Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

jeudi 30 août 2012

Un pays qui coule (4)


les enjeux de Madagascar





Certes, j’aurais dû comprendre que cela n’intéressait que bien peu de monde. De plus nous ne sommes pas épargnés par les problèmes, ici non plus. Ceci dit, comme je l’ai déjà expliqué, c’est une manière de devoir vis-à-vis de mes amis, si oubliés. Et je comprends bien que l’insignifiance de Rajoelina, face à l’appétit insatiable du  golden boy Ravalomanana tout le monde s’en foute.

Tout ceci n’est pas très compréhensible si on n’a pas sillonné le pays et parlé avec ses habitants, mais aussi si on ne témoigne pas d’un attachement réel qui subsiste, de la part d’une partie de la population, vis-à-vis de la France. Qu’on se rassure : l’Eglise protestante a une nouvelle fois assuré de son ralliement à Ravalomanana, seule garantie d’étendre son pouvoir sur l’Ile.  La séparation de l’Eglise et de l’Etat, soit disant inscrite dans la Constitution héritée  de la France a volé en éclats avec Ravalomanana. Chacun pour soi, et que le plus pourri gagne, c’est la règle.

On le sait l’argent irrigue le pouvoir en place, toutes tendances confondues : Ravalomanana voulait tout à sa discrétion et celle de ses affidés, Rajoelina « compose » avec une Haute Autorité de la Transition, disparate où il s’agit de plaire à tous, en ménageant leurs menus intérêts, et une collection de vieux rescapés des régimes précédents, qui en ont vu d’autres et ont toujours les dents longues. «  Encore une connerie » ! Donc, la place est bonne, copieusement arrosée, et, expliquez-moi, qui a intérêt à tarir ces flots de pognon ? La démocratie, c’est mignon mais cela menace mon poste grassement rétribué.  Alors la démocratie, oui sur le papier, pour le reste, allez voir ailleurs et ne nous emmerdez plus!

Mais comment peut-on être dans une telle caricature ?

He bien voilà, ce pays, le 12ème plus pauvre du monde est d’une richesse invraisemblable. Voilà la vérité. Et les frictions entre Ravalomanana et la France, ne peuvent s’entendre par le seul prisme de la francophobie du golden boy, mais aussi une sourde bataille avec en première ligne les Etats Unis, de plus en plus dépendants pour leur approvisionnement  en pétrole de l’Afrique en général. Mais il ne faut pas non plus oublier l’importance stratégique du canal du Mozambique, et la position de Madagascar, ouverte vers l’Asie et en contact immédiat avec l’Afrique orientale.

De puissants intérêts économico- stratégiques sont en jeu, dont ceux de Total, non seulement sur l’Ile mais aussi, nous y reviendrons pour la maîtrise des gisements  dans le détroit du Mozambique. D’autres puissantes sociétés sont très implantées et historiquement sur l’Ile, telle Colas (filiale de Bouygues ) qui eut un temps la main mise sur tout le BTP et les constructions de routes à Madagascar. Monopole que Ravalomanana a cherché à faire sauter au bénéfice, en particulier des chinois. Mais aussi Orange. On a vu que Bolloré, plus récent avait eu quelques déboires à Tamatave, mais reste présent dans le domaine des transports. D’autres, à part évidemment  Colas et indirectement Orange, via France Telecom,  sont des entreprises dont la présence remonte souvent à la colonialisation et qui se sont maintenues, contre vents et marées quels que soient les régimes. C’est dire qu’elles connaissent la musique, les paroles, la gestuelle  et l’art de surnager, en répartissant les œufs dans les différents  paniers. Elles sont d’ailleurs pour le moins discrètes et savent parfaitement, lorsque c’est nécessaire faire le dos rond, en cas de gros temps. Fluctuat nec mergitur ou  « Mora, Mora » !

Voilà donc, tout s’achète, les juges, les avocats, les policiers, les geôliers, les militaires, le moindre fonctionnaire, les professeurs. Sans parler évidemment, des politiques qui viennent en première file. Tout. Jusqu’ici, cela prêtait à sourire, maintenant c’est systématique et systémier. Les taxis brousse se font racketter sur les routes par les policiers ou les militaires en faction aux points de contrôle, il ne faut plus circuler la nuit, les voleurs de zébus terrorisent les villages et les policiers,  armés de kalachnikovs, qu’ils sont, les bandes dans certaines villes volent et attaquent ouvertement. Par exemple les fameux « foroches » de Diego Suarez, qui s’en prenaient de préférence aux étrangers imprudents. Hé bien, la police locale ne pouvait rien, car bien souvent, un des proches des policiers était impliqué dans le trafic. Il fallut envoyer les supers  flics  de Tana pour progresser. Et quand on connait l’antipathie des gens de Diego, vis-à-vis des Merinas, et réciproquement, on se dit qu’on n’aura pas fait dans la dentelle.

