Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

mercredi 5 décembre 2012

Les maitres des forges


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On pourrait, pour une fois, rire de ce qui se passe à l’UMP. Surtout lorsqu’on est de sensibilité de gauche, comme on dit.

Je n’y parviens pas, car, de mon point de vue, c’est bien autre chose de bien plus grave que les destinées des deux notables et de quelques autres.

On feint de découvrir que les militants, toutes sensibilités confondues, ont tendance à bourrer les urnes, et aussi de s’en offusquer lorsqu’on n’en est pas bénéficiaire.

C’est bien notre démocratie qui est malade et ça c’est très grave, à mes yeux.

 Ceci suffit à expliquer mon sentiment de malaise, au-delà, parfois, du vrai comique de la situation.

 

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Rien n’est donc simple en politique, en dehors des campagnes électorales. Il me semble qu’une nouvelle fois, Mittal a bien enfumé son monde, bien que les hauts fourneaux soient pratiquement à l’arrêt.

Montebourg a menacé de démissionner. Je regrette qu’il ne l’ait pas fait.

Bientôt de ce site ne couleront plus que des larmes brûlantes, puis tièdes puis froides. Là, pétrifiées, elles n’intéresseront plus personne.

Malaise, malaise, malaise, la logique industrielle et ses dures réalités ont le beau rôle. C’est toujours ainsi, la terrible loi du plus fort. Il faudrait que ces bons ouvriers comprennent enfin combien le métier de patron spéculateur est dur. Demandez donc  à Madame Parisot !

Malaise et compassion. Se retrouver sans travail ni espoir est tout sauf anodin, même si, c’est vrai la variable d’ajustement humaine est la plus sollicitée, jusqu’à devenir le seul outil de gestion. Et malheur à l‘innocent qui mettrait en cause des stratégies industrielles à courtes vues, la recherche exclusive de coups et de profits immédiats, l’absence de vision de ces dirigeants. Cet innocent-là ignore tout de l’effroyable complexité de l’économie mondialisée, et mettant à cause les nouveaux « maîtres des forges », est tout simplement irresponsable, et s’il continue à ergoter il pourrait bien les inciter à rendre leur tablier, pour s’installer à Monaco ou à Bruxelles. Et là, on ne vous raconte pas ! Moun Diou !, comme on dit chez moi.

Montebourg a le menton volontaire, il fait de beaux effets de manches, il parle beau aussi, en gourmandant, et dégustant  ses silences, pleins de sous-entendus, comme dans un prétoire ringard de province. Sauf qu’ici, en face il y a le père Mittal, qui se marre et qui n’en a rien à foutre de la France, de ses dirigeants et encore moins de ses ouvriers.

Nationaliser, c’était une bien chouette idée, même Borloo ne détestait pas. Mais, la presque totalité de l’industrie lourde sinistrée française, chantiers navals par exemple, serait très intéressée aussi par cette perspective. Ne le mérite-t-elle pas, cette industrie lourde sinistrée ? Ça devient vachement compliqué non ?

Donc, vous allez voir, le père Mittal, on va le mettre au pas.

Pourquoi ai-je ce sentiment de malaise ?

 

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Et puis, il est question de couvrir Las Ventas ! Vous imaginez cela ? Couvrir Las Ventas, comme une vulgaire cocotte-minute. Décidément, une sourde malédiction court sur les arènes espagnoles. Sans parler de celles de Badajoz, pour des raisons autres détruites et transformées je ne sais si en centre commercial ou en palais des Congrès. Dans ses Yeux Noirs, Olivier Deck a écrit une formidable nouvelle apocalyptique sur Las Ventas, transformées en cyber plaza de toros, où chacun pouvait se composer par ordinateur la faena de ses rêves.

Ma chère Carmen la Comtesse du papier d’emballage est par avance anéantie, sans parler d’Angel, mon « hermanito » de Las Ventas, mon cher Coro, dont j’attends des  réactions plus précises.

Pourquoi ai-je ce sentiment de malaise.

 

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Tiens donc, le petit Michelito a pris son alternative. Il est matador de toros à 14 ans.

Son petit  frère Andresito est dans les starting blocks, aussi.

Bientôt l’heureux papa, ex torero plutôt  modeste, pourra monter des spectacles taurins clés en mains, Andresito et Michelito et des toros de la casa.

Pourquoi ai-je ce sentiment de malaise ?

 

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L’allumé du Boucau n’en finit pas d’écrire des éditos vengeurs où il est question de vrais toros et d’éthique, oui, vous avez bien lu, que les talibans irresponsables n’auraient pas désavoués il y a quelques années. Il va où la gamelle est bonne le sin verguenza !

Et là, pas de sentiment de malaise devant ce cas d’amnésie gravissime. Il est égal à lui-même, seulement ! Un voyou intellectuel!

 

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lundi 19 novembre 2012

Comptabilité mortelle


Suite à la parution de l’article précédent, aux commentaires de Gina et Maja Lola, et à trois contacts hélas « off » concernant ce texte, je voulais répondre en commentaires mais à la réflexion, je pense que le sujet mérite un développement autre.

En gros, on me fait remarquer que le décompte scrupuleux des victimes est assez inutile car, qu’ils soient, 35000 ou 40000, voire 200 000, par exemple, cela ne change rien à l’affaire. D'autant qu'en plus, par exemple lorsque la France réprima la révolte des malgaches, en 1947, elle laissa sur le carreau pas loin de 70 000 victimes et inaugura une façon de se débarasser les "sorciers" qui prétendaient protéger les malheureux des balles, en les précipitant vivants des avions sur les villages.

Certes, j’entends fort bien cet  argument, d’autant qu’on a fait bien mieux depuis que pendant la Guerre d’Espagne et après.

Mais je voudrais dire que cette Guerre d’Espagne, à laquelle je voue une passion surement excessive, me parle beaucoup de thèmes qui sont d’actualité : ces gauches qui seront toujours condamnées à l’impuissance, par leurs divisions, ces droites qui savent toujours se mobiliser autour d’un « chef ». Ou encore, la difficulté pour la gauche d’être un parti de pouvoir, alors que celui-ci fait partie intégrante de la culture de droite pour laquelle il est un dû.

Certes, en Espagne, en 36, la République restait quelque chose de fragile, un colosse aux pieds d’argile, qui s’effondrerait, victime certes de Franco mais aussi de ses divisions, de ses contresens révolutionnaires, de son immaturité, mais aussi de son manque de « chef de guerre » ; chefs de guerre que n’étaient ni Manuel Azana, ni Indalecio Prieto, ni Largo Caballero, ni Companys, ni Aguirre, ni Giral, ni Casares Quirogas ni, encore moins Besteiros. Le seul qui aurait eu cette dimension étant probablement Negrin, arrivé trop tard, alors qu’avec la chute du Nord de l’Espagne, la messe était dite. Sans oublier les anarchistes, dans leurs différentes déclinaisons, qui voulurent faire la révolution pour gagner la guerre et furent à l’origine des émeutes de Barcelone, en 1937, qui causèrent la perte de Largo Caballero, avec la chute Malaga, tout en approfondissant la rancœur entre les communistes et certaines tendances de la gauche.

