se produisit jamais. La loi de plus de poids symbolique étant l'exemption d'enseignement religieux pour les enfants de familles non catholiques que Canalejas ne signa jamais, et qui fut approuvée par le Gouvernement de Ramanones en 1913. Donc, déjà, le très catholique Canalejas avait réussi à se mettre à dos certaines franges extrémistes et très actives du catholicisme, en tous cas bien plus intégristes que le Vatican lui même.

Mais ce n'était pas fini. Deux réformes signèrent sa mort, au propre comme au figuré. La première une réforme de la fiscalité au printemps 1911, prétendant supprimer l’impôt sur la consommation, l'autre voulant réformer la conscription et son rachat contre monnaie sonnante et trébuchante. La première échoua tout simplement car les municipalités, sans ressources autres maintinrent la perception de cet impôt, la seconde, et qui bien plus que la première fut à l'origine de sérieux troubles, fut considérée comme une tromperie qui une fois de plus lésait le peuple, puisqu'il permettait d'acheter partiellement la durée de son service devenu obligatoire: ceux qui payaient leur équipement et mille pesetas restaient seulement dix mois dans les rangs, une période réduite de moitié si on montait jusqu'à 2000 pesetas, de plus dans des services protégés.

Ceci provoqua une vague de protestation, car, une fois de plus, selon les organes socialistes, ceci faisait du « peuple travailleur, l'éternelle victime » et ceux qui profitaient de ce « quota », doux euphémisme, échappaient à « l'abattoir ». Ortega y Grasset évoqua « la montagne de haine s'élevant entre les deux moitiés d'Espagne de 1909 », celle de la « Semana Tragica ». L'abcès de la guerre imbécile du Maroc mûrissait et allait crever une nouvelle fois avec des grèves partielles en Vizcaya, Asturias et Malaga à l'été 1911, puis s'étendirent à Zaragoza, Valencia et d'autres points de l'Espagne. Peu de jours avant le premier congrès de la CNT, syndicat d'orientation anarchiste s'était célébré et la UGT et le PSOE se joignirent à la grève générale. Toujours à l'été 1911 se produisirent diverses émeutes dont celle de Cullera où les grévistes tuèrent 3 fonctionnaires. Alfonso XIII et surtout Canalejas soucieux d'éviter les mêmes problèmes que ceux connus par Maura mais également, de ne pas à nouveau provoquer l'indignation causée par l'exécution de Ferrer, commuèrent les peines. Partisan d'un État fort, Canalejas prit des mesures répressives plutôt dures: la CNT fut interdite, les maisons du peuple et les locaux de l'UGT furent longtemps fermés et les détentions se multiplièrent. Canalejas confirma sa poigne un an plus tard, en septembre 1912, lors d'une grève générale ferroviaire, impliquant plus de 70000 ouvriers. Il suivit l'exemple du républicain français Briand et n'hésita pas à militariser le service.

La société portait les fruits vénéneux d'une incapacité et inadaptation politiques à faire face aux mutations sociales inévitables, d'un Etat sans recours réel, d'une agitation révolutionnaire de plus en plus ardente, d'une Eglise adossée à ses privilèges et d'une armée impopulaire et inefficace au Maroc.

Canalejas fut assassiné le 12 Novembre 1912, 10 ans pratiquement après le conservateur Canovas, à la Puerta del Sol devant l'étalage d'un libraire par l'anarchiste Manuel Pradinas, qui se donna la mort après son meurtre. Canovas, lui, avait été assassiné en 1897 par l'anarchiste italien Michele Angiolillo, qui voulait venger les condamnés du procès de Montjuïc. C'est ici qu'on touche à un problème majeur de la société espagnole, qui fit l'économie d'une révolution, contrairement à la plupart de ses voisins, et se trouvait divisée de façon déjà gravissime entre ceux qui ne voulaient aucun changement et ceux qui le réclamaient de façon de plus en plus violente et désespérée.

Felipe Trigo, dans le prologue de Jarrapellos, en 1914, écrivait que la réforme « n'est pas un train qui court, mais un arbre qui grandit ».