« Mon pays, mon pauvre pays » disait Mamy, les larmes aux yeux l’an dernier. Aujourd’hui, il cherche la protection du Pasteur et de l’Eglise, à se fondre avec sa femme et son enfant dans une communauté forte, qui le protègera. Bien sûr, il ne faut pas non plus « délirer », mais un minimum de prudence est requis, et surtout être toujours accompagné d’un guide de qualité, en qui vous avez toute confiance, et surtout, avec lui, éviter les provocations ou les fautes de goût ou les erreurs grossières. En tous cas depuis 6 ans que nous y allons chaque été, et dans des secteurs géographiques différents, est, sud-ouest, nord-ouest, sud-est, nord, centre, nous avons bien remarqué une évolution, dans le sens de l’aggravation de cette insécurité. Donc en priorité bien se renseigner sur les us et coutumes. Et ce pays reste totalement incroyablement beau et fascinant. De plus, on peut aussi se faire détrousser dans le métro ou se faire arracher son sac dans la rue en France ou dans certains quartiers dits chauds, est-il vraiment besoin de le préciser !

Maintenant bonnes gens, attachez vos ceintures. Essayons de faire un inventaire des seules ressources minières largement inexploitées de la Grande Ile. Attendez-vous à quelques légères surprises. Passons très rapidement sur l’agriculture, où moins de 10 pour cent des ressources agricoles, c’est-à-dire terres cultivables, sont exploitées. Cela donne évidemment des idées aux pays qui, riches en dollars mais pauvres en ressources agricoles, tentent de s’approprier des terres. Cela n’a pas marché pour Daewoo, alors que la chose se pratique assez couramment en Afrique. Pour faire bref, disons que Madagascar pourrait et devrait être très largement auto suffisant au point de vue alimentaire. Passons pudiquement sur les pierres précieuses ou semi précieuses. Madagascar serait le premier producteur mondial de saphir avec 4o% de la production mondiale. Officiellement la production d’or s’élèverait à quelques dizaines de kilogrammes alors que la production annuelle réelle est estimée à près de 10 tonnes, et pourrait très largement être accrue.  Cette collecte d’or est basée, aujourd’hui, sur des petits orpailleurs, qui vendent leur maigre récolte à des collecteurs plus ou moins indépendants, qui évidemment les exploitent. Depuis peu, le Commerce de l’Or passerait sous contrôle de la Banque de Madagascar ! « wait and see ! » ou  « Encore une connerie ! ». Ne parlons donc pas des rubis, peut-être des diamants. Il suffit de gratter, on trouve quelque chose ! Ce que font les miséreux en quête d’or, de saphir ou de rubis.

Maintenant, les ressources minières : pour commencer le pétrole dont la présence à Madagascar ne fait aucun doute et en quantités qui sont tenues pour confidentielles. Total a fini par bloquer le site de Bemolanga et attend que le baril monte probablement ? A priori l’exploitation des sables bitumineux serait suspendue pour diverses raisons, mais on procéderait à des sondages en profondeur plus prometteurs.

Les chinois auraient aussi du pétrole et ce n’est pas moins de 23 plaques y compris offshore qui sont explorées. Le véritable enjeu pourrait être ou plutôt est le Détroit du Mozambique très riche en pétrole et en gaz naturel. Via Mayotte, département français, depuis peu et les iles Eparses, Europa, Juan de Nova, Bassa de Nova et les Glorieuses, Tromelin contestées par Madagascar, via les zones de 200 miles d’exclusivité d’exploitation, ZEE, ce serait pas moins de 70% du détroit du Mozambique que la France contrôlerait. Bien sûr Total regarde tout cela avec intérêt. En tous cas pas moins d’une douzaine d’entreprises de différentes nationalités effectuent de la prospection pétrolière à Madagascar. Officiellement la France a tenté de persuader son opinion, que son attachement se justifiait par le désir de sauvegarder le patrimoine flaure et faune inestimables de ces cailloux.

Avec le pétrole, les pierres et l’or, dont la production pourrait être rationnalisée et en tous cas, ne pas échapper à tout contrôle, comme c’est le cas aujourd’hui pour les pierres et l’or, deux ressources existent en abondance : l’Ilménite ou le sable noir et  le tandem nickel-cobalt.

 Actuellement c’est le groupe canadien Rio Tinto qui a investi pour un montant de 950 millions d’euros, pour le site d’extraction d’ilménite,  un port en pleine eau et sa centrale électrique. Le minerai brut est exporté via ce port vers le complexe industriel de Sorel au Quebec. Lorsqu’un dirigeant de Rio Tinto parle des retombées pour Madagascar il parle du port et de trois navires de croisière qui passent par là. Fort dauphin est toujours totalement isolé, il faut 3 jours pour faire la route/piste entre  FORT  DAUPHIN et TANA, et franchement on voit mal ce qu’un bateau en goguette pour l’après midi peut avoir à faire à Fort Dauphin ! En tous cas sur ce site, la production d’ilménite devrait représenter  750 000tonnes/an soit 10% de la production mondiale, et de plus le site devrait pouvoir produire 60 000 tonnes/an de zirsill. Dans la zone de Fort Dauphin, contrôlée donc par Rio Tinto, il existe 3 zones de forte concentration en ilménite, promettant une exploitation au moins sur 50 ans.