Ces communistes ou sympathisants qui avaient fait un énorme travail de reconstruction d’une armée républicaine inexistante, avaient su organiser la défense de Madrid, mais hélas, par la suite, les défaites se succédant, étaient entrés en conflit ouvert avec certaines composantes de la gauche, exportant, en particulier les ignobles  purges anti trotskistes ou plus généralement staliniennes, dont la victime la plus célèbre fut Nin, le leader du POUM, disparu corps et âme, après avoir été torturé.

Ceci je l’écris à contre cœur, car j’aurais aimé ne voir que de la noblesse et de l’héroïsme désintéressés dans les agissements des républicains de tous crins. Mais c’est vrai aussi que cette République fut trahie, condamnée, isolée par le non interventionnisme cher aux anglais, alors qu’Italiens et Allemands agissaient en toute impunité. C’est vrai que la malheureux Blum avait envoyé dans le sillage des mercenaires, par ailleurs hors de prix de Malraux,  des avions dépassés techniquement et surtout désarmés.

L’aide de Hitler fut quasi immédiate avant la fin du mois de Juillet, et spécifiquement envoyée au seul Franco, qui par là même, consolidait sa position de leader. Les italiens allaient suivre immédiatement.

Cette aide permit surtout de commencer à injecter des troupes cantonnées au Maroc, par voie aérienne,  Tercio  et Regulares, troupes disciplinées, impitoyables, bien armées et entrainées, dont la seule vue faisait se disperser les milices républicaines, désarmées, non encadrées et suprêmement désorganisées pour ne pas dire bordéliques.

Au Nord, dans la Navarre carliste, Mola avait pris le pouvoir à Pampelune, sans difficulté, et disposait de la milice armée des Requetes, que la République avait laissée se développer avec l’aide en particulier des italiens. Cette milice était nombreuse, très performante et valait les troupes marocaines.

Cette montée du Sud vers Madrid, en particulier par les troupes de Yague, fut d’une violence inouïe, face à des milices inexistantes, sans commandement et désarmées avec la terrible prise de Badajoz et le massacre dans les arènes, et ce dès la mi-aout. Badajoz payait deux choses : le fait d’avoir été le théâtre de collectivisations de terres pendant le premier semestre 1936, mais aussi de permettre de contrôler l’accès au Portugal, tout en permettant de faire par l’Ouest de Madrid, la jonction entre les armées de Mola et celles de Franco.  Yague répondant à un journaliste avait affirmé que oui, on avait fusillé en masse, car on n’allait tout de même pas laisser derrière soi 4000 « rojos ». Les nombreux journalistes dont Neves et Allen, et surtout le photographe français Brut, passés par Badajoz  ayant produit des articles et photos extraordinaires furent discrédités, surtout Neves qui était portugais, alors que le Portugal dès le début apportait un soutien sans condition à Franco, facilitant en particulier les livraisons d’armes.

Pourquoi cette digression apparente ? Et bien tout simplement parce qu’on touche au cœur du problème. Les britanniques qui ne voulaient pas fâcher Hitler, préféraient Franco à la République. Les lobbies catholiques s’étaient rapidement rangés aux cotés des franquistes, informés ou manipulés par la hiérarchie espagnole. Et on entrait dans ce qui allait devenir une façon d’être du franquisme : le déni. Badajoz serait une invention, Guernica aurait été incendiée par les « rojos » et de Durango on ne parlait même pas.

Il est curieux de constater que la très bien-pensante Croix Rouge était présente pour les massacres rouges de Paracuellos, mais n’avait pas jugé bon d’être à Badajoz, ni à Guernica, ni à Durango ni même dans toutes ces villes décimées lors de la marche des troupes marocaines vers Madrid. Il est vrai que dès le départ les rebelles surent contrôler l’information dans leurs lignes, y compris par le meurtre ou la terreur, alors que la République, forte de son soutien par nombre d’intellectuels facilitait plutôt, au moins au début, l’accès aux  informations.

En tous cas, pour définitivement en venir au thème de cet article, il est curieux de constater combien Franco avait compris l’importance des chiffres, quitte à les manipuler, par l’intermédiaire de la Causa et son fameux score de parité, car en Espagne les vainqueurs écriraient l’histoire, leur histoire,  pendant pratiquement 40 ans.

Le déni a également très longtemps été la règle, relayé par les medias, et la totalité de la classe politique et religieuse.

Il me semble que l’on doive considérer ce décompte morbide et masochiste, d’une certaine façon, comme la façon, ou une façon, précisément de démonter un système basé sur le mensonge institutionnalisé, mais aussi in fine d’essayer de comprendre comment un homme aussi terne, aussi dénué de tout charisme, que Franco ait pu rester au pouvoir pendant près de 40 ans. On peut tenter l’explication qu’en fait, il servait une partie de la population précise, qu’il favorisait et gratifiait en permanence. Ainsi,  il gratifiait une moitié bien-pensante de l’Espagne tout en réduisant au silence le plus douloureux,  l’autre moitié.

Pour Franco, la guerre ne s’achèverait qu’avec sa mort.

jeudi 8 novembre 2012

Pio Moa pape du révisionnisme espagnol


Pio Moa, dont on dit qu’il était l’auteur fétiche d’Aznar, termine « los mitos de la guerra civil », par une fulgurante affirmation. Encore faut-il au préalable faire une remarque : ce titre vient évidemment grossièrement en contre du fameux « les mythes de la croisade de Franco » du formidable Southworth, qui lui avait lu tout ce qui avait été écrit sur la Guerre d’Espagne, et possédait une  bibliothèque invraisemblable.  Son œuvre pratiquement se limite à ce « mythe », œuvre de toute une vie d’études et  la narration de Guernica. Autrement dit, à l’inverse de Monsieur Pio Moa, ex activiste gauchiste converti, ce sont les pires, il éplucha tout, et y dédia sa vie entière, jusqu’aux moindres recoins, démontrant en particulier quand les gens parlaient de livres qu’ils n’avaient pas lu, ce qui est encore très fréquent de nos jours. Rien n'est plus simple qu'alimenter une bibliographie, voire même de pomper des citations pour faire penser qu'on a bien lu l'ouvrage.

Donc je vous délivre la pensée de notre fabricant de best seller historiques : «  le thème est entré dans la littérature ET Le cinéma, toujours avec le même mélange d’ignorance et de sectarisme, tandis que diverses associations promeuvent des campagnes de propagande autour de telle ou telle « fosse commune » découverte, autour de tel ou tel cadavre, sans oublier, la référence constante à Garcia Lorca, afin de maintenir ouverte la plaie sous prétexte de « récupérer la mémoire historique »….tout en condamnant à l’oubli, c’est clair, les victimes de l’autre camp, sacrifiées, en définitive, par « l’indignation populaire ».  

