Certes j'ai honte de rebondir sur l'excellente méditation de Marc sur la photographie, au moins pour celle que je connais un peu, celle de guerre et plus précisément d'Espagne. Je ne suis pas certain que ni Don Ernesto, quelles soient ses excellentes dispositions,ni Capa, ni tant d'autres dont Malraux, l'invincible, aient rendu compte de la meilleure façon qu'il soit de ce drame terrible qui n'est pas loin de m'obséder, chacun voyant d'ailleurs midi à sa porte.
Cette époque regorge de photos terribles, d'amateurs si on peut dire.
Voici donc Monsieur ou Don Julian Besteiros, dans la prison de Carmona, Seville. Il a encore ce sourire vaguement énigmatique qui fut toujours le sien.
Ce fut le Président des Cortes de la seconde République espagnole, professeur éminent de « logique », et peut être le seul théoricien sérieux de marxisme, ce qui en Espagne n'a jamais signifié « communisme » tel que nous l'entendons ici.
Hé bien voilà un homme qui a toujours cru que la négociation entre espagnols était possible, et, sachant, comme tous les autres, après la perte de Santander et du Nord, singulièrement, que tout était perdu, tenta de s'opposer à Negrin et sa stratégie de résistance pour qu'enfin, les puissances voisines, dont la notre, s'intéressent à la République.
Donc, Besteiros adhéra à une inutile révolte finale, à Madrid, et se laissa capturer dans le bureau de son ministère.
Puis cet homme malade, laissé sans soins, mourut dans la prison de Carmona, après avoir été contraint, ce n'est pas le mot, aux corvées les plus sordides.
Cette photo m'émeut toujours aux larmes, de cet homme, souriant, digne, cachant ses brisures, tenu au col par un geôlier plutôt satisfait, avec toutes les rondeurs du franquisme triomphant.
Même le très fasciste Serrano Suner , le « cunadissimo », « beau frérissime » de Franco, dit que ce fut une erreur de laisser mourir sans soin ce grand véritable intellectuel malade en lui faisant nettoyer les chiottes de la prison.
Cette mauvaise photo le dit.
3 commentaires:
Sur la forme. Je t'explique Chulo... il faut être ambitieux : pour le Québécois qui serait venu se perdre chez toi, ne serait-ce que par erreur, il ne faut pas dire "marc" mais "photosmotstoros" ou mieux, mettre le lien direct...ce qui contribue à grossir mes statistiques ce qui ne manquera pas pas de me rendre de plus en plus imbuvable (prétentieux) au fil du temps, ce qui est quand même une bénédiction pour tous ceux qui me haïssent.
Sur le fond.
1)Le rebond bloggosphérique est normal et courant... même chez ceux qui ne le signalent pas mais dont on voit bien par quelle association d'idée il y sont venus... Il ne faut pas s'en excuser. D'ailleurs qui te dit que mon article ne m'a pas été inspiré par ton commentaire où tu disais vouloir écrire sur la guerre d'Espagne ? Mmmm ? Eh bien si, justement,c'est toi qui me l'a inspiré !!!
D'autre part cette contribution qui m'apprend des choses est intéressante. Vas-y Chulo ! Décomplexe l'historien qui sommeille en toi...
j'y ai pensé après, excuse moi.
Ah ben non, chulo, c'est un détail, ça ne justifie pas des excuses, pas du tout... no passa nada
T'as vu par contre la superposition que le comment fait avec ton message ?
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