Navalon de tentadeo

Navalon de tentadeo
Navalon de tentadero. Photo de Carmen Esteban avec sa permission

lundi 24 juin 2013

Les bas fonds de la corrida à Alicante!


Là, je crois que nous touchons le fond des fonds et des bas fonds.



Grande corrida à Alicante, chez notre Simon. Castella, Perera, Luque toros d'Alcurrucen. Je regarde cela sur mon ordinateur.



Petite moitié d'arène, même pour le commentateur Moles, MierdaToro voit deux tiers ce matin dans sa resena. Tiens tiens !



Premier toro véritablement minuscule, anovillado sans le moindre trapio.430 kgs annoncés je crois . Castella s'ennuie et m'ennuie, comme toujours.



Second toro. Un peu plus lourd. Premier tercio de manso majuscule. Perera décide de NE PAS PIQUER LE TORO. La Présidence accepte. Nul ne peut nier que Perera est un torero en apparence puissant, au moins avec ce genre de toro. Faena longue, digne d'un tentadero. Le toro a du fond, car il n'a pas été piqué du tout.Le public est ravi. Pétition d'oreille. La première est accordée. Suivie d'une forte pétition pour la seconde, oui, on ne rêve pas. Très justement le Président ne l'accorde pas.



Casas se fend d’une intervention indignée, sans doigt d'honneur, parle d'art, de symphonie et je ne sais quoi encore. Lamentable !



Mundotoro a vu une corrida bien présentée, on ne rêve pas, on ne rit pas non plus, et injurie le Président. Combien auront coûté à Casas les deux tiers d'arènes, la revendication de la seconde oreille, la protestation contre le Président, la corrida « bien présentée » et l'oubli évidemment de mentionner que le toro de la super faena de Perera n'a pas été piqué..



Je n'ai même pas regardé Luque jusqu'au bout. Je l'ai trouvé vulgaire et superficiel.



J'ai éteint la télé avant la fin du troisième toro.



On était dans un SIMULACRE de corrida, quelque chose qui ressemblait à un spectacle comico taurin. Comment la corrida pourrait-elle survivre à cela ?

lundi 10 juin 2013

Toro au coeur: Tonio


Moi, ça faisait longtemps que je l’avais repéré. Tatie elle m’avait dit, « il est riche celui-là ». Il avait de hautes haies autour de sa maison,  comme des murs. Ce n’est pas imaginable des haies comme ça.

Un jour, je rentrais de l’école, il était sur son trottoir. « Bonjour, je lui ai dit », « bonjour » il m’a dit. J’ai poursuivi mon chemin, sans sentir son regard sur moi.

J’aimais sa maison, et les hauts murs de branches qui l’enserraient, et devant, les grandes baies vitrées et les murs de livres. Surtout dans la pièce du bas. Il l’a construite récemment. Protégée de la rue par sa haie, à distance, elle laissait malgré tout entrer à pleins flots la lumière du vaste parc dans sa maison.

Je ne pourrais pas dire pourquoi. J’imaginais, derrière cette haie, du silence, mais du silence de riche, habité et doux comme de l’ouate, un silence qu’il suffisait d’écouter pour voyager, avec en plus des parfums rares. Et puis, je me demandais tout en en étant sûr, s’il ne suffisait pas d’être dans cette pièce, ouverte,  avec des bois doux et chauds comme des baisers, pour voyager, plus sûrement encore, parmi les livres. Tatie son silence ne dit plus rien, il est à bout de tout, vide. Il lui ressemble. En plus, dans la caravane, c’est sale et ça pue. Son silence à lui, me parlait et m’invitait.

Tous les jours, rentrant du collège, je longeais la haie. J’espérais l’apercevoir. Je n’osais pas me hisser sur le portail pour voir s’il était dans le parc ou dans son bureau. En plus, les gens disaient que c’était un ours. Il ne « voisine » pas, c'est vrai, mais je crois qu’il n’emmerde jamais personne. Je pense qu’il veut qu’on lui foute la paix. Ça, je le comprends assez bien.

J’avais dit à Tatie que je voulais faire le trajet seul de la caravane à l’école. Je crois bien que j’avais un peu honte lorsqu’elle me conduisait jusqu’au portail de l’école, au milieu des autres parents. Elle, elle vaquait à ses occupations, depuis très tôt le matin, mais elle aurait pu faire le trajet quatre fois par jour de la caravane à l’école et inversement. Elle l’avait fait jusqu’à cette année de CM2. Je ne lui ai jamais demandé ce qu’elle foutait de ses journées. Je rentrais le midi car elle n’avait pas l’argent pour payer la cantine et elle ne voulait rien demander. Elle avait peur, je pense, pas honte, non, simplement elle ne savait pas comment faire. A l’école, ils ont essayé de la faire venir, mais elle n’est jamais venue, et comme j’avais de très bons résultats, ils lui ont fichu la paix.