Est-ce un hasard, on dirait du Mundotoro et du Dédé dans le texte, lorsque ce dernier malotru  s’insurgeait contre le « devoir de mémoire », à peu près dans les mêmes termes. Mundotoro, cela se comprenait car il appartenait à l’omnipotent Jean Pierre  Domecq, dont les idées gauchistes n’échappaient à personne. Dédé dont la carrière taurine fulgurante doit beaucoup aux prévenances des socialistes landais, je comprends moins bien, quoique nous ayions tous pu commettre des erreurs de jeunesse et de jugement. A moins qu’il s’agisse simplement d’opportunisme ou de « marquetinge » qui lui a plutôt bien réussi, dans le sillage de la richissime et très influente Esperanza Aguirre, comtesse de Murillo et du PP, qui dut récemment se retirer de la Présidence de la Communauté de Madrid, pour de sérieuses raisons de santé, un flirt non moins prononcé avec certains media, et une proximité assez douteuse avec ce que l’extrême droite a de plus présentable, la CEU, refuge doré des membres du PP virés par l’arrivée de Zapatero, et engraissés sous la mère en vue d’un lendemain prometteur, sans parler du flamboyant Ambassadeur de France à Madrid qui utilisa nos deniers pour promouvoir le visionnaire des dunes. Ca je l’ai encore en travers du gosier ! Et je me souviens avec la nausée des commentaires  lorsque l’ouverture de la fosse de Viznar où était censé être enterré Federico Garcia Lorca s’avéra improductive. C’était dit, le sieur ne reculerait devant aucune compromission, pourvu que le vent fût porteur. Il suffit de le lire actuellement, exactement à l’opposé de ce qu’il nous infligeait auparavant, lorsqu’il brandissait un anathème haineux contre les « talibans » et autres « ayatollahs », dans tous les cas « irresponsables » de ne pas voir ce que ce toro moderne avait de bouleversant et brave, mais aussi coupables de critiquer les « figuritas » si « nécessaires » au devenir de la corrida, par le remplissage présumé des arènes. Figuritas qui par ailleurs étaient les seules à savoit tirer un profit optimum de ces fauves impitoyables, si difficiles à toréer.Il semble d'ailleurs qu'il ait procédé à un tri soigneux dans ses textes, une manière de "limpieza" à la façon du héros de ses amis.

En tous cas, il est extrêmement  faux de dire que les victimes des républicains ont été ignorées, et ce, au moins pour deux raisons essentielles :

-         la première étant évidemment que les vainqueurs franquistes les ont recensées jusqu’à la  dernière, quitte d’ailleurs à gonfler la note. La fameuse « Causa » a largement œuvré dans ce sens. Et pour démontrer combien elle était équitable, elle admettait un score de parité, 50 000 de chaque côté. Mais l’histoire progresse toujours, les archives finissent par s’ouvrir ou être exploitées, en particulier par recoupements de différents documents et témoignages, et, en intégrant les victimes de la répression d’après-guerre on arriverait à un rapport de un pour cinq.  Cela a demandé un travail extrêmement minutieux qui, communauté par communauté, n’a pu être mené à bien que largement après la mort de Franco, et même durant la "transition", on ne facilita pas la tâche aux curieux.  Aujourd’hui on estime qu’un décompte exact a été établi dans pratiquement 80 pour 100 des communautés, ce qui autorise des extrapolations plus fines.

-          la seconde raison est que les sympathisants de la République regrettent les inutiles massacres de curés qui portèrent un tort énorme à la République ainsi que le massacre de Paracuellos et autres « paseos » ou « checas ». D’ailleurs, les différents gouvernements de la guerre, républicains, s’entend, tentèrent  d’endiguer cette violence imbécile et nuisible, car très contreproductive vis-à-vis des si puissants lobbies catholiques de l’étranger. Ils y parvinrent plus ou moins pour les meurtres des ecclésiastiques qui eurent lieu en très grande majorité pendant les 6 premiers mois de la guerre.  Et il est évident, qu’avec les lois de « responsabilidades »  franquistes qui permettaient de poursuivre quiconque était soupçonné de sympathie pour la République, et ce, entendons nous bien, car les derniers fusillés et garrotés du franquisme le furent dans les années 70, donc, ce quiconque, qui  s’opposait soit concrètement soit par simple passivité au « glorieux mouvement », risquait très gros, on voit mal pendant les 40 ans pratiquement du règne franquiste qui pourrait revendiquer un parent « rojo » victime de la répression franquiste. C’est en tous cas cette parité que soutient  notre activiste gauchiste repenti, à l’heure où cela ne fait même plus débat. J’ai beau lire des ouvrages d’historiens franquistes, je n’y vois jamais le moindre repentir, mais plutôt une négation obstinée de faits maintenant totalement avérés, et toujours en les minimisant voire en les justifiant.

Mais en fait, les plus de 500 pages de « Los mitos de la guerra civil », dont celui que je possède est la 36ème édition, veulent démontrer que  « Toutefois, Franco ne pensait pas s’être rebellé contre une république démocratique, mais plutôt contre un péril révolutionnaire extrême. Avait-il raison ?  Si les faits exposés dans cette investigation sont corrects, ce dont je suis sûr,  il est certain qu’il avait raison». C’est sa conclusion.

Et ici, on se retrouve au cœur du raisonnement des « révisionnistes » espagnols : à savoir, ce sont les républicains espagnols,  les socialistes, anarchistes  franc maçons et communistes espagnols qui ont initié la guerre en 1934 lors de la grève révolutionnaire, qui  par ailleurs  avait  lamentablement échoué en particulier à Madrid, fief pourtant du « pseudo révolutionnaire » Largo Caballero, et à Barcelone où la CNT était si puissante. Seuls les mineurs des Asturies luttèrent et furent matés par un certain Franco et ses troupes marocaines, en particulier. Mais surtout, pour ces "historiens" rien dans la société espagnole ne justifiait un tel déferlement. L'Espagne était dans un  mode légèrement perfectible mais plutôt idéal: Roi, Armée, Eglise, Possédants de tous ordres. Même d'ailleurs les plus modestes possédants en particulier agricoles, à condition qu'ils vénèrent l'Eglise, dont Franco tira, aussi, sa force.

Si on suit ce raisonnement, on peut aussi dire, que ce mouvement insurrectionnel avait pour origine la reprise en main par la droite en 1933 du pays, suite à des élections, par ailleurs perdues par les républicains, en grande partie à cause de l’attitude stupide de Largo Caballero, droite qui s’ingénia à essayer de revenir sur toutes les tentatives de réformes structurelles des républicains entre 1931 et 1933.

Mais aussi bien sûr qu’il y avait eu dans cette  première période les émeutes anarchistes, en particulier celle de « Casas Viejas » qui firent vaciller le fragile équilibre maintenu autour de Azana, mais aussi la tentative de « pronunciamento » de Sanjurjo, que pour leur malheur, les républicains réprimèrent avec une facilité extrême. Pour leur malheur car, durant le premier semestre de 1936, quand tout Madrid bruissait des préparatifs de la révolte des généraux, encadrée par Mola, il y eut des socialistes en particulier, qui semble-t-il pensaient que ce serait une nouvelle « sanjurjada » et qu’elle serait réduite facilement, et qu’enfin le régime socialiste en sortirait renforcé.

Bref, suivant ce raisonnement jusqu’au bout, ce dont se garde bien notre plumitif, c’est lorsque les républicains arrivèrent au pouvoir en 1931 et instaurèrent la Seconde République, qu’ils déclenchèrent la Guerre d’Espagne de Monsieur Pio Moa. Ce qui par ailleurs signifie bien qu’il y eut un choc frontal entre deux Espagnes : une qui voulait un changement radical, l’autre qui s’arcboutait sur ses privilèges.

vendredi 5 octobre 2012

Merci Carmen


Allez qui a mieux parlé de flamenco et de toros que mon inestimable Carmen, Condesa de Estraza .

Parfois, nous qui n’avons pas le « duende », essayons d’expliquer des choses, comme l’amour de la corrida, son sens, alors qu’il n’y a rien à expliquer.