Pendant ce temps le jeune Franco, sorti en rang plus que médiocre de l'Académie Militaire de Tolède, en Juin 1910 fut incorporé au corps comme aspirant, pour être destiné au Régiment de Zamora, numéro 8, situé dans sa ville natale du Ferrol. Il y connut une vie ennuyeuse de garnison, d'autant qu'il ne se mêlait pas aux distractions habituelles: bordel, boisson, et course de jupons divers, si chères à son père. Le matin c'étaient manœuvres et défilés, l'après midi équitation, puis les gardes. Ceci lui permit de vivre aux cotés de sa mère, qui parvint le 11 Juin 1911 à le faire adhérer à la « Hermandad de la Adoracion Nocturna ». Mais sa volonté suprême était d'être envoyé au Maroc, ce que son jeune age mais aussi son classement calamiteux lui interdisaient. Il y parvint et avec ses deux compagnons, Alonso Vega et surtout Pacon qui lui resta fidèle toute sa vie, il fut admis au Maroc qu'il rejoignit le 7 Février 1912.

A suivre, peut être!

7 commentaires:

Xavier KLEIN a dit…

Pourquoi "peut-être"?
Toujours aussi passionnant Chulo!

Anonyme a dit…

Franco sortit en un rang médiocre de l'Académie Militaire de Tolède, dis-tu: comme quoi il n'eut pas besoin de sortir premier pour devenir le bourreau du peuple espagnol. Ce qui fut certainement le cas pour d'autres dictateurs sanguinaires, civils ou militaires, comme Staline, Ceaucescu, Ben Ali....

Chulo, j'en redemande.
Abrazo

Pedrito

Maja Lola a dit…

Texte passionant, Chulo. Qui nous confirme une fois encore ta connaissance riche et fouillée de cette période de l'histoire que tu sembles revisiter à rebours de la guerre d'Espagne.
J'ai été très intéressée par le système du "turno" qui, en lui-même n'était pas condamnable puisqu'il garantissait une alternance pacifique (ce qui laissait supposer un équilibre pouvant satisfaire toutes les tendances politiques). Mais c'est son application sur le terrain qui posait problème et le pervertissait. Car il faut préciser que ces fameux caciques qui intervenaient lors des élections avaient recours à des méthodes plus que contestables (achat de votes comme tu le précises, mais aussi intimidations pouvant aller jusqu'à la violence). De plus, ils constituaient souvent une élite de possédants, surtout "terratenientes" qui se sentaient tout-puissants face à une population pauvre et souvent analphabète, proie rêvée pour toutes manipulations. Ce qui dérivait en fraudes électorales massives.
J'attends la suite avec intérêt.

el chulo a dit…

Chère Maja,

je te remercie pour ton indulgence.

Tout à fait d'accord avec toi avec les caciques, mais ici, mon but n'est pas de tout détailler, sinon, ce serait un livre. De plus, semble t'il, il y eut aussi, quelques caciques vertueux, mais ce n'était certainement pas la majorité.

Il est également vrai que je prends la guerre d'Espagne à rebours, car je n'aime pas la théorie "révisionniste" qui veut que tout aurait débuté avec la révolte des Asturies en 34.

Donc, j'essaie de comprendre comment tout celà fut possible, en évitant certains angélismes mais en m'interrogeant sur cette société espagnole si complexe.

Or des révoltes du type de celle des Asturies, il y en eut finalement pas mal et semble t'il toujours pour des raisons récurrentes.

Merci en tous cas pour ton intérêt.

el chulo a dit…

De plus Maja Lola, je déteste l'attitude intellectuelle qui consiste à confondre les effets ou résultats avec les causes. Il s'agit hélas d'une tendance très répandue, confortable, qui permet de s'exonérer de toute responsablité. Ce qui n'empêche pas le moins de monde de déplorer quand ces effets sont désastreux, voire de vigoureusement les condamner. cet aspect est passionnant dans "votre" guerre, qui est la notre ou pourrait l'être à bien des égards, surtout lorsqu'on prend la peine de confronter les études d'historiens sérieux, quoiqu'il en coûte à nos certitudes.

Maja Lola a dit…

Ah les fameuses certitudes .... Quelle suffisance pour celui qui s'en pare et s'en vante. Alors que le doute devrait être vécu non pas comme une défaillance mais comme une force qui pousse au questionnement. Et tu as raison lorsque tu persistes à décortiquer, disséquer cette guerre : elle n'a pas tout révélé de ses causes et de ses effets. Pas de réglements de comptes .... tout simplement ouvrir les yeux pour essayer de découvrir ce qui a été, les regards divergeants devant être respectés.

Anonyme a dit…

Ilustres Políticos Ferrolanos: Don José Canalejas y Méndez, Don Francisco Franco Bahamonde......