Ce jour-là, vers midi, il était sur le trottoir, je venais d’entrer au CM2. « Bonjour Monsieur », je lui ai dit. « Bonjour petit », il a répondu. « C’est toi Tonio ? ». « Oui », j’ai dit. Puis j’ai ajouté « j’aimerais voir votre maison. Je peux entrer ? ». J’ai bien vu que ça l’a surpris. « Oui, si tu ne me piques rien ». Moi ça m’a vexé, « je ne suis pas un voleur, monsieur », j’ai dit, faisant mine de partir. « Quelqu’un t’attend ? ». « Non monsieur », j’ai dit «  je mange seul le midi ».

Il m’a fait entrer dans le parc, puis dans la maison. « Gina » il a crié, « on a un invité !». Elle a commencé à rouspéter qu’il fallait l’avertir, qu’elle n’avait rien prévu. Lui il ne l’écoutait pas. « tu veux manger ici », il a dit.  « Je veux bien oui ». « Bon va falloir avertir ta mère ». « C’est pas ma mère » j’ai dit, « c’est ma tatie, elle s’occupe de moi, mais le midi, elle n’est jamais là ».

Pendant que Gina préparait le repas, en râlant, il m’a fait entrer dans son vaste bureau. Un mur entier vitré donnait sur le parc, les autres étaient couverts de rayonnages de bibliothèque. Une grande table rectangulaire et massive, comme une table de salle à manger campagnarde faisait office de bureau, encombrée de journaux, de livres, et d’un ordinateur. Aux coins de la bibliothèque, il y avait deux grands fauteuils de cuir très profonds et cossus. D’une incroyable couleur, comme cuivrée. Je n’avais jamais vu des fauteuils aussi beaux. En plus, ils sentaient le cuir, mais le cuir de riches.

« Tu aimes lire ? » il m’a dit. « Beaucoup, oui, Monsieur », j’ai répondu. Cet homme, je suis sûr qu’il savait tout de moi. Il me fixait avec des yeux un peu rieurs, mais je n’avais pas l’impression qu’il se foutait de moi.  « Ta tante t’en achète ? ». « Oh non, j’ai répondu très vite ». « Excuse-moi », il a dit, « je comprends ». Alors, peut-être pour qu’il ne soit pas gêné, j’ai ajouté : « les maîtresses m’en prêtent autant que je veux. Vous pouvez demander, je suis très bon en français ». « Tu pourras t’en choisir ici, j’ai un peu de tout, la bibliothèque de ma fille aussi. Je te conseillerai si tu veux ». « Merci Monsieur », j’ai dit.

Ce soir-là, quand je suis rentré à la caravane, j’avais un peu honte. Surtout envie de pleurer. Tatie l’a vu. « Qu’est-ce que tu as foutu ? », elle a dit. Je lui ai expliqué. « Les riches, c’est pas bon pour nous ! » a-t-elle ajouté.

La voyant hargneuse dans la saleté de la caravane, je pensais aux fauteuils et aux livres, et à un enfant assis là, avec un homme et une femme qu’il appelait papa et maman. Ils lui parlaient doucement, lui souriaient aussi.


Ma mère, j’ai appris à ne plus me poser la question. Tatie m’a dit qu’elle était morte et que mon père personne savait qui il était. Et puis,  cet andouille de Georgio, un jour qu’il était bourré et qu’il emmerdait Tatie m’a dit que ma mère était partie avec le dresseur d’ours d’un cirque. Comme ça ! Elle m’avait laissé à Tatie et elle était partie.  Ça s’est terminé que Tatie lui a mis un coup de bouteille sur le crâne et il a foutu le camp, la  gueule  en sang. « C’est des conneries » elle a dit.

Alors parfois, lorsque la nuit est mauvaise et ne fait pas de place au sommeil, je vois une jeune femme aux yeux tristes, qui fait la quête sans conviction, pendant qu’un géant gueulard fait déambuler un grand con d’ours dressé sur ses pattes arrières. Peut-être qu’une nuit, j’oserai lui parler, lui prendre la main aussi, pour qu’elle sache que je suis là.

A l’école, la psychologue me tournait autour. Elle me demandait pas « ça va ? », non, elle avait une façon de m’embobiner, de tourner autour du pot. Ça depuis que j’avais filé une rouste à un du CM2 alors que j’étais en CM1, parce qu’il m’avait dit que ma mère m’avait abandonné. C’est vrai que j’avais pleuré, de rage et d’humiliation.

