Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

jeudi 26 mai 2011

Subliminal

J'avais juré de ne plus m'en occuper ni offusquer.



Mon Dédé, le phœnix du Boucau commentait avec une satisfaction extrême, « el  batacazo » de Zapatero, ennemi de la stupéfiante fiesta. Il ne manquait pas de souligner les mérites de Rajoy qui lui ne peut pas se prétendre aficionado, mais est un modèle de tolérance. Il encensait la divine Esperanza Aguirre qui le soutient tant à Madrid (Communidad avec les copains « propagandistes »), elle, l'aficionada perdida. Et un autre, lui, « practico ».

Bref il se rengorgeait, lui le maître de l'Unesco et de la corrida voisine du « bœuf de Bazas » et de « la tarte tatin », aux machins immatériels des trucs, « inventaire à la Prévert » a dit Fréderic Mitterrand, et c'est vrai que ça vaut le coup d’œil. Nul besoin de dire qu'il était satisfait de la défaite annoncée de Zapatero, le Dédé !.



J'ai peut être déjà eu l'occasion de le dire, mais Zapatero n'est pas réellement mon idole, même si j'aime assez le nom de son parti. Tout le monde sait aussi que l'Espagne a été emportée par sa fureur bétonneuse, bien amorcée vers la fin du règne de Franco avec le pognon des américains, et sous l 'impulsion des « technocrates de  l'Opus Dei » qui supplantaient « les Propagandistes » animateurs du « national catholicisme » des années 39 à 60 environ. Il faut bien dire qu'ensuite l'Espagne a bien profité des faveurs de l'Europe, mais également de grandes manifestations internationales que ce soit à Séville ou Barcelone, facilitées par le courant de sympathie envers ce peuple revenu de l'enfer de la dictature et son exemplaire transition. Faux culs va ! Les mêmes, en particulier anglo saxons, qui soutenaient le principe de « non intervention » bafoué quotidiennement par les italiens et les nazis, jusqu'à ce que les russes fournissent des armes, 6 mois pratiquement après le début du conflit. Sur tous ces points il y aurait beaucoup à dire mais sortirait de mon propos.

 A propos du bétonnage, peut t'on seulement relancer, soutenir, pérenniser l'économie d'un pays par l'offre, vaste débat ! Et je n'ai rien d'un expert.



A Madrid, il faisait une chaleur de « lave » me dit t'on. « Los indignados » occupent la « Puerta del sol », ils veulent du travail, ils ont raison. Quoiqu'on en dise, en France le soit disant si couteux modèle social, a joué un rôle d'amortisseur en préservant encore un minimum de pouvoir d'achat. Minimum je dis bien. Il vaut effectivement mieux être malade ou chômeur en France qu'en Espagne. Moi les « indignados » évidemment, j'ai de la sympathie pour eux, et leur manifestation tombait au « bon moment » des élections. Mais c'est aussi un autre problème. Dédé dirait que je suis mauvais joueur. Près de 50 pour 100 d'abstention toutefois, le gouffre ne cesse de se creuser entre le « politique » et ses « sujets ». Comme ici et ça c'est vraiment inquiétant !



Soit ! Maintenant, on va rentrer dans le subliminal. En 1931, la monarchie fut renversée par des élections municipales. En tous cas, le roi Alphonse XIII, constatant le désaveu de son peuple préféra s'exiler. C'est ainsi que s'installa la seconde République espagnole, dans une liesse indescriptible des « indignados » de l'époque. Revanche cinglante, 80 ans plus tard. Sauf qu'ici, nous sommes dans un jeu démocratique d'alternance et une tendance semble t'il imparable de droitisation, c'est un euphémisme, de l'Europe.




Subliminal toujours, l'estrade du PP triomphant et les amis de Dédé. Tout bleu le décor! Et moi, je ne peux m’empêcher de penser aux « chemises bleues » de la « falange », et ces près de 40 000 espagnols qui combattirent aux cotés de Hitler sur le front russe, la fameuse « division azul », payée et équipée par les nazis, en uniforme allemand, qui avaient exigé de conserver la « chemise bleue » sous le caca d'oie.



Ceci démontre s'il en était besoin combien chacun est influencé par sa culture, sa sensibilité politique, ses passions parfois même sa réflexion. Comme il peut l’être également par ses ambitions, ses intérêts à court terme qui peuvent également prendre le dessus sur toute réflexion. Question probablement d'organisation du cerveau.



