Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

mardi 13 décembre 2011

Le révisionnisme espagnol (1)

Parfois, je regrette de n'être pas « historien de formation », car je pense qu'il s'agit d'une recherche et de la vérité et des leçons qu'elle renferme. Au delà même du factuel, parfois si difficile à établir et si volatil et finalement souvent contestable dans son interprétation. Mais bien sûr, ce n'est qu'à partir du moment où les faits sont établis qu'ils nous parlent de nous, les humains. Encore faut t'il qu'ils soient établis dans leur « vérité » nue débarrassée de toute influence morale ou jugement. Leur interprétation, explication ou extrapolation est affaire de philosophes, et peut être, trop souvent, l'historien se veut philosophe avant qu'historien. On imagine les dégâts lorsqu'on n'est ni historien ni philosophe, ce qui est le cas de nombreux animateurs du mouvement révisionniste espagnol, avec en figure de proue Cesar Vidal et Pio Moa.



La mémoire, me semble être d'abord un objet individuel. Idéalement, elle fait appel à des « témoins » et à des « acteurs ». Dans le premier cas, elle n'est pas toujours fidèle, car une multitude de paramètres psychologiques, culturels voire sociologiques, tous personnels, peuvent l'infléchir. Les « acteurs » eux ont tendance à raconter « leur histoire », ce qui fait que trop souvent, les « autobiographies » sont sujettes à caution, car il s'agit surtout d'un plaidoyer, ou d'une justification.



C'est la raison pour laquelle, ces outils historiques doivent être recoupés, jusqu'à obtenir une manière de  juste milieu , peu enthousiasmant, où devrait se situer la vérité. A cet égard, par exemple les « diarios completos » de Manuel Azana, me paraissent extrêmement intéressants, car il s'agit de notes prises au fil des jours, qui n'excluent pas les moments de déception, d' horreur, de vanité, de mauvaise foi absolue, de rancœur, d'abattement, de phases dépressives ou de jubilation. Il s'agit d'un matériau brut, intime, dont probablement il se serait servi pour écrire ses propres mémoires, s'il avait vécu assez longtemps. Leur sensibilité, leur spontanéité, leur sincérité ajoutées aux talents incontestables d'écrivain de leur auteur, font de ses « diarios » un outil « incontournable » pour qui désire pénétrer dans l'intimité d'un personnage qui fut au cœur, sinon le cœur et le « cerveau » de la IIème République espagnole, et en comprendre mieux les terribles tensions.



Restent évidemment les archives, lorsqu’elles n'ont pas été détruites en partie, comme c'est trop souvent le cas pour la Guerre d'Espagne, ou mises très tardivement à disposition. Le rôle de l'historien serait donc de reconstituer le puzzle de la vérité, pour bâtir ou contribuer à bâtir une mémoire collective exacte scientifiquement, exempte de haine ou de manichéisme.



Il est vrai aussi que j'ai une certaine fascination pour la chose écrite et ce qu'il faut de don de soi et de sincérité pour l'assumer. Donc, lorsque je lis un livre quel qu'il soit, je me dis que le type a fait ce que je ne suis jamais parvenu à faire : aller au bout d'un livre. Et, inconsciemment, je lui manifeste une forme de respect.



Je ne suis pas totalement dupe non plus, les éditeurs ont tendance à « commander » ou « fabriquer » des livres et des auteurs en fonction de l'air du temps. Mais c'est ainsi, la grande lessiveuse passera et laissera un dépôt, parfois comme une souillure. La très féconde Guerre d'Espagne, du point de vue de la production de livres, est un thème qui ni n'échappe pas à cette règle cruelle.



Ce qui par contre me semble bien plus contestable, car après tout le reste met bien peu de choses en jeu, c'est de faire de l'histoire un objet de marketing, un objet marchand.



Le fameux Pio Moa, a franchi cette ligne avec gourmandise, tout comme d'ailleurs Michel del Castillo avec son « Temps de Franco ». Encore que le second ne se prétende pas historien, tout en portant des jugements définitifs et volontiers méprisants sur l'Histoire. Ce qui est parfaitement son droit, comme l'est le mien de le critiquer.



Tous deux ont en commun une langue raffinée dont l'aménité cache mal certaines haines : le siècle des lumières et les homosexuels pour le second, le siècle des lumières encore, les gens de gauche et bien sûr les communistes, évidemment déclinaison stalinienne pour les deux.





Le livre de Pio Moa intitulé « Los Mitos de la Guerra Civil », a fait un triomphe en librairie, et fut m'a t'on dit, un livre de chevet pour Aznar. Le titre d'abord voudrait assez grossièrement s'opposer au « El mito de la Cruzada de Franco » de Southworth, publié en fin des années 50 et qui démontait la plupart des thèses du franquisme, et, il faut le signaler n'a jamais été sérieusement contesté aux plans historique et scientifique, et demeure aujourd'hui une référence, même si, sur un certain nombre de points précis qu'il aborde, la connaissance historique a grandement évolué.



Ce qui frappe dans le travail de Pio Moa, est qu'il s'appuie sur des interprétations plus que des réalités historiques. On sait aussi que l'historiographie de la Guerre d'Espagne a fait d'énormes progrès vers les années 2000, lorsque en particulier les archives russes et certaines espagnoles se sont ouvertes. De plus, ce sont plus de 15000 livres qui ont été écrits sur le sujet.



On y retrouve, donc chez Pio Moa, tous les pièges de la « mauvaise histoire » surtout dans le cas de la Guerre d'Espagne, à savoir, utilisation de citations connues, sorties de leur contexte d'extrême tension, dans un climat qui plus est d'outrances verbales de tous cotés. Mais aussi, l'absence totale de sources nouvelles ou primaires de nature à faire évoluer le débat. C'est une histoire purement interprétative qui peut, d'une certaine façon séduire par son simplisme anesthésiant, un lecteur qui n'a pas la connaissance suffisante du sujet, et qui ne demande qu'à être convaincu, à condition d'être anti communiste, dans son acception la plus limitative, et, malheureusement, la plus répandue. Mais surtout, dans la démarche intellectuelle, elle utilise ce qu'elle veut démontrer, pour le démontrer.



Donc, pour Pio Moa, chef de file momentané des « révisionnistes », les choses sont d'une simplicité lumineuse, biblique devrait t'on dire. L’Espagne allait bien, elle se développait normalement. Jusqu'à ce que la République, seconde du nom en Espagne n'instille un climat révolutionnaire. Alors, bien sûr, on peut dire que Manuel Azana, lorsqu'il voulut les mêmes réformes de l’État que, peu ou prou Canalejas, et lui même assasiné par un anarchiste,  plus de 20 ans avant, afin de bâtir une démocratie moderne, fut un révolutionnaire.





En fait la narration de l'histoire de la Guerre d'Espagne a subi au fil des décennies de subtiles transformations . Il y eut d'abord la thèse officielle, d'un soulèvement pour protéger l'Espagne d'une conspiration communiste, thèse d'ailleurs qui fut largement reprise par la hiérarchie catholique. Cette thèse perdura de longues années, après les années 50, jusqu'à Southworth qui démonta minutieusement l'imposture.



Mais elle étaya durablement la thèse du « Glorioso Movimiento » salvateur, cette « croisade » donc, que l’Église avait immédiatement et préalablement légitimée. La République, communiste, anti catholique, anti militaire, séparatiste donc anti nationale et anti espagnole voulait détruire l'Espagne éternelle des Rois Catholiques. Franco allait prendre pour ne plus la céder, la place du grand Monarque Catholique et « purifier » l’âme des espagnols, par la répression.



