Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

lundi 21 mars 2011

Je ne sais pas, j'espère!

Ce qui m'arrive n'est pas confortable. Je ne sais pas, je doute, je m'interroge, inondé comme tout le monde d'images. Tiens ce pompier japonais, de ceux qui sacrifient leur vie, les larmes aux yeux qui nous dit qu'il faut protéger la patrie. Au sacrifice de sa vie, et je n'ai aucune envie de remuer les poncifs habituels japonisants, les russes en ont fait autant, simplement faire le sacrifice de sa vie n'a rien de réjouissant, pas même pour les suicidaires. Tiens les glorieux Dassault en plein ciel libyen. Comment peut t'on se laisser emmerder en banlieue ?

Mathilde me dit, « mais c'est la guerre papa ? » je lui dis « oui, nous faisons la guerre », « pourquoi ? » me demande t'elle. Je n'ai pas répondu. « tu ne sais pas ? ». Elle insiste. En maths je sais, en espagnol plus qu'elle, en français ça va, en anglais je lutte, en physique je me balade, en techno c'est une promenade de santé, en SVT, je m'accroche, en histoire et géo elle est très bonne, tout comme lorsqu'il s'agit de mettre le français en phrases.

En Libye, je ne sais pas, à la différence de tout le monde politique français, d'un coup épris de moralité planétaire, et surtout soucieux de ne pas se laisser déborder, si près des élections. « Mais c'est loin », me dit t'elle. « 2000 à 3000 kms » ai je répondu. « ah ! » ? Quand elle réfléchit fortement, sa tête se fripe comme un pruneau. «  C'est aussi loin que Madagascar ? ». « Non, c'est bien moins loin ». « Alors c'est tout près ». « Oui ». Ça l'inquiète tout de même, la guerre.

En vérité je ne sais pas. Je n'ai aucune sympathie pour Kadhafi. J'espère , bien sûr que le « peuple » libyen va accéder à la démocratie. Par sa seule volonté. J'espère que les services de renseignements de tous bords se sont bien synchronisés et que Kadhafi n'est qu'un tigre sanguinaire de papier. J'espère que les pays arabes, autres que le Qatar et quelques émirats, soutiendront l'initiative. J'espère qu'on ne va pas se retrouver seuls. J'espère que les desseins de tout le monde sont vraiment purs. J'espère qu'on ne s'engluera pas dans les sables là bas.

Puisque cette décision fait l'unanimité, ici en France, j'ai tort certainement y compris de douter. Donc, je ne sais pas. J'espère qu'il n'y a pas derrière cela d'autres calculs, moins glorieux. J'espère que ce qui pourrait être un coup de poker se révélera judicieux, c'est à dire, encore une fois suffisamment bien préparé et analysé. J'espère que cela se terminera au plus vite.

Disant cela, je redoute aussi que Kadhafi qui n'a plus rien à perdre s'obstine dans son jusqu’au-boutisme et retourne l'opinion arabe, déjà vacillante, car après tout, il est chez lui.

Donc, que faire d'autre que s'en remettre à ceux qui savent, dans ce pays où plus de 50% pour cent des gens s'abstiennent, dans des élections qui conditionnent, via les départements, des gestions de la vie quotidienne. Pour tout dire, ceci m'inquiète aussi beaucoup.

vendredi 18 mars 2011

Japon vu par mon ami Xavier.

C'est avec bonheur que je "publie" à sa demande, ce texte de Xavier Klein.

Le Japon est un pays de contraste, c’est un lieu commun.
Montagnes/plaines côtières.
Île d’Hokkaïdo au climat nordique/îles Ryukyu au climat subtropical (on navigue entre Québec et Cuba).
Hyper-modernité/tradition.
Hyper-industrie/culte de la nature, etc., etc.
Il est difficile de trouver lieu où l’organisation sociale et la culture se soient plus adaptées aux conditions géographiques et économiques que sur le sol nippon.
Ce pays est réellement et indiscutablement fascinant pour qui se donne la peine de le connaître et de s’y rendre.
J’avance cela sur le blog «chulien», que l’on sait parcouru de cette ouverture à "l’autre".
Malheureusement, ce n’est guère une destination touristique courue, ne serait-ce que pour des raisons économiques : la vie y est chère pour celui qui veut «touristiser» à l’occidentale.
Des raisons pas seulement économiques: à Kyoto on gèle l’hiver et l’on étouffe l’été, saison des pluies, ce qui colle assez mal avec les migrations estivales françaises.
Le français moyen préfère les destinations «à prix cassés», le soleil, le clubmed franchouillard, propice au libertinage (Bienvenue à Galaswinda, darla dirladada, ya du soleil et des nanas…), l’exploitation satisfaite du boy-indigène enfin remis à sa vraie et rassurante place: inférieure.
La chose est évidemment inenvisageable au Japon, où l’on devrait sur de multiples points plutôt prendre quelques leçons de «savoir vivre ensemble».
Le japonais ne se laisse pas faire, il n’est ni malléable, ni inféodé, il a surtout conscience de sa DIGNITE.
Gênant n’est-ce pas pour le surhomme occidental bien rosé.

J’ai voyagé deux fois au Japon, et je ne rêve que d’y repartir.
Je dis voyagé et non «touristisé».
A chaque fois, j’ai découvert ce pays en compagnie d’amis japonais, hors toute structure touristique. J’ai dormi dans les temples zen, les dojos d’arts martiaux, les ryokans (auberges traditionnelles), ou sur les tatamis de maisons amies d’une hospitalité sans pareille. On raconte l’histoire de ce samouraï d’une grande pauvreté qui sacrifia son unique bonsaï pour réchauffer l’humble moine qu’il abritait.

