Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

jeudi 18 août 2016

Trop de pique tue la pique et les toros

Bien sûr à l'opposé de certains, je ne sais pas tout des mystères de la corrida, bien sûr je respire mal la vraie ambiance des vrais aficionados, ceux qui gueulent et font le raouhhhhhhhhhh ! , dont ils ne connaissent même pas l'origine, à la sortie des toros y compris lorsqu'ils sont somptueux, bien sûr la corrida est un spectacle, bien sûr !

Pedraza de Yeltes avait envoyé une corrida majuscule pour le 14 Août à Dax. Une corrida à faire pleurer la Monumental de Madrid lorsqu'elle était digne de ce nom, à faire pleurer ma Condesa, et à distiller 10 gin tonics avec mon hermanito Angel ! Une corrida pour toreros et matadores, un luxe terrible de nos jours, ignorée d'ailleurs par les penseurs des « blogs taurins », si friands des merdes de Prieto et autres saletés. Sans parler des merveilles portugaises, je ne parle pas des huîtres !

Une corrida à pleurer, une corrida comme seul cet élevage sait en produire, et compte tenu de l'attitude indécente des pseudos « aficionados » « toristas » et puristes (je rigole) , ne tardera pas à abandonner ce mode de sélection pour ne plus voir massacrer ses toros, ces bijoux de bravoure, mais aussi de fond, de noblesse et de caste.

Le seul critère, la grande mode, au nom d'une « corrida » de verdad est de faire partir ces toros de l'autre bout de la piste sur le cheval. Et comme ces toros ont une vraie passion pour les chevaux, il y arrivent à pleine vitesse. On imagine la densité du chocs entre le cheval, fût t 'il de Bonijols et sa technologie de caparaçon et ces toros pesant entre 560 et 620kgs. Jusque là me direz vous, même un manso peut arriver de loin sur un cheval.

Ces toros prenaient le fer avec une immense bravoure, poussant de tous leurs reins, longuement, longuement longuement. Et le public en demandait toujours plus, deux fois, trois fois, quatre fois depuis la rocher de Gibraltar.

Ainsi le superbe quatrième, le second de Rafaelillo se vit infliger 4 de ces piques, et littéralement se tua sous le fer. C'est à dire qu'au sortir de la dernière pique qu'il prit avec la même générosité suicidaire, le brave se coucha, se releva, se recoucha, et par égards envers cette bravoure on hésita un peu à le relever en le tirant par la queue. On lui donna la puntilla.

J'ai pu avoir le privilège de dialoguer avec le matador, « à chaud ». Pour lui, deux piques suffisaient. Il a laissé faire la troisième et tenta d'arrêter la quatrième sous les protestations du public. « C'est que, dit t'il tristement, il faut faire plaisir à l'aficion ! »

On doit me reconnaître que ce n'est pas la première fois que je proteste contre cette première pique donnée de très loin. C'est un geste pour moi, anti taurin, qui peut bousiller les toros. Il faudrait donner la première pique de près, sans tuer le toro, mais en testant sa bravoure, puis lui donner peu à peu du champ.

L'éleveur fabrique ces toros uniques de bravoure au cheval, importants, mobiles malgré la ration de fer qu'ils prennent ou les efforts incroyables sous le cheval, souvent toréables malgré cela. Rafaelillo fut bien avec son premier mastodonte, on sait ce qu'il advint de son second. Adame n'a pas réédité sa performance de l'an dernier, jamais en place, « pegapase », vulgaire à pleurer. Del Alamo hérita du troisième, un « cabron », compliqué comme on dit et qui de plus allait « a mas », débordant le matador, totalement épuisé en fin de faena et au bord du malaise. Bon peut être qu'il manquait une pique à ce diable.

L'épisode du quatrième avait singulièrement refroidi l'assistance qui ne fit que peu attention aux deux derniers toros.

A l'évidence l'éleveur présent à la corrida avec son responsable Jose Ignacio Sanchez avait mis beaucoup d'espoir dans ce lot superbe. Leur déception était palpable, leur incompréhension aussi.
Un voisin me dit que les piques lui suffisaient. Il sait pourtant la dureté du châtiment imposé à ces toros, jusqu'à ce que sous l'effort ils empoisonnent leurs muscles.