L'autre évolution notoire post 1960 puis de la transition, outre « l'indulto » général, fut de nourrir la thèse d'une folie partagée, qui se traduisait par un « score » de parité chez les victimes des rebelles et les victimes de républicains. Cette thèse, on le sait maintenant, fausse en termes de statistiques, avait l'avantage de renvoyer les belligérants dos à dos dans une responsabilité et horreurs partagées. Approximation d'autant plus bénéfique que ceux qui conduisirent la Transition avaient été souvent au cœur du système franquiste.



Jusque là, la censure et la « loi des responsabilités » qui permettait de poursuivre quiconque censé avoir été pro républicain, le quadrillage de l’Église au début et de la phalange, avait simplement nécrosé la mémoire républicaine, d’autant que les historiens qui s’intéressaient à la Guerre d'Espagne étaient majoritairement anglais, américains ou français, simplement parce que si on était espagnol et n'était pas pro franquiste, on ne pouvait pas être publié, mais également et surtout, on encourrait de graves risques de poursuites ou de brimades.



Il est certain que Vatican II qui fut considéré par Franco comme « un coup de couteau dans le dos »
, avec l'interrogation pourtant très modérément critique des ecclésiastiques sur le rôle de l’Église durant la Guerre d'Espagne puis le franquisme, autorisait une autre approche ou un autre regard.



À suivre




mardi 22 novembre 2011

Une si modeste famille

L'un des mythes qui fut véhiculé sur Franco, concernait la modestie de son train de vie, dans le sens d'un sacrifice permanent et quasi ascétique pour son pays, l'Espagne. On parlait aussi de cette lampe qui jamais ne s'éteignait dans son Palais du Pardo, car il « veillait » sur les espagnols.



Celui qui involontairement, ou naïvement parle le mieux de Franco, au niveau de son comportement privé et quotidien est son cousin, Francisco Franco Salgado-Araujo, dit Pacon, qui passa sa vie aux côtés de Franco, et retranscrivit fidèlement ses diverses conversations. Ses écrits, marqués à la fois par une admiration sans borne mais aussi une grande naïveté pourraient presque parfois constituer un portrait à charge, ce qui à l'évidence, n'était pas le but recherché.



Ce qui ressort donc de la lecture, est une vie personnelle d'une incroyable médiocrité. Franco ne s'intéressait à rien, ne lisait pas, méprisait les « intellectuels ». Il avait une passion pour la télévision, les matches de football, les films à l'eau de rose, la loterie, voulait peindre, comme Carrero Blanco, publia deux livres navrants, tout en publiant sous un pseudonyme des charges anti sémites et anti maçonniques. Comme nous l'avons déjà évoqué il restait d'un mutisme total en famille, ne se confiant qu'à quelques familiers avec lesquels il avait partagé les délices du Maroc. C'est un thème sur lequel il revenait sans cesse, inlassablement et longuement avec ses rares amis.



Un des sujets d'inquiétude du bon Pacon, était toutefois les coûts exorbitants des chasses, mais également des pêches à bord de l'Azor. De plus Franco aimait la quantité et ne laissait pas refroidir son fusil. La presse faisait des comptes rendus émus et admiratifs des prouesses du Caudillo. Il eut par ailleurs un grave accident de chasse en 1961 qui eut pour conséquence de faire prendre conscience aux dignitaires du régime qu'il n'était pas immortel et réactivèrent les vaines spéculations sur sa succession monarchique.



Une de ses caractéristiques était un fort instinct grégaire, avec une propension particulière envers les militaires, qui toutefois réduisait ses proches, auxquels il vouait une fidélité totale, à quelques rares unités. On sait que son éminence grise, d'une certaine façon, l'Amiral Carrero Blanco passa pratiquement plus de 30 ans à son contact immédiat. Pacon, faisait partie de ce cercle très intime.



Sur les rapports à l'argent, Franco avait conservé de son passé militaire au Maroc, une tolérance pour les pillages, comme un tribut normalement dû au vainqueur. Lorsqu'il emmena les premières troupes indigènes, « los regulares », le pillage faisait partie des arguments pour faciliter les enrôlements. Les légionnaires du « Tercio », eux qui n'avaient pas d'attache sociale, à l'image de la Légion Étrangère Française, n'avaient aucune raison familiale ou sentimentale de rapatrier leur butin mais avaient un goût particulier pour les dents en or, peu encombrantes et prélevées sur les cadavres.



La famille de Franco n'avait pas de biens. Celle de sa future épouse, Carmen Polo était riche. Lorsque Franco commença à « fréquenter » la jeune Carmen, les parents de celle ci virent son union avec un militaire, de rang moyen, on le surnommait « el comandantin » et qui plus est enrôlé au Maroc d'un mauvais œil. « Pourquoi pas un torero » disait perfidement le futur beau père. C'était considéré comme une mésalliance.



Mais Franco, Général à 33 ans devait remporter cette bataille. Si on peut penser que la seule chose qui intéressait le futur Caudillo était sa gloire et la satisfaction de son immense quoique toujours très cauteleuse ambition, son épouse était extrêmement mondaine. Mais aussi plutôt du genre « rapace ».



Il est curieux de constater que si, lors de sa « formation » au Maroc, Franco était plutôt épanoui et disert, marié il se mura dans le silence. Si on comprend qu'en tant que bénéficiaire de protections divines, il avait tout intérêt à adopter des postures de Sphinx, vis à vis de l'extérieur, il étendit son mutisme à sa femme.



Carmen Polo fut extrêmement flattée lorsque sa fille épousa un membre d'une relativement bonne noblesse mais dans le besoin, qui se signala par une rapacité extrême, multipliant les licences d’importation, (Vespa) par exemple et profitant de sa position très privilégiée. Il fit partie du dernier bunker, et médecin réputé, il dirigea l'équipe en charge de Franco mourant. On sait que Franco connut une mort particulièrement pénible, car ce bunker était soucieux de le « prolonger » jusqu'au renouvellement des Cortes.



Pour revenir à Carmen Polo, son intérêt pour les bijoux était légendaire. A tel point qu'on raconte que lorsqu'elle se déplaçait dans une ville, certaines bijouteries préféraient fermer le rideau. En effet, elle ne manquait pas de se faire un petit plaisir, et il eût été fort malvenu d'envoyer la facture au Pardo. De même le dentiste de Madame devait se sentir honoré de soigner l'auguste bouche.



Il est vrai que la famille Franco reçut aussi en dons, quelques inestimables propriétés comme « El Pazo de Meiras », « el Canto del Pico » ou le palais « de Cornide » à la Coruna. Dans le même ordre d'idées, la famille Franco ( sa fille Carmen et le fameux marquis de Villaverde son époux), avaient « acquis » avec la collaboration de Franco la « finca de Villaverde », dans les années 60, « finca » de presque 1000 hectares. Franco s'en occupa dans ses moments perdus, et cette finca fut très productive, à tel point qu'on la nommait « la SA de SE(su Excelencia) » et qu'elle employait plus de 300 ouvriers agricoles. Avec sa naïveté habituelle, l'ineffable Pacon écrivit :  « C'est une propriété splendide, où se cultivent une infinité de produits. Il y a aussi du bétail. Par chance, on y trouva de l'eau. D'ici quelques temps elle aura une valeur incalculable ».

Lors de la transition, nul ne voulut investiguer sur ce que la dame avait emmené avec elle, mais elle confondait allègrement les cadeaux d'Etat avec des gâteries personnelles, et en quarante ans on imagine ce qui a pu être accumulé, outre les propriétés. De même une grande partie des archives du dictateur brûlèrent dans un providentiel incendie.



