Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

jeudi 31 mai 2012

Tristesse



Bien sûr, mon avis n’a pas la moindre importance, d’autant que mon aficion ressemble à Brunete après la bataille. Pas belle à voir. Juste une novillada dans les gradins et l’ennui massif que génèrent ces petits malheureux qui singent les indécences du G10.

Je disais pourtant à une amie très chère qu’il me restait de la corrida des traces aussi bien olfactives, que tactiles, qu’émotionnelles, que visuelles bien sûr, mais voit-on vraiment une corrida, lorsqu’elle est grande, des vapeurs de tabac c’est certain et parfois d’alcool, avant et après, et les amis, avant pendant et après. Et mon père, toujours bienveillant et prêt à excuser, surtout lorsqu’il s’agissait de Dax, mais surtout, je crois, amoureux émerveillé permanent de la fête.

Et le journal local vend de la copie aussi, un simili torero français qui doit prendre son alternative des mains de Ponce à Mont de Marsan a droit à une page avec photos et interview surréaliste de langue de bois formatée. Nous sommes quelques-uns à l’avoir vu  récemment d’une vulgarité et d’une nullité absolues. Mais, bon, c’est Casas qui organise son alternative au Moun. Dios mio ! Il faudra lui trouver des toros à sa mesure, et un impresario !

Et la corrida ne cesse pas de sombrer, même si parfois un Castano peut sauver l’illusion, mais ça devient aussi rare qu’une faena complète d’un gitan.

On me dit que Madrid est en train de sombrer, sous les putadas bien sûr, auxquelles je ne comprends rien, mais aussi tout le reste, le public, les toros, les toreros, l’ennui aussi. Ce que j’en ai vu à la télé ne dit pas autre chose.

On savait déjà que les alguazils ne faisaient pas leur boulot, que les picadors envoyaient le bouchon très loin, que les présidents pouvaient se tromper, que les figuritas étaient des « branleurs », les éleveurs, à quelques très rares exceptions près, au minimum des menteurs, et les impresarios des marchands de sable.

Et bien lorsqu’ils atteignent, comme Casas le statut de  « star internationale », ils peuvent être aussi simplement vulgaires et cons. On espère seulement qu’un excès alcoolique, surtout si comme on se plait à le croire il est purement accidentel et rarissime, justifie ces errements de malotru.

Voilà donc l’état de notre corrida et de l’un de ses grands prêtres, par ailleurs machin artistique à la grande foire de Madrid. L'important était de partager la pitance à plusieurs tout en oubliant les conditions scandaleuses du "pseudo appel d'offres". Mais, bon, c'est un autre problème.

Tristesse aussi pour Julito Aparicio. Entendons-nous bien, personnellement je ne l’ai jamais vu bien, à l’exception de novillero, dans des détails.

Lorsqu’il fut égorgé par un toro à Madrid, avec la corne qui lui sortait de la bouche, cela tourna en boucle et tous disaient quel pedazo de torero il était. C’était en vérité un torero inclassable, qui il y a longtemps sortit par la porte grande à Madrid.

Sa mère fut une danseuse gitane célèbre, son père, le madrilène Julio Aparicio, tourna longtemps aux côtés d’Ordonez. Torero, ce Julio là, régulier, un peu froid, comme triste, très technique mais sans transmission ni empathie avec le public, en tous cas plus sérieux qu’artiste. Retiré des arènes, il est discret et de plus il paraît que c’est « una buena persona ».

Ce n’est pas de lui que Julito a tiré son concept de la tauromachie. On pense bien sûr à la maman.

Julito est parti sous les quolibets de las Ventas, et au milieu des coussins a demandé à ses collègues de couper sa coleta. El Fandi s’y est collé. Encore deux concepts distincts de la tauromachie.

Adios Julito

jeudi 24 mai 2012

Parle à mon c....................






