Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

mardi 31 août 2010

commentaire de maja lola

ma modestie dût t'elle en souffrir, je dépose ici le si bienvaillant commentaire de maja. en proie à de sérieux problèmes de mon pc, je squatte pour 5 mn celui de mathilde pour le mettre en ligne.
j'y répondrai en détails.
gracias guapa.

el chulo

Superbe texte, Chulo.


Tu te dévoiles avec pudeur sur ton désir de vouloir transmettre ce « don de soi » si cher à ton vieux

Francis. Plus lecteur qu’écrivain sans doute comme tu le précises lorsque l’exigence de don ne peut

pas être satisfaite. Mettant la barre haute et ne souhaitant donner que le noble, le vrai.

Pourquoi te sens-tu « aspiré » par cette guerre d’Espagne ?

Est-ce l’abandon du pays à son malheur, sans aucune main tendue de la part des pays voisins ? Cette

horreur non pas approuvée mais ignorée volontairement ou lâchement sous l’alibi de la noningérence

?

Melle MARIN, l’amoureuse de ton frère ou les livres interdits par le franquisme, réminiscence d’une

jeunesse pleine d’idéaux ?

Peut-être un mélange de tout cela.

Tes révoltes et citations fulgurantes parfois en disent long sur la place que cet épisode historique

tient dans ton coeur.

Je t’ai cru militant, mais en fait ce simple qualificatif est trop banal, trop réducteur. En réalité tu es

un révolté, écorché vif vilipendant toute injustice, tout abus de pouvoir, toute supercherie. Tu n’as

pas besoin d’idéologie ni de consignes. Tes prises de position sont empreintes de la conviction, de la

fougue et de la profondeur du libre penseur.

C’est peut-être ce qui explique ton intérêt quasi-obsessionnel pour la guerre d’Espagne. Un conflit

fratricide où, au-delà des idéologies (contraires dans toute leur force haineuse) tu perçois avec ta

sensibilité et ton humanité que la vérité n’est pas UNE . Qu’elle n’appartient pas plus à un camp qu’à

un autre, même si la folie idéaliste d’un de ces camps a eu des conséquences indélébiles sur ce

peuple. Alors tu t’obstines, persistes et signes, tu étudies et dévores tout ce qui peut t’aider à

comprendre, tu nous impliques , nous prends à témoin. Comme un quête sans fin (tiens, je pense à

Don Quijote), ton cheminement est perpétuel et immuable.

Prends garde à ne pas t’enfermer dans ces révoltes. Et je me remémore tout à coup une de mes

remarques à ton encontre lors de mes premières interventions sur le blog de Marcos. Il me semble

que je te conseillais (quelle prétention de ma part … !) de ne pas t’enfermer dans une « bulle

poussiéreuse » (ou quelque chose d’approchant). Je crois même que je parlais de blessures secrètes

… ( ?) Peu importe. Egoïstement, je suis aux anges lorsque je vois l’intérêt que tu portes à l’Espagne

et ta grande culture dans la connaissance de ce drame. C’est en quelque sorte comme une

contribution respectueuse que tu apportes à son histoire et à son peuple. Je ne peux par conséquent

ressentir que complicité et sympathie envers toi.

Gracias Chulo por ser ti.

jeudi 26 août 2010

pour maja lola

Depuis quelques années, je suis, sans en connaître les raisons réelles, « aspiré » par la Guerre d’Espagne. C’est que l’affaire n’est pas simple et a suscité une littérature imposante.


Bien sûr, cette horreur absolue était prémonitoire de la secondaire guerre mondiale, mais elle portait aussi en germes d’autres poisons, d’autres outrances qu’on a cherché à assimiler à la fameuse « hispanidad », et certaines relations particulières qu’auraient les habitants de la « peau de toro », avec le morbide.

On peut entendre toutes sortes d’explications. On peut être convaincu ou ne pas l’être, tant il me semble exact que les mots peuvent encore plus parler par leur envers. Les poètes le savent bien mieux que moi, et les artistes en général aussi.

Lisant sur ce thème de la Guerre d’Espagne tout ce qui passe à ma portée, j’ai acheté le « récit » de Michel del Castillo intitulé « Le Temps de Franco » il y a quelques années.

Cette lecture m’a retourné, au sens propre : celui de l’estomac qui se retourne. J’avais l’intention d’en rendre compte par un bref texte critique, mais, de lecture en relecture, la première impression nauséeuse ne faisait que se confirmer.