Comme expliquer le flamenco que je ne connais pas, et ces voix qui vous retourneraient comme des chaussettes.

Alors la Carmen, la Comtesse du papier d’emballage, nous balance Mina, sa « prima », cousine probablement de sensibilité.

La prima est une chanteuse italienne des années 60 70. 69 plus exactement en ce qui concerne le titre.

Alors la Carmen, ma Comtesse du papier d’emballage parle de cette obscurité, « obscuridad », et que pour chanter ainsi, il  faut être torera.

Allez comprendre, ou écoutez.

Sauf qu’il existe beaucoup d’enregistrements, où elle chante d’une voix claire et mesurée.  Et puis on se dit que c’est bien mais sans tellement d’intérêt.

Et puis ce « live », voix rompue, sombre, au bord de la rupture, et consciente qu’elle touchait quelque chose, elle y va à fond.

Moi je pensais à Brel, ce soir-là, il y a si longtemps, à Niort, qui avait rodé « Amsterdam », et le public, tétanisé quelques secondes avant d’exploser.

Entendons-nous bien, je ne fais pas le parallèle entre deux chansons qui n’ont rien à voir.

Je parle d’âme, et de chanteurs.

Brel était mauvais sur les enregistrements.

Ici, la voix est rauque, sombre, difficile dans tous ses  exploits.

Mais voilà, lorsque c’est trop facile, le « duende » se marre et se tire. Car c’est un morpion.

Ecoutez bien en quels périls se met cette formidable chanteuse.

Oui, seuls « les sons noirs ont du duende ».

Merci Carmen de rappeler que le toreo c’est autre chose que la facilité !

Nous avions oublié la prise de risque de l'art!



 

 




 
 
 

mardi 2 octobre 2012

La resaca


La « resaca » voilà le mot. La « gueule de bois », en français, ça a moins de gueule. «  Resaca », c’est la traduction de « ressac », on comprend mieux.

Donc allons y pour « resaca ».

Comme la mer qui monte et se retire, en  laissant des morts.

La mer est montée à Grenoble, et a laissé des morts, lynchés de la plus dégueulasse des façons, par des infrahumains  que nous avons fabriqués comme tous nos fils.

Que dire ? J’en ai assez de culpabiliser.

Ceci n’a aucune excuse, c’est dégueulasse.

A force aussi de compromissions du type, laissons les banlieues aux « dealers », au moins ils créent un flux d’argent.

Toujours ce fric sang, sève, et ces populations au moins basculeront sous le contrôle de quelques pourris bien-pensants. Mais ce sang irrigue aussi les moins lotis, qui veulent y accéder.

Je ne sais pas qui ils sont et je m’en fous.

Branquignoles, analphabètes que nous avons fabriqués, manières de scories.

Je jure que je n’ai pas voulu cela.

Et comme un écho, nos champions olympiques se font prendre la main  dans le sac.

Cela n’a aucune excuse, vulgarité, connerie, veulerie.

Là il n’y a pas eu mort d’homme, c’est vrai, et certainement nous sommes dans les jeux de l’argent, forcément moraux.

Je me demande tout de même si quelque part, nous ne sommes pas morts.

Amen !

lundi 17 septembre 2012

De tout et de rien.


Voilà, pour un certain nombre de raisons, je me sens plutôt abattu. J’ai repris mes livres, et c’est avec un plaisir intact que je me replonge dans « Diarios Completos » de Manuel Azana.

Ce ne sont pas des Mémoires, ce sont des notes, prises au jour le jour, avec d’importantes interruptions. Elles sont en tous cas précieuses pour comprendre les difficultés de la Seconde République espagnole, et aussi, son naufrage dans la Guerre d’Espagne, dans la foulée de celui des forces de gauche : Républicains de gauche, PSOE, anarchistes, CNT, UGT, et, in fine PCE.

Au fil des mois et années, on y croise ceux qui seront les acteurs de la tragédie : Queipo de Llano qui fut d’abord républicain, Mola, les Franco, Cabanellas, Sanjurjo, Maura, Lerroux, Gil Robles, Calvo Sotello et tant d’autres, jusqu’à l’exil et la mort rapide à Montauban, de Don Manuel,  dans une chambre d’hôtel payée par le gouvernement mexicain. Le gouvernement de Vichy le pourchassait pour lui réserver le même sort que Companys, Zugazagoitia, mais aussi, Peiro l’anarchiste pacifiste, et l’envoyer au peloton d’exécution. Il repose dans une tombe modeste au cimetière de Montauban.

Il est mort avant d’avoir pu exploiter ces notes, probablement pour en faire ses mémoires. Je les regrette d’autant plus, ces Mémoires,  que j’ai lu beaucoup de choses qu’ont écrites les autres intervenants. Hé bien dès que ce n’est pas écrit à chaud, on sent toujours un besoin de justification qui prime sur tout. C’est la raison pour laquelle je me méfie des autobiographies. Manuel Azana dit les choses telles qu’il les a vécues, au moment, avec ses amitiés, ses inimitiés, ses doutes et ses certitudes. De plus Manuel Azana était un écrivain.

On comprend mieux pourquoi cet esprit libre, à la tête d’un minuscule parti, a su et pu fédérer un petit temps les espoirs de la gauche espagnole, divisée, incohérente, victime de cette division et de l’utopie anarchiste extrême. Il fallut tout un génie politique pour fédérer un front populaire espagnol, qui fut bien fragile.

On comprend aussi pourquoi aucun homme politique espagnol n’a été autant haï et dénigré par la droite espagnole : il était laid, antéchrist, homosexuel, sûrement maçon, et que sais-je encore. Lui il haïssait la violence, et déjà en Aout 1936 lors de la première émeute de la prison Modelo, qui coûta la vie à Melquiades Alvarez, il en conçut une tristesse effrayante. Il avait une haute idée de la République, laïque, et admirait la République Française.

Il ne croyait pas aux révolutions violentes, façon anarchistes extrêmes, qui massacrèrent les ecclésiastiques, au lendemain du 18 juillet 1936, mais tenta plus de réformes en deux ans qu’il ne fut possible. Il voulut séparer l’Eglise de l’Etat, et redonner ses lettres de noblesse à un enseignement public et laïc,  « dégraisser la mammouth » militaire, mener à bien une réforme agraire, et tant d’autres choses qui auraient pu faire de la toute nouvelle démocratie espagnole une des plus avancées et progressistes d’Europe, par exemple donner le  droit de vote aux femmes, pourtant présumées asservies à l’Eglise et influençables. Ce qui lui manqua le plus, ce fut du temps et aussi un appui loyal des forces coalisées.





Durant les deux premières années de la république, (1931-1933) les coups les plus  rudes lui furent portés par les anarchistes, en particulier lors des émeutes de « Casas Viejas », qui conduisirent au paradoxe que la gauche le taxa de sauvagerie et la droite de faiblesse. On comprend bien sûr que la demande était pressante, mais il passa énormément de temps et d'énergie à déjouer les pièges et les traîtrises dans son propre camp, avec de pseudo révolutionnaires comme Largo Caballero, plus soucieux de compter les adhérents  à son syndicat, la UGT, en compétition révolutionnaire avec la chaotique CNT. Alors l’exécutif du PSOE, plutôt bien tenu par Prieto, finalement très proche de Azana,  voulait collaborer avec ces Républicains, tandis que Largo Caballero utilisait l’énorme force de pression de l’UGT, et que le  Président de cette République, Niceto  Alcala Zamora, de centre droit,  passait son temps à mettre des bâtons dans les roues de la réforme. Il était très catholique et finalement conservateur, opposé pratiquement à toutes les réformes qui touchaient l’Eglise ou la propriété terrienne, car lui-même était un latifundiste et proche de l’Eglise. Largo Caballero était seulement un chef syndicaliste, dont la puissance se comptait en comptant les adhérents. De ce syndicat, il tirait sa  légitimité, y compris contre son parti de tutelle, et son ennemi ou concurrent intime, Indelacio Prieto, très proche intellectuellement de Azana.