                                                                  Sans commentaire!



mercredi 9 mai 2012

Des conquistadores à Fidel Castro


Lorsque mon épouse m'a demandé ce que je penserais d'aller une semaine durant les vacances de Pâques à Cuba, j'étais tout à fait d'accord. J'avais aussi très envie de me rendre compte par moi-même du pays. En effet, je voulais sortir des schémas d'un anticommunisme primaire, très en vogue en notre pays, on se demande bien pourquoi, ou de justifications besogneuses d'une gauche complaisante et embarrassée, on se demande aussi pourquoi. Bref, tout en étant conscient de l'insuffisance d'une semaine, dont la moitié dans un lieu hautement touristique, je voulais renifler l'air de là-bas, faisant très abusivement peut être confiance à une certaine sensibilité et une qualité de « première impression » qui ne m'a que très rarement trahi.



Donc, pour commencer, 3 jours à la Havane. L’hôtel déjà, face aux forts espagnols, en bord de baie, à l'extrémité Est du Malecon. Un ancien hôtel particulier, dirait- on ici, mais assez petit, avec en photos, les ex propriétaires espagnols. La dame cheveux courts de jais ondulés, yeux sombres, légèrement prognathe, le monsieur moustache avantageuse. L'air terriblement sévère, les deux, le regard perdu dans un vide méditatif abyssal qui n'a rien de guilleret. Partout du marbre, un escalier monumental, une hauteur sous plafond impressionnante, certainement plus de 4 mètres. La chambre vaste, très haute de plafond, bien équipée.



Formidablement bien placé cet hôtel, à deux pas du La Havane historique, au bord du vieux La Havane. Voilà, c'est donc ici, dans cette baie, près de ce vaste fort que les espagnols ont subi une défaite navale aussi éclair qu'humiliante face aux américains, en 1898, qui parachevaient la révolte des cubains eux-mêmes. Je l'avoue, cela m'a ému, car cet événement qui conduisit à la perte des derniers vestiges de l'Empire Espagnol, devait être d'une importance capitale pour le XXème siècle, espagnol, s’entend, et peut être européen.



Humiliée l'armée espagnole devait trouver ici la justification d'une trahison des politiques, mais ce n'étaient pas les politiques qui faisaient la guerre, et qui plus est, la faisaient assez lamentablement mal. Elle allait aussi trouver l'appui excessif et inconditionnel d'un roi Alphonse XIII qui aimait jouer au chef des armées, ou aux soldats de plomb, mais surtout allait bien vite s'embringuer dans une guerre coloniale, au Maroc, où les militaires  humiliés trouvaient, grâce au Roi, de mirifiques gratifications, en même temps qu'on installait l'armée comme arbitre des luttes sociales, avec les pleins pouvoirs en matière de répression.



C’est bien ici, sur ces remparts, face à notre hôtel, ancienne maison de la femme prognathe au regard dur, que naquit le substrat du « franquisme », dans son expression de répression violente légitimée, qui fut toujours son credo. Si tant est toutefois que le terme franquisme ait un sens en matière de doctrine politique, ce dont il est tout à fait permis de douter. Le franquisme peut aussi être considéré comme l’expression puissante, cruelle, implacable, version espagnole de la réaction universelle. C'est encore un autre problème.



Découverte en 1492 par Christophe Colomb, l'île de Cuba fut annexée à la Couronne Espagnole. Ceci se fit par l'entremise, c'était une manie chez les « conquistadores », de l’extermination des peuples autochtones. Les rendements des mines d'or sont très faibles alors les « conquistadores » en font une escale pour les navires chargés des richesses du nouveau Monde à destination  de l'Espagne. Nous sommes en 1515 et déjà, faute de main d’œuvre locale suite à son extermination, les Espagnols importent des esclaves.



On s'épargnera trop de détails, toutefois, comme souvent dans les peuples, son histoire, je parle de celle de Cuba, conditionne son devenir. Donc, jusqu'au XVIII ème siècle, l’Île fut un repaire de pirates qui venaient se servir aux bateaux à destination de l'Espagne, c’est la raison pour laquelle les Espagnols construisirent les imposantes fortifications. De même, avec l'aide des esclaves, on cultiva la canne à sucre et le tabac qui devinrent très appréciés en Europe. Pour mémoire, en 1762 les anglais prirent le contrôle de Cuba et ses riches plantations, et l’île fut rendue aux Espagnols en 1763 en échange de la Floride, en vertu du traité de Paris. La population de Cuba était majoritairement constituée d'esclaves africains et de colons espagnols qui arrivaient en masse.