C’est un peuple réellement très difficile à comprendre, parce qu’il est réservé et secret et vit selon des codes complètement différents des nôtres.
Vivant pendant cinq avec mes amis Nohara, il m’en a fallu trois pour prendre conscience que le mot NON n’existe pas pour un japonais, et que s’il existe, il n’est jamais prononcé.
On dit «Peut-être» ou «C’est difficile»… Il faut comprendre entre les mots.
Cela ne relève en rien de la duplicité, mais plutôt d’un code fondé sur le RESPECT de l’autre, que l’on ne doit ni offenser, ni soumettre à la honte.
C’est subtil et délicat, dicté par des siècles d’une vie communautaire intense, imprégnée de confusianisme, de bouddhisme et de shintoisme.
Car les japonais ne sont pas devenus «comme cela» par hasard. C’est la résultante d’une adaptation vitale à leur environnement.
Vivre nombreux sur un espace d’autant plus réduit qu’il est essentiellement montagneux impose des contraintes, entre autres celles d’une société hyper hiérarchisée et disciplinée.
Les ressources agricoles locales ne permettent pas, et de beaucoup, d’alimenter les 127 millions de japonais. Ils sont condamnés à importer et acheter de la nourriture, donc à exporter et vendre d’autres biens pour simplement SURVIVRE.
Cet impératif VITAL a dicté une politique expansionniste et colonialiste de la fin du XIXème siècle (annexion de la Corée en 1910) à la capitulation de 1945. L’attaque sur Pearl Harbour de 1941 est d’ailleurs une réplique à la politique d’étranglement économique et d’embargo menée par les USA de Roosevelt.
Cet impératif VITAL les a également conduits à développer des capacités d’adaptation hors du commun. Ainsi de 1868 à 1895 (guerre de Chine), les réformes de l’empereur Meiji font passer le Japon du Moyen-Âge et de la jonque, à l’ère industrielle et au dreadnought (cuirassé de ligne). En 1854, par la canonnière, le commodore US Peary, humilie le Japon. En 1905, dans le détroit de Tsushima, la flotte impériale japonaise anéantit la flotte impériale russe.
Depuis la dernière guerre, le Japon a renoncé à l’impérialisme militaire, lui préférant un impérialisme économique qui l’a porté au rang de troisième puissance économique mondiale, sans ressources agricoles, sans sources d’énergie, sans matières premières: ADAPTATION.
Voilà donc un pays complexe, paradoxal, secret, pudique et fier, difficile à cerner, soumis à l’épreuve terrible d’un séisme et d’un tsunami de dimensions exceptionnelles.

Nous suivons à la télévision, en famille, des évènements qui nous meurtrissent, parce qu’ils nous renvoient à un peuple que nous connaissons, à des amis que nous choyons. Dans le même temps, on peut lire ou entendre sur le net et dans la lucarne magique des propos scandaleux.
Hier soir, une soirée était consacrée au Japon sur Envoyé Spécial (Antenne 2). Elle m’a presque autant donné la nausée que la lecture de Marc Delon, que décidément je ne comprends plus.
On y voyait un reportage sur les pompiers français envoyés en renfort: extraordinaire! Le sujet n’est plus l’action nécessaire de sauvetage, les malheureux concernés, mais se centre sur nos braves pioupious, sauveurs des pauvres nippons.
Tout est ravagé, mais la caméra filme des quasi-touristes humanitaires qui batifolent dans les ruines, ne paraissant nullement pressés par l’urgence, se répandant en explications complexes sur les tenants et aboutissants de leur action.
On se fait de la pub sur le malheur d’autrui.
Qu’on communique certes, mais pas sur un tas de cadavres, c’est indécent!
A coté de cela, on ne peut-être que frappé par le RESPECT des sauveteurs japonais quand ils déterrent une dépouille: un recueillement et un sens du sacré dont on devrait s’inspirer! De même que ces gens, cette femme que l’on confronte aux corps de toute sa famille: nul éclat, nul hurlement, des larmes discrètes qui pointent pudiquement, puis on joint les mains, on se recueille et on prie.

On y entendait aussi le commentaire presque indigné du journaliste étonné qu’on lui limite l’entrée du gymnase où il aurait pu jouir et repaître son public du spectacle de la détresse des réfugiés. L’entrée du zoo exotique demeurait interdite.
Ne sait-on plus le sens du mot DIGNITE, du refus compréhensible d’être donné en spectacle?
Il y a des mots, il y a des images qui vous donnent envie de tuer, d’anéantir tant de commis voyageurs de l’impudeur, de l’insensibilité, de l’indécence.

J’ai mal au Japon, j’ai mal à ces frères en humanité, tellement différents et tellement proches. Tellement meurtris.
J’ai mal, incroyablement mal à ces «liquidateurs» qui sacrifient consciemment leur vie pour refroidir la fournaise, comme avant eux leurs frères russes l’avaient fait à Tchernobyl.
Et j’ai mal à ma France, à mes frères en humanité devenus imperméables à une souffrance qui n’est devenue qu’un spectacle qui augmente les audiences, ou pire un objet de dérision.
Il paraît qu’on ne donne guère pour le désastre japonais: ils sont riches, et abondamment dotés de stock de citrate de bétaïne, les «hépatiques»…
J’ai mal et j’ai honte à ma France … la honte: un sentiment très universel mais en voie de disparition.
Bienvenue à Fukushima, darla dirladada, ya du radium et des geishas…
Xavier KLEIN

jeudi 17 mars 2011

Un clic et hop!

Internet est un outil fabuleux. Une question, un clic et hop ! On sait tout !

Cela me fait penser à Mathilde qui a un vrai problème avec les maths et me dit assez souvent, « le calcul ça ne sert à rien, car il y a les calculettes ». Logique imparable.

Jusqu'alors, je ne m'étais jamais vraiment préoccupé ni des centrales nucléaires en général ni de celles du Japon. Quelques clics et hop ! Je sais presque tout des technologies, des circuits de refroidissement, des centrales nucléaires japonaises, presque toutes en bord de mer, et réparties sur les cotes Ouest et Est. A lire de vrais spécialistes, il y en a, mais il faut chercher, il semble que si on excepte la culture du danger sismique chez les japonais qui vivent avec, il soit étonnant qu'on n'ait pas prévu de surélever plus ces centrales ou de les placer sur des points plus hauts, par exemple 30 à 40 mètres au dessus du niveau de la mer. Mais ceci probablement posait d'autres problèmes de pompage d'eau et surtout de coût. Il est évident toutefois qu 'on a dû penser à un risque mesuré, peut être, en termes de probabilités une vague moins haute ou moins rapide, même si, il semble aussi que les bâtiments aient correctement résisté au séisme lui même, hors tsunami, ceci restant toutefois sous réserve d'expertise. Il semble encore une fois qu'une vague de 10 mètres de haut est certes plutôt importante pour un tsunami mais reste dans une certaine «  normalité », et de ce fait, toujours dans l'hypothèse d'un tsunami qui suppose un séisme d'une forte intensité, n'a rien "d'improbable". Je ne fais que répéter ce que je lis.

De plus, par expérience, il faut bien que j'en aie une petite, je sais pertinemment que le risque zéro n'existe pas, c'est à dire par exemple pour des systèmes informatiques complexes, on peut doubler, tripler les équipements ou les logiciels, voire les quintupler et plus, nul ne peut garantir que tous ne tomberont JAMAIS en panne en même temps, même si c'est chaque fois de plus en plus infiniment peu probable, et que je n'aie jamais eu à y faire face. Dans un ordre de grandeur moindre, il y en a bien qui gagnent au LOTO. Il faut donc pondérer les critères de coûts avec une « qualité de service » acceptable donnée, selon le service commercial qui est rendu. Je veux dire qu'on diminue toujours une probabilité, et que plus on s'approche du « négligeable » plus cela coûte exponentiellement cher, le zéro étant IMPOSSIBLE. C'est presque métaphysique, car alors, pour la décision de la catastrophe, il faut s'en remettre à une autre puissance et nous remet en place sur nos prétentions à dominer le savoir, la nature ou la matière.