A la mort du dictateur, cette magnifique propriété fut délaissée, on y tourna même des westerns et des films pornos. Les héritiers de la fille de Franco n'avaient pas les mêmes talents que leur mère qui siégeait dans une cinquantaine de sociétés, et alimentèrent la « prensa basura ». Ceci dit, quelles que soient leurs nullités, la fortune familiale leur permit et permet toujours de vivre confortablement. On ne parlera pas de l'immeuble dans lequel finit ses jours la veuve de Franco, dans le quartier très huppé de Salamanca, le seul quartier qui fut à Madrid épargné par les bombardements franquistes, car repère de la Cinquième Colonne. Elle n'y avait pas un appartement, mais tout l'immeuble lui appartenait. On a prévu de construire plus de 4000 habitations sur la « finca de Villaverde » ce qui attira dans leur sillage un sulfureux investisseur immobilier éleveur de toros qui prit quelques éclaboussures récemment à Marbella. (euphémisme).



Ceci dit, lorsque la veuve de Franco mourut en 1988, elle recevait 12,5 millions de pesetas sur 14 mois, quatre millions de plus que Felipe Gonzales, alors Président du Gouvernement.



Franco lui savait tout des magouilles et scandales. Les militaires de haut rang par exemple avaient souvent des affaires à coté et employaient des ouvriers à bas prix. Soit des « menacés » soit des « prisonniers ». Mais vis à vis de ces fautes il maintint toujours la même position : il savait, le faisait savoir, ne sanctionnait pas mais exigeait en retour le maximum de « souplesse ».

Ainsi, le « malheureux » n'ignorait rien de l'épée de Damoclès qui pendait sur sa tête. Il restait, quant à lui, toujours sur le concept de la mise à sac « légitime » par les vainqueurs.



D'un autre coté, Franco était depuis toujours fourni en chaussures par un admirateur. Ces chaussures lui causèrent probablement une phlébite lorsqu'il fut particulièrement malade. Au médecin qui lui fit la remarque de prendre des chaussures plus confortables il répondit que c'était une mauviette.



Franco avait deux frères. Nous nous intéressons ici à Nicolas ingénieur naval. Probablement plus doué que Franco, il commença une carrière prometteuse et fut nommé en 1935 Directeur Général de la Marine Marchande. En 1937, il fut soupçonné d'avoir participé au sabotage de l'avion de Mola, décédé officiellement dans un accident. Ainsi, le chemin était libre pour Franco. En fait deux personnes furent fusillées, soupçonnées d'avoir placé une bombe dans l'avion.



Dès les prémices de la préparation du coup d'état, il s'assura par la suite de la collaboration du Portugal, qui devait dès le départ offrir une voie sûre pour les approvisionnements des rebelles. Il occupa des positions éminentes auprès de son frère dont une en tant qu'ambassadeur d'Espagne au Portugal, ce qui, permettait également de surveiller de près l'Héritier du trône, Juan de Borbon.



De retour en 1958, il fut nommé Procureur aux Cortes, mais également contrôla de nombreuses entreprises telle que la future REPSOL , La Transmediterranea, FASA-Renault et fut également impliqué dans la banque Coca. On voit que les proches de Franco furent toujours partie prenante dans de juteux négoces.



Il fut impliqué directement dans un gros scandale de trafic d'huile d'olive. Non content de découvrir une double comptabilité, c'étaient tout de même plus de 4000 tonnes d'huile qui manquaient, ce qui représentait de l’ordre de 170 000 000 de pesetas. Nicolas Franco faisait partie du Conseil d’Administration de la société REACE incriminée. Il y eut quelques décès étranges. Le procès débuta le 21 octobre 1974. Quelques décédés furent accusés, les vivants ne furent pas inquiétés. Le précieux Président de ce Tribunal était Mariano Rajoy Moreno, père de qui nous savons ! Mais on ne choisit pas ses parents !




lundi 14 novembre 2011

Sa Sainteté Franco

Parmi les énigmes de Franco, sa relation avec la religion et plus particulièrement le catholicisme, est celle qui devrait le moins poser de problème. Toutefois, là encore, il poussa les choses au delà d'un certain « raisonnable ».



Par exemple, ce qu'il faut bien appeler un fétichisme l'a attaché jusqu'à la fin de ses jours à la « mano incorrupta de Santa Teresa ». Sur le point de savoir dans quelles conditions exactes il prit possession de cette relique, il existe diverses versions.



En tout cas, cela fait suite à la prise de Malaga en février 1937, à laquelle les italiens avaient largement participé. On a pu lire, à cet égard, que ces mêmes italiens l'avaient offerte au Caudillo. Elle aurait été retrouvée dans une valise, propriété du colonel républicain Jose Villalba Lacorte, et abandonnée lors de sa fuite précipitée de Grenade.



Une version « plus comestible » pour la symbologie franquiste, qu'un don des italiens, qui avaient fait « le travail » à Malaga, serait que les nonnes carmélites l'auraient confiée à Franco, lequel se serait engagé à ce qu'elle leur serait restituée, après sa mort.



Une autre dit enfin qu'il n'aurait pas donné le choix aux malheureuses nonnes dépositaires légitimes de la relique, et qu'elles essayèrent en vain de la récupérer.



A partir de cet instant, Franco devait ne plus jamais se séparer de cette relique. Elle trônait en évidence dans sa chambre, et il l'emmenait avec lui lors de tous ses déplacements en Espagne.



Alors, cette piété de Franco, simple calcul, comme certains l'affirment ou quelque chose du domaine de l'auto conviction ?



Il est vrai que sa mère était très pieuse et que, même militaire, il préférait l 'accompagner ou faire du cheval qu'honorer de sa présence, en compagnie d'autres militaires, les rades ou bordels que son père affectionnait. Déjà à l'Académie Militaire de Tolède, c'était un adolescent renfermé, élève médiocre, sujet aux moqueries de ses collègues qui le nommaient « Franquito ». Son jeune age peut aussi expliquer qu'il n'appréciait pas, là non plus les jeux « bordéliers » de ses petits camarades. Ceci, joint aux frasques de son père, avait certainement concouru à une période de frustrations intenses, qu'il combattait certainement par le sentiment de sa « différence » et des rêves de gloire dans l'armée du Maroc.



On lui connaît en vérité que bien peu d'aventures sentimentales sinon un épisode à l'eau de rose, au Maroc. La "belle", Sofia Subiran, fille du colonel Subiran, plutôt délurée aimait danser et Franco ne dansait pas. Il lui fit une cour assidue, et extrêmement chaste, jusqu'à se faire éconduire. Elle le trouvait fort courtois, attentionné, mais aussi, extrêmement ennuyeux. Il lui écrivit plus de 200 lettres dans la période de 6mois, entre janvier et l'été 1913.



A l'occasion de la pseudo rupture, il lui écrivit une lettre d'une désarmante naïveté et bien dans le style sinueux de l'auteur. « ….......je croyais qu'ainsi vous m'écririez plus souvent,mais voyez la sottise, que s'il me plaît de recevoir une lettre de vous, c'est que je vous aime beaucoup ou peu, (car je ne le sais pas), et vous ne m'aimez toujours pas, n'est ce pas Sofia ? »



Pour revenir au catholicisme de Franco, on a beaucoup parlé de l'influence dans ce sens de son épouse, Carmen Polo, très bigote. Sur ce qu'on sait de la vie intime de Franco, que nous analyserons aussi, car très révélatrice du personnage, et surtout avant les années de son déclin, il ne tenait absolument pas compte de ce qu'elle pouvait dire ou penser, et, si lors des Conseils de Ministres, il pouvait soutenir d’interminables soliloques, sans, disaient les ministres admiratifs, « pisser une seule fois dans la journée », en famille son mutisme était quasi total.



Je suis enclin à penser qu'il s'agit plus d'un processus mental. La vie militaire du Maroc, lui avait donné l'occasion de se distinguer, au prix, il est vrai d'un vrai courage, ou plus exactement mépris de la mort. Ajoutant à cela un sens aigu de la mise en scène, il aimait à se trimbaler à la tête de ses troupes, à découvert, et souvent sur un cheval blanc.



