L'un des mythes qui fut véhiculé sur Franco, concernait la modestie de son train de vie, dans le sens d'un sacrifice permanent et quasi ascétique pour son pays, l'Espagne. On parlait aussi de cette lampe qui jamais ne s'éteignait dans son Palais du Pardo, car il « veillait » sur les espagnols.
Celui qui involontairement, ou naïvement parle le mieux de Franco, au niveau de son comportement privé et quotidien est son cousin, Francisco Franco Salgado-Araujo, dit Pacon, qui passa sa vie aux côtés de Franco, et retranscrivit fidèlement ses diverses conversations. Ses écrits, marqués à la fois par une admiration sans borne mais aussi une grande naïveté pourraient presque parfois constituer un portrait à charge, ce qui à l'évidence, n'était pas le but recherché.
Ce qui ressort donc de la lecture, est une vie personnelle d'une incroyable médiocrité. Franco ne s'intéressait à rien, ne lisait pas, méprisait les « intellectuels ». Il avait une passion pour la télévision, les matches de football, les films à l'eau de rose, la loterie, voulait peindre, comme Carrero Blanco, publia deux livres navrants, tout en publiant sous un pseudonyme des charges anti sémites et anti maçonniques. Comme nous l'avons déjà évoqué il restait d'un mutisme total en famille, ne se confiant qu'à quelques familiers avec lesquels il avait partagé les délices du Maroc. C'est un thème sur lequel il revenait sans cesse, inlassablement et longuement avec ses rares amis.
Un des sujets d'inquiétude du bon Pacon, était toutefois les coûts exorbitants des chasses, mais également des pêches à bord de l'Azor. De plus Franco aimait la quantité et ne laissait pas refroidir son fusil. La presse faisait des comptes rendus émus et admiratifs des prouesses du Caudillo. Il eut par ailleurs un grave accident de chasse en 1961 qui eut pour conséquence de faire prendre conscience aux dignitaires du régime qu'il n'était pas immortel et réactivèrent les vaines spéculations sur sa succession monarchique.
Une de ses caractéristiques était un fort instinct grégaire, avec une propension particulière envers les militaires, qui toutefois réduisait ses proches, auxquels il vouait une fidélité totale, à quelques rares unités. On sait que son éminence grise, d'une certaine façon, l'Amiral Carrero Blanco passa pratiquement plus de 30 ans à son contact immédiat. Pacon, faisait partie de ce cercle très intime.
Sur les rapports à l'argent, Franco avait conservé de son passé militaire au Maroc, une tolérance pour les pillages, comme un tribut normalement dû au vainqueur. Lorsqu'il emmena les premières troupes indigènes, « los regulares », le pillage faisait partie des arguments pour faciliter les enrôlements. Les légionnaires du « Tercio », eux qui n'avaient pas d'attache sociale, à l'image de la Légion Étrangère Française, n'avaient aucune raison familiale ou sentimentale de rapatrier leur butin mais avaient un goût particulier pour les dents en or, peu encombrantes et prélevées sur les cadavres.
La famille de Franco n'avait pas de biens. Celle de sa future épouse, Carmen Polo était riche. Lorsque Franco commença à « fréquenter » la jeune Carmen, les parents de celle ci virent son union avec un militaire, de rang moyen, on le surnommait « el comandantin » et qui plus est enrôlé au Maroc d'un mauvais œil. « Pourquoi pas un torero » disait perfidement le futur beau père. C'était considéré comme une mésalliance.
Mais Franco, Général à 33 ans devait remporter cette bataille. Si on peut penser que la seule chose qui intéressait le futur Caudillo était sa gloire et la satisfaction de son immense quoique toujours très cauteleuse ambition, son épouse était extrêmement mondaine. Mais aussi plutôt du genre « rapace ».
Il est curieux de constater que si, lors de sa « formation » au Maroc, Franco était plutôt épanoui et disert, marié il se mura dans le silence. Si on comprend qu'en tant que bénéficiaire de protections divines, il avait tout intérêt à adopter des postures de Sphinx, vis à vis de l'extérieur, il étendit son mutisme à sa femme.
Carmen Polo fut extrêmement flattée lorsque sa fille épousa un membre d'une relativement bonne noblesse mais dans le besoin, qui se signala par une rapacité extrême, multipliant les licences d’importation, (Vespa) par exemple et profitant de sa position très privilégiée. Il fit partie du dernier bunker, et médecin réputé, il dirigea l'équipe en charge de Franco mourant. On sait que Franco connut une mort particulièrement pénible, car ce bunker était soucieux de le « prolonger » jusqu'au renouvellement des Cortes.
