Le Français se sent dépositaire des Droits de l'Homme, c'est son Bien Immatériel. Soit !
L'Américain, fils d'un peuple jeune, sans grande Histoire, au sens où l'entendent les européens en particulier, s'est longtemps senti dépositaire de la démocratie fricassière et d'une morale à géométrie variable, permettant de soumettre les autres peuples au dieu dollar, et comme tout le monde, à son échelle, de soutenir quelques tyrans, dictateurs et cinglés.
C'est du business, donc respectable, nous dit t'on puisque l'emploi en dépend.
Le géant a vacillé sur son piédestal. Bien plus inimaginable, la guerre est venue sur son sol avec l'ignoble attentat du 11 Septembre, violant ainsi un sanctuaire et l'illusion que l'Oncle Sam peut soumettre le monde entier. La crise financière l'a ébranlé non seulement dans ses fondements économiques, ce qui serait déjà suffisant, mais dans ses convictions les plus profondément ancrées d'une respectabilité par le pognon. Le fameux hyper libéralisme financier, qui s'est infiltré dans le monde entier soumettant ses affidés aux seules volontés de la spéculation.
En même temps, d'autres pays qui ne font qu'appliquer les recettes tellement vantées le menacent, notre géant, dans sa suprématie économique confondue d'ailleurs avec une suprématie militaire. Il doit donc apprendre comme tout le monde à composer et à faire le dos rond.
Et comme souvent, le repli se fait dans l'intolérance, la religiosité. Xavier Klein a bien décrit ces mécanismes : http://bregaorthez.blogspot.com/2011/05/pilori-story.html. Ceux qui ont connu ce pays, dans mon cas, pour des raisons professionnelles, savent bien combien il est impressionnant d'étendue, de variété, de force et de puissance. Mais aussi, de suspicion, de brutalité, de certitudes. Et encore faut t'il dire que le Middle West ou le Texas ont peu à voir avec la côte Est qui elle même a bien peu à voir avec la Californie et le Nouveau Mexique. Par rapport à l'Europe, bien sûr, il y a l'unicité de la langue, un chauvinisme patriotique exacerbé lié à une prospérité passée extrême, une grande crainte de l'étranger au sens large, et surtout, je le répète le besoin de se fabriquer une Histoire, une Culture dont les ressorts sont l 'impérialisme économique, la religiosité et le culte du Dollar roi. Le tout dans un continent sanctuarisé.
La réaction de Marc Delon est bien différente, et, pour ceux qui connaissent les deux, cela n'a rien de surprenant. http://photosmotstoros.blogspot.com/2011/05/inculpe-libere-assigne-bague-filme.html. Lui, il voit dans cette affaire une justice qui, elle protège les victimes, contrairement à la notre et surtout, surtout donne une formidable leçon de démocratie, car tous les coupables sont traités de la même façon, puissants ou misérables.
Ceci dit, et ne constituant en rien une possible complaisance vis à vis du coupable, pour qu'il y ait coupable et victime, il faudrait qu'il y ait eu jugement, puisque, pour l'heure, ce sont deux versions qui s'opposent, parole contre parole, et que, toujours pour l'heure, il n'y aurait pas de témoin qui pourrait avec certitude établir les faits. Donc, pour moi, il faut bien admettre qu'il y a un présumé coupable et une présumée victime, si la notion de présumée innocence heurte certaines sensibilités.
Pour en revenir à la démocratie, au delà d'une interprétation faisant d'elle « surtout » un ensemble de règles morales, comme aux Etats Unis, je pense vraiment que dans certains pays de la vieille Europe où elle s'est imposée dans un processus historique et culturel, douloureux et souvent sanglant, elle est vécue comme une absolue obligation et aussi, la moins mauvaise des solutions, même si des pulsions populistes ou autoritaires peuvent exister fréquemment, et surtout en période de crise.
En tous cas, mondialisation ou pas, il me paraît illusoire pour le moment, de vouloir comparer les deux systèmes, car, heureusement, l'Histoire et les Cultures, donc, la Mémoire des Hommes, ont encore leurs mots à dire et leur signification. Disant comparer, je veux aussi dire qu’il me paraît inconcevable de vouloir imposer à l'autre un système particulier, ce qui est bien, encore de mon point de vue, la tentation des admirateurs de la démocratie américaine et de l'hyper libéralisme économique. Et c'est bien sur ce terrain que devrait s'exercer la politique « noble », précisément sur le sens de la démocratie et de l'Etat, dans leurs rapports aux citoyens.
Mais à toute chose, malheur devrait être bon, et le « show » de la justice américaine en action, devrait aussi nous inciter à bien réfléchir sur le rôle du Juge d'Instruction, justement dans l'hypothèse d'une justice égale pour tous. Le bon coté si on peut dire américain, étant qu'effectivement les affaires sortent avec violence et sans état d’âme, le mauvais étant bien, que dans le règlement judiciaire, la position sociale du présumé coupable peut y jouer un rôle tout à fait prépondérant, indépendamment même de la vérité.
2 commentaires:
Quoique l'on pense des Etats-Unis, de leur démocratie d'apparat et d'apparences, de leur peu de respect pour les droits de l'homme chez eux et de par le monde, on doit - cyniquement - leur être reconnaissant, nous, gens de gauche, de nous avoir délivré du répugnant DSK. Et quand je dis répugnant c'est pour tout ce que l'on savait déjà de lui.
velonero, tu le sais, tu es welcome ici!
nice to meet you!
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