Il me paraît important de raison garder, comme en toutes choses, et éviter de massacrer ces merveilles de bravoure et de caste, pour que finalement, Zocato trouve qu'ils manquent de « toréabilité ». Et j'ose à peine préciser qu'il existe une Présidence. Je sais que si elle avait osé limiter certaines piques, elle aurait été immolée sur l'autel de la « vraie tauromachie »

Trop de pique tue la pique et les toros.



vendredi 1 avril 2016

Enhorabuena Titi!


Bernard Dussarrat, dit « Titi », et fils de « Titi », est un dacquois de souche, quoique espagnol par sa mère. Mais, c’est une alliance qui porte beau, non seulement, parce qu’une heure suffit pour rallier « l’Espagne », n’entrons pas dans les conflits basco ethno de l’Euskadi, au moins pour faire le plein de cigarettes de mon épouse, car je ne fume toujours pas depuis quatre ans et 3 mois. Appelons cela l’Espagne car parfois on y parle Espagnol, quoiqu’à contre cœur, et Bilbao, cœur de la "basquitude" a longtemps été une référence en matière de corrida dure.

Maintenant, à mon grand désespoir, on a instauré le rouge et  blanc obligatoire pour toutes les fêtes, y compris de la région, ce qui fait le bonheur de certains commerçants et de lignes de fabrications chinoises ou autres. Car, voyez vous, ceci est censé « gommer » les différences sociales, mais surtout, est venu d’une imitation aussi stupide que niaise des fêtes de Pamplona, oubliant au passage que ces couleurs sont celles de la Navarre fasciste des  «  requetes » carlistes. Quant à l’élimination des différences sociales, disons que les penas plus ou moins privées se multiplient, qu’on peut se démolir selon l’endroit au champagne ou au rosé « low cost ». Je parle du prix d’achat, pas du prix de vente du litre.

Titi, est un indestructible des tendidos. Il s’est souvent distingué, en chemise très colorée, interpelant de sa voix de stentor embrumée les éleveurs, les toreros, les organisateurs, les curés éventuellement, les ignares nombreux dans les étagères. Il renouait avec cette tradition de la corrida populaire, ce que pour sa survie, elle n’aurait jamais dû cesser d’être. Je me souviens encore de mon père hilare rentrant de corrida, après que quelques tomates aient été envoyées à la face des toreros, ou commentant le geste de Dominguin pour indiquer qu’il était le « numero uno », provoquant la réaction sublime d’un illuminé polyglotte hurlant « numero cincuenta » ! C’est qu’à l’époque on avait « l’indignation » cultivée !

Pour revenir à l’objet de ce post, après une si longue absence, je voudrais parler de son livre « Dax en habit de lumières », sorti tout récemment, et présenté sous les arènes de Dax, à une assistance plutôt importante. Ce livre qu’il cosigne avec le photographe Bertrand Caritey, est illustré de photos rares et toujours dans le propos. La couverture est de l’ami Jérome Pradet, sur fond sombre, et fait de ce livre un objet qu’on a envie de regarder avant de l’ouvrir. Il a été édité par la jeune maison d’édition dacquoise Passiflore, dirigée par Florence Defos Durau et Patricia Martinez, qui fait un travail remarquable de sauvegarde d’un patrimoine dacquois et landais. En tous cas, la mise en page de ce gros pavé, de près de 300 pages est extrêmement soignée, y compris, la correction.

Pour le contenu, ce sont 25 ans de temporadas dacquoises, dans leurs plus extrêmes détails, corridas, novilladas avec ou sans picador, rejon, et aussi course landaise, qui fait tellement partie de la tradition des fêtes dacquoises.

Le polémiste acide que peut être Titi, s’efface devant la narration des faits, pour convenir qu’une commission taurine, ayant à charge l’organisation et les risques d’une temporada, est animée du désir de bien faire et de conserver aux arènes de Dax son brio, même si, en creux, on comprend bien que le sujet est hélas aussi politique, c'est-à-dire que, contraintes ou non, les commissions, à part quelques privilégiés très souples de l’échine, ont tendance à valser avec les changements politiques.

En tous cas, il réussit le tour de force de ne pas sombrer dans la collection de "resenas", c'est-à-dire que même s’il s’appuie sur des témoignages précieux, il a su conserver l’essentiel, c'est-à-dire l’essence de chaque corrida, avec une certaine distanciation, et fait mieux comprendre l’esprit de cette arène de Dax, si particulière. Je veux parler d’une certaine commisération envers les autres arènes, d’ une haute estime de soi même et d’un goût pour le beau toreo, qui l’a faite « s’auto surnommer ? »  la « Séville française »..