Pour revenir à Carmen Polo, son intérêt pour les bijoux était légendaire. A tel point qu'on raconte que lorsqu'elle se déplaçait dans une ville, certaines bijouteries préféraient fermer le rideau. En effet, elle ne manquait pas de se faire un petit plaisir, et il eût été fort malvenu d'envoyer la facture au Pardo. De même le dentiste de Madame devait se sentir honoré de soigner l'auguste bouche.
Il est vrai que la famille Franco reçut aussi en dons, quelques inestimables propriétés comme « El Pazo de Meiras », « el Canto del Pico » ou le palais « de Cornide » à la Coruna. Dans le même ordre d'idées, la famille Franco ( sa fille Carmen et le fameux marquis de Villaverde son époux), avaient « acquis » avec la collaboration de Franco la « finca de Villaverde », dans les années 60, « finca » de presque 1000 hectares. Franco s'en occupa dans ses moments perdus, et cette finca fut très productive, à tel point qu'on la nommait « la SA de SE(su Excelencia) » et qu'elle employait plus de 300 ouvriers agricoles. Avec sa naïveté habituelle, l'ineffable Pacon écrivit : « C'est une propriété splendide, où se cultivent une infinité de produits. Il y a aussi du bétail. Par chance, on y trouva de l'eau. D'ici quelques temps elle aura une valeur incalculable ».
Lors de la transition, nul ne voulut investiguer sur ce que la dame avait emmené avec elle, mais elle confondait allègrement les cadeaux d'Etat avec des gâteries personnelles, et en quarante ans on imagine ce qui a pu être accumulé, outre les propriétés. De même une grande partie des archives du dictateur brûlèrent dans un providentiel incendie.
Lors de la transition, nul ne voulut investiguer sur ce que la dame avait emmené avec elle, mais elle confondait allègrement les cadeaux d'Etat avec des gâteries personnelles, et en quarante ans on imagine ce qui a pu être accumulé, outre les propriétés. De même une grande partie des archives du dictateur brûlèrent dans un providentiel incendie.
A la mort du dictateur, cette magnifique propriété fut délaissée, on y tourna même des westerns et des films pornos. Les héritiers de la fille de Franco n'avaient pas les mêmes talents que leur mère qui siégeait dans une cinquantaine de sociétés, et alimentèrent la « prensa basura ». Ceci dit, quelles que soient leurs nullités, la fortune familiale leur permit et permet toujours de vivre confortablement. On ne parlera pas de l'immeuble dans lequel finit ses jours la veuve de Franco, dans le quartier très huppé de Salamanca, le seul quartier qui fut à Madrid épargné par les bombardements franquistes, car repère de la Cinquième Colonne. Elle n'y avait pas un appartement, mais tout l'immeuble lui appartenait. On a prévu de construire plus de 4000 habitations sur la « finca de Villaverde » ce qui attira dans leur sillage un sulfureux investisseur immobilier éleveur de toros qui prit quelques éclaboussures récemment à Marbella. (euphémisme).
Ceci dit, lorsque la veuve de Franco mourut en 1988, elle recevait 12,5 millions de pesetas sur 14 mois, quatre millions de plus que Felipe Gonzales, alors Président du Gouvernement.
Franco lui savait tout des magouilles et scandales. Les militaires de haut rang par exemple avaient souvent des affaires à coté et employaient des ouvriers à bas prix. Soit des « menacés » soit des « prisonniers ». Mais vis à vis de ces fautes il maintint toujours la même position : il savait, le faisait savoir, ne sanctionnait pas mais exigeait en retour le maximum de « souplesse ».
Ainsi, le « malheureux » n'ignorait rien de l'épée de Damoclès qui pendait sur sa tête. Il restait, quant à lui, toujours sur le concept de la mise à sac « légitime » par les vainqueurs.
D'un autre coté, Franco était depuis toujours fourni en chaussures par un admirateur. Ces chaussures lui causèrent probablement une phlébite lorsqu'il fut particulièrement malade. Au médecin qui lui fit la remarque de prendre des chaussures plus confortables il répondit que c'était une mauviette.