Ce fut tout d'abord une formidable revanche sur son enfance, et aussi les vexations qu'il avait subies. L'ascension fulgurante qui caractérisa sa carrière marocaine, puis cette blessure à laquelle il survécut, ont certainement contribué à la certitude d'une protection supérieure. Franco qui avait vécu aussi dans la compétition avec un de ses frères, Ramon, héros de l'aviation, qui avait réalisé une traversée de l'Atlantique, vit dans ses performances militaires une façon d'être un motif d'admiration, mais aussi de vénération, pour les troupes indigènes. Il y apprit une guerre sale, une violence extrême qu'il importa sur le sol espagnol, dans un premier temps pour mater la Révolte d'Asturies en 19834, puis ensuite, pendant toute la guerre.



L'adolescent souffreteux et ingrat avait trouvé là une revanche, mais aussi les motifs d'une ambition démesurée que rien n'arrêterait.



Dès le début de l'Insurrection, et dans la continuité de ce qu'elle avait manifesté de défiance à l'égard de la seconde République, la hiérarchie de l'Eglise se rangea aux cotés de Franco et lui fit ce cadeau fabuleux de parler d'une « Croisade ». Très officiellement via l'homélie des « deux villes » en Septembre 1936, puis de façon encore plus précise, en Juillet 1937, lorsque, par exemple les exactions de Franco, dont Guernica commençaient à avoir une résonance internationale. L’église devait donner une « légitimité théologique » au « Mouvement », dans l'accomplissement de sa « croisade  contre le communisme » par une « lettre collective ». Ceci permit de mobiliser à nouveau les lobbies catholiques et donc de « protéger » Franco.



L’Église espagnole n'eut pas à se plaindre de Franco, même s'il conserva longtemps dans ses prérogatives, le droit qu'il s'était arrogé de nommer les évêques. De la même façon qu'il devait supplanter le Roi en se nommant « régent à vie », il voulait, dans son pays supplanter le pape. Ceci se manifestant par sa manie d'entrer dans les cathédrales sous un dais. On sait par exemple que la remise en cause de Vatican II lui causa un vrai tourment, et vrai sentiment d'injustice.



Il y avait aussi chez Franco le rêve de revivre les splendeurs des Rois Catholiques et d'une Espagne impérialiste, conquérante et forte.



Parmi les hommes religieux influents qui ont côtoyé Franco, il faut nommer le Père catalan Joan Tusquets, qui serait à l'origine du mythe de la conspiration  « judeo, maçonnique bolchevique ». Il avait publié en 1932 un livre largement diffusé qui traitait des « Origines de la Revolution espagnole » où il assure que l’État d'après la chute d'Alphonse XIII, soit explicitement, la Seconde République espagnole, était dominée par « des juifs, des maçons et des républicains de gauche ». Les insurgés firent leur miel de cette ânerie avec en plus, le présumé complot communiste basé sur des faux,  et que Southworth avait démontée qui devrait être évoquée, cette ânerie,  sans cesse par la hiérarchie catholique. Aujourd'hui, plus aucun historien, toutes tendances confondues n'évoque plus cette imposture.



Le besogneux Tusquets, était parvenu à constituer une base de données concernant les francs maçons qui serait passée de 5000 suspects à 30 000. Il fut confesseur de Carmen Polo pendant la guerre civile, tout en alimentant son fameux fichier. Lorsque la guerre se termina, il refusa des offres de postes importants émanant de Franco et se retira. On pense qu'il fut horrifié par l'ampleur de la répression dont il fut un inspirateur.



On peut aussi parler de Bulart, le chapelain des Franco, confesseur de Carmen Polo, et pas forcément de Franco. Le Père Bulart avait le tire de « prélat domestique de Sa Sainteté », ce qui lui permettait de se vêtir en évêque. Il célébrait la messe quotidienne. Par contre semble t'il, Franco se confessait auprès de pères franciscains du couvent voisin de « El Cristo de El Pardo ». Toujours prudent, Francisco Franco.



Donc, il semble bien que Franco avait entièrement lié son sort à celui de l’Église, mais également qu'il trouvait dans la religion une légitimité à ses actes en même temps qu'une protection.




lundi 7 novembre 2011

La "baraka" de Franco

Curieusement, à ce point, je ressens la nécessité de faire une pause. Je compte les heures, les nuits et les jours pendant des années que j'ai passés en lecture sur la Guerre d'Espagne, sans m'épargner des points de vue qui certainement ne me convenaient pas. J'essaie de comprendre de façon quasi obsessionnelle les articulations et les rouages de ce désastre qui de plus se solda par pratiquement 40 ans de cet étrange objet politique qu'on nomme le « franquisme ». Comme s'il contenait, dans ses outrances des réponses à bien des problèmes auxquels nous sommes confrontés. Nous, je veux dire, notre société.



Qu'on se rassure, parmi le fouillis de doutes, j'ai acquis un certain nombre de convictions. Comme pour la plupart des dictatures, fascistes ou non, il faudra revenir sur ce concept de « fascisme » dans le cas de l'Espagne, c'est le « chef » qui conditionne tout. Et Franco reste une énigme sur le point de savoir comment cet homme qui n'avait certainement pas les facultés intellectuelles de Salazar, ni le charisme un peu pompier de Mussolini, ni l'électrisante présence de Hitler a pu, contre vents et marées tenir sous sa domination un peuple jadis contestataire, volontiers irrationnel, et faire d'une prise de pouvoir que beaucoup parmi ceux qui le lui avaient concédé pensaient être transitoire un règne de près de 40 ans.



Pratiquement inculte, pitoyable orateur, complexé, timide certainement, on a bien sûr cherché des justifications psychanalytiques à une ambition féroce, probablement en réaction à une enfance et adolescence ternes et faites de frustrations, révélée et consolidée, cette ambition, par la guerre du Maroc et une ascension météorique. Méprisé par un père bambocheur, « bon vivant » dira t'on, mais aussi volontiers violent, probablement libertaire voire maçon, père qui n'hésita pas à quitter le domicile conjugal pour vivre avec une jolie institutrice, Franco n'aurait eu de cesse de faire oublier ces errements. D'où, par la suite, son obsession anti-maçonnique, anti-anarchiste, anti-libérale, anti-communiste. L'anti communisme étant plus probablement une acquisition postérieure, héritage de la carrière militaire.



Et par la suite, (1942) dans son incroyable production « littéraire-cinématographique » Raza il essayait de reconstruire l'image d'une famille exemplaire et d'un père héroïque. L’absence de culture de Franco lui permit de conserver et de cultiver ses certitudes, et d'ignorer la moindre auto critique, y compris lors de son terrible et pitoyable discours du 1er Octobre Plaza de Oriente, quelques jours avant sa mort et de trouver des explications à tous les problèmes de l'Espagne aussi bien extérieurs qu'intérieurs: une conspiration mondiale maçonnique, communiste et accessoirement anarchiste. Ajoutons à cela que le soutien inconditionnel de la hiérarchie de l'Eglise, conduisant à un si particulier « national-catholicisme », jusqu'à Vatican II dans sa phase la plus active, le convainquit d'une mission divine et d'avoir à mener une « croisade » même longtemps après la guerre.