Il se créait une bourgeoisie créole qui en grande partie fit construire les belles demeures qu'on peut encore observer, en même temps, que se consolidait une identité créole de plus en plus opposée à la domination espagnole. Au début du XIXème siècle, Cuba était le premier producteur mondial de canne à sucre et vers 1830, plus de la moitié de la population était composée par des noirs d'origine africaine, issus évidemment de l'esclavage.



Entre 1868 et 1886, de nombreuses guerres d'indépendance se déclenchèrent, sans succès, dont la « guerra chica » qui conduisit à l'abolition de l'esclavage. Cuba devait être la dernière colonie à abolir l'esclavage en 1886. Pour mémoire, la traite des esclaves était déjà interdite en 1880. L'Espagne, entre autres choses avait exporté à Cuba le « garrot vil », dont Franco devait faire un usage exemplaire jusqu'à la fin de son règne. En effet, le 2 Mars 1974, Salvador Puig Antich fut exécuté par garrot vil dans la prison de Barcelone par le bourreau officiel Antonio Lopez Sierra.  Ce fut une dernière bravade de Franco vis à vis de l'opinion publique internationale. De plus, le même jour, Georg Michael Welzel, alias Heinz Ches fut exécuté dans la prison de Tarragone. On pense qu'il s'agissait de faire diversion pour l'exécution de Puig Antich. Le bourreau inexpérimenté Jose Monero Renomo rata l'opération et Heinz Ches mit plus de 25 minutes à mourir.



La canne à sucre occupait de l'ordre de 50 pour cent des terres cultivables, mais la misère régnait à côté de l'opulence des colons ou des riches créoles. En 1892, Jose Marti qui est encore vénéré à la Havane, à l’égal du Che, reprit la lutte contre l'oppresseur espagnol et tomba au combat le 19 Mai. L'Espagne envoya des renforts et le Général Valeriano Weyler, mais s'avéra incapable de juguler l'insurrection.



Le 15 février 1998, le croiseur américain Maine envoyé à la Havane pour protéger les possessions américaines explosait. Les américains en attribuèrent la faute aux Espagnols et leur infligèrent une défaite aussi rapide qu'humiliante que j'ai déjà évoquée. Le premier janvier 1899, les espagnols remettaient les clés de la Havane aux américains.



En février 1901, la première constitution était ratifiée. Mais les américains conservaient un droit d’ingérence dans les affaires cubaines et obtenaient celui d’édifier des bases navales, dont celle de Guantanamo. Cette indépendance ne profitait certes pas au plus grand nombre et la canne à sucre était devenue la seule ressource de l’île. Les premiers syndicats ouvriers et étudiants se formèrent avec la création du Pati Communiste cubain en 1925.L’intellectuel marxiste Julio Mella fut assassiné au Mexique en 1929 par des hommes de main du dictateur cubain Machado.



De 1925 à 1933 ce Machado tenta de maintenir son pouvoir. Devant les pressions sociales, il dut s’enfuir aux Bahamas en 1933. A partir de ce moment, le sergent Fulgencio Batista mit en place ou soutint des gouvernements fantoches et fut lui-même président entre 1940 et 1944. Après la seconde guerre mondiale le parti orthodoxe aidé par la bourgeoisie progressiste aurait pu prendre le pouvoir, mais en 1952 Batista fit un coup d’État, appuyé par les américains. Ce fut une véritable dictature, tournant le dos à ses tendances populistes du début. Le pays fut vendu aux américains et l’argent profita au seul gouvernement.  La misère se consolidait.



Cuba était devenu le bordel de l’Amérique et une base extrêmement active de la mafia qui blanchissait son argent dans les grands hôtels et les casinos. Fidel Castro commença à s’opposer à ce gouvernement qu’il jugeait illégitime. Après une tentative de révolution avortée, il fut emprisonné pendant deux ans puis libéré suite à une amnistie. Il s’exila au Mexique où il connut le Che. En 1959, Cuba était libérée de ses dictateurs.




A suivre