Le tout est d'évaluer une limite acceptable de dysfonctionnement. AREVA explique, pas folle la guêpe, que si effectivement ses nouvelles centrales sont chères, c'est précisément parce qu'elles sont plus sûres. Bien joué ! Peut être vrai, c'est ce que me dit un ami, expert de la chose, que j'ai joint par téléphone. Ici, pourtant, il me semble qu'on était sur un problème plus basique d'exposition aux catastrophes naturelles, plutôt fréquentes au Japon. C'est aussi son avis.

Avant, il aurait fallu pour consolider tout cela consulter des livres en bibliothèque ou en acheter mais aussi les lire. Là vous avez un « digest » immédiat. De l'information brute, parfois approfondie, car contradictoire, à condition de ne pas s'arrêter au premier lien. Là est bien le problème.

Ainsi les experts sur un sujet peuvent pester car ils ne retrouvent pas exactement les mêmes conclusions que celles auxquelles leur travail ou réflexion les a conduits, d'autres en profitent pour s'informer sur le sujet en question et décider ou non de l'approfondir par des moyens plus traditionnels, d'autres enfin, doivent bien s'arrêter au premier message qui leur plaît, et en faire une certitude.

On imagine les ravages que peut faire, sur une société, en inventant une anti-culture, la dernière catégorie, s'il s’avère qu'elle constitue le gros de l'armée « virtuelle ». On passe de l'inoffensif car restreint, en diffusion, « On m'a dit que », qui fait plutôt rire, au meurtrier et planétaire « Je sais ». Sachant aussi que l'absence de doute est avec la fatuité le signe non équivoque de la connerie. Si nous appliquons ce concept à la rumeur, par exemple, la bonne vieille rumeur dégueulasse pouvait causer des dégâts sérieux, mais imaginons, une rumeur planétaire. Idem évidemment pour la propagande.

Dans les années 70 à 80 surtout quand se jouaient les enjeux du choix, le principal reproche qui, à juste titre était fait à la technologie IP par rapport à sa technologie concurrente X25, était son absence totale de sécurité. Par contre la CIA d'emblée et d'autres du même tabac un peu plus tard, avaient très vite compris tout l’intérêt qu’il pouvait y avoir à des technologies « ouvertes », puisque quiconque s'en donnait la peine, pouvait accéder à l'ensemble des informations en circulation. Mais également, pouvait injecter de façon pratiquement anonyme de l'information, et aussi accéder de façon plus aisée aux cœur des systèmes sensibles.

Il y a certes des effets positifs liés au fait qu'il est moins facile de faire ses saloperies en vase clos, c'est à dire qu'immédiatement, le monde entier peut être informé, d'autres plus limites, comme qui contrôle l'information qui est mise en ligne. On se retrouve avec un formidable outil d'information et de désinformation.

J'imagine, par ailleurs, assez souvent la tentation mythomaniaque de s'approprier un sujet, ou des anecdotes, ou des citations pour briller en société ou sur le net. Ce pourrait être un formidable sujet de roman que d'imaginer quelqu'un qui « s'invente » ou magnifie une vie, des prouesses sportives ou amoureuses, des rencontres, des amitiés, des savoirs par cette simple appropriation « virtuelle ». On choisira de préférence en référence des ex vivants qui ne pourront pas apporter de contradiction. Les possibilités sont évidemment infinies et ça peut faire illusion voire fasciner, un moment, toutefois, sur le net ou en société, une vie si riche. Il doit bien y en avoir quelques uns qui traînent sur le net, où toutes sortes de tordus traînent aussi.

Et tsunami est un mot japonais me semble t'il.


mardi 15 mars 2011

Le temps des tsunamis

L'actualité parfois laisse pantois, sonné debout. Au moins, cela permet t'il de relativiser ou de hiérarchiser les préoccupations de chacun et de l'instant.

On ne peut pas dire que les japonais ignoraient les bienfaits du nucléaire. Ils avaient même participé , bien malgré eux et quels qu'aient été leurs torts ou errances, à des tests en vraie grandeur. Une nouvelle fois, le nucléaire se tourne contre eux. On dira ce qu'on veut, mais tout de même, ça interpelle.

Les tsunamis eux frappent tout le monde où on sait, en général où la terre va , peut, ou doit bouger. Les japonais eux ont eu droit aux deux, l'autre, conséquence de l'un. Et, sans être le moins du monde expert, on est en droit de se demander comment, sur une faille sismique on a pu installer tant de bombes à retardement. Combien de morts déjà, on ne sait pas, on ne sait plus, peut être ne veut t'on plus savoir. Pourtant, ce sont des as des bâtiments parasismiques, des as de la technologie.

Alors, sur une faille sismique on installe des centrales, à proximité de la mer, comme si, ayant prévu dans la construction de la centrale le risque de la colère de la terre, on ne pouvait pas prévoir celui de la vague tueuse, qui en est la conséquence quasi obligée, et qui anéantit le système de refroidissement. J'avoue avoir du mal à comprendre. Certainement des cranes d’œufs ont présenté de savants calculs de probabilité et qu'on en a déduit qu'on était dans des conditions optimales. Ah, lobbies tout puissants, puissance des mots, et de l'argent !

Maintenant, faute de refroidissement, ce sont les réacteurs les uns après les autres qui sont en train de fondre gentiment et de dégager leur saloperie indestructible dans l' air. Enfoncé Mile Island, enfoncé Tchernobyl, on va vers du gratiné, de l’incontrôlable. Alors tout le monde monte au « quite » : en France pas de danger. D'une part, on est dans ce domaine bien plus malins que les japonais, et d'autre part, chez nous ni la mer ni la terre n'auront le mauvais goût de bouger.

Les pétroliers se frottent les mains. Bonjour les bénéfices à venir, mouvement déjà bien amorcé avec les facéties de notre ex grand ami Kadhafi. Et comme les éoliennes, personne n'en veut car ça gâche le paysage, plus exactement, tout le monde en veut mais chez les autres, tout comme les barrages en leur temps, et que le photovoltaïque a été flingué pour protéger EDF, et que les pompes à chaleur, faut voir, il reste à chacun à pédaler sur un vélo d'appartement pour fabriquer son électricité. C'est sain, bon pour la santé et fera en plus faire des économies de Sécurité Sociale. Gare toutefois aux risques d'EPO pour les pointes de consommation.