L'alternance ne m'a jamais choqué. Elle était plutôt annoncée en Espagne. Et après tout, pour les « indignados », peu importe de savoir si Zapatero avait les moindres marges de manœuvre vis à vis de l'Europe, et encore moins si Rajoy en aura d'autres, ou s'il pourra profiter d'un « retournement de conjoncture ». Son programme doit être attendu avec curiosité.



Une chose est sûre pour Dédé, le PP va sauver la corrida et optionnellement, dans la foulée interdire l'ouverture des fosses, cette autre saloperie de Zapatero, qui avait, selon Dédé et Mundotoro de mes choses, pris la responsabilité de raviver des rancœurs.



Décidément, la Mémoire n'est pas le point fort de Dédé. Et pour ceux qui ignoreraient les remous de Madrid, avec la guerre de conquête de las Ventas, avec le « number seven » en carton pâte, les mêmes qui ont dézingué le « siete », dont lui,  le Dédé, sont maintenant les ardents défenseurs d'une corrida intègre. Disons que depuis la mort de Juan Pedro Domecq, il est de bon ton de chier sur ce qu'on a défendu bec et ongles. Vous savez, golirifier le toro artiste et son infinie difficulté et surtout nos omnipotents toreritos grotesquement autoproclamés artistes, et fustiger les "ayatollahs irresponsables".



Il me semble que Juan Pedro Domecq tenait tout l'équipage d'une main ferme. Subtil, cultivé, riche et influant, on dirait qu'il contrôlait la situation et avait été à l'initiative, en particulier du « tourisme ganadero » etc. En tous cas, personne du mundillo n'aurait osé "l'affronter". Depuis son décès nos « faux culs », après l'avoir encensé le chargent de tous les maux. Comme d'ailleurs, il est aujourd'hui, dans ce cénacle de bon ton de dézinguer Simon de Nîmes, après l'avoir également défendu bec et ongles. Mais lui, n'est pas mort ; ce n'est pas non plus Juan Pedro !



Le seul motif reste pourtant de remplir les arènes de japonais, d'invités, de touristes, de bobos, de bofs qui paieront n'importe quel prix pour voir des sorties à hombros et des indultos, et surtout de savoir qui récoltera la manne.

2 commentaires:

Xavier KLEIN a dit…

Le «phénomène» des «indignados» m’intéresse au plus haut point, dans la mesure où il vient confirmer ou infirmer la maladie déjà théorisée par Tocqueville et plus récemment par Rafaele Simone des «post-démocraties».

Le problème de l’Espagne –comme d’autres pays européens- c’est justement la democratie.




Au risque de choquer, l’historien affirmera qu’en Europe, il n’existe véritablement que 2 démocraties authentiques : la Grande Bretagne et la France. Deux pays qui ont élaboré leur système démocratique après une évolution chaotique de plusieurs siècles, et qui sont passé par tous les stades, toutes les embûches, tous les apprentissages souvent sanglants ou cuisants de la «marche à la démocratie».




Rappelons tout de même que pour la France, l’idée républicaine ne s’est véritablement imposée qu’après la déconfiture du Général Boulanger (1889), ce qui n’a pas empêché une épisode dictatorial de 1940 à 1944, un putsch en 1961, suivi d’un régime volontiers qualifié d’autoritaire de 1958 à 1969.




L’Espagne, comme l’Italie ou l’Allemagne n’a pas conquis la démocratie. Imposée par les vainqueurs de 45 pour les deux dernières, elle le fût par les élites à la mort de Franco, comme ce fût le cas des pays de l’Est à la chute du rideau de fer. Sans doute parce qu’il s’agissait de l’option la plus raisonnable et la plus …productive.

Peut-être, c’est l’hypothèse que je formule, voyons-nous émerger et prendre forme la véritable appropriation de la démocratie par le peuple espagnol.

Et si c’est le cas, le mouvement est émouvant, car il aura fallu plus de 30 ans de gésine à cet accouchement dont espère qu’il ne sera pas trop douloureux!

Que pèsent les radotages boucaliens à côté de cela? L’histoire a déjà englouti depuis longtemps ses nostalgies franquistes, ne demeure que l'exalaison putride des fosses qu'on rouvre.

el chulo a dit…

oui mais la vérité est nécessaire, surtout en matière d'histoire, et parfois elle peut évidemment être moins belle que celle qu'on lui substitue depuis pres de 80 ans.