Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

lundi 31 août 2015

Plutôt que de voir ainsi agoniser Las Ventas............


Ce week end du 22 Aout  j’avais décidé de rendre visite à mes amis de Madrid, la Condesa et  Angel Luis. Samedi délicieux, déjeuner avec ma chère Carmen, puis soirée avec Angel Luis et l’historien Grimaldos. Cette tertulia s’est achevée vers 3heures du matin, dans un bar sur une place près de Carabanchel, qui maintenant ressemble à une cocotte minute renversée. Quelle horreur !
Le dimanche tapas, canas et déjeuner a La Puerta Grande et  nous nous sommes retrouvés les 3, La Condesa, Angel au tendido 3 alto.
Angel m’avait dit, « en Aout, c’est parfois intéressant, on peut voir des toros et des toreros qu’on voit peu". Bon !
Toros de Lagunajanda, origine Salvador Domecq, 3 toreros : Lopez Chaves, (3 corridas en 2014), Victor Janeiro, ( le frère de Jesulin, 1 corrida en 2014), et Julio Parejo qui  confirmait son alternative. On le voit, tous auraient dû avoir quelque chose à montrer.
Un tiers d’arène, quelques touristes égarés, chaque torero a amené sa claque, nous sommes à coté de celle de Janeiro.
La corrida pèse 540 kilos de moyenne, plutôt correctement présentée donc. Le premier se brise la corne, il sera changé avec un autre. Deux sobreros donc de « El Risco » et « Conde de la Maza ».
Les toros sont d’une faiblesse insigne, scandaleuse, qui plus est totalement décastés et obligés de « se battre » sur place.   A part deux « gordos » que Carmen connait au 4, aucune réaction. Ils sont habitués à se faire sortir par la police, là à part un début un peu bruyant et quelques palmas de tango, ils se sont tus, anéantis.
Que dire ? Des cuadrillas honteusement absentes et je m’en foutistes, d’une vulgarité rare. Des toreros plus que limités et qui semblaient aussi s’en foutre, un public amorphe. Un laisser aller et un "bordel" incroyables en piste. Des chevaux de picadors qui s’affalent au moindre contact et qui dorment à terre, il faut presque un cric pour les relever. Et dieu sait que ces toros n’étaient pas des foudres de bravoure ni de force. Je pense qu’on avait dû forcer un peu sur les sédatifs . RIDICULE ! Je pense à la cuadra de Bonijol et le splendide Tabarly.
Je connais des arenes en France où un tel spectacle, toros et toreros, aurait déclenché une émeute, demandé la démission des organisateurs, du maire ou peut être du député du coin. Là rien.
Un ennui pharaonique, je parle du repos dans la pyramide, une tristesse infinie, des souvenirs de las Ventas qui se bousculent. Angel  et Carmen, ventenos purs et durs me disent que c’est ainsi désormais à las Ventas.
Carmen, très triste me dit que « plutôt que de voir ainsi agoniser las Ventas, je préfèrerais la prohibition » . C’est dire ! Bon elle a parfois tendance à exagérer mais tout de même, quand on sait ce que pour elle représentent Las Ventas, on frémit un peu.
Nous nous sommes séparés en silence devant Flemming, Carmen vers son métro, Angel vers sa voiture, et votre serviteur vers son taxi. Nous n’avions même pas le cœur à aller « batailler » dans un bar taurin.
Que l’aficion de la prétendue première arène du monde soit dans cet état est bien pire que toutes les attaques des antis.

dimanche 16 août 2015

Immense corrida de Pedraza de Yeltes.


On attendait les Pedraza au virage. On ne fut pas déçu. De la bravoure, de la noblesse souvent, et de la caste. Un trapio impressionnant, des têtes à donner des cauchemars aux toreros, longs, hauts, puissants.

Ils livrèrent tous un vrai combat, âpre, exigeant, avec des tercios de pique hallucinants qui mirent une fois de plus en évidence la toreria des chevaux de Bonijol et des picadors, pour une fois fêtés.

 J’en ai vu au bord des larmes près de moi, émus par ce spectacle d’un autre temps, ou sans mots pour dire ce qu’ils ressentaient.

Et ce sixième toro, une montagne de nerf de sauvagerie et de bravoure pure. Del Alamo l’avait plutôt bien entrepris à la cape, mais dès qu’on ouvrit la porte du patio de caballos, à l’autre bout de la piste, on laissa échapper le monstre qui partit directement sur le cheval. S’en suivit un tercio hallucinant, le toro poussant comme un enragé, y compris sur le cheval démonté. Chutes bien sûr, peur pour le cheval et pour le picador.