Franco avait deux frères. Nous nous intéressons ici à Nicolas ingénieur naval. Probablement plus doué que Franco, il commença une carrière prometteuse et fut nommé en 1935 Directeur Général de la Marine Marchande. En 1937, il fut soupçonné d'avoir participé au sabotage de l'avion de Mola, décédé officiellement dans un accident. Ainsi, le chemin était libre pour Franco. En fait deux personnes furent fusillées, soupçonnées d'avoir placé une bombe dans l'avion.
Dès les prémices de la préparation du coup d'état, il s'assura par la suite de la collaboration du Portugal, qui devait dès le départ offrir une voie sûre pour les approvisionnements des rebelles. Il occupa des positions éminentes auprès de son frère dont une en tant qu'ambassadeur d'Espagne au Portugal, ce qui, permettait également de surveiller de près l'Héritier du trône, Juan de Borbon.
De retour en 1958, il fut nommé Procureur aux Cortes, mais également contrôla de nombreuses entreprises telle que la future REPSOL , La Transmediterranea, FASA-Renault et fut également impliqué dans la banque Coca. On voit que les proches de Franco furent toujours partie prenante dans de juteux négoces.
Il fut impliqué directement dans un gros scandale de trafic d'huile d'olive. Non content de découvrir une double comptabilité, c'étaient tout de même plus de 4000 tonnes d'huile qui manquaient, ce qui représentait de l’ordre de 170 000 000 de pesetas. Nicolas Franco faisait partie du Conseil d’Administration de la société REACE incriminée. Il y eut quelques décès étranges. Le procès débuta le 21 octobre 1974. Quelques décédés furent accusés, les vivants ne furent pas inquiétés. Le précieux Président de ce Tribunal était Mariano Rajoy Moreno, père de qui nous savons ! Mais on ne choisit pas ses parents !
9 commentaires:
T'as vu ce que ça fait de caresser le visage cabossé de sofia Subiran de la main gauche ???
pas compris!
ben il a pas la main gauche dans le plâtre le Caudillo peut-être ?
oui mais c'était l'accident de chasse et près de 40 ans après ses amours avec sofia!
Portrait sans concession Chulo. Finalement, si l'on s'arrête sur l'image historique du caudillo (ou ce que qu'en ont fait les historiens) à l'éclairage de ce texte on perçoit par moments la réalité du personnage : un petit bonhomme sans aura ni charisme dont la seule stratégie a été de se fabriquer un lustre et de "placer" famille et amis.
Népotisme, enrichissement personnel avec verrouillage par contrainte grâce au système pernicieux du "faire savoir" (sa "cour" était experte en la matière ...)sont des classiques en matière de dictateurs de tous poils.
Rajoutons que sa descendance dispose d'un immense parc immobilier à travers tout le pays et d'un vrai maillage dans la nébuleuse des "affaires" qui sont parfois mises à jour.
Pour ce qui concerne la prensa (et pas toujours celle de "basura") la très pieuse Doña Carmen Polo de Franco doit se retourner dans sa tombe plusieurs fois par jour ...
oui maja, je ne me suis pas attardé sur les descendants de Franco, mais le plus curieux est qu'en particulier sous l'impulsion de Carmen Franco, la fille donc, "nenuca" la fortune du clan s'est immensément accrue, sans que quiconque ne se pose la question de l'origine des fonds ni du disponible réel à la mort de carmen polo. les espagnols parlent de "la cosecha de Franco".
simplement ausi, à part un ou deux les petits fils sont un peu jobards(es).
Une belle démonstration que les gouvernements et les organisations satellites plus ou moins criminelles ont un point commun : l'argent, le bon déroulement des carrières et la sécurité et l'opulence de leurs arrières.
Gina
Chulo: vengo de mi visita sabatina a lo blogs de los amigos, que sigo a diario aunque no opinio, y veo que pasada revista, ¡ar!, esto está que arde.
Tremebunda impotencia la que me invade al no poder leerles a todos ustedes y empaparme, de la letra porque la música la pillo perfectamente, y vaya trazas las que sacas en las fotos, Chuli mío, del Comandantín.
Me piro a lo de Ludo, que ustedes sigan bien.
La condensa de Estraza
ya sabes carmen, que aqui es casa tuya asi como me parece que tu pezon a rabo es casa mia.
ademas es un honor saber que persona de tu categoria intente leer a mi blog y los de mis amigos.
Ademas conozco muy bien los problemas que tengo con tu "rayano".
no te preocupes entiendo tambien el ambiente sino la letra.
y mas importante que todo, eres mi amiga, mi querida amiga.
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