D’autres gisements d’ilménite  sont en cours d’exploitation par les chinois sur la côte est, au nord de Tamatave, dans la région de Fenerive. Un appel d’offres est en cours pour attribuer d’autres gisements d’ilménite plus au nord de Tamatave. Au nord de Tulear un immense projet sud-africain aurait été  bloqué pour des raisons environnementales, il prévoyait  500 000 tonnes/an.  Il semble, aux dernières nouvelles que cela se soit débloqué !

Pour le nickel-cobalt, Sherritt a en route un investissement de 4,5 Milliards de dollars US pour l’extraction à Ambatovy et le traitement chimique du cobalt et du nickel à Tamatave. Ce site devrait atteindre 5600 tonnes de cobalt/an soit 10% de la production mondiale et 60 000 tonnes /an de nickel, soit 5 % de la production mondiale. Les deux sites étant reliés par un pipeline de 220 km. Il a aussi fallu produire l’électricité, rénover le port de Tamatave qui a étéc déclarée « capitale économique ».

D’autres projets pourraient être extrêmement intéressants, comme l’exploitation du charbon dans la région de Sakoa. Ce sont deux entreprises thaïlandaises qui sont sur le coup. Il s’agit d’un enjeu réellement stratégique pour Madagascar.

Les chinois de WISCO exploitent les gisements de fer très importants, au Sud de Majunga, à Soalala. Comme presque toujours, il faudra construire ou aménager un terminal portuaire, produire l’électricité par une centrale thermique.

Toujours dans la région de Fort Dauphin, et sous la juridiction de Rio Tinto toujours. Il sera possible de produire  4 % de la production mondiale d’alumine. Faute d’énergie, la transformation ne pourra pas s’effectuer sur place et le minerai sera transporté via le nouveau port d’Ehoala.

Enfin, toujours dans la région de Fort Dauphin, une quinzaine d‘entreprises ont effectué des recherches avec des résultats plutôt prometteurs dans le domaine de l’uranium.

 

Et comme il y a tout de même une justice, c’est très souvent l’entreprise Colas qui effectue les très importants travaux associés à ces réalisations.

Fin

jeudi 23 août 2012

Un pays qui coule (3)


l’irrésistible ascension d’un DJ




Le sémillant Andry Rajoelina est né en 1975. D’une famille d’origine noble mais chose étonnante à Madagascar plutôt impécunieuse. On sait en effet que les trois piliers du pouvoir sont ici, la noblesse, l’église et l’armée. Le  père de Rajoelina servit dans l’armée française. Ceci lui valut de disposer de la double nationalité franco malgache. Ses parents et sa sœur résidaient en France. Alors lui, il allait se partager entre la France et Madagascar.

 

Il fit des études médiocres qui ne l’amenèrent pas pratiquement au-delà du niveau de bac. De plus, multipliant les petits boulots, il fut célèbre en tant que DJ  animant les soirées chaudes de la « jet set » malgache et autres,  en particulier dans la boite de l’ex Hilton, actuellement Carlton à Tana. On dira que cette image lui colle un peu à la peau.

 


Comme les malgaches raffolent de presse à scandale, il court un certain de nombre d’anecdotes sur Andry, en particulier, dans sa jeunesse, une liaison très avancée avec Sarah Ravalomanana, fille unique du déjà fort riche, quoique non engagé en politique, au moins officiellement, futur Président déchu, qui aurait tout fait pour casser cette liaison qu’il jugeait inopportune, Rajoelina n’ayant aucune fortune et de plus étant normalement catholique. Si comme ce n’est pas improbable il y a un fond de vérité, il est certain que ce ne serait pas de nature à aller dans le sens de l’entente cordiale. Cette histoire somme toute assez banale aurait d’autres prolongements que je m’abstiens d’évoquer, et on reconnaît bien ici le génie des malgaches pour partir dans d’incroyables digressions, dans une démarche certes imaginative mais qui  n’a rien « d’historique.

C’est donc à Paris qu’il rencontra son épouse Mialy Razakandisa, ravissante par ailleurs, fille de famille richissime, avec en particulier une belle-mère redoutable en affaires. Il ne faut pas trop le dire mais madame Rajoelina, par ailleurs très active dans le « charity business », ne déteste pas passer régulièrement ses week end à l’Ile Maurice dans sa très select résidence, je dis très select, car il s’agit d’un machin horriblement cher et très jet set. Tout ceci nous éloigne un peu de ce peuple martyr. Bon, j’ai entendu de bien vilaines langues suggérer que le jeune Rajoelina, par ailleurs impécunieux, avait une attirance particulière pour les riches héritières.

En tous cas ce fut le point de départ d’une trajectoire hyper rapide, avec la création d’une société Inkjet dans le domaine de l’affichage publicitaire, société à laquelle allait s’adosser une société bien plus puissante de Madame Belle Maman, Nicole Razakandisa, société, la Domapub  dont il devient actionnaire et qu'il rachètera par la suite. Injet/Domapub détient alors le monopole de l'affichage publicitaire à Antananarivo.

 



En 2007, il rachète pour 400 millions de MGA (environ 150,000 €),  la radio et chaîne de télévision Ravinala, propriété de l'homme politique Norbert Ratsirahonana qu'il rebaptise Viva.

