Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

dimanche 31 mai 2015

La dernière de Viard


L'insuffisant nain prétentieux Président de l'ONCT recommence. On savait déjà ses analyses pseudo historiques désastreuses, sa prétention insubmersible, mais voilà, après une accalmie où il a défendu très exactement le contraire de ce qu'il avait jusqu'alors défendu en matière de corrida, le voici revenu à ses classiques, et son incapacité à laisser les espagnols régler leurs problèmes, sans leur expliquer ce qu'ils doivent faire.



Ce jobard nous parle en fin de texte aussi, c'est dire sa rigueur intellectuelle « de la traduction ultra minime en sièges des voix majoritaires du Front National lors des dernières élections régionales françaises ». Circulez il n'y a rien à voir.




Bon ça c'est en passant et n'est pas le fond du problème. En fait son édito est une charge virulente contre « Podemos » qui tout à fait démocratiquement, c'est à dire en comptant les bulletins de vote est arrivé très bien placé aussi bien à Barcelone qu'à Madrid, lors des élections municipales. Podemos , vous savez ce parti issu des indignés espagnols, dont il fustige le « leader à coleta », Iglesias donc, comme le fondateur du PSOE au début du siècle précédent.



Donc le Dédé qui a ses bienfaiteurs en Espagne, voue toujours une admiration sans borne à Esperanza Aguirre y Gil de Biedma, comtesse de Murillo et Grande d'Espagne qui évidemment a donné son opinion, qu'il répercute de la façon suivante : « ...que Madrid aura désormais une maire issue de l'extrême gauche et désireuse, comme l'a glissé Esperanza Aguirre, de créer un soviet dans chaque quartier ».Pas exactement une poulette de l'année la comtesse et nul ne peut la soupçonner de gauchisme, pas plus que Madame Aznar la maire actuelle de Madrid. Madame la comtesse est candidate pour le PP à la Mairie de Madrid après avoir été présidente de la Communauté de Madrid.



Elle se trouve actuellement en position très inconfortable face à Podemos, avec seulement un siège de
plus. Sa rhétorique purement révisionniste est là pour réveiller les nostalgiques de la Phalange, les catholiques intégristes, et aussi les nostalgiques de Franco.



Quand il n'était plus défendable de justifier la « légitimité » du putsch des généraux du 18 Juillet 1936, on a sorti une conspiration communiste alors même que le Parti communiste n'était pratiquement rien en Espagne, sur la foi de documents qui s'avérèrent être des faux grossiers. Mais ceci avait suffi à rallier l’Église qui en faisait état encore mi 1937 lorsqu'elle justifiait l'insurrection franquiste auprès des catholiques du monde entier. De plus le Kominterm s'était clairement prononcé pour une alliance avec les « partis bourgeois ».



« ...un soviet dans chaque quartier... » ce n'est pas un hasard, cela évoque les « casas del campo» de la seconde république espagnole, dont le rôle était de représenter et si possible de défendre les ouvriers agricoles. Horreur, horreur, horreur ! Mais surtout cela évoque le vieux délire franquiste anti communiste, du soulèvement qui avait sauvé l'Espagne de la main mise de la Russie et faute de tout argument juridique le légalisant, avait le mérite, à leurs yeux de le justifier ainsi. Même le malheureux Unamuno dont je reparlerai avait enfourché cette connerie de la conspiration communiste et vu d'un très bon œil le soulèvement.



Après tout, le nain prétentieux et atrabilaire, peut penser ce qu'il veut de Podemos, ou de cette démocratie qui a permis son émergence. Il voue toujours un amour immodéré à Esperanza Aguirre, remise apparemment et on s'en réjouit de sa maladie. Il est évident qu'entre elle et l'ambassadeur de France à Madrid, qui lui offrit un lancement à nos frais en l'Ambassade de « Tierras Taurinas », son entrisme forcené dans les organes influents Ppesques a largement été favorisé.



Cette thèse du complot russe, à grand renfort de presse, de propagande, de Télé a été maintenue par les Franquistes jusqu'à la mort de leur Dieu. Pourtant dès les années 50, l'immense Southworth, dans son « mythe de la croisade de Franco » avait clairement révélé mais surtout démonté de façon historiquement irréfutable la supercherie.
 Le franquisme a toujours fonctionné dans le déni, souvent le mensonge. Le massacre de Badajoz en Aout 1936, par exemple, a toujours été nié, je dis bien toujours malgré les témoignages de journalistes de premier ordre, et l'affirmation, d'un ton patelin de Yague, responsable de cette tuerie, "qu'on n'allait tout de même pas laisser 4000 rojos derrière nous". Ce fut identique pour Guernica, qui selon les franquistes avait été détruite par les « rojos » eux mêmes. On pourrait citer des exemples à l'infini, mais ce n'est pas tout à fait l'objet ici.


Et le plaisantin du Boucau, d'en mettre encore une couche historique dans la plus pure tradition franquiste ou révisionniste, mélangée à une méconnaissance absolue, peut être volontaire du sujet. Ainsi nous inflige t'il que le programme de « Podemos », « ...dans certains domaines ressemble à celui qui mit l'Espagne à feu et à sang en 1936………. ».