Un vieux monsieur surnommé Francis, aux abords de sa centième année, est mort dans un centre hospitalier. Cet ancien inspecteur d’Académie, ami de mon instituteur de père, m’avait dit un jour que je lui demandais conseil sur la technique du commentaire de texte : « le commentaire de texte, c’est un don de soi ».

Francis allait à l’essentiel, avec une grande économie de mots. Il m’avait fait comprendre que commenter un texte n’était pas le paraphraser ou le raconter, mais bien, et surtout, dire ce qu’il provoquait en moi.

Je n’eus plus que de bonnes notes dans cet exercice périlleux, et littérairement parlant, cette seule phrase, non seulement, me projeta dans le camp des lecteurs, mais aussi m’exclut des rangs des écrivains.

Ayant découvert la justesse implacable de ce « don de soi » appliqué à l’appréciation de l’art d’écrire, je ne tardai pas à vérifier qu’il était également applicable à tout art.

C’est maintenant ce dialogue intime qui m’intéresse avec l’écrivain ou tout artiste, et ce qu’il peut invoquer de plaisir, de souffrance, d’adhésion ou de répulsion, au même titre que la vie, dans son cours.

A l’évidence, Michel de Castillo est un écrivain. Son écriture souvent lumineuse, toujours élégante, parfaitement organisée entraîne le lecteur dans une adhésion immédiate. Il ralliera à ses thèses un lecteur peu impliqué ou tout simplement n’ayant qu’une connaissance superficielle de la Guerre d’Espagne.

Pour reprendre son appréciation de Franco peintre, qui produisait des tableaux « léchés », il s’agit d’une écriture « léchée », et, de plus, terriblement professionnelle.

Reste que, lorsque vous avez bu à ce flacon, une lie se dépose au fond de votre gorge, prégnante, indéfinissable et assez obsédante.

Pourquoi donc ce discours, qui finalement se veut consensuel, de parité des responsabilités entre « franquistes » et « républicains », discours par ailleurs souvent élégant dans sa forme, a-t-il fait naître en moi, comme une « impérieuse nécessité » d’en débattre sur le fond, demeure un mystère.

Peut être parce qu’au tout début des années soixante, mon frère faisait le trajet jusqu’à Barcelone sur son vélo Peugeot jaune. Son but premier était de rendre visite à une « correspondante » barcelonaise dont il pensait être épris, mais aussi pour emmener dans ses sacoches des livres prohibés qu’il offrait à Mademoiselle Marin.

Mademoiselle Marin avait été semble t-il la proche de Federico Garcia Lorca. Plus de quarante ans après, je ne trouve aucune raison d’en douter, même si le temps et le scepticisme que m’a appris la vie, auraient tendance à m’y inciter.

Je lui ai rendu visite avec mon frère, l’année d’après. Elle pleurait lorsqu’il lui donnait des livres, puis nous parlait de Lorca ou nous en lisait des poèmes. Elle vivait en plein « barrio gotico », le vrai celui de ces temps là, dans une chambre sous les toits.

Je me plais à me la remémorer avec ses cheveux de neige, et ses yeux que les larmes emplissaient de mer. Peut être après tout, était t’elle brune avec des yeux noirs, en tous cas, ses larmes étaient réelles.

De plus, l’affaire n’était pas absolument sans risque car la Phalange veillait sur les lectures des espagnols, et aussi car Mademoiselle Marin, compte tenu de son passé supposé de « roja » , devait faire l’objet d’une surveillance particulière.

En bas de son immeuble, lorsque nous repartions, des putes nous demandaient des « cubalibres » en reniflant. De retour en France, à la table familiale, avec mon frère nous disions parfois « cubalibre ! » en reniflant bruyamment, et nous riions comme deux andouilles, sous l’œil réprobateur et stupéfait de notre père.

mercredi 25 août 2010

Peseta, Sardana, Crema catalana

L'excellent site Malaka, http://malakaespa.blogspot.com/, nous informe qu'effectivement la Generalitat de Barcelone devra verser 300 millions d'euros à la famille Balana, en dédommagement de la perte d'activité de la Monumental à partir de 2012, en tous cas, il lui reste 6 mois pour fixer définitivement ce montant.




Il me semble avoir déjà évoqué cette singularité qui imposera aux aficionados, il doit bien en rester quelques milliers à Barcelone, mais également, ceux qui plus nombreux s'en foutent, d'avoir à participer au défraiement de Balana fils. Ce qui peut être ne manquera pas de soulever quelques interrogations chez les catalans qui ont le portefeuille assez pointilleux.