Heureusement, ils se succèdent à la télé pour expliquer qu'en France on ne risque rien, car on est des cadors, et que sûrement le nuage mortel s'arrêtera aux frontières de l'hexagone. Comme celui de Tchernobyl, et que les réacteurs de quatrième génération, d'une part ne consommeront que des matériaux appauvris, des broutilles donc, d'autre part seront sages comme des images. On pense quand même un peu à des trucs d'apprentis sorciers.

La Bourse elle, plonge. Merde il y a quand même de la spéculation à faire.

Le seul tsunami qu'on redoute en France, c'est celui des immigrés. Marine Jeanne d'Arc veille au grain. Heureusement ! Regardez donc, ces salauds d'arabes veulent aspirer à des sociétés plus justes, brisant un statuquo auquel tout le monde s'était habitué, et foutant la merde dans ce si délicat échiquier pétrolifère et gazeux, vont en plus se réfugier chez nous, où ils la foutent déjà avec leurs voiles, leur polygamie et leurs mosquées en plein air, tout en nous ruinant et nous piquant notre boulot ! Dire ça, ce n'est pas affaire de racisme, ce serait de la lucidité. Allez Ouste !!!!!!!!!!!!!!!!

Ce thème a un autre immense avantage. C’est un marronnier bien commode en période électorale qui permet d'éviter les sujets qui fâchent et sur lesquels le politique, emporté par le tsunami ultra libéral, tiens encore un, n'a plus la moindre prise et doit se contenter de porter les valises de ces messieurs. En plus des boucs émissaires, c'est tellement plus commode et satisfaisant pour l'esprit, en désignant un responsable qui certes n'est pas toujours exempt de reproche, pas plus d’ailleurs que nous, les vrais français citoyens de notre République. Alors à droite on va bomber le torse pour ne pas se laisser dépasser par les extrêmes, tandis qu’à gauche on va réfléchir, après avoir désespéré les colleurs d’affiches et les militants non colleurs d'affiches sans parler des sympathisants. Encore réfléchir ! Cela crée déjà des débats d'une bien jolie teneur, et ce n'est qu'un début, ils continueront le combat. Un tsunami de conneries à venir !

Ces centrales en folie font au moins un heureux. Le père Kadhafi va pouvoir en toute impunité poursuivre son œuvre rédemptrice. Faut quand même hiérarchiser les problèmes. Notre vaillant Nicolas avait déjà vu une occasion de démontrer l'efficacité opérationnelle du Rafale du pote Dassault et de quelques missiles air sol. Il se retrouve seul, avec Cameron, au bord du chemin. Colère comme un enfant qui regarde en pleurant son jouet cassé. Une prochaine fois, donc.

Bon, là on est dans le domaine des grands. La géopolitique, ça n'est pas pour les niais comme moi. Et puis, on les a élus pour ça non ? Bon pas moi, mais les autres, plus nombreux, et on reste tout de même, peut être pour quelques mois en démocratie.

Ce pourrait bien être le quatrième tsunami, et sa déferlante de haine.



réponse à Maja Lola

Avant toute chose, merci à « av de Isa » de s'être joint au débat.

Et pour répondre aux 3, Maja Lola, Xavier et lui même, me rendant compte que cela, une nouvelle fois, sera peut être un peu long je n'écris pas le message au fil du commentaire.

Tout d'abord une précision : le dernier post était donc un « adieu aux armes » des commentaires critiques du Dédé, fatigué de ses pirouettes, (lire ses deux derniers éditos) qui s'il en était besoin démontrent son « opportunisme ». Pour cela il me fallait bien essayer de comprendre son fonctionnement et l'articulation de son discours. Il épouse maintenant toutes les thèses de la « aula de la tauromaquia » de la CEU, qui valait la peine d'une « étude », je parle de la CEU et de son positionnement politique, qui éclaire aussi celui du Dédé. C'est chose faite.

Commençons par le début, mon Larousse, ne fait pas de distinction entre « laïc » et « laïque ». Les deux concernent un individu qui n'est pas « religieux », au sens par exemple de prêtre, abbé, moine, imam, pape, pope, évêque etc...........Ainsi des adeptes croyants adeptes et pratiquants qui ne font pas partie des « professionnels » tels que cités, directement soumis à l'autorité de leur hiérarchie, sont des laïcs ou laïques. Aussi bien la ACdP que l'Opus et bien d'autres s 'appuient sur des laïques, en charge de diffuser la bonne parole de leur Église. Elles ont de plus la particularité d'une stratégie de « conquête ». Un état laïque est tout simplement un état qui respecte la séparation de ou des Églises et de l’État, principe fondateur de « notre » république.

La vérité, chère Maja, est que le catholicisme espagnol via sa hiérarchie surtout, est un cas très particulier, qui n'a jamais admis la séparation de l'Eglise et de l'Etat, et s'oppose encore et plus que jamais avec les papes Jean Paul et Benoit à ce qu'ils nomment la « laïcisation de l'Etat », tu sais cette terre ravagée comme une « vigne après le passage des sangliers ». Soit dit, entre parenthèses, Zapatero a participé à ce que l’Église reçoive plus d'argent de l’État que jusque et y compris sous Aznar. L'épisode Tarancon chez les religieux et Tacite chez ADcP sont oubliés aujourd'hui, avec Vatican II, dans une stratégie de reconquête, affirmée par le nouveau et récent Président de la CEU, après les épisodes flous, pour le moins, du Coronel de Palma et de Dagnino.

On feint surtout de confondre « anticléricalisme » et « laïcité » qui, de mon point de vue n'ont rien à voir. On sait l'interprétation qui avait été faite du « Espana ha dejado de ser catolica » de Azana, image extraite d'un discours fleuve devant las Cortes d'une incroyable hauteur. On peut juger l'expression agressive inutilement même, alors qu'il parlait de l’État espagnol, qu'il voulait laïque, sur le modèle de la République française qu'il admirait, et qu'il voulait rendre au peuple. Cette phrase a été instrumentalisée afin de regrouper les catholiques au sein du CEDA de Gil Robles. La tentative de réforme agraire, qui n'était pas, non plus une nouveauté, ayant elle même été utilisée pour inquiéter les petits propriétaires agricoles nullement visés et majoritairement catholiques. Ceci servit entre autres choses à nourrir les troupes du franquisme.