 

 Ravalomana vint au pouvoir, j’ai failli écrire, fut élu. Les élections lui donnaient une minorité – soit moins de 50% des voix- mais plus que Ratsiraka, mais insuffisante pour l’amener au pouvoir au premier tour. Il décréta avec quelques militaires et l’Eglise protestante  qu’il était vainqueur. La Haute Cour Constitutionnelle, toujours prête à aider le plus fort, entérina cette curiosité. Nous verrons qu’elle fera aussi bien pour Rajoelina .

Car enfin, si on commence à supposer la fraude électorale, on n’en finit plus, et mieux vaut donner raison au plus fort, d’autant qu’il faudrait chercher celui qui pouvait acheter le plus de voix. Bref, ce sont ces régimes qui veulent se donner des airs de démocraties, avec des institutions héritées de la France, mais totalement déviées de leur mission. Ça a l’apparence de la démocratie, car le peuple est censé voter, mais c’est autre chose. Il arriva donc au pouvoir, laissant au passage une centaine de morts sur le carreau. Ratsiraka préféra se retirer en France, où il vit un exil doré, certainement avec les économies réalisées durant ses années de règne. Bref en 2002 Ravalomanana s’est autoproclamé Président de la République Malgache, avec la bénédiction du Président de la HCC.

Et puis aussi, dans un pays où l’analphabétisme ne cesse de progresser, pour être supérieur à 50%, je voudrais qu’on m’explique le sens que peut avoir une démocratie, quand, avec un tee  shirt ou un petit billet, on peut faire voter n’importe qui, de même avec les diatribes des prédicateurs, pasteurs, gourous et autres imposteurs. Et si cela ne suffisait pas, quelle crédibilité apporter aux comptages de voix ?


Et figurez-vous que notre DJ fut élu maire de Tana en 2007, soit à  33 ans, pas mal non ? Comme ça, sur son charisme, sa valeur entrepreneuriale,  avec sa radio, sa société d’affichage, mais aussi belle maman. Bref, dans ce pays de cocagne pour le fric, rien n’est impossible et notre Handry arracha la mairie de Tana, qui est un tremplin quasi  obligatoire pour un merina. Ravalomanana avait prévu d’y placer un homme à lui, mais il fut battu. Connaissant Madagascar, on devine que tout ceci ne fut pas simple, ni gratuit, ni d’un côté ni de l’autre. Pour l’occasion il monta un parti politique, le TGV,  «  Tanora malaGasy Vonona »  (traduction : « Jeunes Malgaches prêts »), qui se déclarait franchement en opposition à Ravalomanana . Ce n’est pas non plus gratuit !

Ceci dit, la même année, Ravalomanana était réélu sans discussion possible à la Présidence de la République. Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne fit rien pour favoriser le travail de Rajoelina à Tana, coupant les subsides de l’Etat, tandis que la Jirama elle, coupait fréquemment l’électricité pour une histoire d’ardoise laissée par les précédentes mairies, et contestant son monopole des panneaux d’affichage. De plus de fréquents conflits les opposaient avec la chaîne Viva. Tout ceci tourna en eau de boudin, avec l’histoire entre autres des coréens de Daewoo et Ait Force 2 en 2009, Rajoelina ayant pris la tête de l’insurrection politique. Il s’en suivit des émeutes sérieuses, et Ravalomanana dut négocier son exil non sans avoir fait tirer une dernière fois sur la foule, faisant une trentaine de mort, à cette occasion. Il avait prévu de donner les cles de Madagascar à une Junte militaire, qui elle remit le pouvoir pour la transition à Rajoelina. A 35 ans donc.

Depuis, durant 3 ans, d’une part Ravalomanana fait tout pour revenir, entretenant sur place une opposition très active depuis son exil en Afrique du Sud, la Haute Autorité de Transition que Préside Rajoelina, avec l’aval de la Haute Cour Constitutionnelle, Haute Autorité qui regroupe une collection de « ministres » de toutes tendances jusqu’à assez récemment les partisans du Président déchu, ,n’est pas parvenue à organiser des élections, est régulièrement menacée de se voir couper les vivres, ce qui fait le bonheur des généreux chinois qui visent le Pétrole et les métaux, mais également doit composer avec les américains très pro Ravalomanana.


Il n’est pas exclu que Rajoelina n’ait pas la moindre compétence pour un tel poste, et les « investisseurs » s’en donnent à cœur joie, consolidant un neo colonialisme étouffant pour le peuple. Au début l’Elysée par la voix de Nicolas Sarkozy a fait remarquer que Rajoelina avait pris le pouvoir par un coup de force ce à quoi les malgaches répondent qu’il a été validé par la Haute Cour et que Ravalomanana avait fait de même. Ceci dit aussi, les attaques de Ravalomanana contre la francophonie, faisaient craindre pour les intérêts français encore puissants là-bas, et agaçaient souverainement les français. Donc depuis, comme toujours, une attitude très France Afrique a été observée. D'un côté une certaine forme de « reconnaissance » de Rajoelina, même si elle est mesurée et assujettie à un certain nombre de concessions, en particulier pétrolières mais pas seulement, en plus en contre chant, on susurre qu’une sortie possible serait le "ni ni", c’est à dire ni Rajoelina ni Ravalomanana, aux prochaines élections, lequel  Ravalomanana est totalement opposé à cette éventualité et, depuis son exil doré vient de se faire incroyablement réélire Vice-Président de l’Eglise FJKM. Pas mal pour un homme condamné par la justice de son pays à la prison à vie par contumace.