La magouille est donc tout à fait patente, car comment, sur un fond juridique et démocratique, peut-t'on admettre que quelque chose de soi disant démocratique, constitutionnel et juridiquement fondé puisse être à la fois interdit, ce serait bien le cas, puis indemnisé.



Pour les abolitionnistes, c'est une victoire certainement, mais l'avenir dira aussi, faites confiance aux espagnols pour remuer la merde pour savoir qui a tiré ces ficelles qu'on devine bien peu reluisantes, et qui des « zantis » pas « zentis » va recevoir les miettes de ce marché dégueulasse.

Photo

Certes j'ai honte de rebondir sur l'excellente méditation de Marc sur la photographie, au moins pour celle que je connais un peu, celle de guerre et plus précisément d'Espagne. Je ne suis pas certain que ni Don Ernesto, quelles soient ses excellentes dispositions,ni Capa, ni tant d'autres dont Malraux, l'invincible, aient rendu compte de la meilleure façon qu'il soit de ce drame terrible qui n'est pas loin de m'obséder, chacun voyant d'ailleurs midi à sa porte.



Cette époque regorge de photos terribles, d'amateurs si on peut dire.



Voici donc Monsieur ou Don Julian Besteiros, dans la prison de Carmona, Seville. Il a encore ce sourire vaguement énigmatique qui fut toujours le sien.



Ce fut le Président des Cortes de la seconde République espagnole, professeur éminent de « logique », et peut être le seul théoricien sérieux de marxisme, ce qui en Espagne n'a jamais signifié « communisme » tel que nous l'entendons ici.



Hé bien voilà un homme qui a toujours cru que la négociation entre espagnols était possible, et, sachant, comme tous les autres, après la perte de Santander et du Nord, singulièrement, que tout était perdu, tenta de s'opposer à Negrin et sa stratégie de résistance pour qu'enfin, les puissances voisines, dont la notre, s'intéressent à la République.



Donc, Besteiros adhéra à une inutile révolte finale, à Madrid, et se laissa capturer dans le bureau de son ministère.



Puis cet homme malade, laissé sans soins, mourut dans la prison de Carmona, après avoir été contraint, ce n'est pas le mot, aux corvées les plus sordides.



Cette photo m'émeut toujours aux larmes, de cet homme, souriant, digne, cachant ses brisures, tenu au col par un geôlier plutôt satisfait, avec toutes les rondeurs du franquisme triomphant.



Même le très fasciste Serrano Suner , le « cunadissimo », « beau frérissime » de Franco, dit que ce fut une erreur de laisser mourir sans soin ce grand véritable intellectuel malade en lui faisant nettoyer les chiottes de la prison.



Cette mauvaise photo le dit.

lundi 23 août 2010

Adios Chulo

Ce sera donc, Adios Chulo, le titre de ce blog.




Il m'est venu ainsi, et je ressens le besoin non de m'en justifier, car je refuse l'idée même d'avoir à me justifier, mais de comprendre. A la retraite, on a aussi le temps de s’appesantir sur d'inutiles considérations.



Depuis quelques années, l'ami Olivier me disait d’ouvrir un blog, certainement, trop confiant en mes capacités créatrices l'ami poète.



Je déposais quelques textes ou commentaires dans des blogs amis, Marc, Xavier, Ludo parfois même en Espagne. Alors, maintenant, ceux qui voudront bien entrer en dialogue pourront le faire, à visage et identité découverte. De toute façon je ne suis en rien significatif dans le monde taurin et l’email de relai qui est donné ici, permettra d’éviter trop de « spam » sur le mien.



Maintenant, j'ai envie de m'adresser à ce Chulo, tout en redoutant des symptômes d'une schizophrénie tardive et fulminante, alors que jusqu'alors je m’accommodais bien de gentilles névroses de monsieur tout le monde, que souvent par abus de langage, on affuble du qualificatif de paranoïaques.



Reste tout de même la crainte de ce voisinage redoutable avec quelques plumes.