Depuis la psychologue ne me lâchait pas, lorsqu’elle était à l’école. On appelait cela une RASED je crois, ou quelque chose comme ça. Elle m’a demandé un jour si « je voulais en parler ». « de quoi » j’ai répondu ? En fait, elle voulait savoir pourquoi j’avais été  violent. Elle le savait parfaitement, les autres lui avaient tout raconté.

J’ai fini par lui dire que je ne voulais pas en parler, que c’étaient mes affaires. Alors ensuite, j’ai réfléchi et j’ai demandé à la maîtresse de parler à la classe. Pour en finir avec cette histoire. J’ai dit que ma mère était morte, que je ne l’avais pas connue, pas plus que mon père et que Tatie m’avait recueilli, et que je ne voulais plus qu’on me pose de questions car je n’avais rien de plus à dire.

La psychologue m’a dit que c’était une bonne démarche, qu’elle ne m’en parlerait que si je le désirais.

En tous cas, lors de ce premier repas dans la grande maison, il m’a dit que je pourrai venir manger quand je voudrais. Je crois que je n’ai pas raté un seul déjeuner depuis.

Ps : ce texte est le second de libellé « Toro au cœur ». S’y reporter, si besoin,  pour une meilleure compréhension.

A suivre, si dios quiere !

jeudi 6 juin 2013

Calle Heredia




 
Angel Luis est un « venteno ». Il est né Calle Heredia, cette rue parallèle à la Calle de Alcala, à deux pas de Las Ventas.

 

Il s'était proposé pour me reconduire à l'aéroport. Nous avions le temps, alors il a décidé qu'à midi, nous irions boire quelques « vinos » dans « sa » rue.

 

Carmen, m'explique t'il, fréquente les bars de la Calle de Alcala, et leurs comptoirs en inox. Lui, Angel, les soirs de corrida va dans les bars taurins de sa rue : bois et têtes de taureaux.

 

Il m'a montré l'immeuble où il est né, au dernier étage. Un ou deux étages plus bas, vivait un picador. Les jours de corrida, on venait lui amener un cheval pour qu'il descende à Las Ventas. Enfant, Angel entendait le pas lourd du cavalier, et descendait en vitesse. Alors avec un autre enfant, le picador les chargeait sur son cheval et les menaient jusqu'à la Place de Las Ventas.

C'est ainsi que naît une aficion.

 

Maintenant, Angel vit à Paracuellos. Il m'explique que c'est maintenant une cité dortoir, à une portée de caillou de l'aéroport de Barajas.

 

Paracuellos c'est une des mémoires les plus noires de la Guerre d'Espagne des républicains.  Madrid
devait tomber du jour au lendemain en ce début de novembre 1936. Madrid bruissait encore des mots qui racontaient les massacres de Badajoz par les troupes marocaines de Franco et de bien d'autres massacres, comme ceux de Tolède, après la libération de l'Alcazar. Le gouvernement républicain avait abandonné Madrid pour poursuivre son action à Valence, on annonçait en France la chute certaine et même parfois anticipée de Madrid.

 

Le gouvernement républicain avait laissé la défense de Madrid entre les mains de Miaja et de Pozas, alors qu'une Junta exerçait les fonctions d'approvisionnement et de police. Les troupes de Franco étaient aux portes et curieusement, Varela qui commandait la manœuvre fit une manière de pause, trop sûr probablement de l'issue des combats. Ce laps de temps avait permis aux Brigades de rejoindre la capitales et aux armements soviétiques, chars et surtout avions, de contrer les armements de Hitler et de Mussolini.

 

A la Prison Modelo étaient enfermés des franquistes, souvent militaires. Comme Madrid devait être attaqué, on craignait que la prison libérée, ces prisonniers constituent une Cinquième Colonne et mènent la guerre de l'intérieur. On décida de les transférer dans une zone plus sûre. Pour beaucoup le voyage s'acheva à Paracuellos où ils furent exécutés. Certainement près de 1500 terminèrent leurs jours ici.

 

Angel n'aime pas que  nous évoquions ce sujet, je le comprends assez bien. De plus, aussi bien sa famille républicaine, que celle de son épouse ont payé un lourd tribu au franquisme, y compris au prix de leurs vies.

 

Angel Luis se nomme ainsi car son père était un fervent admirateur du Bienvenida portant les mêmes prénoms. C’est aussi un fervent républicain, à gauche toute et farouchement anti monarchiste. J’ai bien failli rencontrer son ami Grimaldos, historien, qui ce jour-là donnait une conférence à Reus. Une prochaine fois.