Je reproduis ici un article paru sur  Sobika pour info :

 

Test grandeur nature

 

 

Les élections pour le renouvellement des membres du bureau au sein de l’Eglise réformée Fjkm n’auront pas été une promenade de santé pour les deux candidats à leur propre succession, à savoir les Présidents et Vice-président sortants, respectivement Lala Rasendrahasina et Marc Ravalomanana. S’il est vrai que, dans d’autres domaines, notamment celui politique, plus les résultats des scrutins sont serrés, plus les consultations peuvent être qualifiés de démocratiques, le fait se prête à des interprétations beaucoup plus inquiétantes non seulement pour les vainqueurs mais aussi et surtout pour l’organisation concernée, en particulier dans les circonstances actuelles. Car sans aller jusqu’à dire qu’il fallait s’attendre à un plébiscite, force est de constater que les résultats réalisés par les deux candidats suscités n’ont pas été à la mesure des intenses actions de lobbying en leur faveur qui ont précédé les opérations de vote.

 

Ceci, sans parler des autres arguments plus que percutants  -  pour ne pas dire sonnantes et trébuchantes  -   qui, on le devine, auraient pu accompagner les propagandes. Dans tous les cas, au vu de ces victoires dans un mouchoir de poche, le moins qu’on puisse dire est que, dans des conditions « normales », les deux favoris auraient sûrement été proprement terrassés par leurs adversaires aux moyens beaucoup plus modestes..

Au-delà, pour beaucoup, ces scores presque de parité des élections à la tête de la Fjkm, bien même qu’ils soient plus ou moins tronqués, ne peuvent que refléter la division en son sein et sans qu’il soit besoin de le souligner, il est clair qu’elle puise ses origines, en grande partie, dans la crise qui affecte le pays actuellement. Pour moitié en effet, ce vote sanction signifie un désaveu à l’égard de ceux qui ne se sont pas privés de mélanger le spirituel avec la chose politique, voire d’instrumentaliser le premier au profit de la seconde. Pour moitié, il s’agit d’un désaccord manifesté à l’égard de ceux qui se sont révélés être à l’opposé de ce qu’ils étaient censés être, c’est-à-dire des directeurs de conscience.

Quoi qu’il en soit, en ce qui concerne particulièrement Marc Ravalomanana, beaucoup estiment que, si ces élections s’étaient tenues au suffrage universel direct, elles auraient pu servir de test grandeur nature pour sa popularité actuelle, du moins au niveau de la communauté protestante. Et si déjà, sur ce qu’on aurait pu considérer comme étant son « terrain de prédilection », il apparaît que l’homme avait tout le mal du monde à obtenir une confortable majorité, qu’en sera-t-il dans la prochaine course à la magistrature suprême du pays auquel il compte s’aligner et où l’électorat sera beaucoup plus large, pour englober notamment  -  et pour ne citer qu’eux  -  les croyants de la très puissante Eglise catholique que l’ex-Président, nul ne l’ignore, n’avait absolument pas en odeur de sainteté tout au long de son quinquennat et demi ?

 

En attendant, vu de l’extérieur, la corruption s’amplifie de façon dramatique, la misère aussi, avec l’insécurité. Et le pays coule, sans véritable gouvernement, à la merci de toutes les spéculations ! A tel point que je connais des gens très modèrés qui pensent que pour sortir de ce marasme il faudrait une junte militaire "probe" qui organiserait les élections! C'est dire si ça va mal!

 

A suivre : les enjeux de Madagascar

lundi 13 août 2012

Deux heures trente de bonheur!


Deux heures trente de bonheur. Sortir de l’arène vidé, au bord des larmes. Retrouver le parfum de la corrida qu’on aime.

Les toros d’abord, « los  escolares », souvent couleur souris, d’une présentation irréprochable non seulement d’homogénéité, tous autour de 500 kilos, avec des têtes caractéristiques, pour le moins boisées, mais surtout d’un trapio impressionnant, ( soit dit en passant, il n’est pas nécessaire de peser 600 kgs pour avoir du trapio), longs comme des trains de marchandise, hauts comme des miuras,  portant fièrement dressée la tête, les cornes griffant le  ciel, avec quelque chose à la fois de suprêmement élégant, leur ligne, leur déplacement et leur port de tête, mais aussi de rupestre qui les font ressembler aux gravures préhistoriques, rappelant aussi les origines du toro de combat. A tel point que de mon point de vue, le sobrero  du même élevage, sorti en remplacement du second qui s’était brisé une corne, faisait figure de vilain pas petit canard, ou de  « garbanzo negro », impression que son comportement en piste  ne démentit pas. Dommage pour Castano, qui fut averti au moins trois fois et ne put rien tirer de cet animal très dangereux.