Dans ses nombreux moments de fragilité, Azana écrivait combien il aimait la campagne et les montagnes environnantes de Madrid, avec une tendresse particulière pour l’Escorial. Lorsqu’il se fût replié à Barcelone, il dira combien ces environs de Madrid lui manquaient. Mais aussi il aimait les longues  « tertulias », jusque très tard dans la nuit avec ses amis fidèles. Mais surtout il disait et répétait que ce qui lui manquait le plus, c’étaient ses lectures, et surtout l’écriture. Il n’aimait rien tant non plus qu’arpenter les rues de son Madrid, où il sentait vibrer cette âme « castiza » de son Espagne, ou aller au théâtre ou dans les musées.

Ses détracteurs ont  voulu prétendre qu’il était en fait un écrivain frustré, en tous cas dans les « Diarios Completos », il y a des passages qui sont ceux d’un vrai écrivain.

Au-delà de bien d’autres considérations, il me semble que cette lecture fait réfléchir sur deux points essentiels :

-          Malheureusement, la démocratie ne se décrète pas, même par BHL. Azana a voulu ignorer toutes les phases nécessaires de consolidation d’une démocratie, et il fallut 40 ans de franquiste en Espagne pour déboucher sur une vraie démocratie, après la plus ignoble cruelle et insensée guerre fratricide, et bien plus dans les autres pays européens. Et je m’interroge toujours sur ces démocraties du printemps arabe, y compris tunisienne. Car la démocratie émane du peuple et de consciences politiques et culturelles fortes. Allez donc parler de démocratie dans un pays où l’analphabétisme est supérieur à 50 pour cent et où les gens doivent vivre avec bien moins d’un demi euro par mois, comme à Madagascar et où il n’y pas de séparation de l’Eglise et de l’Etat, comme dans les pays islamistes,

-          La gauche n’a jamais su réaliser son unité. C’est ce qui la distingue de la droite, elle-même devant faire face à ses courants, mais qui sait parfaitement faire le dos rond fédérée autour du chef. En plus, elle a toujours estimé que le pouvoir était son dû, alors que la gauche est toujours passée pour  un voleur de poules, et n'a pas en général la culture du chef.

En Espagne, le 18 Juillet 1936, l’émeute des généraux félons avait échoué, pratiquement. En partant dans un processus révolutionnaire, dont tout le monde a voulu minimiser l’ampleur, en massacrant 7000 ecclésiastiques, elle s’est mis à dos, cette gauche, contre l’avis du Kominterm partisan d’une alliance avec les partis modérés ou bourgeois, toute l’opinion publique internationale qui n’en demandait pas tant pour justifier le scandaleux pacte de non intervention. Les autres, finalement ont  fait bien pire mais qui penserait compter les instituteurs massacrés, les professeurs, les petits gouverneurs, les membres des « casas del pueblo », les ouvriers, les paysans et même les quelques curés basques ou les lointains sympathisants. Tout ceci fait évidemment basculer la simple logique arithmétique.


Que chacun en tire les conclusions qu’il souhaite !

mercredi 5 septembre 2012

Pauvres débiles mentaux!


Pauvres débiles mentaux, lie de l’intelligence, qui prétendent détenir la vérité.

Pauvres aspirants dictateurs, lie de la société, moins que rien, futurs bourreaux,

Pauvres extrémistes qui profitent finalement de la tolérante bonhommie d’un milieu qu’il ignorent,,

Pauvres minables ergoteurs de pacotille,

Pauvres animalcules qui ne voient pas plus loin que le cul d’un toro,

Témoins manifestes de la maladie de notre société,

Intolérante, bof, suffisante, absurde, confuse dans ses valeurs,

Allez donc voir, pauvres minus, ailleurs ce qui se passe,

Allez justifier vos émois de fausses vierges,

Tiens, bande de tarés, je lis le journal :

« Coups de fusil à pompe à la sortie des classes », sûrement des aficionados,

« Emmaüs ne veut pas des sous offerts par les aficionados » !

Que faut t -il lire derrière tout cela, pauvres infirmes mentaux !

Et j'aimerais connaître quel type de pressions a subi Emmaus pour dire que "de toutes façons ils auraient refusé". Eux on peut comprendre, ils mesurent la taille des robinets présumés ou des pouvoirs de nuisance. Mais tout de même!

Quelle horreur de chantage! Pauvres minables!

On se souviendra, pauvres truffes que l’argent n’a pas d’odeur y compris pour vous, vous verrez ! On se renseignera aussi!

Et encore moins à l’entrée des urnes.

Répugnant !

jeudi 30 août 2012

Un pays qui coule (4)


les enjeux de Madagascar





Certes, j’aurais dû comprendre que cela n’intéressait que bien peu de monde. De plus nous ne sommes pas épargnés par les problèmes, ici non plus. Ceci dit, comme je l’ai déjà expliqué, c’est une manière de devoir vis-à-vis de mes amis, si oubliés. Et je comprends bien que l’insignifiance de Rajoelina, face à l’appétit insatiable du  golden boy Ravalomanana tout le monde s’en foute.

Tout ceci n’est pas très compréhensible si on n’a pas sillonné le pays et parlé avec ses habitants, mais aussi si on ne témoigne pas d’un attachement réel qui subsiste, de la part d’une partie de la population, vis-à-vis de la France. Qu’on se rassure : l’Eglise protestante a une nouvelle fois assuré de son ralliement à Ravalomanana, seule garantie d’étendre son pouvoir sur l’Ile.  La séparation de l’Eglise et de l’Etat, soit disant inscrite dans la Constitution héritée  de la France a volé en éclats avec Ravalomanana. Chacun pour soi, et que le plus pourri gagne, c’est la règle.

On le sait l’argent irrigue le pouvoir en place, toutes tendances confondues : Ravalomanana voulait tout à sa discrétion et celle de ses affidés, Rajoelina « compose » avec une Haute Autorité de la Transition, disparate où il s’agit de plaire à tous, en ménageant leurs menus intérêts, et une collection de vieux rescapés des régimes précédents, qui en ont vu d’autres et ont toujours les dents longues. «  Encore une connerie » ! Donc, la place est bonne, copieusement arrosée, et, expliquez-moi, qui a intérêt à tarir ces flots de pognon ? La démocratie, c’est mignon mais cela menace mon poste grassement rétribué.  Alors la démocratie, oui sur le papier, pour le reste, allez voir ailleurs et ne nous emmerdez plus!

Mais comment peut-on être dans une telle caricature ?