Alors je voudrais rappeler à l'ignare pontifiant, que certes en 1931, la gauche était arrivée au pouvoir suite à des élections municipales perdues par la droite, et c'est vrai avec un programme qui visait tout simplement un bouleversement sociétal. Je m'explique : les thèmes forts était bien sûr, l'arrêt du financement de l’Église catholique, le ralentissement de sa main mise sur l'éducation en aidant au développement de l'école publique, et l'interdiction de la Compagnie de Jesus. Donc une séparation de fait de l’Église et de l’État. On jugeait en effet que la très riche église espagnole était complice des injustices sociales et des persécutions.



Réformer l'Armée surnuméraire en généraux et hauts gradés, jusqu'au grotesque, après les généreux avancements liés à l'inutile Guerre du Maroc. On proposait donc aux militaires qui le souhaitaient de quitter leur poste, tout en recevant leur solde. Les autres, pouvaient continuer à condition de jurer leur loyauté à la République. Franco le fit.



Autoriser l'Autonomie de la Catalogne puis du Pays Basque.



Entreprendre une réforme agraire, jugée par tous nécessaire, y compris, faut t'il le rappeler les fascistes de la Phalange. Cette réforme ne put jamais être mise en œuvre, pendant les deux premiers années qu'a gouverné la gauche.



Peu importe on ne va pas rentrer dans le détail de ce programme, car la gauche perdit les élections en 1933 en grande partie à cause de l'immense connerie du leader syndical Largo Caballero, et la droite fit tout pour défaire les avancées modestes, surtout au plan salarial. Ceci provoqua aussi la grande émeute de 1934 en Asturies, où la gauche n'est pas exempte de reproches, mais qui fut réprimée par Franco lui même et les troupes marocaines, regulares et tercio. On craignait en effet que les soldats espagnols du continent répugnent à tirer sur des espagnols. La répression menée par le sadique « Dorval »  fut terrible.



Début 1936, la gauche gagna à nouveau les élections sur la base d'un « front populaire » qui n'avait
de front populaire que le nom. Son programme était une version édulcorée de celui de 31, et on tenta à nouveau de mettre en place la réforme agraire et surtout on amnistia tous les prisonniers politiques ayant participé ou approuvé la révolution ouvrière de 1934.



Il est vrai que le programme initial voulait s'attaquer aux trois piliers fondamentaux de la société d'alors : l’Église, l'Armée, et les grands propriétaires terriens. Et donc pouvait avoir suscité bien des insatisfactions dans la partie la plus réactionnaire de la droite. Dire que c'est ce programme qui a causé la Guerre Civile reste plus que discutable, mais ce n'est pas le sujet ici.



Ce qui est par contre complètement crétin est de faire un parallèle ente ces programmes de 1931 et 1936 et celui de « Podemos » que j'ai pris le temps de lire attentivement, qui s'intéresse au bien vivre des espagnols, qui en a pris un sacré coup, prône la nationalisation de la Banque d'Espagne et une vraie séparation de l’Église et de l’État, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui car l’Église est encore financée par une forme d’impôt.. A ce sujet, il est amusant de constater que Zapatero fut de ce point de vue le plus grand bienfaiteur de l’Église. Oui je sais ils prônent aussi les 35 heures et la retraite à 60 ans. On est même frappé d'un certain point de vue par la « modération » de ce programme, soit disant issu de l'extrême gauche voire de Moscou pour Esperanza et le minus. Il est vrai aussi qu'à la quarantième et dernière page du programmes le paragraphe 6.7 parle de la protection animale : « 6.7- Proteccion animal, nueva exigencia socia l » un petit paragraphe d'une dizaine de lignes, dont « …….Interdiction de la tauromachie et du trafic des espèces exotiques ou en danger d'extinction………. ». Je pense que pour un juriste il y a fort à faire si on démontre qu'en fait la tauromachie concourt à la sauvegarde d'une espèce en voie de disparition.



En tous cas, la comparaison est manifestement imbécile et est faite pour remuer les vieux démons du franquisme.



Voilà je comprends maintenant beaucoup mieux pourquoi Wolff s'est désolidarisé d'avec Viard, dans une lettre à campos y Ruedos que je me permets de retranscrire :



« Bonjour,
Je tombe sur votre site et sur la question qui m’est posée à propos des déclarations personnelles

d’André Viard. Je tiens à préciser que, quel que soit le travail accompli par l’ONCT, que je tiens à saluer, je ne fais moi-même plus partie du bureau de cette association depuis l’été 2012 ; je l’ai quitté non seulement parce que j’estimais que les membres fondateurs devaient être renouvelés, mais également parce que je ne souhaitais pas me solidariser avec certaines prises de position publiques de son président.
Bien cordialement, Francis Wolff. »




Rien à ajouter

jeudi 7 mai 2015

Tomas


Mon cher Marcos,



tu me permettras de répondre ainsi à tes deux dernières publications. En effet tout ceci méritait mieux qu'un commentaire.