Pour tout dire, je n’ai pas l’intention de me lancer dans une resena car tout va être ou est déjà dit. Je me souviens seulement de cette plaza ivre de bonheur et d’orgueil, « ça y est enfin, nous autres, à Dax, nous avons notre indulto », prête à foutre le feu si le présidence n’accordait pas l’indulto, qu’elle accorda à « contre cœur » mais avec le souci de ne pas finir dans une barrique de goudron, d’autant que le grand Cesar Rincon, qu’on savait très lié à l’éleveur, se faisait le chef d’orchestre de la pétition, ce qui évidemment la légitimait. Donc, ce public, si prompt à accorder l’oreille dès qu’une faena faisait cent passes à d’aimables cornus coopératifs, n’a pas daigné sortir son mouchoir pour accorder une oreille à Robleno, à son premier plus précisément, faena que pour ma part, j’ai trouvé très méritoire. Mais là on avait déjà compris ce que signifie « se croiser », car précisément, les rares fois où il fut mis en difficulté, furent lorsqu’il omettait de « se croiser ».

Ou, aussi, comment on peut passer d’un extrême à l’autre. Car enfin, pour une plaza qui compte plus de 50% d’abonnements, avec un taux de renouvellement qu’on suppose constant, on imagine mal que le public des « escolares » était fondamentalement différent, et avait basculé dans une exigence torista digne d’un « tendido 7 ».

Les plus optimistes diront qu’il s’agit d’un virage salutaire de la corrida, d’autres plus frileux resteront dans l’expectative quant aux raisons profondes, y compris les moins avouables, de ce revirement. Je suis de la seconde catégorie. Il me semble enfin que lorsque on  va voir une corrida de Jandilla avec le gratin du G10, on sait parfaitement à quoi  s’attendre, y compris au niveau des exigences des seigneurs,  « saigneurs ? », et le mieux, si on n’est pas intéressé est de rester chez soi, et aussi cette façon de  brûler ce qu’on a adoré me paraît pour le moins ridicule, et je ne veux pas défendre El Juli, qui porte une lourde responsabilité avec ses compères du G10 dans le marasme actuel de la corrida. Mais il fait ce qui jusqu’à maintenant lui a parfaitement réussi, du Juli, et que le public payant a parfaitement le droit d’apprécier.

Mais ce qui est certain c’est qu’un spectacle taurin de la qualité de celui qu’on a vu ce dimanche, finit par rapprocher tous les points de vue dans l’unanimité, les hommes concentrés, se mettant au niveau de leurs opposants très cornus, avec un premier tercio ressuscité, la nécessité pour les toreros de respecter le placement ou le « sitio » et de se croiser constamment.

J’imagine qu’il y aura quelques pisse vinaigre, perfectionnistes et suprêmement connaisseurs, eux, qui contesteront ceci ou cela, mais à mon avis, c’est sans importance. Nous avons assisté à une corrida, à ce que devrait être une corrida, avec des toros magnifiques de présentation, dans le type, sans surpoids, braves, « encastés », exigeants et terminant bouche fermée,  de comportement varié allant de la suavité sans grande transmission pour un exemplaire, à la complication extrême, en passant par la manière de perfection du 6ème, au niveau du comportement dans la muleta, je dis bien : vibration, émotion, bravoure et noblesse, et ce malgré un châtiment excessif à la pique et une armure invraisemblable, il a tout de même terminé, lui aussi, bouche fermée.

Autre détail dont je n’entends pas parler : je n’ai pas entendu sonner un seul avis, pourtant la corrida a duré plutôt longtemps, mais sans ennui. Ceci étant sûrement lié à de gros premiers tiers.

Je n’ai jamais été un franc partisan de cette mortifère distinction entre « torerista » et « torista », actuellement, on en mesure les conséquences. On passe d’un extrême à l’autre ! Et dans le public, d’aucuns ont maintenant honte d’apprécier certaines choses, alignant leur jugement sur le gueulard systématique qui lui, sait.

Et ceci me rappelle ce que comme toujours opportunément, me disait mon Deck : « regarde les videos d’avant, tu y verras du pico et des gens décroisés ». Bien sûr, le  « toreo » de profil, latéral, n’existe pas d’aujourd’hui, et il eut même la cruauté de m’infliger une video de mon cher Ordonez. Beaucoup de grands censeurs feraient bien de vérifier.  La seule différence est que les figuras se fabriquaient chaque année à las Ventas, devant le public le plus exigeant du monde, et que les figuras de l’époque se colletaient aussi à une grande variété d’ « encastes », mais je ne suis pas naïf au point de penser que les « putadas » de composition de cartel,  les « sorteos » truqués et les exigences au niveau des élevages et des « veedores », datent d’aujourd’hui. Elles ont atteint simplement, pour certains élus, l’insupportable.