He bien voilà, ce pays, le 12ème plus pauvre du monde est d’une richesse invraisemblable. Voilà la vérité. Et les frictions entre Ravalomanana et la France, ne peuvent s’entendre par le seul prisme de la francophobie du golden boy, mais aussi une sourde bataille avec en première ligne les Etats Unis, de plus en plus dépendants pour leur approvisionnement  en pétrole de l’Afrique en général. Mais il ne faut pas non plus oublier l’importance stratégique du canal du Mozambique, et la position de Madagascar, ouverte vers l’Asie et en contact immédiat avec l’Afrique orientale.

De puissants intérêts économico- stratégiques sont en jeu, dont ceux de Total, non seulement sur l’Ile mais aussi, nous y reviendrons pour la maîtrise des gisements  dans le détroit du Mozambique. D’autres puissantes sociétés sont très implantées et historiquement sur l’Ile, telle Colas (filiale de Bouygues ) qui eut un temps la main mise sur tout le BTP et les constructions de routes à Madagascar. Monopole que Ravalomanana a cherché à faire sauter au bénéfice, en particulier des chinois. Mais aussi Orange. On a vu que Bolloré, plus récent avait eu quelques déboires à Tamatave, mais reste présent dans le domaine des transports. D’autres, à part évidemment  Colas et indirectement Orange, via France Telecom,  sont des entreprises dont la présence remonte souvent à la colonialisation et qui se sont maintenues, contre vents et marées quels que soient les régimes. C’est dire qu’elles connaissent la musique, les paroles, la gestuelle  et l’art de surnager, en répartissant les œufs dans les différents  paniers. Elles sont d’ailleurs pour le moins discrètes et savent parfaitement, lorsque c’est nécessaire faire le dos rond, en cas de gros temps. Fluctuat nec mergitur ou  « Mora, Mora » !

Voilà donc, tout s’achète, les juges, les avocats, les policiers, les geôliers, les militaires, le moindre fonctionnaire, les professeurs. Sans parler évidemment, des politiques qui viennent en première file. Tout. Jusqu’ici, cela prêtait à sourire, maintenant c’est systématique et systémier. Les taxis brousse se font racketter sur les routes par les policiers ou les militaires en faction aux points de contrôle, il ne faut plus circuler la nuit, les voleurs de zébus terrorisent les villages et les policiers,  armés de kalachnikovs, qu’ils sont, les bandes dans certaines villes volent et attaquent ouvertement. Par exemple les fameux « foroches » de Diego Suarez, qui s’en prenaient de préférence aux étrangers imprudents. Hé bien, la police locale ne pouvait rien, car bien souvent, un des proches des policiers était impliqué dans le trafic. Il fallut envoyer les supers  flics  de Tana pour progresser. Et quand on connait l’antipathie des gens de Diego, vis-à-vis des Merinas, et réciproquement, on se dit qu’on n’aura pas fait dans la dentelle.

« Mon pays, mon pauvre pays » disait Mamy, les larmes aux yeux l’an dernier. Aujourd’hui, il cherche la protection du Pasteur et de l’Eglise, à se fondre avec sa femme et son enfant dans une communauté forte, qui le protègera. Bien sûr, il ne faut pas non plus « délirer », mais un minimum de prudence est requis, et surtout être toujours accompagné d’un guide de qualité, en qui vous avez toute confiance, et surtout, avec lui, éviter les provocations ou les fautes de goût ou les erreurs grossières. En tous cas depuis 6 ans que nous y allons chaque été, et dans des secteurs géographiques différents, est, sud-ouest, nord-ouest, sud-est, nord, centre, nous avons bien remarqué une évolution, dans le sens de l’aggravation de cette insécurité. Donc en priorité bien se renseigner sur les us et coutumes. Et ce pays reste totalement incroyablement beau et fascinant. De plus, on peut aussi se faire détrousser dans le métro ou se faire arracher son sac dans la rue en France ou dans certains quartiers dits chauds, est-il vraiment besoin de le préciser !

Maintenant bonnes gens, attachez vos ceintures. Essayons de faire un inventaire des seules ressources minières largement inexploitées de la Grande Ile. Attendez-vous à quelques légères surprises. Passons très rapidement sur l’agriculture, où moins de 10 pour cent des ressources agricoles, c’est-à-dire terres cultivables, sont exploitées. Cela donne évidemment des idées aux pays qui, riches en dollars mais pauvres en ressources agricoles, tentent de s’approprier des terres. Cela n’a pas marché pour Daewoo, alors que la chose se pratique assez couramment en Afrique. Pour faire bref, disons que Madagascar pourrait et devrait être très largement auto suffisant au point de vue alimentaire. Passons pudiquement sur les pierres précieuses ou semi précieuses. Madagascar serait le premier producteur mondial de saphir avec 4o% de la production mondiale. Officiellement la production d’or s’élèverait à quelques dizaines de kilogrammes alors que la production annuelle réelle est estimée à près de 10 tonnes, et pourrait très largement être accrue.  Cette collecte d’or est basée, aujourd’hui, sur des petits orpailleurs, qui vendent leur maigre récolte à des collecteurs plus ou moins indépendants, qui évidemment les exploitent. Depuis peu, le Commerce de l’Or passerait sous contrôle de la Banque de Madagascar ! « wait and see ! » ou  « Encore une connerie ! ». Ne parlons donc pas des rubis, peut-être des diamants. Il suffit de gratter, on trouve quelque chose ! Ce que font les miséreux en quête d’or, de saphir ou de rubis.

Maintenant, les ressources minières : pour commencer le pétrole dont la présence à Madagascar ne fait aucun doute et en quantités qui sont tenues pour confidentielles. Total a fini par bloquer le site de Bemolanga et attend que le baril monte probablement ? A priori l’exploitation des sables bitumineux serait suspendue pour diverses raisons, mais on procéderait à des sondages en profondeur plus prometteurs.

Les chinois auraient aussi du pétrole et ce n’est pas moins de 23 plaques y compris offshore qui sont explorées. Le véritable enjeu pourrait être ou plutôt est le Détroit du Mozambique très riche en pétrole et en gaz naturel. Via Mayotte, département français, depuis peu et les iles Eparses, Europa, Juan de Nova, Bassa de Nova et les Glorieuses, Tromelin contestées par Madagascar, via les zones de 200 miles d’exclusivité d’exploitation, ZEE, ce serait pas moins de 70% du détroit du Mozambique que la France contrôlerait. Bien sûr Total regarde tout cela avec intérêt. En tous cas pas moins d’une douzaine d’entreprises de différentes nationalités effectuent de la prospection pétrolière à Madagascar. Officiellement la France a tenté de persuader son opinion, que son attachement se justifiait par le désir de sauvegarder le patrimoine flaure et faune inestimables de ces cailloux.

Avec le pétrole, les pierres et l’or, dont la production pourrait être rationnalisée et en tous cas, ne pas échapper à tout contrôle, comme c’est le cas aujourd’hui pour les pierres et l’or, deux ressources existent en abondance : l’Ilménite ou le sable noir et  le tandem nickel-cobalt.