Maintenant, pour répondre à ta question sur les élites de l'ADcP, et compte tenu du désir du nouveau Président de la CEU de revenir à des fondamentaux de Angel Herrera Oria, je me contente de citer ce dernier : « En un sentido social, la levadura son las minorias. La multitud es masa » ou « Toda idea nueva, para triunfar socialmente, tiene que encarnarse en minorias o grupos de selectos » ou «  Es mision de la Iglesia de formar rectamente la conciencia de las clases altas ». En tous cas, c'est au moins de la démocratie à l'envers, mais a bien le mérite d'être clair.

Cas toujours particulier, l'anticléricalisme n'est pas une nouveauté en Espagne, et de plus, les catholiques pratiquants sont répartis de façon très hétérogène selon les provinces. Ce dernier phénomène a toujours existé également. Si je suis partisan d'un État « laïque », je ne me sens pas le moins du monde anti clérical, à condition que chacun reste à sa place. Athée il m'arrive d'envier certains croyants pratiquants que je connais ou côtoie.

Bien sûr, l'anticléricalisme s'est exprimé de façon ignoble au tout début de la Guerre d'Espagne, et ce, dans les rangs républicains. On peut toujours essayer « d'expliquer », d'associer ces horreurs au fait que l’Église, via sa hiérarchie, incarnait la soumission au pouvoir et l'allégeance aux puissants, à la totale désorganisation qui régnait dans les rangs des républicains. Il n'en reste pas moins que les républicains sont parvenus à faire cesser ces horreurs qui desservirent tant leur cause aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Là l'anticléricalisme était réellement l’expression d'une haine envers les membres du clergé. Mais les crimes des républicains sont scrupuleusement recensés et lorsque les historiens y compris classés anti franquistes évoquent ces faits , c'est sans la moindre concession, idem d'ailleurs pour l'ignoble Paracuellos. Les franquistes eux sont toujours restés dans la négation, même la plus grossière que ce soit pour leurs horreurs pendant la guerre et aussi après, mais cela, aussi, tu le sais fort bien.

Quand nos papes de l'après Vatican II béatifient en masse leurs victimes de l'oppression des « rojos » ils oublient curieusement le clergé basque que Franco commença à châtier, pour, à la demande expresse du Vatican cesser les exécutions, il est vrai bien moins nombreuses qu'en terre républicaine. Comment, pour certains espagnols ne pas y voir une certaine provocation, alors que tous rechignent ou s'indignent du Devoir de Mémoire ?

Je n'oublie pas non plus, qu'avant Vatican II, la contrepartie des largesses de Franco envers l’Église était qu'il puisse nommer les évêques, prérogatives qui fut aussi, contestée par Tarancon.

Enfin, Maja, je suis de ceux qui pensent que la vocation de l'école laïque, de la République est aussi de diffuser des valeurs. En ce qui me concerne, « Liberté, Égalité, Fraternité » me suffit amplement, et ne serait pas je pense désavouée par votre Jésus Christ, pour lequel j'ai plutôt de la sympathie. C'est la raison pour laquelle, le démantèlement consciencieux de l’École Publique, la mienne, par mon État, est une vraie souffrance, et Parent d’ élève actif, je le mesure chaque jour. Hélas !

jeudi 10 mars 2011

lui me dit (2.2/2) et fin!



Pour tout dire dans le maquis espagnol des organisations catholiques plus ou moins sectaires, l'Opus Dei, les légionnaires du Christ de Madame Botella Aznar, et bien d'autres, c'est Dédé himself qui nous met sur la piste de la San Pablo CEU, vous vous souvenez, « la flor y nata de l'intelligensia taurine espagnole », au travers de son atelier très actif dédié à la tauromachie. A sa tête, un type plutôt discret, compétent et efficace. C'est à dire, une somme en matière de tauromachie et capable bien sûr d'exploiter le nouveau filon politique, par ailleurs, responsable de l'émission taurine de la COPE, la radio épiscopale et plus que liée à la CEU.

En fait, cette San Pablo CEU qui gère de nombreuses écoles et universités, est une émanation de la ACdP, la « Asociasion Catolica de Propagandistas », fondée en 1909, soit 20 ans avant l'Opus Dei par le prêtre jésuite Angel Ayala. A partir de 1911, c'est Angel Herrera qui prend la direction du mouvement avec, en fer de lance, un journal, « El Debate » et toute une stratégie de communication qui allait être si décisive contre la seconde République Espagnole.

Pendant cette seconde République, les Propagandistes ne furent pas pour peu dans la création du CEDA par un des leurs, Gil Robles, qui réussit à fédérer les catholiques effrayés par la laïcisation de l'Etat, modérés et ultras, ainsi que des conservateurs, pouvant aller également du relativement modéré mais toujours catholique au fasciste. On sait que le très fasciste Onesimo Redondo, et Calvo Sotelo dont l’assassinat aurait « enfin » décidé Franco à s'engager dans la conspiration des généraux autour de Mola faisaient partie des Propagandistes. La CEDA parvint à mettre en difficulté les républicains lors des élections de 1933, et glissa de plus en plus vers des penchants autoritaires. On sait enfin, le rôle prépondérant que la hiérarchie de l'Eglise a joué dans le déroulement de la Guerre Civile, baptisée « croisade » , mais aussi à l'extérieur, via les puissants lobbies catholiques, qui pesèrent tant en faveur de la grotesquement bafouée non intervention et ne laissant d'autre initiative aux républicains espagnols que de se tourner vers Staline, qui n'intervint que tardivement.

Après la Guerre, à partir de 39, les secteurs phalangistes étaient pro fascistes, certains étant même carrément fascistes et pro nazis. On veut souvent oublier que Franco envoya tout de même 35 à 40 000 hommes de Division Azul combattre aux cotés de Hitler sur les fronts de l'Est. Ceci dit, Franco, compte tenu de la tournure des événements et les échecs finalement, à la fois de Hitler et de Mussolini dut se séparer de Serrano Suner, (le cunadissimo) en 42 quand le vent commençait à tourner, et plus tard, prendre en apparence ses distances avec la Phalange.

A partir de 45 il dut faire le dos rond, vis à vis des alliés et substitua à la vitrine phalangiste, une vitrine « national-catholique » qui donnait toute sa place aux Propagandistes. Ceci créa de fortes tensions entre les phalangistes et cette frange des catholiques : habilement Franco avait donné aux phalangistes le contrôle des Administrations et aussi des fameux « syndicats verticaux » qui avaient pour mission de réprimer les velléités de rébellion ouvrière ou estudiantine, mais ils supportaient mal à la fois les avantages mirobolants donnés à l’Église et ce qu'ils considéraient comme une perte d'influence et un immobilisme social. Faisant cela, mettant en sourdine les phalangistes et via les lobbies catholiques frénétiquement activés, Franco tentait de se refaire une virginité, puis remplaçant son fascisme initial par une ferveur catholique impressionnante et aussi, son anticommunisme viscéral qui lui permit de s'attirer les bonnes grâces des américains lors des années de guerre froide. Les Propagandistes étaient alors une des familles les plus influentes du régime franquiste, au prix d'une autarcie économique terrible, associée une répression permanente.