Et « le pico », c’est facile. La muleta va chercher la pointe de la corne extérieure. « pico !!! ». Sauf que tout de même, lorsqu’il y a « pico » et « toreo décroisé » on est dans le mensonge et les « borregas », car ce qu’on a bien vu hier, c’est que les toros « encastés » ne supportaient pas le « toreo décroisé », et que ce «toreo  décroisé », dans ce cas, mettait le torero en grave péril. Ceci dit, je dis cela peut être pour lancer un débat, comment, étant très « croisé » par obligation devant un toro très armé, non parce qu’il est très armé mais parce qu’il est « encasté » et ne tolère pas autre chose, peut-on le citer sans mettre du « pico », au moins si on ne le cite pas à 15 mètres. Il me semble que l’important sur le premier cite est de faire passer la corne intérieure, avec toutefois le danger qu’en mettant « trop de pico » le toro vous voie, et Dieu sait que ces toros regardaient l’homme puis la muleta et inversement,  c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, les apprentis toreros qui ne savent toréer que « décroisé » et avec un maximum de « pico », ce qui, finalement semble être la seule chose qu’on leur apprenne en école taurine, courent finalement de graves dangers quand par hasard un toro sort avec un peu de « genio ». Mais je n’exclus pas de n’avoir rien compris: je demanderai l’arbitrage des gueulards de service.

Je le répète, j’ai vécu deux heures trente de bonheur, avec des toros toujours intéressants, de comportement variable, ce qui est la moindre des choses avec des toros « encastés ». Je souhaite seulement qu’on ne tombe pas d’un excès dans l’autre qui serait tout aussi mortifère pour la corrida. La corrida ne peut pas vivre sans public. Et toutes les plazas n’ont pas la chance de ces quelques  plazas françaises où la corrida coïncide avec la « fête ». Ce que j’ai vu ce dimanche me paraît un excellent compromis, où tout le monde a trouvé son compte. A méditer pour les « figuras »,les organisateurset les "éleveurs".

mardi 7 août 2012

Un pays qui coule (2)


« Qui trop embrasse mal étreint »



Le souci majeur de Monsieur Ravalomanana était de consolider son monopole sur tout l’agro-alimentaire de Madagascar, en exemptant également toutes ses entreprises de toute charge fiscale. Ceci passa aussi par la suppression de toute concurrence. Ensuite évidemment les très rentables trafics : bois précieux, vanille, cacao, café, zébus, mais aussi pierres précieuses, semi précieuses, or, pétrole, riz, huiles essentielles et les importations, devaient passer sous son contrôle ou celui de ses affidés.
Très astucieux c’est avec un certain cynisme qu’il monta une police anti-corruption, si, si, si, cela aussi fait bien rigoler les malgaches, « encore une connerie » et même une cellule anti blanchiment « encore une connerie », comme dit le serveur du restaurant de notre hôtel. Or la corruption est un secret de polichinelle, à tous les niveaux de l’Etat, y compris les plus hauts,  et des Administrations du plus petit niveau au plus élevé, y compris judiciaire ou policière à tous les niveaux, sans parler des douanes, par pudeur, voire même certains secteurs universitaires. Bref, parlons clair, aujourd’hui tout s’achète ou peut se vendre à Madagascar.
Quant au blanchiment d’argent, c’est aussi une tarte à la crème, car si dans les banques on effectue la change avec un certain nombre de précautions et contrôles, là où le change est le plus spectaculairement favorable, c’est dans des officines de change qui n’ont rien de confidentielles ; ont pignon sur rue, fleurissent partout et où vous pointez avec vos euros et sortez avec des ariarys sans le moindre contrôle. Exemple à Tana à deux pas de l’hôtel et dans une des rues les plus importantes de Tana, et à deux pas aussi du Palais Présidentiel, pour un cours officiel de 2880 on changeait à 2850, 2550 à l’hôtel et entre les deux dans une banque. En réalité il faut être vigilant car on trouve toutes sortes de changes, mais la grande ile est une lessiveuse à monnaie de première grandeur, et les antis blanchisseurs devraient ôter leurs verres de lunettes en bois de rose massif. C’est aussi pour cela que les malgaches se marrent, mais dirons-nous d’un rire jaune, ce qui est dans leur cas, un peu contre nature. « Encore  une connerie » !

De plus Ravalomanana était soutenu  par une partie de l’Eglise Protestante,  dont il était ni plus ni moins que le chef , l’église FJKM ou l’église réformée malgache. Pour bien comprendre l’importance de l’Eglise et plus particulièrement protestante à Madagascar, je conterai la démarche de Mamy . Marié l’an dernier avec Nathalie, il est père d’un petit garçon depuis fin Mai. Jusqu’ici, Mamy ignorait royalement la religion, voire même plus, un peu à l’image de cette mécréante de Lanto. Déjà en vue de son mariage il avait fait une préparation religieuse poussée et il poursuit assidument sa formation. Comme je m’étonnais de cette conversion pour le moins spectaculaire, il me dit qu’il était nécessaire de faire partie de la communauté et de plaire au Pasteur, en étant connu de lui. C’est la façon plus tard de garantir l’accès de l’enfant aux bonnes écoles privées, entre autres bénéfices.  Et désormais gêné, il éluderait soigneusement le sujet, que je renonçai à aborder. Mais son cas est courant : un de ses frères également, que j’ai connu très mécréant, est marié à une femme très croyante. Même discipline pour lui. Ses deux filles fréquentent des lycées et écoles supérieures religieuses et évidemment privées et fort chères. Lui est plus clair sur le sens de  sa démarche en n’en fait pas mystère. Donc à l’évidence on ne peut pas parler de séparation de l’Eglise et de l’Etat, et de plus les pseudos églises de tout crin se multiplient, surtout dans les provinces où l’analphabétisme, les superstitions, les pratiques proches du vaudou font des ravages et font de ces déshérités des proies faciles pour tous les imposteurs.Et, dans un pays où l’analphabétisme, précisément, est supérieur à 50%, on imagine le poids d’un Pasteur ou autre gourou qui inciterait à voter pour tel ou tel candidat.