 Actuellement c’est le groupe canadien Rio Tinto qui a investi pour un montant de 950 millions d’euros, pour le site d’extraction d’ilménite,  un port en pleine eau et sa centrale électrique. Le minerai brut est exporté via ce port vers le complexe industriel de Sorel au Quebec. Lorsqu’un dirigeant de Rio Tinto parle des retombées pour Madagascar il parle du port et de trois navires de croisière qui passent par là. Fort dauphin est toujours totalement isolé, il faut 3 jours pour faire la route/piste entre  FORT  DAUPHIN et TANA, et franchement on voit mal ce qu’un bateau en goguette pour l’après midi peut avoir à faire à Fort Dauphin ! En tous cas sur ce site, la production d’ilménite devrait représenter  750 000tonnes/an soit 10% de la production mondiale, et de plus le site devrait pouvoir produire 60 000 tonnes/an de zirsill. Dans la zone de Fort Dauphin, contrôlée donc par Rio Tinto, il existe 3 zones de forte concentration en ilménite, promettant une exploitation au moins sur 50 ans.

D’autres gisements d’ilménite  sont en cours d’exploitation par les chinois sur la côte est, au nord de Tamatave, dans la région de Fenerive. Un appel d’offres est en cours pour attribuer d’autres gisements d’ilménite plus au nord de Tamatave. Au nord de Tulear un immense projet sud-africain aurait été  bloqué pour des raisons environnementales, il prévoyait  500 000 tonnes/an.  Il semble, aux dernières nouvelles que cela se soit débloqué !

Pour le nickel-cobalt, Sherritt a en route un investissement de 4,5 Milliards de dollars US pour l’extraction à Ambatovy et le traitement chimique du cobalt et du nickel à Tamatave. Ce site devrait atteindre 5600 tonnes de cobalt/an soit 10% de la production mondiale et 60 000 tonnes /an de nickel, soit 5 % de la production mondiale. Les deux sites étant reliés par un pipeline de 220 km. Il a aussi fallu produire l’électricité, rénover le port de Tamatave qui a étéc déclarée « capitale économique ».

D’autres projets pourraient être extrêmement intéressants, comme l’exploitation du charbon dans la région de Sakoa. Ce sont deux entreprises thaïlandaises qui sont sur le coup. Il s’agit d’un enjeu réellement stratégique pour Madagascar.

Les chinois de WISCO exploitent les gisements de fer très importants, au Sud de Majunga, à Soalala. Comme presque toujours, il faudra construire ou aménager un terminal portuaire, produire l’électricité par une centrale thermique.

Toujours dans la région de Fort Dauphin, et sous la juridiction de Rio Tinto toujours. Il sera possible de produire  4 % de la production mondiale d’alumine. Faute d’énergie, la transformation ne pourra pas s’effectuer sur place et le minerai sera transporté via le nouveau port d’Ehoala.

Enfin, toujours dans la région de Fort Dauphin, une quinzaine d‘entreprises ont effectué des recherches avec des résultats plutôt prometteurs dans le domaine de l’uranium.

 

Et comme il y a tout de même une justice, c’est très souvent l’entreprise Colas qui effectue les très importants travaux associés à ces réalisations.

Fin

jeudi 23 août 2012

Un pays qui coule (3)


l’irrésistible ascension d’un DJ




Le sémillant Andry Rajoelina est né en 1975. D’une famille d’origine noble mais chose étonnante à Madagascar plutôt impécunieuse. On sait en effet que les trois piliers du pouvoir sont ici, la noblesse, l’église et l’armée. Le  père de Rajoelina servit dans l’armée française. Ceci lui valut de disposer de la double nationalité franco malgache. Ses parents et sa sœur résidaient en France. Alors lui, il allait se partager entre la France et Madagascar.

 

Il fit des études médiocres qui ne l’amenèrent pas pratiquement au-delà du niveau de bac. De plus, multipliant les petits boulots, il fut célèbre en tant que DJ  animant les soirées chaudes de la « jet set » malgache et autres,  en particulier dans la boite de l’ex Hilton, actuellement Carlton à Tana. On dira que cette image lui colle un peu à la peau.

 


Comme les malgaches raffolent de presse à scandale, il court un certain de nombre d’anecdotes sur Andry, en particulier, dans sa jeunesse, une liaison très avancée avec Sarah Ravalomanana, fille unique du déjà fort riche, quoique non engagé en politique, au moins officiellement, futur Président déchu, qui aurait tout fait pour casser cette liaison qu’il jugeait inopportune, Rajoelina n’ayant aucune fortune et de plus étant normalement catholique. Si comme ce n’est pas improbable il y a un fond de vérité, il est certain que ce ne serait pas de nature à aller dans le sens de l’entente cordiale. Cette histoire somme toute assez banale aurait d’autres prolongements que je m’abstiens d’évoquer, et on reconnaît bien ici le génie des malgaches pour partir dans d’incroyables digressions, dans une démarche certes imaginative mais qui  n’a rien « d’historique.

C’est donc à Paris qu’il rencontra son épouse Mialy Razakandisa, ravissante par ailleurs, fille de famille richissime, avec en particulier une belle-mère redoutable en affaires. Il ne faut pas trop le dire mais madame Rajoelina, par ailleurs très active dans le « charity business », ne déteste pas passer régulièrement ses week end à l’Ile Maurice dans sa très select résidence, je dis très select, car il s’agit d’un machin horriblement cher et très jet set. Tout ceci nous éloigne un peu de ce peuple martyr. Bon, j’ai entendu de bien vilaines langues suggérer que le jeune Rajoelina, par ailleurs impécunieux, avait une attirance particulière pour les riches héritières.

En tous cas ce fut le point de départ d’une trajectoire hyper rapide, avec la création d’une société Inkjet dans le domaine de l’affichage publicitaire, société à laquelle allait s’adosser une société bien plus puissante de Madame Belle Maman, Nicole Razakandisa, société, la Domapub  dont il devient actionnaire et qu'il rachètera par la suite. Injet/Domapub détient alors le monopole de l'affichage publicitaire à Antananarivo.

 



En 2007, il rachète pour 400 millions de MGA (environ 150,000 €),  la radio et chaîne de télévision Ravinala, propriété de l'homme politique Norbert Ratsirahonana qu'il rebaptise Viva.

 

 Ravalomana vint au pouvoir, j’ai failli écrire, fut élu. Les élections lui donnaient une minorité – soit moins de 50% des voix- mais plus que Ratsiraka, mais insuffisante pour l’amener au pouvoir au premier tour. Il décréta avec quelques militaires et l’Eglise protestante  qu’il était vainqueur. La Haute Cour Constitutionnelle, toujours prête à aider le plus fort, entérina cette curiosité. Nous verrons qu’elle fera aussi bien pour Rajoelina .

Car enfin, si on commence à supposer la fraude électorale, on n’en finit plus, et mieux vaut donner raison au plus fort, d’autant qu’il faudrait chercher celui qui pouvait acheter le plus de voix. Bref, ce sont ces régimes qui veulent se donner des airs de démocraties, avec des institutions héritées de la France, mais totalement déviées de leur mission. Ça a l’apparence de la démocratie, car le peuple est censé voter, mais c’est autre chose. Il arriva donc au pouvoir, laissant au passage une centaine de morts sur le carreau. Ratsiraka préféra se retirer en France, où il vit un exil doré, certainement avec les économies réalisées durant ses années de règne. Bref en 2002 Ravalomanana s’est autoproclamé Président de la République Malgache, avec la bénédiction du Président de la HCC.

Et puis aussi, dans un pays où l’analphabétisme ne cesse de progresser, pour être supérieur à 50%, je voudrais qu’on m’explique le sens que peut avoir une démocratie, quand, avec un tee  shirt ou un petit billet, on peut faire voter n’importe qui, de même avec les diatribes des prédicateurs, pasteurs, gourous et autres imposteurs. Et si cela ne suffisait pas, quelle crédibilité apporter aux comptages de voix ?