Son travail, finalement, dépasse largement la seule enceinte de Dax, car on y voit évoluer les phénomènes de mode, toros et toreros, et aussi assister au naufrage de certains sangs. De ce point de vue, ce livre est une somme, utile pour tout aficionado.

L’écriture est très belle, limpide, précise, toujours très soignée, même s’il n’a pas pu résister à un « l’assureuse de soustons », dans sa relation de la corrida de Cristina Sanchez .  Chaque année est précédée d’un texte introductif court mais précieux et conclue trop souvent par l’évocation d’un aficionado disparu.

Ce pourrait être une compilation ennuyeuse de textes convenus, mais il a su chaque fois éclairer chaque événement, faisant que son livre se lit d’une traite, non, je n’ai pas dit de pis, ni des blanches. En plus il se dégage une manière de sérénité, surprenante pour qui connait un peu le personnage, et surtout,  ce bonheur d’écrire qui sourd de chaque page.

Enhorabuena Titi !

lundi 14 septembre 2015

Au nom du père.


Ce fut un week end taurin de rève. Non aficionados s’abstenir. Hommes de préjugés tels que moi, faites  amende honorable. Et simplement regardez.

Les « toristas » d’autant plus virulents qu’ils sont jeunes et bons plumitifs, tiennent à se distinguer du «  vulgum pecus » ignare par leur vision acérée, disons cérétane, anciennement  vicquoise de la corrida. Il est des tabous : Prieto de la cal, pur Veragua, je me marre, Cuadri « sang unique » alors que c’est un patchwork indescriptible, et que si on m’agace je décrirai. Au moins ce qu’on en sait, qui comme chacun sait est une vision édulcorée de la réalité. Les ganaderias sont des laboratoires culinaires. Les chefs gardent leurs recettes, disent ce qu’ils veulent, surtout des mensonges, et les aficionados se gargarisent de sang pur ou unique, pour abreuver leurs sillons de connaissance taurine.

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, j’ai le regret de vous dire que tout n’est qu’une question de sélection, qu’il y a de la caste chez le domecq, qu’il peut y avoir chez le domecq, aussi, des toros préformatés pour les figuras, ce qui fait leur succès commercial, , qu’il y a des saloperies chez les domecqs, tout comme il y en a chez les prétendus santa coloma, saltillo, veragua  et autres mignardises, mais d’un autre genre. Mais surtout que c’est le public qu’il faudrait éduquer.


Lorsque l’aficionado fait dans la pureté cela fait un peu rire, étant impur le Domecq, ( Juan Pedro bien sûr, mais aussi Parlade, Jandilla, Fuente yimbro, Pedraza, et tant d’autres). Ajoutons en un : Montalvo, si décrié.

Olivier était avec moi lors de la corrida de Cuadri. Nous espérions beaucoup, même si nous savions qu’ils étaient mal sortis à Madrid. Eliminons ce qui doit l’être et n’a rien à voir dans le débat. Castano, dévoré à la cape, inexistant ensuite, faisant la vedette américaine d’une cuadrilla qui n’en menait pas large dans son cabotinage. Bordel en piste, torero pétrifié. Il faut savoir s’arrêter quand on ne peut plus.

Robleno est le seul qui curieusement, ne se soit pas fait bouffer à la cape. C’était de bon augure à ses deux toros.  Hélas il est retombé dans ses travers rédhibitoires : demis passes, pico, en précisant que se croiser en allant chercher la corne opposée avec le pointe de la muleta, alors que l’autre bout de la muleta est derrière la fesse, puis tendre le bras en travers, équivaut à se décroiser (sic, Olivier).

Ledesma a fait ce qu’il a pu : son denier était un os au comportement étrange : on a supposé, défaut de vue, mais aussi toréé, bref, une saleté.

Ceci dit, ces toros étaient même mansos,  du style , mala casta, sujet tabou, pour les cuadriphiles. Bon disons mauvaise corrida qui plus est mal lidiée, mal toréee,  je veux dire que sans avoir été un de leurs adeptes, j’aurais aimé voir ce que Ruiz Miguel, ou Diego Puerta, voire Ostos et quelques autres auraient fait de ce type de toros qui étaient plus dans leur répertoire. Mais quand on commence par se faire bouffer dès la cape, le reste n’est pas possible car les bougres ont tout compris.