On peut dès lors parler de folie des grandeurs lors de son second mandat pour Ravalomanana. S’il est vrai qu’il a développé une ébauche de réseau routier, le premier bénéficiaire a été, aussi, son groupe. Dans ces années fastes, en partie la route de Tamatave était sillonnée par les beaux camions de Tiko. Aujourd’hui ces routes construites plus que légèrement,  comme celles de Diego et Majunga se dégradent à une vitesse effrayante. On peut se demander quelle partie du budget prévu passait réellement dans la construction de la route et non sur certains comptes discrets. Encore une connerie !
Certes déjà les avantages accordés à ses entreprises au détriment du fisc, son monopole de fait en interdisant toute concurrence, son flirt poussé avec l’Eglise FJKM dont il s’est fait élire vice-président, son désir de contrôle strict de la presse et de l’audiovisuel en général, comme sa  francophobie exacerbée qui le pousse à promouvoir l’anglais, au grand dam des élites malgaches.
Mais tout cela après tout ne serait rien, si on excepte la  ricaine « touch » derrière tout cela. US AIDS est au sommet de son intervention bienfaitrice, et on parle de l’Ambassade américaine. Bref tout va bien pour le « self made man, golden boy ». On sent bien que ça barbouze un max. Ravalomanana allait commettre au moins 3 énormes fautes de goût :
-         - en interne, il alla jusqu’à envisager et bien plus avait décidé de concéder au coréen Daewoo l’exploitation de 1,3 millions d’hectares de terres cultivables. On imagine bien sûr quel profit auraient pu tirer ses entreprises d’agro-alimentaire de la manip dont nul ne connaît les aspects contractuels, sinon qu’il s’agissait  d’un bail emphytéotique  de 100 ans. Lorsqu’on sait la valeur inaliénable attribuée à la terre à Madagascar, il s’agissait tout simplement d’un sacrilège. En effet des populations forcément vivaient sur ces espaces, (cela représente peu ou prou un carré de 100 km de coté), avec sûrement des tombes, des lieux sacrés qui seraient  profanés et tant d’autres choses qui comptent pour les malgaches. Ceci dit, ce qui a le plus alimenté les soupçons est que l’opération a été ficelée dans le secret le plus absolu et sans la moindre transparence.
-          sa francophobie affichée agaçait Paris tandis que son libéralisme échevelé lui attirait certaines sympathies : Allemagne, Chine, Etats Unis. Ceci le conduisit à confier à des acteurs étrangers des entreprises phare comme la Jirama (le producteur  et fournisseur d’énergie électrique à Madagascar) aux allemands, mais aussi en 2005, le groupe Bolloré perdit la concession du port de Tamatave, privatisé au profit d’un groupe philippin et il fallut des pressions très fortes de l’Elysée, car la France reste un bailleur de fonds essentiel pour Madagascar, en 2008, pour que Total finisse par signer avec l’Etat malgache une licence lui permettant exploiter les sables bitumineux de Bemolonga , à l’Ouest de l’île, alors que Ravalomana, qui admirait le régime libéro-autoritaire chinois, voulait précisément en confier cette exploitation à ces chinois, qui eurent leur compensation avec les mines de fer dans la région de Majunga, à Soalala en 2010 ce coup ci. Toujours en 2008 l’ambassadeur de France Gildas Le Lidec fut viré comme un malpropre. Le bruit court qu’il aurait fait survoler certaines zones occultées par des hélicoptères, ce qui dans ce cas ressemblerait à un règlement de compte de  barbouzes, mais aussi que ce diplomate habitué de l’Afrique était précédé d’une réputation quelque peu sulfureuse car où il passait, cela se terminait en conflit armé, (Congo et Côte d’Ivoire) . Je ne sais pas si cet argument est valable dans la mesure où les conflits armés semblent les seuls moyens de régler les problèmes en Afrique, mais il semble que le très superstitieux Ravalomana  était persuadé que notre représentant « avait le mauvais œil ».
-        - enfin, soucieux d’imiter les grands chefs d’Etats, il envisagea de recevoir l’Union Africaine à Tana, fit construire un hôtel somptueux non loin de l’aéroport par les chinois, acheta un stock de voitures de luxe, mais surtout s’offrit un Boeing sur le modèle de Ait Force One, surnommé Air Force 2, pour la modique somme de 60 millions de dollars. Dans le 12ème pays le plus pauvre du monde, tout cela faisait un peu désordre.

Mais, « qui trop embrasse mal étreint »

A suivre, « l’irrésistible ascension d’un DJ »