 

Lorsque nous avons déjeuné avec La Condesa, il a choisi un  restaurant portant fièrement en façade le drapeau tricolore de la Seconde République espagnole. Ce fut un grand et beau moment de fraternité. C’était toujours dans le même coin de la Puerta del Sol, du côté de la Calle del Carmen, une petite place. Initialement, nous devions boire ici quelques « vinos » en attendant Carmen.
 
Angel avait prévu de manger dans un autre restaurant tout proche. Il était fermé, Angel pense que c’est pour cause de deuil, car la patronne n’allait pas bien. Ici, Madrid ressemble à un gros village. Nous avons donc mangé sur la petite place, non loin du drapeau républicain, étalé sur la façade.

 

 

Quand je l’avais rencontré pour la première fois, avec Carmen, Angel nous avait emmenés dans le quartier de Salamanca. Ce quartier, très sélect, était un repère de la « cinquième colonne » et fut épargné par les bombardements franquistes. Le patron du restaurant, comme beaucoup ici, est de droite. Ami d’enfance d’Angel. Il l’a salué en le qualifiant « de maricon de izquierdas », et Angel l’a traité de « falangista de mierda » et de « fascio », tout en se donnant l’abrazo. J’ai bien précisé que j’étais aussi un « maricon de izquierdas ». Il nous a offert l’apéritif. On s’est bien marrés.

 

Nous avions donc le temps, Calle Heredia. Premier arrêt, « la tienta ». Ici, nous dit Angel, les
soirs  de corrida, le monde envahit la rue. En riant il nous dit que c’est interdit de boire dans la rue. La salle est petite et encombrée de têtes de toros. Ici le bar est artiste. Pas mal de Victorianos et partout, Curro.

 

En face du café, l’école que fréquentait Angel. Une école de « monjas ». Je souris à cette évocation « athée comme un pot de yaourt » comme dit Marmande. Jouxtant l’école des « monjas », une autre école qui était tenue par des « curas ». Angel dit en se marrant qu’ils pensaient à l’époque qu’il existait un souterrain entre les deux écoles afin de faciliter certaine convivialité discrète. L’immeuble où vivait Angel était à deux pas, en remontant un peu la calle Heredia.
 
 

 

Nous remontons donc un peu la rue. Ici, une porte discrète toute rouge. Sans panneau ni écriteau. Angel prétend que derrière cette porte se tient le plus petit bar de Madrid, contenant au maximum 20 personnes. 50 s’y entassent les jours de corrida. Un peu plus haut, pratiquement en face de l’immeuble où naquit Angel, un autre bar, tout petit aussi, dédié à Curro. Ici me dit Angel, on chante des « coplas » jusqu’à très tard dans la nuit. Le patron porte les stigmates de la veille. 3 heures et demi dit t’il. Nous n’avons pas le choix, « tortilla » et olives pour accompagner les « vinos ». Angel est chez lui ici. Je ne suis pas sûr que nous ayions payé. En partant je salue le patron, l’assurant que je reviendrai, car ce n’était pas cher.

 

Nous redescendons un peu la Calle Heredia. Sur la gauche le Restaurant La Puerta Grande. Un monument ici. On y est nettement plus toriste. Les têtes de toros en attestent, dont celle d’un Escolar

 

 
Gil de Ceret. Ici se tiennent souvent des tertulias taurines.

 

Re tortilla, re olives, re vinos visite de la salle de restaurant

 

Si vous passez  par la Calle Heredia, pensez qu’ici est né mon ami, mon hermanito de Las Ventas, cet homme bien qu’est Angel.

dimanche 2 juin 2013

torista, torerista!


Encore une fois, Xavier s'insurge contre les nouveaux errements de l'illuminé du Boucau. Le Vieux.
Je parle du Boucau. Bref !


Pour moi cela confirme seulement la nocivité et le peu de « verguenza » ou de « pundonor » de ce triste personnage, je parle du visionnaire des pins OCTien. J'emploie à dessein des termes taurins très applicables ces temps ci à un formidable Ferrera.



On évitera sa phase taurine, au cours de laquelle il démontra de vraies aptitudes à l'embrouille, à l'opportunisme voire à l'invective insultante, y compris vis à vis de ceux qui l'avaient aidé. Certains me comprendront.



On l'évitera par pudeur, ou simplement, parce que, au fond de nous, reste un respect pour celui qui « se met » devant les toros. Mais pour avoir eu la chance, si on veut, de le voir et même de me déplacer à Madrid, pour sa confirmation d’alternative, je peux affirmer que je ne fus jamais convaincu de ses facultés taurines. La confirmation d'alternative confirma, si on peut dire, ses carences.



