Georges est revenu, voilà une nouvelle d'importance.
Nous avions beaucoup aimé, « Drôles de Petites bêtes » qui incitèrent tant Mathilde à lire, même si aujourd'hui, ce sont des histoires de vampires. Elle écoutait ces histoires que je lui lisais chaque soir,
avec ces yeux de mer tendre qui se rend au soleil couchant.
« Mireille l'Abeille », « Luce la Puce », « Grace la Limace », « Adrien le Lapin », et même « Huguette la Guêpe » allez savoir pourquoi.
Toute la collection stockée dans un bahut. Dont « Georges le Rouge Gorge ».
J'ai un grand catalpa, du genre envahissant. Aussi une horreur d' albizia qui finira bien par me soulever la maison. Le putain de catalpa prenait ses aises chez les voisins qui ne se sont jamais plaints, mais ça m'ennuyait; l'albizia répand des choses gluantes qui pourrissent mon toit. Bref, afeitado sévère, pour les deux, chaque année. Au frontal. C'est assez laid mais au printemps ils repartent comme des forcenés.
Ainsi, j'ai le triste privilège d'avoir dans mon jardin les deux grands arbres les plus grotesques du quartier. Mais quand chaque année je les réduis quasiment au fût, et qu'ils ressemblent à de pathétiques poteaux honteux, prolongés de hideuses excroissances je m'interroge sur l 'utilité de garder ces ornements de jardins normaux, ( il y en a tout autour de ma maison des jardins normaux), et aussi, chez moi, sur d'éventuels signes avant coureurs de sénilité.
Le jardinier râle chaque fois qu'il doit procéder à la honteuse amputation. Il s'est reconverti au jardinage et suit quelques cours. "C'est difficile" me dit t'il mais pour la finesse du travail qu'il a à effectuer chez moi, ça suffit bien. Il joue au rugby dans une équipe d'anciens, mais lui n'avait jamais joué auparavant, et n'est pas vraiment un ancien. Il ne fait pas grand chose comme tout le monde, mais toujours avec un grand sourire d'enfant. Il vient d'avoir une fille. Son « épouse », il dit toujours son « épouse », tient sa comptabilité et fait les factures. « J'ai de la chance dit t'il car moi, les factures, vous savez.......... Et le ordinateurs. Pffffffffff ». Je n'ai pas répondu « je sais », j'ai ri avec lui.
Sur le catalpa, je laisse une branche de 2 mètres, horizontale. C'est encore plus hideux mais me permet de pendre des distributeurs de graines, un de graines mélangées pour « les oiseaux du jardin » , un pour des graines de tournesol. Puis deux autres pour des boules de graisse emprisonnant aussi des graines.
Les moineaux bouffent tout, les bergeronnettes aiment le tournesol et les boules de graisse, les merles et les tourterelles ramassent les miettes au sol, parfois aussi s'invitent des pinsons et des verdiers. En fait, je connais mal les oiseaux, même très mal, et c'est Mathilde qui va chercher sur un livre, et prétend les reconnaître. Nous nous « fritons » un peu, elle veut avoir raison, et je déteste qu'elle me prenne en défaut.
Donc, Georges est revenu ce matin, il s'est montré à la baie vitrée. Il annonce l 'hiver et le froid. On dit que les palombes commencent à passer, vers les cols hérissés de fusils ou barrés de filets. Bientôt tous les oiseaux viendront s'alimenter ici, je les regarderai au jour levant, se succédant dans un ordre mystérieux, et ils nicheront à nouveau dans ma haie. Ce sont des matins où je pense aux toros sous les "encinas" et ce râle sourd de bonheur qui parfois soulevait las Ventas. Mon gros boxer viendra poser sa tête de peluche sur ma cuisse, me regardant de ses yeux éperdus, en poussant un gros soupir. Il m'arrive de lui parler. Je préfère parfois les histoires de chien ou d'oiseaux.
12 commentaires:
joli texte au parfum d'arrière saison : l'automne et les toros qui ne sortent presque plus mais aussi ta "saison" par rapport à celle de Mathilde...
Tu veux qu'on lui écrive "P'tisabot le torito" ? ou "Dédé fait des pâtés" ?
pate ça rime pas avec Dédé!
merci en tous cas d'être passé amigo marcos!
paté pardon!
Beaucoup de tendresse et de poésie dans ce texte, beaucoup de détours réels et imaginaires, entre les arbres!
Chulo, vous me donnez des idées de nichoir pour mon grand pin parasol, à percher haut, loin des chats.
Gina
Merci Gina, pouyr ce commentaire trop bienveillant.
Un plaisir de vous savoir dans les parages.
Quant aux chats en effet, la prolifétation des oiseaux les excite, et ils en tuent quelques uns, surtout sortis du nid.
Mon grand couillon de boxer ne les supporte pas et je le soupçonne, j'en suis même sûr, de parfois en exterminer un par ci par là.Les anglais les apellent les "cat killers", je comprends un peu pourquoi.
Ce joli texte automnal rappelle les "leçons de choses" qui nous enchantaient dans notre enfance.
Saison des chataignes, des vendanges, migrations d'oiseaux, tout le cheminement immuable d'une nature qui nous ancre les pieds sur terre et qui nous rappelle sa beauté : il suffit de prendre le temps de l'observer.
C'est quoi un jardin normal?
Mon voisin a une chose agencée bien tout carré, il passe l'aspirateur dans l'allée si une feuille tombe et la serpillère dès qu'il pleut...
Moi je ramasse des noix en essayant de penser au printemps à ne pas mettre de voiture sous le noyer parce que ça poisse la carrosserie d'une colle noire qui ne part pas au lavage automatique dans les brosses tournantes...
isa du moun
(qui est contre les dacquois, tout contre ;- )
redoutables noyers, Isa.
Merci de votre visite montoise!
Cher Chulo: pourrais-tu me prêter ton boxer?
Juste qqs jours, pour courser les matous du voisinage qui guettent mésanges, rouge-gorges, rouge-queues, pour lesquels j'ai fabriqué des quatre étoiles avec bouffe à toute heure. Ne plus les voir mettre en danger mes protégés.
J'adore le spectacle des oiseaux, notamment l'hiver....et leur chant.
Abrazo
Pedrito
Amigo Chulo, veo tu blog, intento enterarme de algo, pero es dificil por eso no hago coemntarios.
Un fuerte abrazo y nos vemos pronto.
Mes préférés : les accenteurs mouchets, discrets mais toujours là.
Je les aime tous: ils me font rêver. Pourront-ils survivre à la pollution mortifère?
Mais le sittelle torche-pots n'est pas mal non plus. L'avez vous vu monter et descendre le long des troncs, vitesse grand V ? Un phénomène !
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