Lorsqu’enfin le monstre lâcha le cheval, ou plus exactement lorsqu’enfin on réussit à l’en détourner, il sema la panique pour les banderilles. Del Alamo eut l’immense mérite de faire face à ce grand toro et, à sortir une vraie bonne faena, car le Pedraza était plutôt noble, type piquant encasté. Une bonne estocade et un tour de piste pour cet immense toro, qui réellement, s’il avait pu être correctement géré à la pique, était, à mon avis d’indulto car plus que complet. Del Alamo avait déjà coupé une oreille à un extraordinaire rouquin, brave aussi, bien sûr, et avec une alegria dans la charge incroyable. Vuelta aussi pour cet extraordinaire toro.

Nous étions beaucoup à nous dire que nous n’avions peut être jamais vu une corrida aussi complète, aussi émotionnante.

ET maintenant venons en au  hiatus. Une partie du public, la plus gueularde, refusa la sortie à hombros du torero. Chacune de ses oreilles était plaquée or pourtant. Que lui reprochait-on ? D’avoir perdu le contrôle du toro pour les piques, sûrement. C’est cruel, car nul ne sait si quiconque aurait pu contenir ce volcan de bravoure brute et de sauvagerie, (fiereza). Ensuite il fallut le consentir, ce que le petit homme fit très bien.

Continuons. Commentaire ce matin de Terres Taurines d’un mystérieux correspondant. Je copie et colle :

« Le succès remporté par la ganaderia de Pedraza au détriment des toreros et surtout de Juan del Alamo, injustement maltraité par le public qui ne le laissa pas sortir a hombros, ne doit pas masquer l'absence d'identité de ce troupeau, ni franchement toriste, ni réellement de qualité, mais dont les toros font parfois illusion en imposant leur masse physique qu'il ne faut pas confondre avec la véritable bravoure ».

Certes, ce n’est pas Viard qui a écrit cette connerie, mais il est responsable de sa publication.

vendredi 14 août 2015

Urdiales: comme un haiku


J’avais voulu voir Urdiales et les Jandilla de Borja Domecq. Ce dernier est un homme jeune et vraiment charmant. Il était là accompagné de 3 de ses 4 filles. « Ni un macho ». De très jolies fillettes, bien élevées et avec de très beaux yeux bleus.

Les toros fournirent une corrida intéressante, plutôt bien présentée, et avec pas mal de bois. Des comportements variés, âpres ceux de Urdiales, avec ce piquant propre à la maison  mais aussi des coups de tête violents, ceux de Adame étaient les meilleurs, avec des charges vibrantes, longues et profondes. Le mexicain en tira un bon parti et fit admirer une bien jolie aptitude à lier les passes et à tirer le bras.

Très mauvaise après midi pour Leal, qui étouffa son premier toro, refusant de lui donner l’air qu’il méritait, dans un toreo voulant imiter Paco Ojeda. A son second soso mais peut être abimé à la pique, il voulut prendre le contre pied : puerta gayola et plongeon, le toro passe au dessus, seconde tentative en piste, même plongeon. Ouf dangereux et inutile mais sans bobo. A la cape, le torero cède du terrain à chaque passe. Il tente ensuite de donner de la distance au toro, prenant le contre pied de ce qu’il avait fait à son premier. Il termine sa faena dans un ennui profond. Mauvaise journée, pour ce jeune torero, déjà desservi par sa grande taille, mais qui en plus sembla perdre ses « papiers ». Peut être voulait t’il trop bien faire ? Cuadrilla totalement dépassée !

Reste Diego Urdiales. Il toucha les plus difficiles du lot, le premier un rouquin violent, court, puissant et dangereux, le second moins compliqué peut être, mais court aussi. A la cape, Urdiales gagna du terrain à chaque véronique, pour terminer au centre. Ce n’était pas si simple devant le premier tambour major.

Je vais tout vous dire, j’ai adoré ce toreo très court : Urdiales utilise un répertoire très

restreint de passes, et se refuse à toute fioriture ou concession au public. Ce n’est certainement pas un manque de respect, c’est sa conception du toreo, qui rappelle certain,  celui à  l’ancienne des années 70 et de façon évidente, le maestro Antonete.

L’homme est habitué aux tontons, ceci se voit. Il est calme, toujours réfléchi, bien placé.

Son toreo est quasiment une épure, une recherche de stylisation, dans un dépouillement quasiment ascétique. Chaque passe est un bijou de sobriété de justesse et d’efficacité, minimaliste comme un haïku.

Devant ce toreo si pur, si madrilène d’antan, j’ai ressenti une vraie émotion, une nostalgie
aussi et un vrai bonheur. Mais cette absence voulue de concession, monte difficilement aux gradins. Une demi-arène y fut apparemment sensible et ce n’est déjà pas si mal. Pour cette raison, la Présidence se fit prier, c’est un euphémisme pour accorder l’oreille, amplement méritée de son second toro.

Enhorabuena y gracias torerazo !