Je dis aussi cela car, il a longtemps utilisé à tort et à travers, l'argument, selon lequel, lui, Dédé du Boucau, le Vieux, je parle du Boucau, savait tout car il avait été un grand torero, et que les contradicteurs, eux, n'y connaissaient rien, car ils ne savaient rien des toros, et devaient, par pudeur, la boucler. Autrement dit, lui savait, les autres non. Ce fut l'époque des « ayatollahs irresponsables ». Nous y reviendrons.



Ce genre d'argument est purement renversant, comme si, pour être critique littéraire il fallait être un Prix Goncourt, ou critique musical avoir été un virtuose, ou critique d'art, Prix de Rome. Je ne suis pas sûr que Vidal ait été un grand torero, ou Tio Pepe.



Navalon, que les « amigotes » du Dede d'alors démolissaient invraisemblablement, lui, fut plus qu'un practico, et s'essaya même à l'élevage de toros.



De plus, il faut bien avouer que lorsqu'on écoute la majorité des ex toreros qui se livrent à l'exercice du commentaire, direct live, je pense par exemple à Ruiz Miguel ou Munoz, on se dit que cela ne sert pas à grand chose d'avoir été oh combien, devant les toros, pour sortir de tels chefs d’œuvres de langue de bois ou de connerie. Je l’ai déjà dit, j'avais bien apprécié Joaquin Bernardo sur TV Madrid, mais il a arrêté. Il est vrai qu'il disait vraiment ce qu'il pensait des toros surtout, du genre il me plaît ou déplaît pour telle ou telle raison, et ce immédiatement ou presque à sa sortie, mais sûrement aussi, hélas pour nous car il l'a payé, ce qu'il pensait des hommes, en termes plus feutrés mais sans équivoque.



Moi je lui reconnais, au néo ignifugé du Boucau, le Vieux, Boucau, bien sûr, volontiers le mérite de vivre de sa passion. De s'être inventé une vie conforme à ses goûts. Je lui reconnais même un talent certain dans la réalisation de ses Terres Taurines, ibères et françaises, toujours très soignées et professionnelles dans la forme.



Mais je déteste son entrisme, permanent. Par exemple, il m'a fallu comme les autres contribuables,
mettre la main au porte monnaie pour financer son grand raout à l'Ambassade de France à Madrid pour le lancement de Tierras Taurinas ! J'ai suivi avec dégoût son flirt avec la Présidente de la Communauté de Madrid, Esperanza Aguirre y Gil de Biedma, membre éminent du PP, comtesse de Murillo et Grande d'Espagne. Ça peut aider, et cela a aidé. Il en a profité, prenant pour prétexte l'affaire de Barcelone pour entrer dans une campagne anti PSOE d'une violence absurde et pour le moins déplacée. Mais il fallait renvoyer l'ascenseur à la Comtesse. 


A cette époque, il nous vendait les infâmes saloperies de Mundotoro, tenu d'une main de fer par Jean Pierre Domecq, et en rajoutait dans l’abjection, portant des jugements de crétin arriviste façon « falangista », sur le devoir de mémoire, ou l'Espagne de Caïn et Abel. Tauromachiquement, il était dans une guerre d'une rare violence contre les « talibans » et autres « ayatollahs », irresponsables, évidemment incompétents, qui ne voyaient pas tout le bien que les figuritas de merde faisaient à la corrida, traînant dans leur sillage un public friqué, totalement incompétent. Cet afflux d'argent était de bon augure pour ses affaires. On le vit, mes amis espagnols m'en parlaient, entrer partout pour vendre son expertise et son statut de sauveur de la corrida en France dans les radios et surtout l'antenne intello de la droite dure, dépendant des « historiques propagandistes » en concurrence avec l'Opus Dei.



Il sur-utilisait sa Présidence à l'OCT, pour tirer la couverture à lui, rejetant dans l'ombre des gens aussi compétents aussi bien juridiquement que tauromachiquement que Zumbiehl, après avoir tiré un parti optimal des relations de cet honnête homme avec le Quai d'Orsay.



Pour tout dire, il semble que depuis les choses se soient un peu calmées : est ce en relation avec la mort de Jean Pierre Domecq, qui tenait toute cette troupe de minables d'une main de fer, ou avec une montée en présence plus qu'en puissance de Simon Casas à las Ventas et ailleurs en Espagne, alors que les relations entre nos deux virtuoses de l'entourloupe ne semblent pas au beau fixe.



Bref il nous a fait un revirement de jaquette flottante somptueux pour maintenant tenir un discours que jadis il exécrait, demandant des toros, alors qu'il n'y a pas si longtemps, sous la férule de MierdaToros, il expliquait combien ces toros « indultés », façon Desgarbado, étaient des diamants de génétique.