Il vécut les années de son règne finalement cloîtré, entouré de courtisans qu'il gratifiait grassement, tout en probablement les méprisant, évitant les contacts avec le peuple si on excepte les grandes messes fascisantes organisées par la Phalange, ne se déplaçant jamais à l'étranger et encore moins en avion, probablement, ayant en mémoire les décès des généraux Sanjurjo et de Mola. Par contre, il adorait les grandes chasses très coûteuses, entouré de ses courtisans et de ceux qu'il voulait favoriser ou distinguer, par l'octroi de licences d'importation ou de titres nobiliaires. Mais aussi les pêches tout aussi coûteuses à bord de l'Azor, entièrement financé, lui aussi, par l'état. Il aimait pécher le très gros, jusqu'à la baleine. Il se livrait aux deux activités semble t'il avec le soucis de la « quantité » et de la « performance ». Il est en effet très curieux de constater que Franco ne s'est pratiquement jamais déplacé, si on excepte un voyage à Rome avec sa mère, et sa longue campagne militaire marocaine. Cette vision du monde nombriliste et autarcique lui évitait toute remise en cause ou modulation. Il resta toute sa vie en guerre contre l'autre moitié de l'Espagne, « franc maçonne », « libérale », « communiste » et « anarchiste », et par ailleurs victime d'un complot de la « franc maçonnerie » internationale, lorsque précisément le reste du monde émettait des réserves sur son régime. A la grande fureur de l'atrabilaire, ultra réactionnaire et très monarchiste évêque Segura, il pénétrait sous un dais dans les cathédrales, privilège exclusivement réservé aux Papes et aux Rois.



Mais Franco s'était décrété déjà Roi, puisque régent jusqu'à sa mort. Il adorait ces ostentations, distribuait les titres de noblesse, compensait le fait qu'il n'avait pas pu accéder à l'Ecole de la Marine, plus prestigieuse, en s'auto proclamant Grand Amiral et en se trimbalant dans l'uniforme blanc, au minimum d'Amiral.



Et plus j'avance dans ce terrible labyrinthe de la Guerre d'Espagne, qui d'une certaine façon se prolongea durant le règne de Franco, plus je suis fasciné par la trajectoire de ce petit homme, mais surtout, ce qu'il faut bien appeler son habileté, j'emploierai plus le mot diabolique que divine. Il arriva au pouvoir, le 1er octobre 1936 sur ce qu'il faut bien appeler un malentendu, puisque ses « adoubeurs », à l'exception de Cabanellas, pourtant franc maçon, pensaient que la guerre terminée, il rendrait le pouvoir. Les monarchistes militaires nombreux pensaient qu'il restaurerait la monarchie, les phalangistes qu'il initierait une « révolution » de type « national socialiste », les catholiques, eux à juste titre, qu'il les rétablirait dans ce qu’ils pensaient être leurs prérogatives, quelques militaires dont Mola, pensaient même qu'il instaurerait une république « autoritaire ». Bref, en dehors de protéger l'ordre établi, on était dans la « marmelade » idéologique.



Et c'est bien ce qui caractérise et définit le « franquisme ». Franco n'avait aucune idéologie, si on excepte ses phobies plutôt pathologiques, pas plus qu'une quelconque vision pour son pays. Il s’opposait seulement au « libéralisme », dans son acception espagnole, c'est à dire, ce "libéralisme" tentant de s'opposer à un « conservatisme » rétrograde. Le franquisme, malgré ses adaptations poussives, peu enthousiastes mais inéluctables au monde extérieur, n'était qu'une construction destinée à protéger Franco lui même et ses féaux devenus des « ayant droit ». Les plus ardents soutiens du franquisme devaient tout à Franco qui était garantie pour eux de conserver leurs exorbitants privilèges.



En interne, Franco sut toujours « naviguer » dans ces eaux troubles voire par moment tumultueuses.

De mon point de vue, quatre choses le sauvèrent, en interne, toujours. La première, certainement déterminante fut le soutien inconditionnel de la hiérarchie de l’Église, qui fit immédiatement, de cette rébellion, une « croisade », la seconde, l'appui juridique du très fasciste « cunadissimo » qui dès le début le convainquit qu'il fallait donner à la « rébellion » un cadre étatique permettant de « dialoguer » avec les puissances extérieures, la troisième, la division des généraux eux mêmes divisés entre les diverses tendances pré-citées. Il ne faut pas non plus oublier, ce que parfois on nomme sa « baraka ». Cette conviction d'une « baraka » avait pris racine suite à sa survie étonnante voire « miraculeuse » à une blessure sur le front du Maroc, blessure au ventre dont habituellement on mourrait obligatoirement. Ceci peu à peu, lorsque bien plus tard il se retrouva à la tête de la « croisade » le convainquit d'une protection divine. De même, cette « baraka » enleva de sa route, aussi bien Sanjurjo suite à son ridicule accident d'avion lorsqu'il revenait en Espagne pour prendre la tête de la « rébellion », puis plus tard, en 1937, le décès de Mola dans un avion probablement abattu, mais par qui ? qui demeure encore aujourd'hui une énigme pour les historiens. Pourquoi « baraka » ? Tout simplement parce que Sanjurjo détestait Franco qui l'avait durement critiqué après l'échec de l'insurrection de 1932, Mola lui, bien plus cérébral et intellectuel, tout simplement détestait Franco. Mais sans doute le point le plus déterminant, le quatrième donc, fut lorsque Primo de Rivera fut fusillé, ce qui laissait de façon évidente la Phalange disponible pour Franco, le malheureux successeur Hedilla, écarté par la suite durement par Franco, et même un temps condamné à mort pour une « insurrection interne » qui avait été montée de toutes pièces, pour fusionner la Phalange dans « el Movimiento ». Hedilla n'avait nullement la dimension de Primo de Rivera, ni son aura, ni son charisme. Il est évident que si Primo de Rivera était resté en vie, la cohabitation avec Franco aurait été bien plus problématique, car le fils de l'ex dictateur n'appréciait pas non plus le futur dictateur.



Quoique depuis ses débuts, Franco ait été impliqué dans la conspiration, et qu'auparavant, en 1934 il avait durement maté la révolte des Asturies, de 1934, avec des troupes marocaines, il traînait des pieds pour s'engager, sachant d'une part qu'en maîtrisant l'armée du Maroc il était, comme on dit à la télé « incontournable » et plus justement indispensable pour la réussite de l'insurrection, d'autre part qu'il méprisait autant Sanjurjo que Mola et il se voyait mal dépendre de Sanjurjo. Il est par contre probable que l'assassinat de Calvo Sotelo précipita les événements et finalement fut un point de non retour. De toutes façons, avec ou sans Franco, la rébellion avait été planifiée par Mola pour le 14 Avril 1936, donc bien avant cet assassinat, et après maints reports, pour cause de négociations tumultueuses avec les carlistes, dont les « requetes » parfaitement entraînes et armés étaient nécessaires pour la réussite de l'opération menée par Mola, à partir de la Navarre..



Par la suite et très vite, soit avant la fin du mois de Juillet 1936, Franco obtint l'aide de Hitler, qui ne voulait traiter qu'avec lui, et dans la foulée celle de Mussolini, aides qui furent décisives dans les premiers quinze jours après l'insurrection, en particulier pour organiser la traversée des armées du Maroc, « regulares » et « tercio », qui s'illustrèrent dans les terribles mois d’Août et Septembre 1936, alors qu'ils n'avaient face à eux que des milices désarmées et surtout désorganisées et en tous cas, en aucune façon préparées pour subir ces assauts. Jusque là, l'insurrection était plutôt un échec, et l'aide très précoce des nazis de Hitler et des fascistes de Mussolini, la collaboration des portugais qui permettaient le transit des armes, mais aussi des américains qui fournirent très vite en particulier des camions si nécessaires et surtout le carburant, permit la terrible marche forcée vers Madrid.



À suivre, si dios quiere !




lundi 31 octobre 2011

Vous êtes priés de pisser sur les braises!

Padilla récupère ou essaie de le faire de sa terrible blessure. Les images traînent partout de son visage arraché. C'est Internet. Antonete a tiré sa révérence mort d'un « tabacazo », à bout de souffle.