Tout d'abord, la chose vraiment importante pour moi est ton bonheur retrouvé et te lisant avec joie, je pense à ce cher Georges de Sète, « Je m'suis fait tout petit devant une poupée……….. » etc. Gloire donc à elle d'avoir apaisé l'éternel grincheux, atrabilaire, que parfois, moi même, dans mon immense bonté et tolérance avais du mal à encaisser. Vivez heureux c'est la seule chose qui compte, avec comme seuls espoirs des lendemains.



Pour le reste, ton post sur cette décono-conférence, mais que ne dit t'on pas comme conneries en matière de corrida ? Les psy lorsqu'ils sont parfois compétents, peuvent être, je le sais, des recours irremplaçables, ou des fossoyeurs forcément innocents dans le cas contraire. Métier difficile que de toréer l’âme.



Ils devraient savoir pourtant, et est ce un hasard, que ceux qui à 99 pour cent des cas parlent le plus lamentablement de leur métier sont les toreros eux même. Tomas a le mérite d'être un sphinx. Il est vrai aussi, que nombre de toreros ont le psyché d'une moule, je parle du mollusque bivalve. Tomas on ne sait pas. Quoique sous influence de ma Condesa j'aie un préjugé favorable. Mais bon !



Je pense comme toi que Tomas est torero, comme tous ceux qui vont se mettre un chiffon à la main devant un toro. Si on peut assez aisément expliquer le désir d'être torero par une culture, une imprégnation, mais aussi le désir d'une gloire rapide, ils admettent tous, les postulants, que la chose est tout de même risquée. Ensuite, comme pour les voitures, c'est une question de statistiques, plus la dangerosité du bétail, et la certitude que virgencita vous protège.



Ce qui est plus complexe est modéliser le talent ou le génie. J'attends qu'un psy m'explique Picasso, ou le mec qui traverse les chutes du Niagara sur un fil.



L'émotion de Tomas, de mon point de vue provenait de ses propres lacunes ou de son obstination à toréer tous les toros de la même façon. Ayant revu quelques faenas historiques sur mon PC, il est vrai qu'alors, son placement défiait toutes les lois et à force de volonté, il arrivait à s'imposer aux toros. Lesquels disent certains perfides ? Il ne faut pas entrer dans ce jeu.



Chaque fois qu'il se faisait prendre c'était une faute technique dira t'on, ou une obstination, ou une absence d'humilité. Et bien sûr, il restait sur le fil du couteau, non de la corne, avec un courage proche de la folie, avec un apparent détachement. Il paya durement cette folie, remplissant les arènes. Nous étions quelques uns à nous dire, « il s'est fait prendre, mais le taureau l'avait averti, et il n'a pas varié son comportement ». Certain aficionado de mes amis chers, parlait « d'un incontestable sens de la cadence, unique chez lui, mais d'un manque de ressources techniques ». Ici l'émotion provenait d'une impression réelle de mise danger et d'une certaine fragilité.



Et un jour, à Aguascalientes, Tomas a laissé son sang sur la piste. Trois ans déjà. Il serait mort en d'autres temps. C'est du sang mexicain qui lui a été perfusé. Alors on imagine l'émotion de cette réapparition, je parle de Tomas, avec le souvenir de la corne qui le tue..Le symbole aussi. Ici je renaîtrai.



Bien. J'ai encore le souvenir du bellâtre Ostos, dont la seule qualité était une vaillance à toute épreuve, ce qui n'a pas empêché Jean Cau, en le suivant une temporada d'écrire « les oreilles est la queue » qui, de mon point de vue est l'ouvrage majeur parlant de tauromachie.



Ostos fut terriblement châtié, là où les toreros risquent la mort. Je ne parle pas de Yiyo et son cœur coupé en deux.Je l'ai vu ensuite, beaucoup moins bravache et ne pouvant empêcher les pas de recul. Lui qui montait sur les toros.



Et l'inimaginable Curro Vasquez, novillero béni des Dieux, que nous suivions partout avec mon père. Il avait tout, la sobriété, l'empaque, une suprême élégance. Il fut terriblement châtié, voulut continuer avec des fortunes diverses, mais souvent l'esprit cédait au corps.



C'est que le corps se souvient.



A Aguascalientes, j'ose le dire Tomas n'a pas été Tomas. Devant son premier, un peu encasté, il se fit avertir, le toro lui passant sous le bras. Les toros un peu encastés n'aiment pas le pico et voient de suite le trou, « el hueco ».



Le second était une borrega décornée, c'est à dire armé comme un veau de lait, d'une candeur totale devant lequel, encore Tomas se comporta en "pegapases tout en pico".



Je sais qu'il ne faut pas dire cela, à l'heure où tant d'empresas y compris françaises rêvent de l’enrôler pour la corrida du siècle.



Alors au lieu de dire que « le corps se souvient » on entonnera les « trompettes de la renommée », et surtout, bises à Pauline.