Pour tout dire, je pense également que la radicalisation du discours de certains ne comporte rien de bon pour le futur. Et surtout cette conviction maintenant avérée, d'avoir raison et d'avoir toujours eu raison. N'empêche que, face au désastre dans les arènes, on peut aussi décider de rester chez soi, de façon à ne pas alimenter la dérive. La corrida est aussi un spectacle et l'un des plus populaires à l'origine, et, sauf à mettre quelques détenteurs de la vérité aux guichets ou sur Internet pour juger des facultés toristes des impétrants, pour leur donner ou non le fameux sésame, et peut être en prime, l'avantage d’être cornaqués, par paquets de dix par quelques compétents, je ne vois pas comment on va leur interdire l'entrée des arènes.



De même, attention de ne pas tomber dans une autre déloyauté, incriminant, telle ou telle organisation, empresa, commission, édiles, qui ne font pas exactement ce qui se fait dans les organisations, empresas, commissions qui elles et eux sont vertueux, édiles inclus.



Je pense qu'il faudrait convenir de la difficulté pour n'importe quelle Commission par exemple de monter un programme équilibré et qui plaise à tous. Sachant qu'en général, pour certaines les bénéfices des corridas sont utilisés à d'autres financements festifs et que tout déficit serait en plus une bombe politique. Ce n'est pas le cas pour toutes.



Enfin, je voudrais aussi dire que les faenas de légende se sont faites avec, évidemment des toros qui les permettaient, qu'on le veuille ou non. C'est vrai que ce qui est insupportable , ce sont ces toros bouffis, armés façon zébus, décastés, faibles, mansos et sosos dont se repaissent les figuras. Tout aussi insupportable est de tout passer à certains encastes qui ont la chance de plaire aux nouveaux détenteurs de la vérité, alors que tout le monde sait, aussi, que pour répondre à la nouvelle demande, on met tout sur le marché. Je parle des fonds de campo.



On sait également que, normalement, lorsqu'on va chercher une certaine caste, plus proche du genio, on peut aussi fabriquer des objets taurins non identifiables, dont le seul mérite est leur aptitude à égorger. Ceci dit, je suis bien d'accord qu'il faut de tout dans la corrida, et que c'est aussi une façon de revenir à des sources quand prévalaient, sans que personne ne s'en offusque de grandes variétés de comportement. Mais parfois, en dehors de l'incompétence du torero, il faut savoir admettre qu'il n'y a rien à tirer du morlaco, et ne pas chercher à exiger une faena, quand une mise en place défensive est la seule chose à faire.



C'est probablement de spectacles dignes dont a besoin la corrida, essayant de regrouper, enfin, les tendances toristas et toreristas, en dehors de toute injure. Ceci ne peut passer que par un toro sérieux et des toreros qui comprendront enfin qu'ils mènent la corrida à sa mort s'ils ne changent pas de comportement. Enfin il me semble également que les Penas, plutôt que de s'affronter sur des terrains qui sont loin de n'être que taurins, ont un rôle de pédagogie à jouer, ainsi d'ailleurs que les organisations.


lundi 20 mai 2013

Inquiétant!


Madrid cahote de déception en déception. Certaines plutôt attendues et sans résonance particulière, au niveau de l'absence de caste, d'autres plus troublantes comme les Escolar et les Victorino. Sans parler des Juan Pedro devant un cartel trois étoiles.

 

Le flop de Talavante me désole surtout pour une raison : je sais que ma chère Condesa l'aime beaucoup et qu'il fait partie d'un cercle familial. Et vous savez comment ils sont les gitans avec la famille. Donc je pense qu'elle va le défendre bec et ongles ! Devant aller à Madrid, pour des raisons bien autres que taurines, de ce mardi jusqu'à ce vendredi, j'aurai sans doute l'occasion d'en discuter avec elle.

 

Talavante est apparemment un torero « corto » c'est à dire qu'il a réduit son répertoire à 5 ou 6 passes de base. Moi, cela ne me gêne pas lorsque l'exécution est parfaite.

 

D'abord il y eut le vent. Gênant, constant. Mais pourquoi s'obstiner à vouloir toréer dans les endroits les plus venteux ?

 

J'ai eu l'impression que pour employer une expression à la mode, Talavante s'est mis la pression, avec son clip mégalomaniaque, et ce défi auquel personne ne l'obligeait. Ensuite on m'a dit et je ne sais pas quel crédit il faut apporter à cette affirmation, qu'il n'avait jamais toréé de Victorino ni même tienté. Ceci expliquerait qu'à aucun moment il n'a semblé comprendre ses adversaires, il est vrai très décevants.

 

Ces Victorino étaient petits pour Madrid si on excepte un ou deux exemplaires, ce qui, sans être dans les secrets de Victorino, signifie peut être qu'il a essayé de privilégier la mobilité. En vain. Petits mais bien armés en général, certes !