Bayonne fait des déficits chroniques, et sous la houlette de Monsieur Grenet, a réuni les 7 places françaises les plus importantes, en Espagne on parle de « plazas de primera », sacré « prestigioso presidente de l'OCT », pour baisser les honoraires des vedettes de « l'escalafon », qui ont vertement fait savoir, « qu 'économie libérale » oblige, il n'en était pas question. Qui se déballonnera le premier, après que les « grands » aient emmerdé les petits sur les dates des ferias, il faudra bien garantir des pleins, au propre comme au figuré.



De plus, est ce une façon de s'adresser à des « artistes », reconnus comme tels. Déjà qu'ils se sont extraits des emmerdes réglementaires possibles en échappant à l'emprise toute relative du Ministère de l'Intérieur, l'autre intérêt majeur, et peut être le seul de ce passage à la Culture, outre des masturbations d'égo, était de penser à un alignement de la IVA avec les autres disciplines artistiques. Évidemment dans le plus grand intérêt de la « fiesta nacional », et des heureux spectateurs « populaires » qui verront les prix des places significativement baisser. Deux remarques tout de même : nous avons un exemple parfaitement bien mené ici de lobbying avec les restaurateurs français et tout le monde a pu constater une baisse des additions , ainsi qu'une augmentation significative des embauches, et, de plus, qui aurait fait l'affront à Picasso de lui reprocher de vendre si cher ? Mais aussi, politiquement, qui en Espagne de droite ou de gauche, ira dire « on baisse l'IVA sur les corridas » ? Ah, putain ! j'oubliais, ce passage permet d 'envisager avec plus de sérénité la reconnaissance de la fiesta comme « machin de l'UNESCO ».



On est bien partout, dans la problématique du « pompier pyromane », car les mêmes qui ont vidé les arènes espagnoles, qui ont écœuré jusqu'au découragement certains aficionados en France aussi, entendent bien maintenir leurs pratiques mortifères pour la corrida, tout en convaincant les autres de bien vouloir pisser sur les braises mais surtout en laissant faire « ceux qui savent » et entendent bien rester sous la pompe à fric.



Mais, au fond, je suis désolé de le dire tout ceci est de bien peu d'importance dans ce monde déglingué. Pendant que certains frissonnent d'horreur au spectacle du sang versé du toro brave ou non, on lynche en direct Kadafi, et les images tournent en boucle, on avait déjà eu le spectacle si réconfortant des Ceaucescu, abattus comme des chiens contre un mur à l'issue d'un procès grotesque, on avait pu voir Sadam Hussein corde au cou, avant de glisser et tant d'autres choses quotidiennes avec des morts des blessés des estropiés, en Afrique ou ailleurs. Sans parler des enfants qui meurent de faim devant les cameras, alors que les aides sont honteusement détournées.





Et si on s'y intéresse, certains pays riches, sont maintenus, tout à fait sciemment, dans un état d'extrême pauvreté, pendant qu'on vole leurs ressources, impunément, au bénéfice d'une caste corrompue. Je sais c'est ridicule et « bobo » de se formaliser de ces choses, car nous sommes dans la « real politique » coco, et 20 pour cent de la population mondiale en détient 80 pour cent des richesses, mais, pour moi,  qu'on le veuille ou non, il y a là un « vrai » problème « politique ».





Encore une fois, on est dans le « pompier pyromane » qui a fait des conneries et continue d'en faire, les mêmes, et demande au bas peuple de pisser tous en cœur, à la baguette, pour éteindre l'incendie.



Et plus surprenant encore. On s'étonne que dans ces pays peuplés tout de même de musulmans, l'islamisme soit présent. On va découvrir que la Libye tout comme l’Irak ça vaut le coup question pétrole, mais que c'est aussi un foutu pays, artificiellement construit et aux mains de diverses tribus. Et comme j'ai vraiment très mauvais esprit, je me demande si nous français aurions eu la même résolution, dans l'hypothèse où Kadafi aurait honoré ses promesses mirifiques de contrats. Et l'autre, en Syrie, il continue, et comme des poids lourds ont dit « pas touche » ben, on va essayer de négocier. Il continue en tous cas en menaçant de foutre le feu dans toute la région !



Et l'autre, le BHL, icône fragile, le dernier romantique et sa dégaine très étudiée, coiffure mi Chateaubriand mi Liszt, multimillionnaire, heureusement qu'il peut consacrer toute sa vie à réfléchir et sauver le monde du chaos. Chacun a les penseurs qu'il peut. Nous, le penseur officiel et adoubé c'est BHL.



La démocratie que je sache, est tout de même une « reprise» du Siècle des Lumières. Et les européens sont bien placés pour savoir qu'elle s'est installée à l'issue de longues luttes et de durs compromis. Elle est aussi le fruit d'une culture qui a ses racines dans la nuit des temps, et qu'il est illusoire de vouloir l'imposer de l'extérieur, car alors il s'agirait d'une pratique impérialiste qui pourrait rappeler de bien mauvais souvenirs. J'ose espérer qu'en effet en Libye, voire en Tunisie, il y ait vraiment une aspiration de cet ordre. On le verra bien vite. En tous cas, il faut se souvenir qu'on a soutenu toutes sortes de régimes en Afrique, et ailleurs simplement parce que les dictateurs ou les monarchies féodales soit vendaient leur pays soit étaient des remparts présumés contre l’ogre islamique.

Ah, j'allais oublier. La CRISE. Comme dirait San Antonio, il va falloir "lancebroquer" sévère là aussi.


Voilà, j'ai rentré mon bois pour l'hiver. Mes courbatures me rappellent que je n'ai plus vingt ans. Mathilde est partie par le train chez ses cousins à Toulouse. Elle était ravie. Je l'ai accompagnée au train avec sa grand mère de 89 ans. Elles riaient et se moquaient de mes inquiétudes. Je m'ennuie d'elle, je dois l'avouer. Georges est toujours seul, je crois, et ses plumes ne sont pas encore gonflées d'hiver.


jeudi 27 octobre 2011

el tabaco es un gran companero

On a bien sûr lu beaucoup de choses après la mort de Chenel Antonete. Mais pour moi, les deux plus belles sont le sublime texte d'Olivier Deck sur son blog, et une petite merveille de ma chère Carmen, Condesa de Estraza. Je lui ai demandé si elle voulait bien que « j'essaie » de traduire son texte, car, même s'il est d'une inhabituelle sobriété, la langue « rayana » de ma gitane préférée comporte de redoutables pièges qui laissent mes dicos sans réponse. J'ai donc essayé, et demandé à Maja Lola de procéder à une lecture éventuellement corrective. Ce qu'elle a fait avec ses élégance et diligence habituelles.

Hasard du net, ou miracle, j'ai connu ces deux espagnoles dans le fatras d'Internet. Carmen grâce à Ludo, et Maja grâce à Marc. Deux espagnoles, même si Lola est aussi, oh combien française, que bien des choses pourraient séparer mais, chacune à sa façon, représentative de la femme espagnole de la « movida », rescapée de la femme « ventre » de Pilar Primo de Rivera, servante attentive du « macho », qui devait céder à tous ses caprices, sans répugnance y compris lorsque le viril époux manquait aux devoirs élémentaires d'hygiène corporelle. Voilà donc ces femmes libres, cultivées, avec cet appétit d'ogre de vivre et d'exister, ces femmes espagnoles de l'après franquisme.

Même si j'entretiens des relations épistolaires assez étroites avec Lola, je ne l’ai jamais encore rencontrée. Carmen, oui, l'an dernier à Madrid, ainsi que mon cher Angel, mon hermanito de las Ventas. J'en avais parlé dans un post http://adioschulo.blogspot.com/2010/11/ce-duende-quon-assassine.html à mon retour de Madrid. Carmen avait fixé le rendez vous à la Venencia, et ce fut comme si nous nous connaissions depuis toujours, elle, Angel, votre serviteur, son épouse et leur fille. Carmen parle avec un enthousiasme et un humour dévastateurs, Angel est plus réservé et c'est un plaisir unique de parcourir avec eux le vieux Madrid taurin ou ce qu'il en reste.