Laissons faire  Monsieur Cuadri qui ne donne pas dans la langue de bois, le tout étant de savoir dans cette mélasse de sangs pour donner un « sang unique » par sa composition étrange et préhistorique, par quel bout il pourra opérer le « rafraichissement » qui semble s’imposer, tout en admettant que lorsqu’on cherche de la caste, on s’expose à des désillusions.

Venons-en à cette corrida de Montalvo. Je n’étais pas chaud pour y aller, ce qui me valut de me faire « chambrer ». J’ai même dit que je venais pour «  JuanMora », imbécile va ! Peut être en subconscient en référence au « Mora, Mora » malgache. Je peux être abruti aussi. Ou de mauvaise foi.

Donc, voilà, je n’appréciais pas Manzanitas, je ne sais plus exactement pourquoi, trop figurita, trop top model, trop  beau, trop señorito, et je lui voyais les défauts de la fin de règne de son père, un des précurseurs du toreo moderne rectiligne. Quant à Perera !

Juan Ignacio Perez Tabernero est lié depuis longtemps à Dax, ainsi que toute la famille Tabernero. Il a emmené une corrida très bien faite, harmonieuse, élégante dans le type. Les toros sont sortis avec de beaux galops, bouillants. Mora s’est fait bouffer à la cape par ses deux toros, le reste  fut lamentable et pathétique : assassinat aux piques, impuissance du torero, nullissime. Il est venu chercher son chèque, point.

On sentait bien que Manzanares était très concentré, très dans sa corrida, comme on dit d’un joueur qu’il est dans son match, très attentif. Il sut arrêter ses toros à la cape, opposant la soie à la violence, les mettant aussi en confiance. Nul cri, j’ai horreur des toreros gueulards, un petit « rha, rha », toujours calme. C’est lui-même qui mit en « suerte » ses toros pour les piques, évitant soigneusement de les faire partir de loin. Bravitos les toros de Juan Ignacio. Piques dosées « levanta el palo » dit le jeune maestro et le picador écoute, tout ceci sans geste superflu.

Pour les banderilles, aucune passe superflue, une seule pour chaque mise en « suerte ». Une perfection de lidia étroitement contrôlée par le jeune maestro.

Ensuite, mes seigneurs, le sens du placement, de la distance exacte, une ceinture incroyable. Cours de toreo, donner du temps au toro, lui donner de la distance, et lui servir une petite série, toujours parfaite.

Je pense aussi qu’il avait établi un dialogue avec son père, dans cette plaza où enfant il  l’accompagna dans sa vuelta. Les puristes diront que la seconde faena fut mieux encore, je ne sais pas, j’étais sous le charme de cette toreria honnête, suprêmement élégante, méticuleusement juste et respectueuse dans l’attitude torera. Deux faenas, deux bijoux finement ciselés, sobres et élégants, ponctués de deux énormes estocades, dont la seconde dans un recibir fabuleux sous les yeux du ganadero.

Et encore une fois, ces toros avaient de la caste, du fond, plutôt braves, et demandaient à être toréés, c'est-à-dire qu’ils avaient du piquant, pouvaient donner des coups de tête et ne pardonnaient pas tout.  En tous cas, rien à voir avec les borregas dont les figuritas sont friands.

 Je suppose que pour un ganadero ce doit être un bonheur de voir deux de ses exemplaires entre les mains de ce Manzanares hier béni des dieux.

Le premier de Perera était probablement un grand toro, mais il se blessa  à une patte en s’emmêlant dans une cape. Il tint debout et chargea par sa race mais était handicapé. Le second de Perera fut le seul faiblard et sans grand intérêt.

On pense que très ému, et toujours en deuil de son père dans son costume noir, le fils dédia le triomphe à son père.

Ole Torerazo !

lundi 31 août 2015

Plutôt que de voir ainsi agoniser Las Ventas............