Et figurez-vous que notre DJ fut élu maire de Tana en 2007, soit à  33 ans, pas mal non ? Comme ça, sur son charisme, sa valeur entrepreneuriale,  avec sa radio, sa société d’affichage, mais aussi belle maman. Bref, dans ce pays de cocagne pour le fric, rien n’est impossible et notre Handry arracha la mairie de Tana, qui est un tremplin quasi  obligatoire pour un merina. Ravalomanana avait prévu d’y placer un homme à lui, mais il fut battu. Connaissant Madagascar, on devine que tout ceci ne fut pas simple, ni gratuit, ni d’un côté ni de l’autre. Pour l’occasion il monta un parti politique, le TGV,  «  Tanora malaGasy Vonona »  (traduction : « Jeunes Malgaches prêts »), qui se déclarait franchement en opposition à Ravalomanana . Ce n’est pas non plus gratuit !

Ceci dit, la même année, Ravalomanana était réélu sans discussion possible à la Présidence de la République. Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne fit rien pour favoriser le travail de Rajoelina à Tana, coupant les subsides de l’Etat, tandis que la Jirama elle, coupait fréquemment l’électricité pour une histoire d’ardoise laissée par les précédentes mairies, et contestant son monopole des panneaux d’affichage. De plus de fréquents conflits les opposaient avec la chaîne Viva. Tout ceci tourna en eau de boudin, avec l’histoire entre autres des coréens de Daewoo et Ait Force 2 en 2009, Rajoelina ayant pris la tête de l’insurrection politique. Il s’en suivit des émeutes sérieuses, et Ravalomanana dut négocier son exil non sans avoir fait tirer une dernière fois sur la foule, faisant une trentaine de mort, à cette occasion. Il avait prévu de donner les cles de Madagascar à une Junte militaire, qui elle remit le pouvoir pour la transition à Rajoelina. A 35 ans donc.

Depuis, durant 3 ans, d’une part Ravalomanana fait tout pour revenir, entretenant sur place une opposition très active depuis son exil en Afrique du Sud, la Haute Autorité de Transition que Préside Rajoelina, avec l’aval de la Haute Cour Constitutionnelle, Haute Autorité qui regroupe une collection de « ministres » de toutes tendances jusqu’à assez récemment les partisans du Président déchu, ,n’est pas parvenue à organiser des élections, est régulièrement menacée de se voir couper les vivres, ce qui fait le bonheur des généreux chinois qui visent le Pétrole et les métaux, mais également doit composer avec les américains très pro Ravalomanana.


Il n’est pas exclu que Rajoelina n’ait pas la moindre compétence pour un tel poste, et les « investisseurs » s’en donnent à cœur joie, consolidant un neo colonialisme étouffant pour le peuple. Au début l’Elysée par la voix de Nicolas Sarkozy a fait remarquer que Rajoelina avait pris le pouvoir par un coup de force ce à quoi les malgaches répondent qu’il a été validé par la Haute Cour et que Ravalomanana avait fait de même. Ceci dit aussi, les attaques de Ravalomanana contre la francophonie, faisaient craindre pour les intérêts français encore puissants là-bas, et agaçaient souverainement les français. Donc depuis, comme toujours, une attitude très France Afrique a été observée. D'un côté une certaine forme de « reconnaissance » de Rajoelina, même si elle est mesurée et assujettie à un certain nombre de concessions, en particulier pétrolières mais pas seulement, en plus en contre chant, on susurre qu’une sortie possible serait le "ni ni", c’est à dire ni Rajoelina ni Ravalomanana, aux prochaines élections, lequel  Ravalomanana est totalement opposé à cette éventualité et, depuis son exil doré vient de se faire incroyablement réélire Vice-Président de l’Eglise FJKM. Pas mal pour un homme condamné par la justice de son pays à la prison à vie par contumace.

Je reproduis ici un article paru sur  Sobika pour info :

 

Test grandeur nature

 

 

Les élections pour le renouvellement des membres du bureau au sein de l’Eglise réformée Fjkm n’auront pas été une promenade de santé pour les deux candidats à leur propre succession, à savoir les Présidents et Vice-président sortants, respectivement Lala Rasendrahasina et Marc Ravalomanana. S’il est vrai que, dans d’autres domaines, notamment celui politique, plus les résultats des scrutins sont serrés, plus les consultations peuvent être qualifiés de démocratiques, le fait se prête à des interprétations beaucoup plus inquiétantes non seulement pour les vainqueurs mais aussi et surtout pour l’organisation concernée, en particulier dans les circonstances actuelles. Car sans aller jusqu’à dire qu’il fallait s’attendre à un plébiscite, force est de constater que les résultats réalisés par les deux candidats suscités n’ont pas été à la mesure des intenses actions de lobbying en leur faveur qui ont précédé les opérations de vote.

 

Ceci, sans parler des autres arguments plus que percutants  -  pour ne pas dire sonnantes et trébuchantes  -   qui, on le devine, auraient pu accompagner les propagandes. Dans tous les cas, au vu de ces victoires dans un mouchoir de poche, le moins qu’on puisse dire est que, dans des conditions « normales », les deux favoris auraient sûrement été proprement terrassés par leurs adversaires aux moyens beaucoup plus modestes..

Au-delà, pour beaucoup, ces scores presque de parité des élections à la tête de la Fjkm, bien même qu’ils soient plus ou moins tronqués, ne peuvent que refléter la division en son sein et sans qu’il soit besoin de le souligner, il est clair qu’elle puise ses origines, en grande partie, dans la crise qui affecte le pays actuellement. Pour moitié en effet, ce vote sanction signifie un désaveu à l’égard de ceux qui ne se sont pas privés de mélanger le spirituel avec la chose politique, voire d’instrumentaliser le premier au profit de la seconde. Pour moitié, il s’agit d’un désaccord manifesté à l’égard de ceux qui se sont révélés être à l’opposé de ce qu’ils étaient censés être, c’est-à-dire des directeurs de conscience.

Quoi qu’il en soit, en ce qui concerne particulièrement Marc Ravalomanana, beaucoup estiment que, si ces élections s’étaient tenues au suffrage universel direct, elles auraient pu servir de test grandeur nature pour sa popularité actuelle, du moins au niveau de la communauté protestante. Et si déjà, sur ce qu’on aurait pu considérer comme étant son « terrain de prédilection », il apparaît que l’homme avait tout le mal du monde à obtenir une confortable majorité, qu’en sera-t-il dans la prochaine course à la magistrature suprême du pays auquel il compte s’aligner et où l’électorat sera beaucoup plus large, pour englober notamment  -  et pour ne citer qu’eux  -  les croyants de la très puissante Eglise catholique que l’ex-Président, nul ne l’ignore, n’avait absolument pas en odeur de sainteté tout au long de son quinquennat et demi ?

 

En attendant, vu de l’extérieur, la corruption s’amplifie de façon dramatique, la misère aussi, avec l’insécurité. Et le pays coule, sans véritable gouvernement, à la merci de toutes les spéculations ! A tel point que je connais des gens très modèrés qui pensent que pour sortir de ce marasme il faudrait une junte militaire "probe" qui organiserait les élections! C'est dire si ça va mal!

 

A suivre : les enjeux de Madagascar