A chaque pas, devant chaque façade, Carmen peut, ainsi que ce vieux « callejero » d'Angel, associer une anecdote. Tiens ici une parfumerie qui a appartenu à une sœur de la Lupe, ici, des caves où on torturait, ici l'appartement de Simon Casas et non loin une porte qu'a décrite Perez Galdos, sa passion littéraire. Et las Ventas, leur jardin, à eux deux, Angel et Carmen. Ces Ventas d'antan, que Carmen essaie de défendre férocement contre le nouveau lobby en place. Nous étions allés à cette dernière « novillada » de la saison, dans des Ventas quasiment vides et avions immortalisé l'instant avec l'aide de l'inévitable japonais, sous l'oeil de « Dominguito » Dominguin, depuis son « andanada ». Un ami ou une connaissance de Carmen toréait. « Ay hijo » disait t'elle lorsque le « novillo » le serrait. Angel et moi riions assez sottement, avec un gin tonic à portée de la main. La buvette était proche et plutôt facile d'accès;.

Ma gitane a l'amitié robuste, inoxydable, à toute épreuve . Tiens Casas, elle l'a connu « maletilla », et il reste malgré tout son ami, même si on peut deviner que leurs conceptions de la corrida sont très distinctes. Donc, elle refuse d'en parler.

Un jour peut être, si elle me le permet je raconterai son histoire, ou mieux, lui demanderai de le faire dans mon blog. Journaliste, écrivain talentueux, elle a écrit un livre splendide sur Manolete.

Donc, voici comment elle a parlé dans son blog de la mort de Chenel Antonete dans un texte intitulé « de luto », ou « en deuil ».

La seule fois que votre servante, fumeuse invétérée, s'est retrouvée sans tabac, ce fut, miraculeusement chez Antoñete. J'exerçais alors le métier de photographe et Carlos Ilian me demanda un matin de l'accompagner au domicile du torero, un appartement impersonnel dans un gratte-ciel de la zone nord de Madrid. Antoñete, avec lequel Carlos avait convenu d'une interview pour Marca, revenait tout juste du Vénézuela en ce début des années quatre vingts. Or, c’est sûrement ce jour là, selon moi, que je fis la meilleure photo de toutes celles que j'ai réalisées pendant ma période de reportage photographique et autres activités « paparazziesques ».

Bref, lorsque j'eus fini de mitrailler, appareil en bandoulière, je m'assis à une table, face au torero et en silence car Carlitos prenait des notes comme un forcené, et … zou, je me vis obligée de sacrifier la dernière cigarette tout en écrasant le paquet vide avec ostentation pour alerter Chenel (qui eut la réputation, en d'autres temps, d'être le type qui fumait plus que tout Madrid à égalité avec Santiago Carrillo).

C'était un timide appel au secours lui indiquant que mon combustible s'épuisait, que rapidement j'aurai besoin d'un « capotazo » de nicotine et qu'il lui reviendrait de réaliser le « quite » salvateur, car Ilian ne fume pas.

Le maestro des maestros et de la vie s'avisa rapidement et, interrompant l'interview, il me demanda d'aller vers le réfrigérateur, de l'ouvrir sans façon et de disposer à ma convenance du matériel emmagasiné.

Quel réfrigérateur que celui d'Antoñete en ce début des années quatre vingts ! Comme j'aurais aimé l’immortaliser ! Quelle « putada » de ne pas m'être enhardie et de ne pas l'avoir « shooté » ! Tout petit, de ceux qui t'arrivent à peine à la ceinture, il avait trois étagères. Propre, peu utilisé, comme en ornement parmi un si insipide mobilier. Je l'ouvre, et je vois sur l'étagère supérieure, entreposés dans un ordre parfait, un arsenal accumulé de cartouches de tabac blond américain. Je suis incapable de préciser s’il s’agissait de Winston ou de Marlboro, je me souviens seulement qu’ils étaient rouges. Mais il y avait là assez de tabac pour subvenir aux besoins d'un régiment.

La seconde étagère du réfrigérateur était complètement vide et, dans celle du bas, gisait une assiette en faïence ordinaire, comme celles des cafeterias, contenant une petite poire sur le point de se gâter, solitaire, une de ces poires très juteuses et fragiles.


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Je ne sais pas si vous vous avez remarqué le fait que tant de précieux termes de notre si martyrisé idiome sont comme mal vus en société et tombent rapidement en désuétude. Parmi eux, on trouve le verbe mourir et toute sa conjugaison associée. A présent, nous ne mourons plus … nous nous en allons. Et où allons- nous ?

Et bien, le plus sûr est que nous partons en quête de tabac. Je le dis histoire de dire quelque chose. Un classique, le coup de s'en aller chercher du tabac quand on décide de fuguer, car Antonio Chenel Albaladejo n'est pas mort. Il aura été chercher du tabac et il est fort possible que nous ne le revoyions jamais, bien que nous espérions éternellement son retour.




Dans son blog, dans un commentaire, je la paraphrase, elle s'est souvenue qu'Antonete avait dit « el tabaco es un gran companero », ajoutant que personne n'avait aussi bien parlé de la solitude. Ce texte court, parle de l'Antonete au creux de la vague, probablement inpécunieux,et délaissé, avec un tact et une finesse incroyables.

« Va por ti Carmen ! »


P.S.  Carmen est Carmen Esteban, et son livre s'intitule: "Lupe, el Sino de Manolete".

lundi 24 octobre 2011

Bloc note

Alors que ma maison a été envahie par des artisans, j'ai délaissé mon blog.



J'ai vu la conférence de presse de Padilla, avec sa gueule tordue et cassée, cheveux courts. Il a pratiquement seulement dit qu'il voulait revenir devant les toros. D'une voix douce, calme et posée.

Il est curieux de constater combien ces deux années ont été riches en accidents. Les plus fameux : Tomas, « julito » Aparicio et Padilla ; mais aussi, Sergio Aguilar, Luis Mariscal , et même Cayetano Ordonez . J'en oublie des tas. Peut être qu'à force de les mépriser, les toros se fâchent. Ceci dit, s'il est possible de se briser la nuque en trébuchant sur un trottoir, il est bien plus statistiquement probable de prendre un mauvais coup devant un toro fût t'il borregon. Longue vie à Padilla, avec ses deux yeux si possible. Je persiste tout de même à dire que "tauromachiquement" parlant, ce n'est pas « my cup of tea » !

J'ai vu aussi la conférence de presse de Casas, annonçant sa participation à l'appel d'offres de las Ventas. Il a réussi à embarquer Espla dans son convoi, comme intermédiaire entre les aficionados et lui. Rien compris. Du Casas pure laine, verbeux et incompréhensible. Il a parlé de "philosophie" et de rendre à las Ventas son rôle de référence.  Me cago!



On nous inonde de Kadafi mort. C'est bien non ? Cela nous aura seulement coûté un pour cent du budget militaire de l'Etat. J’aimerais voir le détail du calcul avec les missiles qu'il va bien falloir réapprovisionner, les heures de Rafale, les heures de porte avion, les bases utilisées à Malte ou ailleurs. Ceci dit, tout cela ne coûte rien, en termes budgétaires, car de toutes façons les armes stockées n'ont pas forcément une vie illimitée, et les armes volantes ou navigantes doivent de toutes façons brûler du carburant. En plus, les émirats vont acheter du Rafale, nous dit t'on. L'avantage est que foutre des missiles et des bombes sur la gueule de l'ex ami campeur Kadafi permet de démontrer l'efficacité du machin. Bien mieux qu'au Bourget !