 

Chose que je fais peu souvent, je vous livre les notes que j’ai prises :

 

« Premier toro :534 kgs, cardeno. Froid à la cape, puis compliqué et court, comme souvent. 1 grosse pique une seconde. Le toro sort seul. Puis devient soso, andarin . Talavante le torée au centre malgré le vent. 4 derechazos puis le toro se décompose.

Deuxième 530 cardeno : rien à la cape. Pique sans se livrer, andarin. Vent encore. encore au centre ! décroisé totalement. Toro cortito, escarbando. Problème de placement du torero qui n’intéresse pas le toro. Un peu de gauche un peu croisé, un certain rythme. A-t-il compris ? le toro manque de race. Troisième  Embiste plus mobile. Vent ! 3 bonnes de la gauche croisé, autre bonne série de 4, bon toro ! 4 autres bon remate. Plus court à droite longue série à gauche, remate bien !

Quatrième toro 508 kgs bon toro. Bonne série de la gauche. A droite court, s’éteint. Pourquoi toujours toréer au centre et non dans les papiers ?

Cinquième : 503 bien fait , pas mal à la cape. Trop piqué deux fois. Première série à gauche décroisé. 2 ème un peu plus croisé, . Impression qu'il ne comprend pas les victorino. Court à droite, encore ! positionnement ?mauvaises estocades

Sixième 530. Moyen au capote. Grande carioca deux fois. Le toro n’embiste pas, sans classe, andarin. Le public demande qu’on en finisse ! »

 

Deux choses de mon point de vue ressortent :

 

1)      Les toros ne sont pas sortis bons. Curieusement petits pour Madrid voire anovillados. Massacrés aux piques en général avec des cariocas de gala. La brega d’une façon générale a été lamentable !
Décastés en général. Sans mauvaises intentions flagrantes. Reste que les Victorino, il faut leur monter dessus, les réduire par le bas en se croisant sinon, ils font ce qu'ils veulent. Ce fut bien le cas.

2)      Talavante a paru écrasé, mais en même temps comme absent. Jamais croisé, toréant à mi hauteur, "pico » et « fuera de cacho » le plus souvent. Aucune inspiration ni à la cape ni à la muleta. Courtissime. S’est très connement obstiné à toréer au centre . Pourquoi ?N’a rien fait de ce qui est nécessaire avec les Victorino, ce qui peut laisser planer un soupçon sur la vraie qualité des toros. De là à les voir bons !!!!!!
 

 

On passe tout de même un peu tout au cher Victorino, même quand il sort une mauvaise corrida, ce qui de mon point de vue fut le cas. A force tout ceci va finir par friser le ridicule, de la même veine que tout rejeter qui soit Domecq like !

Inquiétant !

mercredi 15 mai 2013

Au risque de me faire lyncher


Je regarde tous les soirs les corridas de Madrid. Ce soir, peut être pas.



Que dire, sur l'écran, il est vrai qu'une grande partie de l'émotion disparaît ou plutôt cette vibration, cette respiration rauque des arènes et plus particulièrement, celles de Madrid.



Madrid sort des toros de Madrid en cherchant les plus grands les plus lourds, les plus armés. Cette tendance mortifère a fait passer à la trappe des encastes purs, petits dans le type ou avec peu de tête, mais terriblement batailleurs, au profit d'une uniformisation de peu d'intérêt.



Toutes les corridas que j'ai vues jusqu'alors à Madrid depuis vendredi sont sorties mal et décastées, je dis bien toutes, et parfois avec du danger. Ceci étant mon opinion.



Discutant avec un ami, je lui dis que je n'avais pas trouvé la corrida des Escolar de Madrid bonne. « Certes on ne s'ennuie pas comme avec les Puerto de San Lorenzo », lui ai je dit, « mais me semble t'il, certains sinon tous, ces Escolar manquaient de caste et de classe ». A mon avis, il y avait la beauté des animaux, leurs têtes terribles, mais semble t'il c'est ce qu'il faut à Madrid. Que n'avais je pas dit !



Le monde taurin est étrange, il semble condamné à des attitudes extrêmes : tout le « Domecq like » est à chier, « il n'y a pas de salut », comme m'a dit un ami aficionado en le regrettant, « hors de l'Escolar ou du Raso del Portillo ou du Cuadri ».



J'ai déjà dit aussi, au risque de faire hurler que les interminables suertes de piques en imposant au toro de partir de très loin sur le picador ne me paraissaient pas forcément « taurines». Il me semble qu'il conviendrait d'abord de tester la bravoure de l'animal sur une première pique, sans le saigner, et ensuite essayer de le présenter de plus loin. L'autre avantage me semble-t'il est qu'on risque moins « d’abîmer » le toro sur la forteresse volante foreuse.