Pour n'avoir pas à trancher, vers la deuxième moitié des années 50, Franco opta pour une troisième voie, celle des « technocrates » de l'Opus Dei qui, injectés en masse dans les gouvernements, allaient présider à un développement économique considérable, favorisé d'ailleurs par les injections financières américaines, en échange de l'installation de bases stratégiques nucléaires, guerre froide oblige. Ceci lui permettait également de donner une image plus dynamique et présentable de l'Espagne, en prenant tardivement le wagon du développement économique général de l'après guerre mondiale.

Toutefois, sous l'impulsion de Vatican II , qui ne convenait pas spécialement à l'Opus Dei intégriste, le clergé espagnol, sous la houlette de Monseigneur Tarancon, commençait à se questionner sur son rôle lors de la guerre d'Espagne et après, et à émettre des jugements plutôt critiques sur Franco et son régime. Celui ci considéra qu'il s'agissait « d'un coup de couteau dans le dos » et en fut très affecté. Par exemple, pour décrire l'ambiance, lors des obsèques de Carrero Blanco, Tarancon fut reçu aux cris de « Tarancon al paredon », soit « Tarancon au poteau d’exécution ».
Dans cette période, les Propagandistes surent ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier, quelques uns critiquant ouvertement le régime, et se convertissant en opposants, d'autres, certainement plus nombreux, au sein du groupe Tacite militèrent pour une réforme du régime, d'autres enfin restèrent dans le bien nommé « bunker » qui ne voulait rien entendre. D'aucuns y verront la marque d'un jésuitisme bien compris.

Ils jouèrent tout de même un rôle important dans la transition, un des leurs, Leopoldo Calvo Sotello accédant à la présidence du Gouvernement.

Dès lors le problème des Propagandistes allait devenir d'exister aux cotés de l'Opus Dei, dont les préceptes de bases sont très proches. Jean XXIII et Paul VI étaient plus que réservés à l'égard de l'Opus et avaient résisté aux demandes de béatification des religieux exterminés par les « rojos ».
La panorama allait radicalement changer avec les papes Jean Paul II et notre Benoit. On sait par exemple que l'Opus avait participé au financement de Solidarnozc et avait pour le moins favorisé l'accession de Jean Paul II au pontificat. Il s'est agi depuis de « détricoter » les avancées sociales de Vatican II. Aujourd'hui on a béatifié en masse, dans le même temps qu'on refuse de comprendre que certains militent pour qu'enfin, on sache la vérité sur les victimes du franquisme.

Dans ce contexte, où la part prépondérante, au Vatican, est faite à l'Opus Dei, les Propagandistes, qu'on dit en difficultés financières, et nostalgiques de leur lustre d'antan, cherchent à exister à nouveau. D'autant que l'épisode de la Présidence du très carliste (mais oui) et intégriste Alfonso Coronel de Palma qui dut être débarqué suite à de retentissants scandales financiers, pour d'ailleurs être mis à la tête de la COPE pour quelques temps, n'avait guère arrangé l'image de l'ACdP. On dira que la Direction reste assez réactionnaire, voire intégriste, alors que comme souvent chez les jésuites, les établissements universitaires de la San Pablo CEU sont de qualité et attirent les fils de la bourgeoisie espagnole, plutôt, pour imager le propos, du quartier de Salamanca, si vous voyez ce que je veux dire. Disons que l'électeur du PSOE y est très rare.

Sur le fond, on y est très opposé à tout nationalisme périphérique ou séparatisme, on y affirme que la laïcisation de l'Espagne est un processus comparable au IIIème Reich, on a organisé de grosses manifestations à la fois anti IVG et homophobes, bref, on revient aux fondamentaux mais avec la volonté de revenir au premier plan d'influence, en prônant pour des minorités agissantes infiltrées dans tous les points agissants de la société : presse, audiovisuel, politique, qui est une démarche très proche de l'Opus, sauf qu'elle s'effectue avec plus de transparence et avec un culte moindre du secret.

Aujourd'hui, les dirigeants de l'ADcP ou de la San Pablo sont très majoritairement soit pro PP soit militants dirigeants recasés après la défaite d'Aznar, leur offrant des "parachutes dorés". Autrement dit on fourbit les armes en vue du retour du PP ! Ouf, comme dit Dédé, plus qu'un an !. Enfin, il semble que l'ADcP fasse pression également sur le PP, en s'interrogeant sur l'opportunité, ah nostalgie du CEDA !, de fonder son propre parti politique. En ce point, avec des approches stratégiques et des visions très voisines, la position diffère radicalement de celle de l'Opus. Le prosélytisme militant restant également un point commun ainsi que la stratégie de conquête via des minorités influentes. L'Opus lui, a le culte du secret, nécessaire à ses fructueuses manœuvres internationales, y compris en France, après avoir piloté le « miracle » économique de Pinochet. Tiens donc, coïncidences et avoir sorti le Vatican de ses problèmes de banque Ambrosino !

Reste que, et aussi par ses liens très étroits avec le PP, la San Pablo CEU, est très influente dans les milieux d'affaires, politiques évidemment et de la Presse. Dédé ne s'y est pas trompé qui s'est converti en troupier du PP, (casquette directeur de revue taurine), pour propager la divine pensée de la CEU dans sa revue. Évidemment, ici, l'affaire de Barcelone a été exploitée comme un ravage de plus des nationalismes périphériques, s'attaquant à la « Fiesta Nacional », et a été politiquement exploité par le PP. Dédé probablement reconnaissant de quelques fructueuses introductions, (radio, tv, pregones), mais également de facilités de diffusion de sa revue, se comporte en bon soldat de Dieu et en rajoute des tonnes. D'où ses attaques imbéciles et déplacées envers le PSOE.

Reste à la CEU de récupérer les BIC, Biens d'Intérêt Culturels, en grondant le PP auquel il réclame plus de « cohérence », c'est à dire, diffuser une pensée unique sur toutes les Communautés. D'où l'immédiate réaction du Dédé qui plaide pour un BIC national. Déjà le passage à la Culture fait débat, et il n'est pas certain que la CEU qui entend bien récupérer le leadership sur la Fiesta apprécie cette migration. En effet ce sont des gens d'ordre. D'où un silence un peu gêné du Dédé sur ce thème. On le sait l'objectif est que la corrida soit subventionnée comme les autres « Arts » quelques millions d'euros, mais surtout obtenir une baisse de la TVA espagnole de 18 à 8%. Comme si le budget espagnol pouvait se permettre cela, au moins symboliquement, même lorsque le PP sera au pouvoir.