Olivier bien sûr, celui qui récemment m'a dit, qu'il n'écrivait plus sur la corrida, « c'est mon coté Curro », avait t'il ajouté et dès le lendemain rouvrait un blog. Chulo, je pense que tu as la même nostalgie que lui de l'avant, je veux dire l'avant corrida, ce qui tendrait à prouver que pour certains, la corrida serait surtout un acte d'amour, comme l'art. Je l'imagine assez bien, l'Olivier, en loup solitaire, souriant à l'ange de Lorca, yeux, papilles et narines en l'air. Je dois avouer que lors des pèlerinages à las Ventas, j'étais plus Chinchon collectif que café et verre d'eau glacée solitaire. Il a aiguisé sa plume de lumière, de soie et d'or à la pierre râpeuse de la vie et du travail solitaire d'écriture, découvrant parfois des fissures ensevelies qui ont le rude éclat de l'épée derrière la muleta. Ce sont ces possibles aspérités que j'aime chez lui, dans leur enveloppe de détachement élégant et tolérant, d'or doux cuivré de Tolède, et sa façon de voir la littérature ou l'art partout, comme une dignité inaliénable de l'homme, peut être la dernière ou plutôt la seule liberté maintenant. Je pense qu'il a raison.



Ludo et ses mots braseros, poète aussi, enseignant, de ceux que j'aime, moi fils d 'instituteur », à l'ancienne, dira t'on, s'agissant de mon père, sans que cela soit le moins du monde péjoratif. Attentif, excessif, génial, mystérieux et transparent. Allez savoir comme le « hondo » du « cante » le consume. Chulo, sans avoir cette expérience, tu sais que parfois, pour moi, le silence parle mieux que les mots , lorsqu'ils ne sont pas de feu ou d'air, et consume la médiocrité dans un brasier tiède. Et puis peut être me pardonnera t 'il, Ludo, alors qu'il le sait, je suis ignare en flamenco, je me dis que mon grand Jacques Brel, est le plus flamenco de tous les nôtres, dans les mots, lorsqu'il s'est arrêté pensant avoir tout dit, ou plutôt, ne se renouvelant plus. C'est que fabriquer du noir, du son et du souvenir de soi, dans les mots, de ce noir qui se suppose au début ou se pressent, puis, vous noie, vous dévore, dans une mer d'encre, et vous donne envie de la lumière d'un cri suivi d'un silence ou d'une respiration d'un coup nécessaire n'est ni simple ni difficile. C'est simplement impossible sans ce morpion de duende. Nous sommes loin de ces étreintes furtives et effusives de ce flamenco inutile de pacotille comme une faena de Ponce qui fait se trémousser nos dames dacquoises chères à Xavier, de la Pena du même nom. Qu'il se rassure, en des temps lointains, et ce ne peut être d'elles dont il s'agit, j'en ai connu certaines qui revenaient de séjours de 2 jours chez « leur » coiffeur de Paris avec l’accent délicieusement et élégamment pointu. On a le « hondo » qu'on mérite, Federico en est peut être bien mort, tu sais, « le tire dos balas por el culo, por ser maricon ».





Le Sud Est Taurin, je le connais mal. Ma vie professionnelle m'a souvent conduit en ces lieux pourtant. Je l'assimile à tort à Nîmes, pour le taurin de là bas, que je connais peu. J'avais déjà croisé la route singulière de Marc, et son livre à compte d'auteur. Depuis je pollue un peu son blog. Mais bon, c'est ainsi. Écriture généreuse souvent, un peu rebelle et inventive. Toujours intéressante. De lui je ne connais que sa voix au téléphone, singulièrement douce, comme timide. Je le traite de « malaxeur de cellulite », mais j'aime beaucoup sa façon de ressembler à cette terre qui se cache pour rire vraiment. Car, ne nous y trompons pas, rien n'est moins évident que les douceurs du Rhône ou le soleil sur la Camargue, ou les tapes dans le dos et l'accent de Pagnol. Chez lui, j'ai découvert Gina la tendre, tolérante et cultivée, celle à qui on aurait envie de confier son adolescente pour découvrir la littérature et Maja Lola, élégante espagnole, à tous les sens du terme.



Et puis en Espagne, mes chers Angel et Carmen qui se reconnaîtront peut être s’ils croisent la route de ce blog.



Et puis comment ne pas parler de l'ami Bernard, œnologue fabricant de vin, homme d'une immense culture et catho je crois bien, comme Xavier, qui prétend conjuguer la certitude de la foi avec les interrogations prégnantes de la psychanalyse. Les deux ont le feu de la passion, l'un avec une élégance distanciée amie du paradoxe, l'autre avec une véhémence souvent peu contenue et la passion de convaincre, je n'ai pas dit d'évangéliser, quoique!



Ce sera donc à ces amis de la toile, dont souvent je ne connais pas le visage que ce blog est dédié. J'y aborderai les sujets qui me tiennent au cœur, peut être, parfois la corrida, mais d'autres aussi, selon mes humeurs.



Va por vosotros.