Ce week end du 22 Aout  j’avais décidé de rendre visite à mes amis de Madrid, la Condesa et  Angel Luis. Samedi délicieux, déjeuner avec ma chère Carmen, puis soirée avec Angel Luis et l’historien Grimaldos. Cette tertulia s’est achevée vers 3heures du matin, dans un bar sur une place près de Carabanchel, qui maintenant ressemble à une cocotte minute renversée. Quelle horreur !
Le dimanche tapas, canas et déjeuner a La Puerta Grande et  nous nous sommes retrouvés les 3, La Condesa, Angel au tendido 3 alto.
Angel m’avait dit, « en Aout, c’est parfois intéressant, on peut voir des toros et des toreros qu’on voit peu". Bon !
Toros de Lagunajanda, origine Salvador Domecq, 3 toreros : Lopez Chaves, (3 corridas en 2014), Victor Janeiro, ( le frère de Jesulin, 1 corrida en 2014), et Julio Parejo qui  confirmait son alternative. On le voit, tous auraient dû avoir quelque chose à montrer.
Un tiers d’arène, quelques touristes égarés, chaque torero a amené sa claque, nous sommes à coté de celle de Janeiro.
La corrida pèse 540 kilos de moyenne, plutôt correctement présentée donc. Le premier se brise la corne, il sera changé avec un autre. Deux sobreros donc de « El Risco » et « Conde de la Maza ».
Les toros sont d’une faiblesse insigne, scandaleuse, qui plus est totalement décastés et obligés de « se battre » sur place.   A part deux « gordos » que Carmen connait au 4, aucune réaction. Ils sont habitués à se faire sortir par la police, là à part un début un peu bruyant et quelques palmas de tango, ils se sont tus, anéantis.
Que dire ? Des cuadrillas honteusement absentes et je m’en foutistes, d’une vulgarité rare. Des toreros plus que limités et qui semblaient aussi s’en foutre, un public amorphe. Un laisser aller et un "bordel" incroyables en piste. Des chevaux de picadors qui s’affalent au moindre contact et qui dorment à terre, il faut presque un cric pour les relever. Et dieu sait que ces toros n’étaient pas des foudres de bravoure ni de force. Je pense qu’on avait dû forcer un peu sur les sédatifs . RIDICULE ! Je pense à la cuadra de Bonijol et le splendide Tabarly.
Je connais des arenes en France où un tel spectacle, toros et toreros, aurait déclenché une émeute, demandé la démission des organisateurs, du maire ou peut être du député du coin. Là rien.
Un ennui pharaonique, je parle du repos dans la pyramide, une tristesse infinie, des souvenirs de las Ventas qui se bousculent. Angel  et Carmen, ventenos purs et durs me disent que c’est ainsi désormais à las Ventas.
Carmen, très triste me dit que « plutôt que de voir ainsi agoniser las Ventas, je préfèrerais la prohibition » . C’est dire ! Bon elle a parfois tendance à exagérer mais tout de même, quand on sait ce que pour elle représentent Las Ventas, on frémit un peu.
Nous nous sommes séparés en silence devant Flemming, Carmen vers son métro, Angel vers sa voiture, et votre serviteur vers son taxi. Nous n’avions même pas le cœur à aller « batailler » dans un bar taurin.
Que l’aficion de la prétendue première arène du monde soit dans cet état est bien pire que toutes les attaques des antis.

dimanche 16 août 2015

Immense corrida de Pedraza de Yeltes.


On attendait les Pedraza au virage. On ne fut pas déçu. De la bravoure, de la noblesse souvent, et de la caste. Un trapio impressionnant, des têtes à donner des cauchemars aux toreros, longs, hauts, puissants.

Ils livrèrent tous un vrai combat, âpre, exigeant, avec des tercios de pique hallucinants qui mirent une fois de plus en évidence la toreria des chevaux de Bonijol et des picadors, pour une fois fêtés.

 J’en ai vu au bord des larmes près de moi, émus par ce spectacle d’un autre temps, ou sans mots pour dire ce qu’ils ressentaient.

Et ce sixième toro, une montagne de nerf de sauvagerie et de bravoure pure. Del Alamo l’avait plutôt bien entrepris à la cape, mais dès qu’on ouvrit la porte du patio de caballos, à l’autre bout de la piste, on laissa échapper le monstre qui partit directement sur le cheval. S’en suivit un tercio hallucinant, le toro poussant comme un enragé, y compris sur le cheval démonté. Chutes bien sûr, peur pour le cheval et pour le picador.

Lorsqu’enfin le monstre lâcha le cheval, ou plus exactement lorsqu’enfin on réussit à l’en détourner, il sema la panique pour les banderilles. Del Alamo eut l’immense mérite de faire face à ce grand toro et, à sortir une vraie bonne faena, car le Pedraza était plutôt noble, type piquant encasté. Une bonne estocade et un tour de piste pour cet immense toro, qui réellement, s’il avait pu être correctement géré à la pique, était, à mon avis d’indulto car plus que complet. Del Alamo avait déjà coupé une oreille à un extraordinaire rouquin, brave aussi, bien sûr, et avec une alegria dans la charge incroyable. Vuelta aussi pour cet extraordinaire toro.