Mais à mes yeux plus grave, et impardonnable, il s'est permis de porter des jugements à l'emporte pièce sur le Devoir de Mémoire, qui est certainement un thème d'une extrême complexité, et à traiter avec un maximum de respect. J'ai déjà commenté cet épisode ignoble, servile envers ses nouveaux Maîtres, qui faisait suite à des interventions du même tabac..

Alors, la corrida, au fond, et ses « putadas », ce n'est pas bien grave, et je m'en fous finalement, car j'ai renoncé, « démission » dirait Xavier, mais oublier les enfants du franquisme, les fosses, et nier ce droit qu'ont les peuples à connaître la vérité après 60 ans de mensonges, de manipulations et près de 40 ans de torture, ça, je ne l'admets pas.

Fin.


lui me dit (2.1/2)

Donc, finissons en, comme annoncé.

Madrid vibre de polémiques et de grandes manœuvres. On va à la fois changer d'empresa et de gouvernement. Le PP a fait le choix que je considère comme létal à terme de politiser la Corrida. André Viard l'accompagne dans cette entreprise en crachant régulièrement sur Zapatero et le PSOE, boucs émissaires d'une déconfiture chaque jour plus évidente de la « fiesta » dite nationale. Le facteur déclenchant a été la pantalonnade de Barcelone, qui a une fois de plus ravivé des antagonismes qui sont vieux comme l'Espagne. J'estime avoir suffisamment commenté ce événement politico, culturo, économico, et si peu taurin. Car qu'on le veuille ou non, si l'aficion de Barcelone a pu exister, alimentée par les importants flux migratoires populaires, en particulier andalous de la première moitié du XXème siècle et l'apport financier des touristes dragués sur les plages voisines, elle a démontré sa grande fragilité pour ne pas dire plus. A tel point que d'un certain point de vue, la Corrida apparaissait comme un symbole, culturel aussi, de l'Espagne de Madrid, s'opposant au « catalanisme ». Ajoutez à cela la reconversion de la Monumental avec les colossaux enjeux financiers pour la famille Balana, par ailleurs organisatrice de spectacles entre autres théâtraux, qui par exemple avait tenté d'utiliser le site pour des mega concerts que le voisinage a fini par faire interdire pour des questions de nuisances, en particulier sonore. Donc Monsieur Balana fils se retrouve avec un site en plein cœur de Barcelone qui perd de l'argent avec les corridas et est très sous utilisé. J'estime que l'attitude du PP n'a fait qu'aggraver la situation, en exacerbant d'autant plus les vieux réflexes identitaires. J'ajoute de plus que de nombreuses arènes ont fermé en Catalogne, par exemple Tarragone, sans qu'on en ait fait un enjeu national. Reste que la volonté d'interdire m'est totalement insupportable, qu'on soit catalan, andalou, basque, landais, corse, breton ou zanti. Si la manœuvre du PP peut se comprendre dans le but d'emmerder le PSOE et Zapatero plutôt en difficulté, le relai haineux, d'André Viard se conçoit moins, sinon dans un soucis de complaire à ses nouveaux alliés bienfaiteurs. Elle se conçoit d'autant moins qu'en qualité de français il se doit à un certaine réserve sur les affaires intérieures espagnoles, toujours beaucoup plus complexes qu'il n'y paraît, mais surtout en tant que Président de l'OCT, à moins qu'il ait reçu un mandat dans ce sens. J'attendais en tous cas, ou aurais espéré, une analyse plus distanciée et plus subtile.

Lui dit que depuis deux ans, approximativement, l'attitude d'André Viard a beaucoup changé. Actuellement, il est pris d'une furie politico mégalomaniaque inquiétante. Jusqu'alors, embarqué dans le fructueux mirage de Casas, il se contentait d'insulter les « ayatollahs » ronchonneurs, « irresponsables » et obtus, de chanter la gloire des admirables figuritas qui emplissaient Nîmes, de louer ce toro moderne d'une incroyable bravoure, si dur à toréer, vous savez, ce toro qui, si on l'avait piqué se serait tué sous le fer, et de glorifier des indultos pour le moins discutables et les faenas ineptes de 100 passes. Il donnait même des recettes pour emplir les arènes, à base de figuritas qui méritaient bien leurs honoraires et de toritos « braves dans la muleta ». Je me souviens très bien à Dax pour l'indulto de « Desgarbado » qu'il salua, du rôle prépondérant qu'a joué Rincon et me vient à l'esprit ce jugement de Franco, qualifiant la « falange » de « claque » et admiratif du rôle que pouvait jouer une poignée d'excités pour entraîner une foule.

Il avait appuyé aussi le lynchage du 7 de las Ventas, et de Vidal et de Navalon, trop « obtus » certainement. Avant il avait même écrit un livre remarquable où il analysait le fameux toreo moderne et les toreos « centrifuges » et « centripètes ». Certes déjà, des côtés polémiques et atrabilaires, un talent certain gâché par cette certitude de détenir la vérité, un goût pour l 'exclusion, au nom du savoir, mais après tout, pourquoi pas, cela faisant partie du personnage. La Corrida est un sujet d'infinies disputes et de « bataillages », puisque, lorsqu'elle s'adresse au sensible, elle trouve ou peut trouver des échos différents selon les dispositions de chacun. Mais on avait déjà depuis belle lurette quitté ces rivages là, du sensible, vers ceux de la superficialité, des trucages, de l'esbrouffe, des « torosniais », des « figuritas » insupportables, d'un spectacle sans âme ni justification, autre que festive ou financière. Il était sur l'indéfendable pour un aficionado de sa trempe et de son talent. Ne lui restait que le mépris à la fois, et j'en suis persuadé, de ses convictions d'aficionado, de l'évidence et de l'autre susceptibles de porter préjudice au business taurin, tout cela donc au seul profit à court terme de ce business. Après tout, il défendait son gagne pain, cela peut se comprendre, à condition de ne pas prendre ceux qui pensent différemment pour des enclumes ou des fossoyeurs.

Des lecteurs assidus comme moi, d'André Viard, on pu remarquer combien il se « rapprochait », doux euphémisme de la San Pablo CEU, via son atelier spécifique taurin. La « flor y nata » de l'Intelligentsia taurine. De façon évidente, lorsqu'il retourne ses casquettes de Président de l'OCT,
de Directeur de Tierras Taurinas, et, enfin d'aficionado, il accompagne la délicate opération de prises de position plus ou moins douteuses.