Je suis conscient de la beauté d'une bonne suerte de piques, encore faut il que le toro soit brave, le picador bon, et que le torero ne veuille pas tuer le toro. Trois conditions qui ne sont pas si simples à réunir. De plus, me semble-t'il aussi, enivré par la charge du toro, le public est aux anges, oublie qu'on le prend ce toro, sur le ventre du cheval, qu'il y a carioca aussi et que la pique n'est pas réellement bien placée.



A Madrid, en tous cas le bilan est bien maigre aussi bien du coté des hommes que des toros, mais peut-t'on vraiment les en blâmer, je parle des hommes, avec le matériel qu'ils ont eu ? Je sais bien qu'il est normal que certaines corridas ne soient pas bonnes, mais toutes, avec le même symptôme de manque de caste même à des degrés variables, c'est très inquiétant.

lundi 13 mai 2013

Adieu, TORERO


Olivier Deck vient de me faire parvenir un exemplaire de son nouveau livre chez le diabolique Vauvert. En fait, je pense qu'il ne m'en voudra pas de révéler qu'il m'avait fait lire ce texte il y a quelques mois, voire années, et que je l'avais beaucoup aimé.



Il s'agit d'un format pratiquement impossible à éditer en solo, selon les canons actuels de l'édition: il fait seulement 80 pages petit format et marges conséquentes, trop long pour une nouvelle, trop court pour un roman.



C'est un beau texte, d'un seul jet, sans coupure de chapitre, un drame rapide. Jamais la tension ne retombe. Pourtant c'est toujours cette écriture sereine, sensuelle et riche, si caractéristique de l'auteur abouti qu'il est.



Nous sommes donc à la fin de la bataille de l'Ebre. Franco avait voulu couper Valence de Barcelone,
fort de ses succès en Aragon, après la bataille horrible de Teruel. Les républicains avaient réussi à reconstituer une armée en ayant recours à la conscription des dernières classes disponibles. Ils avaient contre-attaqué, dans une manœuvre d'une grande audace, qui avait imposé de faire traverser l'Ebre à toute une armée.



Comme toujours, les républicains qui n'avaient connu que des défaites tragiques, exception faite de Madrid, avaient avancé avec succès. Cette armée savait avancer mais pas garder ses positions : trop peu d'officiers compétents, de sous officiers, de logisticiens, bref tout ce qui fait la force d'une armée. Très vite Franco avait réagi, fort d'une supériorité accablante de l’artillerie, des blindés, et surtout de son aviation. Les armes n'arrivaient plus aux républicains.



Negrin, le Président du Gouvernement pensait qu'il fallait toujours résister et se battre et que bientôt un conflit salvateur éclaterait qui sauverait la République. Mais tous les politiques républicains savaient bien que la cause était entendue, et ce, depuis la chute des provinces du Nord en 1937 donc.



Dans ce contexte de misère, de faim, de défaites les désertions se multipliaient car bien souvent, on n'avait le choix qu'entre être écrasés sous les bombes et les blindés ou tenter de fuir.



On peut supposer que les héros de « Adieu, Torero » faisaient partie de ces malheureux. Comme beaucoup, il ignoraient comment ils avaient vraiment atterri ici : l'un apprenti torero que la guerre a empêché d'aller au bout de ses rêves, l’autre qui est parti via les Brigades par fanfaronnade pour plaire à sa belle. Bien loin, en tous cas d'un idéal antifasciste.



Deux destins improbables, deux esprits simples unis pour quelques heures par la guerre. L'occasion pour Olivier Deck d'aborder, avec ses manières, toujours tolérantes et qui jamais n'imposent, les thèmes de la guerre, de l'écriture, du destin aussi.



J'en ai déjà parlé, et lui et moi en avons aussi discuté, chez Olivier Deck, l'homme manque de clarté et de résolution. Il se laisse emporter par des passions qui peuvent le rendre admirable ou veule ou même très con. Mais d'une certaine façon il subit son destin. La femme est un point fixe, une amarre. Elle est en général forte, a besoin de savoir pourquoi elle fait les choses et régit la vie des hommes. Ainsi ses « héros » sont-ils fragiles, ballottés par une vie qui les dépasse. Eux font les choses sans vraiment savoir pourquoi.



Il faut lire ce splendide petit livre inclassable, le relire aussi pour non seulement la beauté de l'écriture mais aussi cette sensation que nous avons de nous enrichir, au gré des mots et d’être emportés, mine de rien, ai je envie d'écrire, dans un monde qui nous absorbe totalement, celui d'Olivier Deck.