Nous étions beaucoup à nous dire que nous n’avions peut être jamais vu une corrida aussi complète, aussi émotionnante.

ET maintenant venons en au  hiatus. Une partie du public, la plus gueularde, refusa la sortie à hombros du torero. Chacune de ses oreilles était plaquée or pourtant. Que lui reprochait-on ? D’avoir perdu le contrôle du toro pour les piques, sûrement. C’est cruel, car nul ne sait si quiconque aurait pu contenir ce volcan de bravoure brute et de sauvagerie, (fiereza). Ensuite il fallut le consentir, ce que le petit homme fit très bien.

Continuons. Commentaire ce matin de Terres Taurines d’un mystérieux correspondant. Je copie et colle :

« Le succès remporté par la ganaderia de Pedraza au détriment des toreros et surtout de Juan del Alamo, injustement maltraité par le public qui ne le laissa pas sortir a hombros, ne doit pas masquer l'absence d'identité de ce troupeau, ni franchement toriste, ni réellement de qualité, mais dont les toros font parfois illusion en imposant leur masse physique qu'il ne faut pas confondre avec la véritable bravoure ».

Certes, ce n’est pas Viard qui a écrit cette connerie, mais il est responsable de sa publication.

vendredi 14 août 2015

Urdiales: comme un haiku


J’avais voulu voir Urdiales et les Jandilla de Borja Domecq. Ce dernier est un homme jeune et vraiment charmant. Il était là accompagné de 3 de ses 4 filles. « Ni un macho ». De très jolies fillettes, bien élevées et avec de très beaux yeux bleus.

Les toros fournirent une corrida intéressante, plutôt bien présentée, et avec pas mal de bois. Des comportements variés, âpres ceux de Urdiales, avec ce piquant propre à la maison  mais aussi des coups de tête violents, ceux de Adame étaient les meilleurs, avec des charges vibrantes, longues et profondes. Le mexicain en tira un bon parti et fit admirer une bien jolie aptitude à lier les passes et à tirer le bras.

Très mauvaise après midi pour Leal, qui étouffa son premier toro, refusant de lui donner l’air qu’il méritait, dans un toreo voulant imiter Paco Ojeda. A son second soso mais peut être abimé à la pique, il voulut prendre le contre pied : puerta gayola et plongeon, le toro passe au dessus, seconde tentative en piste, même plongeon. Ouf dangereux et inutile mais sans bobo. A la cape, le torero cède du terrain à chaque passe. Il tente ensuite de donner de la distance au toro, prenant le contre pied de ce qu’il avait fait à son premier. Il termine sa faena dans un ennui profond. Mauvaise journée, pour ce jeune torero, déjà desservi par sa grande taille, mais qui en plus sembla perdre ses « papiers ». Peut être voulait t’il trop bien faire ? Cuadrilla totalement dépassée !

Reste Diego Urdiales. Il toucha les plus difficiles du lot, le premier un rouquin violent, court, puissant et dangereux, le second moins compliqué peut être, mais court aussi. A la cape, Urdiales gagna du terrain à chaque véronique, pour terminer au centre. Ce n’était pas si simple devant le premier tambour major.

Je vais tout vous dire, j’ai adoré ce toreo très court : Urdiales utilise un répertoire très

restreint de passes, et se refuse à toute fioriture ou concession au public. Ce n’est certainement pas un manque de respect, c’est sa conception du toreo, qui rappelle certain,  celui à  l’ancienne des années 70 et de façon évidente, le maestro Antonete.

L’homme est habitué aux tontons, ceci se voit. Il est calme, toujours réfléchi, bien placé.

Son toreo est quasiment une épure, une recherche de stylisation, dans un dépouillement quasiment ascétique. Chaque passe est un bijou de sobriété de justesse et d’efficacité, minimaliste comme un haïku.

Devant ce toreo si pur, si madrilène d’antan, j’ai ressenti une vraie émotion, une nostalgie
aussi et un vrai bonheur. Mais cette absence voulue de concession, monte difficilement aux gradins. Une demi-arène y fut apparemment sensible et ce n’est déjà pas si mal. Pour cette raison, la Présidence se fit prier, c’est un euphémisme pour accorder l’oreille, amplement méritée de son second toro.

Enhorabuena y gracias torerazo !