Dans le milieu taurin espagnol où les associations en tous genre abondent, le titre est important. Celui de Président du « machin » OCT est un argument qui compte, d'autant que mal informés, les espagnols auront tendance à magnifier la chose, d'autant, en plus, qu'ils regardent avec envie les arènes pleines, mais aussi le travail effectué par certaines (petites) organisations indépendantes, qui essaient de promouvoir un spectacle décent, éthique, aujourd'hui mis à mal. Je fais confiance à notre roublard pour surfer sur cette vague de considération distinguée et de s'en attribuer les mérites. D'autant qu'il fut largement aidé par l'Ambassade de France à Madrid, qui avec nos petits sous l'a officiellement promotionné.

Tierras Taurinas a hérité du concept de Terres Taurines, c'est à dire une présentation extrêmement soignée, des reportages de qualité, une écriture de qualité et un sujet extrêmement polémique à l'heure actuelle pour l'aficion espagnole éclairée, à savoir les fameux « encastes ». Nous parlerons de cette « imposture » en d'autres occasions, pour dire aussi combien on s'y perd dans les « rafraichissements » et le « croisements », les certificats d'origine « en blanc », qui font que là pour le coup et de façon bien plus grave qu'un cheval de picador trop lourd, on trompe le « client » de façon éhontée. Surtout celui qui par exemple paierait pour voir du « pur veragua ».
Ceci dit, au point de dilution actuel, le croisement n'est pas forcément répréhensible, à condition que les éleveurs conservent des souches « pures », car ces mêmes croisements ne donnent pas forcément de bons résultats, et il est essentiel de pouvoir « revenir en arrière ». Notons seulement que ces faits, qui, il n'y a pas si longtemps, auraient foutu en feu le monde des aficionados, les pires supports actuels de Dédé, les imposteurs du nouveau 7, ou de quelque andanada ou tendido, préfèrent parler d'éthique et de ces castes qui vont tout changer. Allons, allons, d'abord, il faudrait que les figuritas artistes acceptent d'y aller, que cela sorte bon, ce qui n'est pas sûr, et que comme les autres, ils ne subissent pas le traitement infamant de l'élevage d'aujourd'hui, il faudrait aussi que les grandes arènes ne se tirent pas la bourre pour s'attacher les services de tel ou tel Dieu et fixent des conditions plus décentes. Il faudrait enfin, que tous les prix de vente des toros et honoraires des figuras soient publiés, en France et en Espagne, qu'on mette en évidence que tel lot de toros a pu être proposé à tel prix à une organisation française, puis le retrouver à moitié prix dans une autre arène espagnole. Ah, je sais, la crise, la loi du marché. Mais l'intempérant Dédé préfère parler d'éthique, d'union, et de blablabla et de zantis nocifs plutôt qu'attaquer à l’égoïne son fond de commerce, avec le risque de se « couper » de sa manne nourricière.

Mais bien plus grave, lorsque, comme je le fais et l'ai fait, on cherche à comprendre la frénésie taurine du PP et du porte flingue Dédé, on s'écarte vite d'une simple pierre dans le jardin du PSOE, après tout de bonne guerre, vu du PP, pour aller voguer dans les eaux paisibles de (l'extrême?) droite catholique espagnole qui a décidé de repasser à l'offensive.

à suivre

lundi 7 mars 2011

Les mimosas d'Hossegor

Maman m'avait téléphoné. ML est à l 'hôpital. Un AVC sévère. On l'a retrouvée chez elle, étendue par terre.

Je l'avais vue peu de jours avant, et comme toujours, elle m'avait parlé de Mathilde, d'Hélène et de ma petite fille Ines, qui arrivaient bientôt. Aussi, de son fils et de ses petits enfants. Je lui ai dit que je la trouvais mieux, dans sa jolie maison, qu'elle aimait tant.

Maman et elle lisaient comme des forcenées. A 95 ans elle s'intéressait à tout, sans la moindre naïveté ni, il faut bien le dire, mansuétude envers ceux qu'elle n'aimait pas. Comme maman, elle était de gauche comme un chêne est un arbre, et droite comme un pin, elle, la vosgienne debout.

Son mari était mort peu avant en Juillet. J'étais à Madagascar. Une très longue glissade de quelques années . Tous les jours elle prenait sa voiture pour le voir. Il disait qu'il allait être le seul de sa fratrie à être centenaire. Son corps l'a lâché, jamais son esprit. Jusqu'à la fin. Un jour que j'étais en difficulté sur un commentaire de texte, il m'avait dit simplement « le commentaire de texte c'est un don de soi ». Cela m'a appris à lire autrement, et surtout à respecter les auteurs. Ceux qui « mettent la jambe ».

Elle en était sortie épuisée et peu à peu, avec maman toute proche, qui, quoique moins longuement avait connu la même chose avec mon père, s'était reconstruit une vie. Elle souriait à nouveau, parfois, de ses yeux de brume.

Leur terrain est contigu au notre. Donc, je les ai presque toujours vus là. Ils partaient au hasard des affectations de F. mais revenaient toujours, pour s'installer définitivement.

Alors pour éviter de faire le tour, par la route, avec mes parents, ils avaient ouvert la clôture et installé un portillon de bois. Ce n'est pas que nous vivions les uns sur les autres, loin de là, c' était seulement plus facile et nous savions qu'ainsi, le chemin pourrait être plus court. Nous riions souvent à l'évocation du frêle portillon.

Ce samedi matin, je suis passé prendre maman pour les obsèques à 9 heures à Hossegor. Nous n'avons pas parlé sur le chemin. « Recalcul » disait la voix du GPS. Je prends toujours des chemins tarabiscotés. En avance, comme toujours, un café en attendant, puis le cimetière. Une vingtaine de personnes tout au plus. Le fils a dit quelques mots. Que ML allait et se sentait bien, qu'elle voulait voir les mimosas en fleurs et venir dans sa maison d'Hossegor. Aussi, qu'elle avait tout minutieusement préparé et mis en ordre. Aussi, qu'il nous remerciait, nous qu'elle aimait d 'être là. Et nous avons défilé le long du cercueil nu. Souvent en posant la main sur le bois.

Ce matin là, un soleil radieux de miel et d'or coulait au long des troncs des grands pins. Le printemps hésite aux portes de l'hiver dans le bleu radieux du ciel d'océan. Nous sommes revenus, empruntant les bords du lac bordé de somptueux mimosas.

Habituellement, j'aurais dit à maman, « tiens on va aller boire le café chez Juppé ! » « Oh, aurait t'elle dit tu crois qu'on ne va pas le déranger ? » et nous aurions ri. Alors j'ai dit « tiens, on va boire un café chez Juppé », elle n'a pas répondu, elle pleurait en silence.

« Recalcul » a dit le GPS.