Il est possible que Kadafi ait eu une vilaine mort. Apparemment, fait prisonnier blessé vivant, il aurait succombé à une balle dans la tête c'est plus rapide, mais moins raffiné. Et puis cela arrange tout le monde, y compris les ex dignitaires de son régime qui siègent à la CNT. Même l'inénarrable BHL dit qu'il « n'aime pas » cette fin. Tremblez dictatures, il va déchaîner de nouveau les feux du ciel sur vous ! Putain, on se marre, avec ses chemises sur mesure, modèles uniques, et sa gueule savamment étudiée. Putain, j'ai un peu envie de vomir , quand même!



Les français sont tombés dignement devant les blacks. Ils ont joué le match de leur vie. Échouant à un point de ce bonheur suprême de se payer les « blacks » chez eux, devant leur public. Le rugby n'est pas un sport de fillettes, on l'a vite compris, quand Parra, à terre a mangé le genou et le poing de Mc Caw. C'était tout de même une agression délibérée, et la tête du gosse, tuméfiée, comme si elle avait servi de « punching ball » ne laisse aucun doute sur la précision chirurgicale de « l'accident » de jeu. Je n'aime pas parler de l'arbitrage, mais tout de même. Mc Caw campait systématiquement du coté des français dans les "rucks" pour ralentir les sorties ou pourrir les ballons. Il y eut des plaquages très hauts, aussi, et la mêlée française qui prenait le dessus sur l'autre, fut sanctionnée de façon incompréhensible en début de match. Sûrement, Monsieur Joubert, arbitre de l’hémisphère Sud, n'a pas voulu laisser partir le trophée au Nord, ou a t'il craint de se retrouver dans un tonneau de goudron puis emplumé façon kiwi. Lorsque les équipes sont si proches, l'issue dépend d'une décision d’arbitrage. Lorsqu'on prend 50 points il est ridicule de mettre en doute l'arbitrage. Je mesure seulement la déception de ces joueurs, qui ont mis leurs tripes sur le terrain, et qui, qu'on le veuille ou non, n'ont pas vraiment été aidés par l'arbitre, c'est un doux euphémisme et ont été spoliés, tout simplement d'une magnifique victoire, qui ne leur aurait pas échappé ailleurs. Deux essais de haute école tout de même, astucieux et d'une précision absolue pour les blacks, et pour les français, plus construit, miracle de justesse, de rythme et de fluidité. Je suis heureux pour ces joueurs, mis plus bas que terre par les plumitifs de services qui voulaient se remettre sous la plume une « affaire » type Mondial de foot, assassinés aussi, ces joueurs, par quelques anciens promus « consultants », Jean Baptiste Laffont en tête, persifleur, dégueulasse, ne se souvenant plus quel joueur talentueux certes il fut, mais pour le moins, pour être gentil, irrégulier et fragile, aussi bien dans son comportement que dans son mental. Lievremont est un « honnête » homme, un homme courageux et de conviction, qui assume ses choix, et maintenant, qui peut lui donner tort ?



Antonio Chenel Antonete, neveu d'un des mayorales de las Ventas est mort, aussi. Il avait fumé le puro de la vie par les deux bouts. Il aimait la bringue, les femmes, le jeu où il engloutissait sa fortune. Il était revenu aux affaires aussi, par nécessité, marquant de quelques faenas mémorables l'histoire de la tauromachie du siècle précédent. C'était LE torero de las Ventas, avec sa tauromachie épurée, d'une précision et d'un pouvoir absolus, sans la moindre fioriture inutile, LE torero du tendido 7 d'alors, celui de Vidal. Il est vrai aussi que la fragilité de ses os, et ses poumons de fumeur compulsif, l'obligeaient à cette science et précision chirurgicale, car il n'avait pas les recours physiques pour se sortir d'un mauvais pas. Il a rejoint le plus grand des "campos" où le "blanco y negro" l'attendait. Fils d'un républicain fusillé, Antonete ne portait jamais de costume bleu, couleur de la phalange, et lorsque Franco assistait à une corrida dans laquelle il toréait, il ne le saluait pas.



Et puis voilà, le froid va s'installer, et Georges, le rouge gorge du jardin est revenu.



 

lundi 10 octobre 2011

sacré week end

Sacré week end !



D'abord, Padilla, laidement pris. Et un concert de lamentations dont le « mundillo » est friand. L'accident, surtout fatal, porte la victime au faîte de la gloire. Olivier Deck a magnifiquement écrit sur Padilla, dans son blog. En ce qui me concerne, je n'aimais pas ce torero. Je reconnais toutefois sa singularité et probablement une vraie passion pour le « toro ».



Il est aussi vrai qu'il a bâti sa renommée en affrontant des toros que nos figuritas n'imaginent même plus dans leurs pires cauchemars. Je n'oublie pas non plus qu'à Pampelune, il aimait à « courir à l'encierro » les toros qu'il affronterait dans l'après midi. A part cela, je le trouvais d'une invraisemblable vulgarité, mais il rappelait, j'en conviens, les toreros d'antan, grandes gueules et braves, bien loin de nos précieuses figuritas qui se targuent d'être de fragiles artistes.



Un ami me disait hier, que les toros d'Octobre blessent plus, probablement aussi parce que les toreros qui toréent sont fatigués, ou qu'ils baissent la garde. Je n'ai pas d'idée sur la question, sachant que de plus, ils enchaînent aussitôt une nouvelle saison en Amérique Latine.



Je préfère m'en remettre à la « providence » des toreros. En tous cas, je déteste lorsqu'un torero se fait prendre, même si ce risque doit exister réellement pour que la corrida ait un sens. Je souhaite qu'il se rétablisse au mieux de cette terrible blessure.



Le XV de la Rose, lui, avait perdu ses épines de prétention. Le si « chambreur » talonneur Thomson, promenait aux quatre coins du terrain sa tronche rougeaude de citrouille, au bord de l'apoplexie. Pas de grands plongeons dans l'en but. Je l'avais écrit dans un commentaire, l'espoir des français résidait dans le fait que ces « britishs » sont vraiment des « tambours ».



Ce sont deux mêmes visions du rugby qui ont sombré ce week end, avec les anglais et les africains du sud. Un rugby qui privilégie l'affrontement un peu con, l'épreuve de force à la limite de l'intimidation, « le rentrage » permanent dans la « meule », l'addition des kilos.



Les français ont tout de même su relever ce défi, rendant 50 kgs devant, et après des match de poule désastreux. Ils démontrent une fois de plus qu'ils sont leurs pires ennemis et qu'ils ne savent pas gérer une position de « favoris ». Ceci dit, peut être aussi faut t'il remettre à sa place la performance du Tonga, dans un rugby de « muerte », impitoyable à l'impact, puissant et rapide.



Espérons qu'ils ne sous estimeront pas ces épatants gallois.



Et puis j'ai voté aux primaires socialistes. Au moins ici, l'organisation était parfaite et les gens chaleureux et souriants, comme heureux de se compter là. Un tel parti devrait se sentir fier d'avoir de tels militants et bénévoles, pour être capable d'organiser si bien un événement de cette ampleur. Pour le reste, le message envoyé par 2 500 000 électeurs du jour devrait être soigneusement analysé par les stratèges de tous bords. Et plus particulièrement au PS.



Il me semble pour ma part, que ce qu'a dit cette partie du peuple de gauche, est qu'il faut aussi le faire rêver. Pour le reste, je constate que, comme toujours dans ce parti, et dans tous les pays, concilier réalisme politique, respect du corps électoral et son désir de gauche est un problème bien ardu, qu'il ne faudrait pas réduire au seul désir d'abattre Sarkozy.